Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le jazz ou le langage de la démocratie

Publié le par Luc Renaud

Sous le couvert des feuilles vertes des arbres, Montréal se transforme en ville-spectacle, particulièrement avec la pluralité des festivals d’été. Actuellement, le Jazz, un style de musique d’origine afro-américaine né aux États-Unis au début du XXe siècle, franchit les frontières du temps et de l’espace pour un événement de foule des plus populaires. Dans cet article, je me propose d’observer quelques éléments pour expliquer l’engouement des connaisseurs et des néophytes pour ce style de musique.

jazz-30-06-11b.jpg

-  Une musique universelle et l’expression d’émotions

Il s’agit peut-être du seul genre d’expression musicale populaire universelle rejoignant une immense variété d’intéressés comme le montrent ses multiples influences à travers le temps. Joué à l’origine aussi bien dans les champs que dans les églises, le jazz reflète une expérience d’intersubjectivité ou de partage d’une certaine individualité. Les musiciens y improvisent des états d’âme d’une dimension quasi spirituelle, les plongeant dans certains cas dans une transe profonde, qui franchit toutes frontières laissant place au métissage des formes, au contact du blues, du rock ou encore de la musique latine. Les spectateurs se reconnaissent entre eux, en passant d’une émotion mélancolique à une grande joie de vivre.

 

Vu sous cet angle, le succès du Festival International de Jazz de Montréal ne cause aucune surprise. Aux côtés des Esperanza Spalding (1), Diana Krall (1)ou Sade (1), etc., s’adressant à des élites dans de grands amphithéâtres, l’amateur ordinaire passera rapidement d’une suite d’émotions à une autre. Le 25 juin, le pianiste John Roney, en lice pour deux grands prix, viendra bercer les spectateurs sous le regard méticuleux des juges; quelques pas plus loin, sur une autre scène, la voix forte et pétillante de Nadja fera littéralement sautiller les gens animés d’une belle émotion de joie.

 

Le lendemain, des groupes aux noms révélateurs, comme Les Pros du camp de blues, ou Le groupe Réversible de l’UQAM sèmeront la frénésie par la puissance de leurs rythmes. Notons, par ailleurs, que les jeunes filles de l’université semblent être les seules à intégrer des textes en français dans leur répertoire, lançant peut-être un clin d’œil narquois aux organisateurs du festival montréalais.
jazz-30-06-11a.jpg

- Un événement familial, sécuritaire?

Afin d’initier les plus jeunes aux activités musicales du festival et maintenir l’intérêt des familles, des mesures de sécurité sont mises en place. Si des préposés surveillent l’entrée sur le site de substances interdites, personne ne renifle toutefois les thermos ou les bouteilles d’eau pouvant contenir d’autres substances que de la soupe ou de l’eau.

Par ailleurs, l’envoutement généré par la musique peut causer des moments d’inattention chez les adultes, oubliant que des êtres mal intentionnés peuvent se trouver à proximité. Comme pour tout événement de foule, le pousseur de poussettes ou le parent accompagné de jeunes enfants doit prendre quelques précautions s’il ne veut pas afficher la photo d’une disparition sur tous les poteaux de la ville. Paradoxalement, la surveillance parentale génère du stress, un contre-sens aux valeurs de détente et de sérénité qu’incarne cette musique.

Quoi qu’il en soit, tout est mis en œuvre pour rendre l’événement accessible au public. Aux traditionnels jeux gonflables visant à distraire les enfants les plus récalcitrants, le Festival présente de nombreuses prestations de La petite école de Jazz. À l’extérieur, nombre d’amuseurs publics et de saltimbanques offriront aussi des spectacles de cirque, mariant ainsi les arts dans un tout passablement surprenant. Aux échassiers s’ajoutent des numéros d’acrobaties, et encore les percussions du groupe Complètement dingues, à mi-chemin entre la musique et l’humour.

jazz-30-06-11c.jpg

- Des opinions partagées

Questionnés au vif sur la qualité des spectacles offerts, certains exprimeront bien sûr le plaisir de s’initier aux diverses facettes du jazz; alors que d’autres, beaucoup plus critiques, estimeront y avoir vu peu de bons spectacles en dépit d’une impressionnante programmation. Quant aux enfants de l’informatique et des jeux vidéo, j’en ai vu qui n’allumaient à rien, ce qui me semble particulièrement dommage pour plusieurs raisons; il s’agit d’un manque flagrant de ou d’ :

  • écoute et empathie : dans la mesure où l’art est un mode d’expression, s’y intéresser équivaut au développement d’une belle qualité d’écoute;
  • curiosité : la grande variété des formes artistiques à l’œuvre constitue des traits d’ingéniosité, des qualités essentielles à la résolution de problème en tous genres;
  • discernement : la richesse des spectacles représente de nombreuses occasions de réflexion qui tiennent compte de nuances;
  • ouverture sur le monde : le Festival de Montréal reflète de nombreuses tendances sur le plan de la culture mondiale.

 

 

 

Conclusion

La musique constitue une forme de langage universel, dans la mesure où les sources d’inspiration proviennent d’une profondeur que plusieurs qualifient de spiritualité. Cet état correspond peut-être davantage au jazz qu’à tout autre genre musical, compte tenu de ses origines éparses et des multiples influences vécues à travers les décennies au contact d’autres genres musicaux. En définitive, il s’agit d’un mode d’expression populaire des plus démocratiques, de gens qui s’adressent à des gens. Pas étonnant que le Festival soit si rassembleur d’années en années.

Texte, photos et vidéos: Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 30 juin 2011

Publié dans Musique - Chant

Partager cet article
Repost0

SkyCity a enfin pris son envol

Publié le par Luc Renaud

La célèbre rue Crescent à Montréal est, semble-t-il l’endroit propice aux enterrements de vie de garçon ou de… jeune fille : à notre arrivée, une future mariée devait donner un bisou sur la joue de tout passant qui lui offrirait un condom; plus loin, un jeune homme semblait complètement exaspéré des blagues formulées à ses dépens et prenait sévèrement ses distances de ses amis. Personnellement, je connaissais la renommée de cette rue pour les festivités entourant le Grand Prix du Canada, les matchs des Alouettes ou ceux des Canadiens de la Ligue nationale de hockey.

Mais samedi le 25 juin 2011, SkyCity, avec Marcel Renaud comme chanteur, y faisait ses débuts officiels au Crobar,situé au 1221 juste aux côtés des terrasses du MooseHead.

marcel-28-06-20111.jpg

À la différence de Buried By Tomorrow, chantant la révolte sur un son Heavy Metal, c’est l’amour et l’autonomie qui servent de toile de fond à SkyCity sur des airs plus acoustiques à l’origine, mais revus en Rock, entre autres pour répondre aux attentes du public de l’endroit.

1- Un programme original

Au programme, cinq chansons originales, qui traduisent bien deux réalités propres aux jeunes adultes :

  • Tell Me If : triangle amoureux dans lequel la fille a tendance à blesser l’homme qui l’aime, comme mécanisme d’autodéfense;
  • Be Myself : un jeune garçon exige de ses parents de le laisser libre de choisir son avenir;
  • Girl Under The Rain : première déclaration d’amour d’un garçon à son amoureuse, sous le romantisme de la pluie;
  • Good : souvenirs des bons moments d’un amour éteint et
  • Say Go! : l’amour d’un garçon qui préfère savoir sa blonde aux côtés de l’autre homme qu’elle aime vraiment.

 

 

2- La critique

Le public, composé d’une trentaine de personnes, partiellement en provenance de la famille et des amis accueille chaleureusement la performance de SkyCity et les nouveaux arrangements musicaux de ses pièces. Même le personnel du bar se sent particulièrement touché par la pureté du sentiment amoureux exprimé, la sonorité de la voix de Marcel et la simplicité d’un groupe à ses débuts. Les applaudissements finaux sont nourris.

Sur le plan musical, chaque pièce se démarque bien les unes des autres, ce qui crée un rythme agréable au spectacle. Par contre, le volume de la batterie et de la base électrique couvrait un peu la voix de Marcel, rendant les paroles difficilement compréhensibles aux non-anglophones. S’agirait-il toutefois d’une erreur de mixage et non du choix des musiciens?

  marcel-28-06-20112.jpg

Malgré tout, la prestation de chacun des membres du groupe confirme le talent indéniable de ceux-ci. Sur scène, ils semblent littéralement plongés dans leur monde presque de façon spirituelle. En ce sens, d’ailleurs, Christian Godefroy du Club Positif affirme que le Rock est une autre forme de prière que même l’Église se doit d’apprécier  au même titre que tous les autres genres musicaux. Bon…

Sans faire de commentaire sur cette perception, j’aimerais poser deux questions à SkyCity : quand allez-vous inclure dans votre répertoire des chansons en français et en espagnol, les deux langues maternelles de Marcel et quand verrons-nous votre premier disque sur le marché?

 

 

 

3- Un peu de coaching pour le développement du chanteur Marcel Renaud

 

 

Buried By Tomorrow et SkyCity sont deux groupes composés des mêmes musiciens. Alors que le premier est de type Heavy Metal, le second se veut davantage Pop et, à l’origine plus acoustique. Marcel s’intéresse aussi au jazz et au classique en se payant des cours de chant privés. Dans ce contexte, il me semble important qu’il apprenne à mettre sa voix en valeur et qu’il explore vraiment l’éclatement des genres musicaux. Le 25 juin, j’ai senti une tendance vers le nivellement des styles des deux groupes.

- La mise en valeur de la voix dans le mariage des genres

Chris de Burgh est sans doute l’un des bons chanteurs anglo-saxons à savoir prêter sa voix et ses textes aussi bien sous des airs Rock, dans High On Emotion, Don’t Pay The Ferryman ou encore dans Revolution, pour ensuite offrir au public des balades romantiques et de belles réflexions familiales comme dans Lady In Red ou The Father And The Son. L’Espagne, de son côté, nous offre les Princesa, Delirium Tremen, les Sin Embargo et A La Orilla De La Chimenea de Joaquin Sabina. En français, Jacques Michel mariait admirablement une grande variété de genres musicaux, enveloppant des textes d’une grande beauté des années ‘60 aux années ‘80.

Le succès  de ces artistes dans leur créneau Rock repose sur la puissance de leur voix ou sur un fond musical plus bas. D’autres préféreront un style autre que le Rock. C’est le cas notamment de Leonard Cohen et de Serge Lama. Peu importe le son, la voix doit être clairement perceptible dans le cas de la chanson à textes.

- L’exploration des genres musicaux

Marcel et SkyCity s’intéressent à une variété de genres comme le montrent les deux versions acoustiques de Girl Under The Rain téléversées sur YouTube. Pour cette raison, je les encourage à explorer différentes sphères du monde musical. Pour l’acquisition d’expérience de scène, d’autres tribunes que Crobar ou Underworld sont disponibles.

 

Par exemple, le Café Lézard ou le Parc des Princes, accueillent chaleureusement les artistes intéressés à y offrir des prestations de Jazz, et des ensembles vocaux comme Musica Viva montrent une grande ouverture à de belles voix dans des œuvres plus classiques.

Conclusion

Les musiciens de SkyCity et de Buried By Tomorrow prennent leur art au sérieux et connaissent du succès mérité sur le plan de la qualité de leur prestation. Actuellement, Marcel Renaud semble être à la recherche du genre qui lui convient et devrait par conséquent exploiter diverses tribunes. Dans un éventuel article, je me propose de vous présenter les autres talentueux musiciens de ces groupes.

Texte: Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 28 juin 2011


Partager cet article
Repost0

Entretien avec Raphaele Abadie sur la déficience intellectuelle et les TED

Publié le par Luc Renaud

Une lectrice du Blogue de Luc R, Raphaele Abadie, m’a écrit récemment dans le but d’avoir des informations sur la déficience intellectuelle et les enfants atteints du trouble envahissant du développement (TED). Après être entré en contact avec elle, je me suis rendu compte qu’elle en savait davantage que moi sur le sujet et lui ai proposé la rédaction d’un article exploratoire à partir de ses connaissances.
raphaele-26-06-11.jpg
Raphaele Abadie et… Chikie
 
 
1- Raphaele Abadie : du travail social inspiré de son jeune frère
Raphaele Abadie est une jeune Française originaire de Toulouse. Elle a fait en France des études de trois ans lui octroyant le titre de conseillère en économie sociale et familiale, à la suite desquelles elle s’est engagée dans le bénévolat pendant un an en Espagne auprès d’une clientèle atteinte de déficience physique ou intellectuelle. Pour compléter sa formation, elle a ensuite terminé un certificat d’intervention en déficience intellectuelle à l’Université de Montréal, réalisant alors son rêve d’un long séjour au Canada.
Malheureusement, elle n’a pas pu suivre de cours sur les troubles envahissants du développement (TED), une situation d’autant plus décevante pour elle que l’une des origines de ses intérêts pour le travail social réside dans l’amour qu’elle porte à son jeune frère souffrant d’autisme léger atypique. Elle admettra vouloir offrir beaucoup de soutien à des clientèles similaires, sous forme d’accompagnement individuel ou collectif et d’activités de loisirs ou sportives.
2- Vers une distinction entre déficience intellectuelle et TED: manifestations et symptômes
Il est impératif aux yeux de cette jeune travailleuse sociale de différencier la déficience intellectuelle des TED afin d’éviter des erreurs de diagnostic souvent à l’origine de traitements ou de méthodes d’accompagnement inappropriés.
 
La déficience intellectuelle
 
De prime abord, la déficience intellectuelle est associée à un quotient intellectuel (QI) inférieur à 70 et doit se diagnostiquer avant l`âge de 18 ans. Il existe également plusieurs niveaux de déficience : léger, moyen et profond. Il est assez fréquent que la personne soit aussi atteinte d’un handicap physique, comme dans le cas du syndrome de Down, aussi nommé trisomie 21. En plus d’un QI inférieur à la normale, la personne éprouve de grandes difficultés en matière d’habiletés sociales.
Chanson de Victor Manuel traitant d'un diplômé universitaire observant ses parents souffrant de déficience intellectuelle, se tenant par la main en institution. Le travailleur social œuvrant auprès de cette clientèle adoptera des méthodes d’accompagnement visant l’amélioration de la qualité de vie de son client et la défense de ses droits, notamment en matière de logement et d’éducation. Grâce aux efforts collectifs tant du milieu médical que social, certains peuvent même être en mesure de travailler. De la prévention en matière de sexualité sera aussi réalisée afin de prévenir des problèmes de SIDA ou de grossesse accidentelle.
 
Les troubles envahissants du développement (TED)
Les origines des TED demeurent encore plutôt obscures, bien que des données appuient l’hypothèse d’une déficience neurologique. Cet état ou maladie désigne essentiellement les personnes souffrant d’autisme. Contrairement à la déficience intellectuelle, l’arrêt de traitement se traduit généralement par une régression de la qualité de vie du patient. Une petite fille à qui des règles d’étiquette sont expliquées à l’aide de photos d’elle n’arrivent pas à les appliquer le lendemain parce qu’elle ne porte pas la même robe que la veille.
 3) Des traitements : description des approches
La déficience intellectuelle et le TED caractérisent des états incurables. Des médicaments peuvent tout de même alléger les symptômes du patient, comme le Ritalin prescrit à certains enfants souffrant d’une grande anxiété. Des méthodes éducatives portant sur la répétition d’énoncés, d’images et de gestes peuvent contribuer à l’amélioration de certains cas, à la condition de soutenir le patient en permanence. Un enfant souffrant d’une profonde phase d’autisme aurait ainsi considérablement diminué l’intensité de son problème, sans toutefois mener une vie normale.
De fait, Raphaele est d’avis que le parent doit faire son deuil d’un enfant normal et réfléchir sur l’éventail des approches et des méthodes d’accompagnement utiles, notamment:
  • l’approche positive : mettre l’accent sur les réussites de l’enfant en améliorant son estime de soi, pour l’aider à faire face à ses difficultés;
  • l’approche familiale : impliquer la famille dans le soutien à l’enfant; l’aide d’un intervenant est souvent requise dans la mesure où les relations familiales sont complexes; et
  • l’approche communautaire : dans le cas où le patient est sans famille, un plan d’intervention est requis pour améliorer sa qualité de vie par des activités de loisir et sportives.
 
Conclusion
 
Raphaele Abadie n’est pas psychothérapeute et n’a aucune prétention en matière de connaissances en ce qui concerne la déficience intellectuelle ou les TED. Au contraire, je vous rappelle qu’il s’agit d’une lectrice du Blogue de Luc R qui est entrée en contact avec moi, me croyant expert dans ce domaine. Ensemble, nous avons dressé un survol de la situation visant à nous rapprocher de la formulation d’une définition et des traitements possibles, et procéder à la rédaction d’une introduction sur le sujet, que je me ferai un devoir d’approfondir, surtout en ce qui concerne la question de la fratrie.
 
Ma jeune lectrice ignore peut-être que, tout comme elle, il m’est arrivé de faire du bénévolat auprès de clientèles similaires, de rencontrer les clients en compagnie de leurs parents, certains atteints eux-mêmes de déficience intellectuelle. Tout comme elle, le contact m’a été des plus utiles sur le plan de mon propre développement personnel. Au bout d’un certain temps, on ne sait plus trop faire la distinction entre l’anormalité et la normalité.
 
Merci Raphaele de faire ressurgir ces expériences de ma mémoire.
Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 26 juin 2011
Avec la collaboration de Raphaele Abadie
Partager cet article
Repost0

Première expérience de dialogue intergénérationnel chez les maristes

Publié le par Le blogue de Luc R

De retour d'un séjour à Val-Cartier avec un groupe de jeunes souffrant de troubles de comportement et d’apprentissage, l'animateur Fernando Castro nous a tous pris par surprise en faisant de la sécurité sur Facebook le thème de la réunion mensuelle mariste du 18 juin dernier au sous-sol de l’église catholique Saint-Arsène à Montréal. Dans un premier temps, il a abordé le sujet des logiciels sociaux et du Web en compagnie des parents, pour ensuite aller chercher le point de vue des adolescents réunis dans une autre salle, s'y divertissant tant bien que mal. L’échange qui a suivi a donné lieu à une véritable application du dialogue intergénérationnel, une thématique centrale du Blogue de Luc R.

mariste-24-06-11a.jpg

M. Fernando Castro

1- Le point de vue des parents

Les parents réunis ont beaucoup exprimé leurs craintes face à l’omniprésence de la pornographie sur le Web et principalement sur les ruses déployées par les prédateurs sexuels à la recherche de victimes adolescentes. D’autres ont aussi discuté des problèmes de vols d’identité à partir de la récupération de photos et du sape de réputations. On a aussi dénoncé l’usage des logiciels sociaux comme Facebook, servant à la constitution de considérables bases de données sur les habitudes de consommation pour rehausser la vente de produits en tous genres. De fait, Internet devient si captivant pour les jeunes que certains parents ont considéré son usage comme une forme de dépendance au même titre que la drogue, traitant même l’ordinateur de la pire invention de l’histoire de l’humanité.

D’autres parents, en revanche, considèrent les logiciels sociaux sous l’angle d’une extraordinaire invention répondant à des besoins insoupçonnés. Une jeune fille exprimant sa détresse et des tendances suicidaires sur Facebook a vite reçu l’aide de ses amies, alors qu’elle aurait vraisemblablement dissimulé son désarroi dans le monde réel. Les outils de la téléprésence permettent également le maintien de liens entre des immigrants et des membres de la famille restés au loin : le frère situé à plus de 5 000 km prend place à la même table de cuisine que les autres membres réunis. Internet y est aussi perçu par certains comme utile en vue de trouver rapidement des réponses à des questions, des recettes de cuisine, des partitions de piano, etc., et comme soutien à la réalisation des travaux scolaires des enfants, favorisant ainsi l’autoformation et l’apprentissage tout au long de la vie.

De manière générale, l’ordinateur et les logiciels sociaux sont perçus comme d’extraordinaires outils, à la condition de respecter des règles d’usage et de sécurité. Voici mon évaluation du processus de discussion.

1- Expression de points de vue: 4,5/5
2- Écoute : 1/5
3- Réflexion sur les points de vue : 0,5/5
4- Émission de propositions : 0/5
5- Établissement de consensus : 0/5
6- Bonnes intentions et respect mutuel : 5/5

2- Le point de vue des ados

De manière générale, la dizaine d’ados réunis admettent l’existence de dangers reliés à l’usage de logiciels sociaux, particulièrement parmi les ados qui acceptent de nombreux inconnus dans leurs listes d’amis. Cette  recherche exagérée de popularité est considérée comme un acte de grande naïveté par plusieurs jeunes internautes. Moyennant quelques mesures de précaution élémentaires, les jeunes considèrent l’ordinateur beaucoup plus comme le mode d’expression de leur temps, différent de celui de l’époque de leurs parents, et non comme une forme de dépendance. Une jeune fille donnera comme exemple le fait de bien réussir à l’école, même si elle consacre à l’ordinateur une grande partie de son temps libre.

Toutefois, des ados considèrent qu’il est important que l’adulte établisse des règles en matière d’usage de l’ordinateur, à la condition d’agir rapidement. Sans quoi, d’importants conflits sont à envisager compte tenu du caractère invasif de ce dernier : aux heures consacrées à Facebook (devenu ennuyant aux yeux de plusieurs) s’ajoutent celles sur YouTube et à un ensemble de jeux en ligne.

3- Le dialogue intergénérationnel

 

Un dialogue intergénérationnel s'est établi sous la forme d’expressions de points de vue, souvent contradictoires. Un dispositif de résolution de conflit, nécessaire, est à prévoir dans l'avenir.

- L’expression et la confrontation

S’ensuit une discussion qui prend tantôt les allures d’une dispute familiale et tantôt celle de débat de société. Des parents contestent la part occupée par les ordinateurs dans la vie de leurs enfants au détriment de la collaboration de ceux-ci aux tâches domestiques et en arrivent, comme solution, soit à limiter le temps d’usage à une trentaine de minutes sur une base quotidienne, soit au débranchement de l’appareil.

Accusés de surprotéger leurs enfants, des parents expriment avec force l’importance de leurs responsabilités sur le plan de la guidance et de l’éducation en mettant au premier plan la valeur de leur propre expérience de vie. Face à la polarisation, des jeunes expriment franchement leur colère et sont d’avis qu’ils sauront exploiter les outils informatiques en cachette. Les parents perdraient sur le plan de la relation de confiance et les enfants vivraient leurs expériences personnelles à leur insu.

- La résolution de conflits

Cette première expérience s’est terminée par une entente pacifique sous l’angle du respect de l’autorité parentale, mais n’a pas permis l’établissement de consensus entre les générations, bien que des ados aient abordé la question de la négociation et de la mise en place de règles sécurisantes : un pédophile peut se tenir sur le trottoir d’en face, surveillant une victime par la fenêtre… Par ailleurs, une question est demeurée ouverte. Le temps consacré à l’ordinateur constitue-t-il, comme le prétendent des ados, un simple mode de vie; ou, comme le pensent des parents, une forme de dépendance? À plusieurs reprises, des jeunes ont mené le débat sous l’angle du conflit entre deux époques, mais admettant ne rien savoir de l’ère des anciens; tandis que des parents se sont lancés dans de longs discours, démontrant des limites importantes en matière d’écoute. Bref, aucun conflit n’a été réglé.

Pour identifier les points sur lesquels nous devrons travailler, voici mon évaluation de la séance. Et, à mon avis, ces résultats sont valables tant du côté des adultes que de celui des ados:

1- Expression de points de vue: 4,5/5
2- Écoute : 1/5
3- Réflexion sur les points de vue : 0,5/5
4- Émission de propositions : 0/5
5- Établissement de consensus : 0/5
6- Bonnes intentions et respect mutuel : 5/5

mariste-24-06-11.jpg

Conclusion

Cette première expérience de dialogue intergénérationnel, organisé par Monsieur Fernando Castro a levé le voile sur des conflits familiaux latents, sans toutefois les résoudre. Les protagonistes sont loin de cheminer conjointement à partir de consensus ou de stratégies de type gagnant-gagant.Toutefois, adultes et ados ont pris conscience de l’importance du dialogue franc et ouvert, particulièrement en contexte familial. Ils se sont aussi entendus sur la nécessité d'apprendre les uns des autres. Par contre, les parents doivent apprendre l'art de la discussion et de la résolution de problèmes entre eux, s'ils souhaitent vivre un processus similaire avec leurs enfants.

Alors, ensemble, reconnaissons nos lacunes et cherchons à nous améliorer puisque nous sommes tous animés de bonnes intentions et que nous nous respectons mutuellement, plus précisément travaillons à:

  1. formuler des points de vue clairs, bien argumentés, mais ouverts aux changements;
  2. écouter: tendre l'oreille, se concentrer sur l'autre, reformuler, vérifier, etc.,
  3. réfléchir sur nos points de vue respectifs: nos directives sont-elles conformes aux valeurs à transmettre?; quel est le prix de nos décisions? avons-nous trop de règles?; les enfants se sentent-ils étouffés dans le cadre établi?;
  4. faire des propositions claires et réalistes; par exemple, l'établissement d'un horaire et
  5. trouver des consensus de type gagnant-gagnant, sans que les protagonistes éprouvent l'impression de se sacrifier pour l'autre.

Une suggestion: commencer avec un thème plus simple que celui des univers propres aux générations. En somme, l’expérience doit se poursuivre avec d'autres thèmes comme toile de fond: Rome ne s'est pas construite en un jour.

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 24 juin 2011

2 commentaires

Par Luc Renaud
le 2011-06-24 18:37:50 Bonjour Lissette,

Chacun peut avoir son idée sur la question de Facebook et de l\'usage de l\'ordinateur... Mais je crois que l\'intention de Fernando va plus loin. Il y a ce désir de mettre la main à la roue à la création d\'un vrai dialogue entre les jeunes et les moins jeunes. Ce qui demande de l\'écoute, l\'expression des divers points de vue, une réflexion sur ceux-ci; puis une certaine négociation pour en arriver à des consensus de type gagnant-gagnant. Si nous réussissons cela sur de petits points maintenant; nous serons plus efficaces plus tard lors des épreuves plus sérieuses... Il faudrait, dans une deuxième réunion, cerner de petits détails... Peut-être qu\'on visait trop loin avec la question de Facebook, mais ça prenait bien un point de départ. Et en cela, je félicite Fernando pour son initiative.

Par Lissette Iraheta
le 2011-06-24 16:34:21

Bravo à vous tous pour avoir abordé le thème avec les enfants tous ensemble. c\\\'est aussi en écoutant les opinions et expériences des autres qu\\\'on apprend et surtout plus les jeunes. Moi personnellement je suis complétement en déssacord avec les jeunes de moins de 12 ans sur facebook ou sur n\\\'importe quelle réseau social.

Partager cet article
Repost0

Se donner des coups de pieds de bonheur

Publié le par le-blogue-de-luc-r

Le courage, c’est accepter de se voir comme un joyau lumineux au potentiel illimité sans que personne n’ait à vous en convaincre.
 
Ariane Cloutier et Ève Raymond, auteures de Un coup de pied bien placé, et conférencières, se lancent dans l’industrie du savoir-être, cherchant à semer autour d’elles le goût de l’audace et de l’entrepreneuriat. Elles-mêmes ont quitté leur emploi respectif dans le secteur du marketing et de la direction des ventes afin, disent-elles, de vivre de plus grands rêves de réalisation personnelle.
Leur slogan témoigne bien de cette vision : choisissez-vous et agissez! Je me propose d’étudier ces deux verbes, se choisir et agir avant de vous donner ma perception de leur conférence du 14 juin dernier au Centre communautaire de loisirs Sainte-Catherine d’Alexandrie du 1700 Amherst à Montréal devant une cinquantaine de personnes partiellement en provenance du milieu des affaires.
Il s’agit de l’article sur Ariane et Ève promis dans ma réflexion semi-humoristique Vaincre la triskaïdékaphobie et vivre.
ariane-22-06-11.jpgAvec Ariane Cloutier et Ève Raymond 
 
1- Deux verbes d’action : se choisir et agir
Engage…. Heu … Choisissez-vous! Je veux bien, mais que choisir? Leur réponse est directe : être son plan de vie, le reflet du meilleur de soi, libre dans ses engagements et le héros de sa propre histoire, entre autres. Rien que ça.
- Se choisir
 
 
Qu’il s’agisse de s’assumer ou de demander de l’aide, l’audace constitue le moteur du changement et de l’affranchissement aux boulets que nous trainons. Si pour l’un, l’obstacle réside dans la gêne ressentie à la rencontre de personnalités (Je me souviens encore de mon air figé en me trouvant face à face avec Leonard Cohen), pour d’autres il peut s’agir de demander des conseils à des personnes ayant atteint des objectifs similaires aux leurs.
 
Personnellement, je me suis senti particulièrement concerné par le récit d’Ève, une ex-blogueuse, qui caressait un rêve d’écriture de livre… Vous comprendrez pourquoi.
 
Le savoir-être implique aussi l’habileté d’être attentif aux signes de la vie, mais aussi celle de se porter à l’écoute des besoins personnels profonds et de ceux des autres. Sur ce dernier point, le psychologue humaniste Carl Rogers affirmait se sentir privilégié d’apprendre à connaître les autres. Dans le même ordre d’idées, Gaston Pineau parlait de l’importance de l’établissement de rapport de nature intersubjective entre les individus, ou encore de ma vision de l’analphabétisme relationnel. Nous pourrions dire que dans le cas de nos conférencières, l’écoute constituerait un moyen de mieux comprendre les valeurs universelles puisque dans Un coup de pied bien placé, elles mettent toutes deux l’emphase sur le fait que tous les êtres humains partagent une même planète.
 
- Agir
Après avoir choisi de vivre conformément à nos aspirations, que dire de l’agir? Dans le cas des conférencières, il s’agit de suivre ses passions et de réaliser ses rêves en faisant preuve de courage et d’audace au lieu du ruminement, de longues analyses et d’hésitation.
L’action devient le moyen de sortir de notre zone de confort en vue de vivre une croissance personnelle et professionnelle. Cela peut prendre la forme de la création d’une entreprise, d’une réconciliation entre des êtres ou, d’une demande d’assistance pour surmonter une épreuve de la vie.
Ariane et Ève ont développé une quinzaine de thématiques de conférences destinées à des clientèles du milieu scolaire, communautaire et des entreprises : offrir son soutien, employer l’humour, l’écoute, etc., représentées par un objet et une personnalité du domaine artistique, politique, sportif ou des affaires. Elles en reprennent d’ailleurs les principaux éléments dans leur chronique radio et dans leur page Facebook. Elles offrent aussi une gamme de ressources de développement personnel : leur livre Un Coup de Pied bien placé, un e-book, un livre audio et des cartes inspirantes. Bref, elles semblent faire flèche de tout bois sur le sentier du succès.
 
2- Une conférence sous le signe de la vie
 
Au-delà de cette image commerciale, les deux jeunes femmes livrent un message important : quand on s’adresse avec le langage du cœur, il est difficile de s’égarer. De fait, il se dégage d’elles une certaine simplicité et une forme d’humilité attachante, qui traduit des marques d’attention et de douceur. En conférence, elles tendent à animer leur auditoire en s’inspirant d’un esprit positif sans tomber exagérément dans les jeux infantilisants qui font parfois le bonheur de quelques animateurs de foules.
 
Tel que mentionné antérieurement, Ariane et Ève affirment que la pratique de l’audace permet de se sentir vivant et de voir grand et que chaque geste audacieux se traduit par des gains de nature personnelle, relationnelle ou professionnelle, moyennant le respect de quelques conditions :
  • nommer des gens de notre entourage que l’on trouve audacieux et en identifier des causes;
  • identifier nos barrières et constater qu’il nous est déjà arrivé de prendre des risques;
  • cesser de ruminer et d’hésiter afin de passer à l’action.
Avant de me présenter à cette conférence, il est clair que je détenais moi-même de bonnes bases de discours sur le savoir-être, produits d’une formation scolaire en communication et en éducation, mais aussi suite aux articles que j’ai rédigés sur des thèmes relationnels. Alors pourquoi me suis-je inscrit à la conférence de ces deux entrepreneures? Ça fait du bien de se faire ramener à des vérités de base, particulièrement dans un monde qui baigne dans la morosité. Tout comme il est agréable de se rappeler l’importance de se sentir vivant, de réaliser ses rêves, d’être le véritable héros de sa vie… en se donnant un coup de pied bien placé.
 
Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 22 juin 2011

 


5 Commentaires :

Commentaire écrit le dimanche 26 juin 2011 à 12:22:08 (lien)
Luc
Bonjour Ariane et Ève,

Vous le réussissez bien. J'ai commencé la lecture de votre livre. Je vous en donnerai des nouvelles.

À bientôt
Luc


Commentaire écrit le samedi 25 juin 2011 à 19:23:05 (lien)
ariane cloutier - www.lescoupsdepieds.com
Je viens de relire encore votre article, et je suis touchée par vos propos qui résument et confirment notre mission: inspirer les gens!

Merci de vous être donné le coup de pied pour vous déplacer à notre conférence malgré que vous vous doutiez connaitre les fondements du contenu. C'est justement de sortir du cadre et avoir l'humilité d'avouer que nous ne connaissons pas tout et que la répétition d'un message positif a toujours sa raison d'être.

Sincèrement,
Ariane


Commentaire écrit le vendredi 24 juin 2011 à 20:33:53 (lien)
Luc
Les Coups de Pieds offriront un livre audio gratuit sous format MP3 aux personnes inscrites sur leur liste d'envoi dès qu'elles auront atteint le nombre de 2000 souscripteurs. Vous pouvez vous y inscrire sur leur site Web.


Commentaire écrit le vendredi 24 juin 2011 à 18:31:22 (lien)
Luc Renaud
Merci Ève

Vous m'avez vraiment donné une bonne impression. Et j'aime l'engouement que vous et Ariane tenter de créer autour de vous. Lors de la conférence, vous disiez qu'un succès partagé est meilleur qu'un succès isolé. Je vous pose une question. Un succès en solo peut-il vraiment être considéré comme un succès?


Commentaire écrit le jeudi 23 juin 2011 à 17:53:35 (lien)
Eve Raymond - www.lescoupsdepieds.com
Wow!!! M. Renaud, quel article!!! Nous l\'avons partagé PARTOUT. Merci d\'être qui vous êtes et surtout: FONCEZ vers vos rêves, vous le méritez! À bientôt.

Eve
Partager cet article
Repost0

Mylène Thériault : l’éclosion d’une carrière de comédienne

Publié le par Luc Renaud

La veille de la deuxième prestation de Production Jouer pour le plaisir de Scènes choisies de Feydeau, j’ai rencontré l’instigatrice du projet, la jeune comédienne Mylène Thériault qui a aimablement accepté de m’accorder une entrevue. Je voulais découvrir les origines de son intérêt pour l’art dramatique, connaître son cheminement d’artiste et ses projets d’avenir en théâtre.

the-20-06-11.jpg

Au Café Lézard et dans La puce à l’oreille

1) Une passion qui demande de la persévérance

La comédienne Mylène Thériault est originaire de Lévis près de Québec. Elle a la piqure du théâtre dès l’école secondaire et rêve d’en faire carrière, que ce soit en publicité, à la télé et sur scène. Pour ce faire, elle jouera dans toutes les pièces de son programme scolaire, à orientation art dramatique, et fera partie d’une troupe de théâtre amateur. Par hasard, elle y obtiendra un rôle parlé, en remplacement d’une amie en personnifiant une grand-mère. Consciente des difficultés inhérentes au métier, du genre Beaucoup d’appelés, peu d’élus et de l’importance d’y établir des contacts avec des professionnels, elle passera des auditions infructueuses dans une école de théâtre.

Face à ce refus, Mylène fait preuve de persévérance et prend d’autres moyens pour parfaire sa formation. Ainsi est-elle admise à un cours de théâtre dans un établissement privé qui lui permettra des apprentissages aussi bien en réalisation qu’en jeu. Cette formation intensive de quatre mois se compose entre autres de cours de diction et d’exercices de voix.

Elle prend alors un temps d’arrêt non sans avoir cumulé cinq années de pratique théâtrale et de chant. Puis, elle s’inscrit à un certificat en théâtre de l’Université Laval à Québec, mais de nouveaux échecs dans des tentatives d’admission dans des écoles de théâtre l’amènent à entreprendre un baccalauréat, qu’elle complète en 2009.

the-20-06-11a.jpg

Mylène Thériault, Geneviève Fuoco et Kristina Sandev

À la fin de ses études universitaires, Mylène Thériault déménage à Montréal en vue de percer le milieu théâtral professionnel. Elle poursuit néanmoins sa formation à l’aide de cours du soir dans une école privée, à la suite de quoi elle passe de nouvelles auditions dans une école de théâtre, tout aussi décevantes que les précédentes. Elle justifie son obstination à la valeur de l’estime de soi reliée au fait d’être acceptée dans l’une de ces écoles; ça lui semble à ce moment-là nécessaire pour se dire pleinement comédienne. Dans le but de percer ce milieu difficile, elle confie alors à une agence le mandat de lui décrocher des contrats de travail.

2) L’éclosion d’une carrière

Entretemps, Mylène procédera à la création de projets autogérés dans le but d’obtenir éventuellement les crédits nécessaires à une reconnaissance officielle de son statut de comédienne par l’Union des Artistes (UDA), ce qui augmenterait l’étendue des secteurs où auditionner. Ainsi reprend-elle contact avec Kristina Sandev et Geneviève Fuoco, rencontrées à des conférences sur le métier de comédien; puis avec son vieil ami du cégep Marc-André Boisvert-Bondu, et encore avec Émilie Massé connue lors d’un tournage de figuration. Shawn Baichoo, ayant étudié avec Kristina Sandev au collège Dawson, se joint aussi à la nouvelle troupe.

N’ayant ni les fonds nécessaires au déploiement d’une pièce de grande envergure ni le temps de s’y investir à fond, compte tenu des obligations financières de la vie régulière, Production Jouer pour le plaisir choisit au départ de faire la lecture de scènes de Feydeau, une stratégie qu’elle transforme en jeu théâtral pour le plaisir des comédiens de la troupe et celui des spectateurs. L’exercice permet à trois des six acteurs de la production d’être reconnus comme membres stagiaires au sein de l’UDA, le statut des trois autres y étant déjà reconnu.

 

Animée par les retombées du projet, la troupe prévoit deux nouvelles représentations de Scènes choisies de Feydeau, en août à Québec, et pense à l’éventualité de monter une pièce de théâtre d’été afin d’améliorer le dossier professionnel de ses comédiens auprès de l’Union des Artistes. Pour ce faire, des démarches administratives sont nécessaires afin d’enregistrer officiellement la production au sein des entreprises. Mylène Thériault avoue avoir reçu de son père un appui motivationnel remarquable dans son cheminement de carrière, en plus d’importants conseils entrepreneuriaux nécessaires et tient à l’en remercier publiquement dans ce blogue.

3) Le théâtre, de la psychologie appliquée

Il est clair aux yeux de cette comédienne que le théâtre constitue une forme de psychologie appliquée. Elle considère son expérience de formatrice d’un atelier de théâtre auprès de personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale comme des plus enrichissantes en ce sens. L’expérience a permis le développement de belles habiletés d’expression personnelle et d’affirmation de soi chez les participants.

the-20-06-11d.jpg

  Marc-André Boisvert-Bondu, Émilie Massé et Mylène Thériault

Bien qu’il lui arrive, par ailleurs, de jouer des comédies, elle affectionne particulièrement les pièces dramatiques livrant des messages sociaux ou qui portent à réflexion. Comme le jeu doit être crédible, d’importantes recherches préparatoires sur le vécu des personnages sont importantes. En ce sens, elle se rappelle avoir joué dans des œuvres de Michel Tremblay présentant des conflits familiaux et dans Les enfants du paradis, une pièce touchante portant sur des amours inacessibles.

Aux jeunes intéressés par cette carrière, elle rappelle l’importance de la passion, de la persévérance et du travail. Comme tout art, il faut continuellement pratiquer et se renouveler pour s’actualiser : on ne sait jamais quand commence ou s’arrête une carrière de comédien, affirmera-t-elle. Elle se donne même jusqu’à une dizaine d’années pour atteindre pleinement ses objectifs. De nos jours, le comédien doit accepter de se considérer comme un produit à vendre, peut-être davantage à la télé et en publicité qu’au théâtre, mais oublier cette dimension et donner le meilleur de soi une fois sur scène.

De mon avis et de celui de mon épouse, Mylène Thériault est d’abord une personne passionnée qui fait preuve de détermination et de persévérance dans l’exercice de son métier. Consciente du fait que le bottin de l’Union des Artistes comprend plusieurs milliers de membres, elle prend la solide voie de l’autoformation et de l’autogestion de projets dans le but de s’ouvrir un sentier et de prendre sa place dans un milieu des plus denses. Après tout, Caminante, ho hay camino, se hace caminos al andar, chante le poète espagnol Joan Manuel Serrat, mettant de l’avant la loi de l’audace, de l’effort et de la persévérance, couplée à un profond sentiment de liberté intérieure.

Grâce à l’appui de son père et à la collaboration des membres d’une équipe dynamique, la jeune comédienne apprend l’importance de bien placer tous les morceaux du puzzle d’un plan de carrière qui, d’une manière ou d’une autre, sera couronnée de succès. Le blogueur se dit fier d’en faire connaître les premiers pas à son lectorat.

Texte, photos et vidéo* : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, 20 juin 2011

* Avec l’aimable autorisation de Mylène Thériault

Publié dans Cinéma-Théâtre

Partager cet article
Repost0

L’essentiel appui parental aux rêves des enfants

Publié le par Luc Renaud

La fin du mois de juin représente souvent un moment d’illumination ajoutant des cheveux gris à la tête des parents. Si leurs enfants quittent graduellement l’enfance, puis l’adolescence, cela signifie que l’adulte se transforme peu à peu en vieillard. Mesdames Mastrovito et Gravel nous rappelaient l’importance de se préparer au congédiement comme gérant dans l’espoir d’être embauché à titre de consultant par nos jeunes adultes. Une situation qui se produit à la seule condition d’avoir su se mettre à l’écoute de leur réalité.

 

Par exemple, sous des rôles de figuration au théâtre scolaire des années primaires ou de pirouettes simplistes en gymnastique brûle souvent un ardent désir commun de vedettariat. Il incombe alors au parent de détecter les signes de timidité chez leurs jeunes pour les aider à s’affirmer et, de fil en aiguille, les guider sur le chemin de la réalisation des rêves, lesquels tournent souvent autour de deux grands champs : les arts et le sport.

 

La musique et le chant

 

Tous les jours, une de mes enfants emprunte le clavier éducatif familial et apprend par elle-même à jouer divers extraits musicaux de façon à se constituer un répertoire varié : Mozart, Beethoven, Justin Bieber, etc. Cette même personne avait pourtant perdu toute motivation à l’époque où nous lui payions des cours de piano.

 

Entre deux notes de piano et en l’absence des parents, elle suit à la lettre les recommandations de Marie-Michèle, sa professeure de chant, nous réservant à tous une impressionnante performance de Waivin Flag, sans l’ombre d’un doute sa préférée. Elle m’arrachera une ou deux larmes vers la fin : When I get older, I will be stronger… De toute évidence, le lever du drapeau lui a procuré un avant-goût du vedettariat sous la forme de chaleureux applaudissements de la centaine de parents réunis ce jour-là.

chant-1.jpg

L’enfant, seule en répétition et face au public semble puiser au fond d’elle des forces insoupçonnées par les adultes avoisinants, des parents et même du professeur. C’est donc dire qu’une même personne peut faire preuve de timidité dans une relation interpersonnelle ou sociale, mais se comporter en véritable tigresse en public. L’art de la scène, en soi, constitue un terrain d’apprentissage relationnel majeur.

 

Du sport aux arts : la gymnastique artistique

 

 

 

 

 

Par ailleurs, la photo Noir et Blanc de la légendaire reine des Jeux de Montréal Nadia Comaneci, affichée sur le mur à l’entrée du gymnase, exerce encore de l’envoûtement auprès de jeunes filles rêvant de compétitions et de médailles sportives. Il est clair pour ma fille que les prouesses à la poutre et aux barres asymétriques reflètent bien le volet sportif de sa discipline préférée, d’autant plus qu’elle souhaitait améliorer les résultats obtenus aux Jeux de Montréal plus tôt cette année. En ce sens, elle exhibera avec fierté le diplôme attestant de son passage du CR-2 au CR-3, lui permettant de s’inscrire à des entraînements plus exigeants en vue de prendre part à des compétitions de plus haut niveau l’an prochain.

 

Malheureusement pour elle, le spectacle de fin d’année se déroule sous l’angle exclusif de la gymnastique artistique au sol. De plus, elle se dira peu émerveillée par la chorégraphie de leur numéro, moins spectaculaire sur le plan acrobatique.

chant-2.jpg

Le spectacle

 

Le spectacle de gymnastique de 2011 s’inscrivait sous le thème d’une recherche autour du monde, les enfants y représentant des pays de l’ensemble des continents. À ce niveau, je note toutefois l’usage de plusieurs stéréotypes. Si les Québécois y sont représentés par des bûcherons, les Français portent le chandail rayé bleu et blanc, alors que les Cow-boys américains se battent contre les Amérindiens. De même, les bouts-de-choux imitaient les sauts des kangourous au nom de l’Australie.

 

Toutefois, l’organisation, des mises en scènes équilibrées, des chorégraphies originales et de belles acrobaties  ont démontré le sérieux des participants dans un club qui sait les motiver. De jeunes filles nettement expérimentées  multipliaient d’impressionnantes roulades et sauts arrière après avoir libéré une momie égyptienne de son bandage; l’Inde, le pays que représentait le groupe de ma fille, offrait une chorégraphie plutôt coquine et raffinée. Des garçons faisaient figure d’acrobates entre les numéros des filles, et la finale donna droit à des pirouettes endiablées par de jeunes filles vêtues des robes autrichiennes de La mélodie du bonheur.

 

 

 

 

L’animation a su garder le public captif pendant plus de deux heures, même si celui-ci ne se composait pas forcément de fins connaisseurs en gymnastique et malgré les limites en matière de choix d’appareils imposées par la gymnastique artistique au sol. Les enfants pouvaient compter sur un beau décor composé affiches représentant divers pays qui couvraient le mur du fond; alors qu’un diaporama électronique musical reflétait des traits culturels reliés à chaque numéro; des costumes avaient été soigneusement conçus.

 

La vente de photos officielles et du DVD souvenir du spectacle constitue sans aucun doute une belle initiative, en plus d’une intéressante rentrée de fonds pour la poursuite des activités.

 

Un même rêve : le vedettariat

 

Du chant au sport, les enfants partagent le même rêve de vedettariat. Dans le cheminement qui s’ensuit l’accompagnement parental est essentiel. Par exemple, nous avions raté le spectacle de gymnastique de Noël dernier, à la suite d’un malentendu sur l’horaire. Au-delà de la déception, la situation a créé un rapprochement entre nous et notre fille, celle-ci réalisant l’importance de faire des choses en fonction de ses rêves d’abord et non dans l’unique but de plaire aux parents. Notre entretien lui a aussi permis de mieux comprendre d’autres manifestations de l’amour parental comme : les présences lors des inscriptions de début de session, le suivi avec les entraîneures et surtout, l’accompagnement aux entraînements sur une base bi (et bientôt tri) hebdomadaire, et ce, malgré les intempéries en hiver et le lieu du gymnase éloigné du domicile familial.

 

S’il incombe aux parents d’appuyer leurs enfants dans leur rêve de vedettariat, ces derniers doivent prendre conscience des exigences qu’implique le succès. Par exemple, les répétitions et les entraînements doivent occuper la priorité parmi l’ensemble des activités ludiques. Le parent, inquiet par l’ampleur de ces disciplines dans la vie de ses enfants, pourra se dire qu’au-delà du vedettariat, le milieu est une sérieuse source de formation en compétences associées à des valeurs comme la persévérance et le souci du travail bien fait.

 

 

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation le 18 juin 2011

Partager cet article
Repost0

Vaincre la triskaïdékaphobie et vivre

Publié le par Luc Renaud

Vendredi dernier, je publiais mon 113e article au moment où mon taux de fréquentation mensuelle se chiffrait à 1513 visites (Merci à vous, d’ailleurs). Sur l’heure du midi au gymnase, mon regard s’est porté sur le chronomètre de l’appareil elliptique, alors qu’il affichait exactement 2 min 13 s. Plus tard en après-midi, mon téléphone portable indiquait 2 h 13 pile au moment où je l’ai allumé.

Le lendemain, je me suis rendu avec mon fils au studio de pratique de son groupe musical; or, je lui fis part de ces coïncidences au moment même où le chrono de permission de passage de piéton indiquait les 13 secondes restantes pour traverser la rue.

peur4-16-06-2011.jpg

Un passage au studio de Marcel

En soirée, je visionnais Soy un Profugo, un film de Cantinflas sur YouTube pour me rendre compte que le dernier fichier était le treizième sur 13. Ce soir la minuterie du micro-ondes indiquait exactement 2 min 13 s avant la fin de la cuisson… Or l’événement débuté le vendredi 10 juin se traduit par un début de rédaction, lundi dernier… le 13 juin.

 

1- Le problème

Souffrant quelque peu de triskaïdékaphobie (la peur du nombre 13), je me demandais bien quel malheur s’apprêtait à me tomber dessus. Devais-je voir un lien entre ces superstitions et les passions de ma fille envers ses tentatives infructueuses de télépathie et de télékinésie des derniers jours, ou encore des phénomènes surnaturels observés par ma femme dans des clips vidéo sur les activités solaires? Y avait-il une explication plus complexe que celle d’une suite de coïncidences, comme une possible convergence ou un signe émergeant d’une dimension spirituelle? Hier, lors d’une réunion, nous étions exceptionnellement treize personnes à l’instar de la dernière cène du Christ, à l’origine de cette phobie collective.

Pourtant, ce déferlement de 13 s’est-il traduit en enchaînement de malheurs pendant la fin de semaine? D’une part, nous avons vraisemblablement déjoué les plans d’un rôdeur qui s’apprêtait à commettre des méfaits. Mais cela est chose plutôt courante à Montréal. D’autre part, l’installation d’Internet Explorer, version 9, m’a causé des difficultés de téléversement de fichiers reliés à mon cent-quatorzième article, comme si une force occulte s’était opposée à la conjuration du sort.

 

2- Une explication logique

La peur est une puissante source de motivation, de stress et de renforcement de quelques idées fixes. Sous son règne, le cerveau semble plutôt habile dans l’art de porter son attention uniquement sur les faits s’y rapportant. À partir de cette base s’échafaude une suite de croyances s’apparentant à un film d’épouvante. D’une certaine manière, la création des Freddy, des Vendredi 13 ou de nombreuses œuvres fantastiques suit ce processus humain, renforçant par le fait même la foi en des théories plutôt extravagantes.

peur-16-06-2011.jpg

Fais-moi peur!

Luttant contre la triskaïdékaphobie, je m’en suis tenu au respect de mon rythme de publication habituel d’articles et, je l’avoue, me suis senti quelque peu soulagé lors de la parution du cent-quatorzième : le mauvais sort était levé! Force est de constater que rien de pire ni de meilleur n’est survenu à la suite de cette longue exposition au nombre dit maléfique.

3- Avoir le courage de sortir du cadre

La réalité et notre perception de celle-ci semblent constituer des mécanismes plutôt distincts. Mardi au Centre communautaire de loisirs Sainte-Catherine d’Alexandrie du 1700 Amherst à Montréal, Ève Raymond et Adriane Cloutier, auteures de Un Coup de Pied bien placé, Choisissez-vous et agissez!, offraient une conférence sur l’audace et le courage devant une cinquantaine de personnes provenant partiellement du domaine des affaires. Les deux jeunes entrepreneures rappelaient avec justesse l’importance de surmonter ses peurs et de passer à l’action pour développer en soi une forme de culture de l’audace dans le but de se sentir vivant et de réaliser des rêves.

Pour être mieux en mesure de lâcher prise et d’entamer une vie d’audace, elles insisteront sur l’obligation de s’entourer de personnes partageant cette vision et prodigueront quelques conseils:

  • nommer des gens de notre entourage que l’on trouve audacieux et en identifier des causes;
  • identifier nos barrières et constater qu’il nous est déjà arrivé de prendre des risques;
  • cesser de ruminer et d’hésiter afin de passer à l’action.

Sur ce dernier point, elles affirment que la pratique de l’audace permet de se sentir vivant et de voir grand. Elles rappellent également que chaque geste audacieux se traduit par des gains de nature personnelle, relationnelle ou professionnelle, et ce, peu importe le résultat souhaité au départ.

peur3-16-06-2011.jpg

Une conférence qui tient du léopard

Phobique ou audacieux? Devenir le propre acteur de sa vie nécessite le remplacement d’un paradigme par un autre totalement opposé, un apprentissage réalisable pas à pas à la condition de se donner un coup de pied bien placé.

Conclusion

La peur du nombre 13 est une phobie, au même titre que toutes les autres formes de superstition. Je l’ai choisie parce qu’elle illustre les dégâts occasionnés par une certaine hérédité psychologique à l’échelle planétaire : des hôpitaux et des hôtels ont même banni ce nombre, sautant de 12 à 14, pour mieux desservir leur clientèle.

Or, toutes ces petites peurs reposent exclusivement sur un imaginaire fertile à cause duquel notre cerveau concentre ses observations vers des idées fixes farfelues. Il est clair que les 10, 11, 12, etc., du chiffrier inoffensif surviennent de façon régulière selon des règles mathématiques aléatoires normales, mais qu’ils passent inaperçus, au profit du chiffre maléfique, aux yeux du triskaïdékaphobique… Mon fils me parlait pourtant d’une cousine née un vendredi 13, qui est une bénédiction pour ses parents et amis.

À l’opposé du paradigme phobique, Ève Raymond et Adriane Cloutier nous consolent en affirmant que le courage n’est pas une absence de peur, mais plutôt la capacité d’y faire face et de lâcher prise. Leur foi en l’audace soulève l’enthousiasme et démontre qu’il s’agit d’un hymne à la vie. Je reviendrai plus en détail dans un second article sur ces deux femmes dynamiques et, je dirais, d’une certaine tendresse à l’endroit de leur auditoire; leur vision de la liberté en vaut la peine.

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, 16 juin 2011

 


1 Commentaire :

Commentaire écrit le samedi 25 juin 2011 à 19:28:52 (lien)
ariane cloutier - www.lescoupsdepieds.com
wow, encore une fois merci! Et de vaincre votre peur vous a certainement fait sentir plus vivant et fier de vous-même!!?

Au plaisir,

Partager cet article
Repost0

La discipline au cœur d’une relation parentale efficace

Publié le par Luc Renaud

Les psychothérapeutes Linda Mastrovito et Louise Gravel donnaient une conférence sur la discipline parentale à près de 90 parents réunis à l’école secondaire Louis-Riel de Montréal, jeudi le 9 juin 2011. Pour le Comité central des parents de la CSDM, organisateur de l’événement gratuit, il s’agissait de la dernière conférence avant le début des vacances estivales. On nous annonçait que l’intimidation à l’école constituerait le thème de la rentrée, le 22 septembre 2011.

Les conférencières possèdent plus de 14 ans d’expérience de coaching multigénérationnel et de formation tant auprès des parents que dans le milieu scolaire et celui des entreprises. Pour être des parents efficaces, il convient selon elles de revoir le paradigme de la discipline et des vieilles méthodes enseignées par nos propres parents,  d’abord par la pratique de l’auto-observation. En ce sens, il est de notre intérêt de bien analyser comment se vivent les situations conflictuelles au sein de la fratrie et entre collègues dans notre milieu professionnel. Les parents ont aussi intérêt à partager des valeurs communes et à s’entendre sur leurs attentes envers leurs enfants.

 

1- La notion de discipline

Selon Linda Mastrovito et sa collègue, il est extrêmement difficile d’apprendre des valeurs et des comportements sous un mode punitif. Par conséquent, la discipline est une notion totalement distincte, diamétralement opposée aux concepts de menace, de cris ou de fessées, etc. D’ailleurs, le parent recourt généralement à ces procédés au moment où il se sent particulièrement à court d’arguments, ou impuissant et démuni face au comportement obstiné et déviant de son enfant. Pour éviter de se trouver dans une telle situation, il y a lieu d’adopter l’attitude antistress suivante : s’attendre au mieux, planifier pour le pire, mais se dire que des surprises sont possibles.

De fait, la discipline est une forme d’apprentissage de comportements qui répond à des valeurs et une manière de vivre une forme d’autocontrôle en se dotant de limites. Le parent doit assumer auprès de son enfant le rôle d’un guide démontrant de la rigueur et non de la rigidité, en se rappelant que les enfants représentent souvent de puissantes sources de guérison de blessures de l’enfance qui, paradoxalement, aident l’adulte à grandir. De son côté, l’enfant, naturellement guidé par la recherche du plaisir a besoin d’encadrement en vue de cheminer vers la vie adulte.

 

2- La pratique de la discipline

Il est préférable d’avoir peu de règles de discipline, mais que celles-ci correspondent vraiment à des valeurs fondamentales : la sécurité, la forme physique, la propreté, etc. En effet, l’abondance des règles génère une forme de nivellement sur le plan de l’importance qui y est accordée par l’enfant, de grandes difficultés de gestion de crises par les parents et de plus grandes tendances à poser des gestes punitifs contreproductifs.

 

Bien que les règles soient essentielles à la croissance, l’enfant doit être en mesure de trouver sa place au sein de la famille et non de s’y sentir étouffé. Par ailleurs, il arrive souvent que l’absence totale de règles génère de l’insécurité chez les enfants et, du côté des parents, reflète la crainte de gérer de l’insatisfaction. Ce sentiment est parfois justifié par l’importance du lien à maintenir plutôt que la gestion de crise; il est en effet plus difficile de réparer les pots cassés.

 

Ainsi, le parent doit-il être en mesure de s’ajuster continuellement à la réalité vécue par l’enfant. Son comportement s’explique-t-il par des frustrations dues à de l’intimidation à l’école ou à une séparation, ou s’agit-il d’une manœuvre de manipulation? La meilleure attitude consiste à s’observer comme parent, à se demander quels sont réellement les effets recherchés par son intervention, quelles sont ses priorités éducatives et à agir de façon cohérente : le comportement du parent a beaucoup plus de pouvoir que ses paroles. L’enfant y apprend notamment des règles de vie des adultes et ses méthodes réelles de gestion de conflit. Il suit beaucoup plus son exemple qu’il n’écoute ses conseils.

 

Au fil des ans, le parent doit graduellement apprendre à se faire congédier comme gérant en vue d’être engagé comme consultant, ce qui nécessite l’établissement d’une bonne relation parent-enfant : être présent pour les petites choses comme pour les grandes et prendre conscience que l’enfant a souvent le plus besoin de l’amour parental quand il semble le mériter le moins.

 

3- Les mauvaises et les bonnes techniques de discipline

 

La méthode disciplinaire choisie devrait répondre à un modèle de type gagnant-gagnant, à l’opposé des modèles autoritaire et permissif dans lesquels l’un des protagonistes cède tout au profit de l’autre et ressent de la rancœur. Il faut au contraire être en mesure de rechercher des compromis sans se nier, de façon à être moins en réaction et plus en relation. Cette situation s’inscrit quelque peu en contresens de la vie moderne.

 

Sur le plan relationnel, il faut éviter :

  • l’emploi du Tu accusateur et la confrontation d’opinions basés sur les contenus;
  • d’accorder la même valeur à tout;
  • de semer le conflit

Il peut être utile de se demander si l’on adopterait les mêmes attitudes face à de mêmes maladresses commises par des invités au lieu des enfants. Il peut être bénéfique de s’adresser à l’enfant sous la forme du Je : Comment je peux t’aider… J’exige que… Je sais que ça ne te plaira pas… Je sais que tu préférerais… Je te l’avais dit à l’avance… Une attitude préventive facilite la gestion des trois étapes d’une crise : le ressenti d’un malaise, l’accrochage et la crise.

 

En contrepartie, le parent devrait exercer avec abondance l’art de la valorisation et du renforcement positif, en prenant le temps de jouer avec son enfant. Les règles de discipline doivent être claires, concrètes, constantes, cohérentes et conséquentes :

 

  • Claire et concrète. Dire aux enfants quoi faire plutôt que quoi ne pas faire; par exemple : Tu dois rentrer à 21 h au lieu de Ne rentre pas trop tard;
  • Constantes. Faire preuve de stabilité dans son humeur et de réalisme sur ses attentes, quitte à délaisser le perfectionnisme;
  • Conséquentes. Concevoir les punitions sous l’angle de conséquences;
  • Cohérentes. Appliquer la conséquence ou la punition en pratique promise.

 

En matière de coparentalité, les deux parents devraient s’entendre sur des règles communes, comme les devoirs, le brossage des dents, l’heure du coucher, etc., tout en ayant des différences, comme dans la vraie vie.

 

En conclusion

 

La discipline constitue l’art de guider positivement un enfant vers la réalité du monde adulte par le biais de règles claires, concrètes, constantes, conséquentes et cohérentes, et non la mise en place d’un cadre restrictif et punitif. L’enfant a continuellement besoin de soutien, d’amour et d’apprendre où est sa place dans la microsociété qu’est sa famille. La capacité d’entretenir de bonnes relations sur de petites choses se traduit au fil du temps par l’établissement d’un rapport humain de grande qualité.

 

Article de Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 14 juin 2011

Publié dans Formation CSDM

Partager cet article
Repost0

Des expositions plein la vue!

Publié le par Luc Renaud

Bien sûr que ça ne remplace pas le plaisir de grimper au sommet d’une pyramide ou de se faire prendre en photo devant le Colisée de Rome; mais le savoir-apprécier de l’art ne commence-t-il pas par la vue des œuvres populaires? Pour certains, et j’en fais partie, des secteurs de ville comme Westmount, lieu du dernier concert de Musica Viva ou la rue Sussex à Ottawa constituent des musées à ciel ouvert surdimensionnés. La créativité humaine revêt aussi des formes bien organisées en expositions permanentes et temporaires ou même saisonnières, qu’il s’agisse de peintures ou de statues.

exposi-12-06-11.jpg

1- Les expositions permanentes

  - les murales

En sillonnant des rues de Montréal, j’ai noté l’existence de splendides murales peintes à des fins de promotion commerciale près de bars ou de restaurants, ou servant carrément de devantures de salons de coiffure, de tatouage ou de boutiques d’art africain. À l’instar des édifices anciens, certaines sont défraichies par l’usure de la pierre, les saletés naturelles (des fientes de goélands, par exemple) ou encore par le vandalisme des graffiteurs. De fait, certains graffitis constitueront en soi des œuvres d’art populaires indépendantes et spectaculaires. Certaines murales dessinées sur les piliers de viaducs viendront agrémenter le paysage urbain trop cimenté ou asphalté, reflétant la vision psychédélique de leurs auteurs.

 

- Les sculptures et les statues

Des sculptures illustrant l’attrait principal d’une région comme le homard géant de Shediak ou le saumon de Campbellton au Nouveau-Brunswick, ou encore la valeur du tourbillon humain d’une ville reflètent la fierté et la vision d’artistes modernes qui se veulent rassembleurs. Ces œuvres, d’une certaine manière, ramènent les hymnes nationaux à un niveau plus ouvert et populaire. À l’opposé, de gigantesques statues de personnages historiques rappellent l’importance de certains événements ou de certaines personnes dans la fondation d’un lieu. Des lions asiatiques ajouteront une vision culturelle distincte conférant au lieu une dimension internationale.

  exposit-12-06-11.jpg

Des citoyens agrémenteront également les devantures de leur résidence de statues qui, parfois, revêt une signification de sanctuaire. L’art religieux combine souvent des statues de personnages bibliques finement posés devant ou aux côtés de splendides vitraux.

expositi-12-06-11.jpg

2- Les expositions temporaires

Au cours de ma promenade, j’ai pu constater la présence d’expositions temporaires ou saisonnières. Les peintres et caricaturistes sont de retour dans le Vieux-Port de Montréal pour y faire l’étalage de leurs œuvres, tandis que d’autres tenteront de vendre de splendides et immenses acryliques dans les ventes-trottoirs comme sur la rue Saint-Laurent en cette fin de semaine du Grand-Prix du Canada de Montréal. Un événement sportif devient, paradoxalement, complémentaire à l’art de la peinture et aux expositions du Cercle des Artistes Peintres et Sculpteurs du Québec, qui avait décerné une médaille de bronze à l’aquarelliste Huguette Bernais.

expo-12-06-11.jpg

Deux expositions de photos ont attiré mon regard lors de ma promenade en ville. D’abord, près du parc Émilie-Gamelin à deux pas de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), les photographes Joshua Lutz, Vincent Fournier, Tim Simmons et Benoît Aquin y exposent un ensemble d’œuvres empruntant aux couleurs et aux jeux de lumière naturelle qui représentent des espaces assez singuliers. L’amateur de photo y verra aussi bien la désolation causée par la sécheresse que des baignades bien au chaud, contrastant avec les décors enneigés de l’extérieur. D’autres images plus insolites mettront l’accent sur la nature emprisonnée par des clôtures de métal ou un astronaute face à une falaise terrestre ou extraterrestre?

Sans doute, cette exposition vise-t-elle à donner un peu d’énergie à un environnement composé souvent de la présence de la mendicité, de l’intervention policière ou des manifestations populaires, éloignant des commerces avoisinants une bonne partie des passants et d’une clientèle potentielle, particulièrement au cours de la saison estivale. D’ailleurs, certaines œuvres porteront les stigmates de graffiteurs, rappelant la dureté de ce secteur urbain qui accueille parfois les popotes roulantes.

À une vingtaine de minutes de marche, tout juste aux côtés du Jardin du Gouverneur du Château Ramezay, ce sont les agrandissements de fleurs ou de feuilles de la photographe Louise Tanguay que l’amateur de la nature pourra apprécier tout juste avant de compléter sa visite du Vieux-Port de Montréal.

expo-12-06-11-copie-1.jpg

3- Le sens de l'oeuvre

L’œuvre murale ou statuaire se caractérise souvent par le sens de la démesure, pour être vue de loin. Par moments, l’art est au service du commerce afin de rendre l’environnement attrayant. D’ailleurs, les centres commerciaux répondent au même principe, mais à l’inverse. L’extérieur demeure d’un froid bétonné macabre, alors qu’on y cultive une faune et une flore artificielle des plus attrayantes à l’intérieur.

À d’autres occasions, l’artiste cherche plutôt à transformer la froideur de l’environnement urbain en y ajoutant des illustrations vivantes ou en y livrant des messages sociopolitiques de grande importance. Durant les années ’60, une statue de la reine Victoria, maintenant exposée au Musée d’art populaire de Trois-Rivières, a même été dynamitée. Dans une moindre mesure, le vandalisme commis sur certaines œuvres traduit également une forme d’inconfort social qu’il me semble important de prendre en considération et de comprendre.

 

Conclusion

L’art populaire transforme tout en média de communication : les poteaux deviennent des chevalets pour des affiches en tous genres (Voir : Les poteaux nous parlent, les entendez-vous?) et les piliers de viaducs, d’immenses toiles de fond à l’expression de grands talents. Dans cet univers expressif, l’expérience muséale devient un simple échantillon des œuvres produites par l’Homme et pour l’amateur d’art, un complément à l’expérience éducative et culturelle.

 

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 12 juin 2011

Partager cet article
Repost0

1 2 > >>