L’éducation populaire à REVIVRE : la dépression réfractaire vue par Dr Brian Bexton
REVIVRE est un organisme communautaire venant en aide aux personnes aux prises avec, entre autres, avec des problèmes d’anxiété ou de dépression. Affilié au célèbre Institut de recherche universitaire en santé mentale Douglas, le personnel est en mesure d’offrir à sa clientèle des services d’aide directe de qualité professionnelle et des sessions de formation sous forme de conférences de type grand public.
À la fin du mois de janvier, le médecin, psychiatre et psychanalyste Brian Bexton abordait la question de la dépression réfractaire, c’est-à-dire celle qui subsiste une fois que toutes les solutions connues aient été avancées.
1- Quelques données sur la dépression
Avant de poser quel que diagnostic que ce soit sur le plan de la maladie mentale, Docteur Bexton rappelle qu’il est tout-à-fait normal de vivre des moments difficiles, et tristes, dans une vie, comme à la suite d’une séparation ou du décès d’un être cher. Les moments de deuil, par exemple, sont généralement bien gérés par l’être humain et conduisent peu souvent à une dépression. Pour qualifier un état d’être de maladif, il faut que les symptômes soient persistants et incapacitants. En plus d’une humeur dépressive ou d’une perte majeure d’intérêt ou de plaisir pendant une période de 14 jours consécutifs, quatre autres critères doivent être vécus pour un diagnostic de dépression majeure : perte ou gain de poids significatifs, insomnie ou à l’inverse hypersomnie, agitation ou ralentissement psychomoteur, fatigue ou perte d’énergie, sentiment de dévalorisation ou de culpabilité, problèmes cognitifs, idées suicidaires ou pensées de mort. Au cours de cette période, il ne peut y avoir de fluctuation : une personne ne peut pas se sentir mal le lundi, pour ensuite se sentir très bien le lendemain…
Une fois la maladie diagnostiquée, le psychiatre insiste sur l’importance de traiter le mal rapidement. Après un premier épisode de dépression majeure, le risque de récidive s’élève à 75% si subsistent des résidus sous forme de trouble anxieux, de perte de concentration, d’énergie et de plaisir, alors qu’il chute à 25% si le traitement est rapide et total. De fait, il est clair que le traitement peut se révéler plus long si une personne souffre à la fois dépression et d’anxiété, puisqu’elle percevra sa vie comme un échec tant en regard du passé que de l’avenir. Fait encourageant, le taux de suicide au Québec aurait chuté passant de 5 événements à 3 sur une base quotidienne.
Le taux de dépression unipolaire est plus élevé chez les femmes que les hommes, alors qu’il y aurait égalité dans le cas des personnes bipolaires. Le traitement d’une dépression unipolaire peut s’échelonner de quelques mois à un an, tandis que celui des personnes bipolaires, et d’une dépression dite majeure, peut couvrir de nombreuses années.
2 - Le rôle de la médication
Au cours de cette conférence, il a beaucoup été question de médication, des combinaisons possibles et impossibles, et nous avouerons humblement avoir été complètement dépassé par ces questions de spécialité, tout comme la plupart des participants, je crois bien. Nous en avons tout de même retenu quelques principes essentiels, comme :
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l’obligation pour la personne malade d’une prise régulière de médicaments dans le but de réguler le fonctionnement des neurotransmetteurs;
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l’importance de se montrer attentif à l’évolution des symptômes au cours des premières semaines de traitement en vue de procéder à des ajustements nécessaires : si aucun changement n’est ressenti rapidement, le changement de produit s’impose;
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la nécessité de consulter son médecin ou son pharmacien pour la prise de médicaments additionnels sans ordonnance.
L’objectif du traitement antidépresseur consiste en l’élimination quasi-totale des symptômes dépressifs, et le choix de l’ordonnance dépendra de nombreux facteurs, incluant l’âge et le sexe, de la gravité de la maladie, de l’efficacité du produit, de son coût, etc.
La présentation du docteur Bexton a aussi défait certains mythes qui tournent autour de la médication et d’autres produits plus naturels. Si certains patients ont tendance à prendre (ou à perdre du poids), cela vient généralement des effets secondaires associés à la régulation de l’appétit, et non du médicament comme tel. Un gain de poids n’est noté que chez 17% des personnes soignées. Un meilleur contrôle alimentaire, associé à des sessions d’activité physique règle généralement le problème. Le psychiatre affirme également que la prise de médicaments ne génère pas d’accoutumance; ainsi des patients peuvent-ils les délaisser sans difficulté, une fois rétablis.
Le lecteur sera intéressé d’apprendre que l’usage de la cigarette peut être associé à une tendance dépressive, et que celui de l’alcool soulage les symptômes de l’anxiété. Toutefois, Docteur Bexton ne recommande ni l’une ni l’autre de ces solutions, qui provoquent des problèmes d’accoutumance aux conséquences souvent néfastes. Ces données ne servent qu’à confirmer des diagnostics établis par des examens cliniques beaucoup plus minutieux, mais se révèlent d’intéressants indicateurs quant au choix de la médication.
3 - Le traitement de la dépression majeure
Parmi les autres traitements à la dépression, Docteur Bexton insiste sur l’importance de la psychothérapie, qui agit de façon certaine sur le cerveau. Des exercices physiques, une saine alimentation comprenant des Oméga-3 font aussi partie de la batterie de moyens thérapeutiques.
Ce soir, le 28 février 2012, Mme Nancy Poirier, M.Ps, psychologue du programme des troubles bipolaires du Douglas s’adressera au public sous le thème Pour éviter de déprimer : la pleine conscience. D’autres psychiatres croient aussi à la valeur de la méditation et de la pleine conscience dans le traitement de la maladie mentale. Il en va ainsi de Serge Beaulieu, de Mimi Israel et de Suzane Renaud, médecins rattachés à l’Institut Douglas, et du psychiatre, et blogueur, Christophe André de Paris et auteur du livre Méditer Jour après jour, aux éditions Iconoclaste.
Conclusion
De la médication aux exercices de pleine conscience, il y a semble-t-il un écart philosophique considérable sur la manière de traiter les personnes touchées par la maladie mentale, notamment la dépression. Pourtant la recherche semble indiquer que le chimique n’est pas aussi nocif que certains le prétendent, et qu’il se révèle au contraire nécessaire pour donner un coup de pouce efficace à la nature, selon le psychiatre Brian Bexton. En contrepartie, les vertus de la pleine conscience sont de plus en plus reconnues par le milieu psychiatrique, comme le montrera la psychologue Nancy Poirier dans sa conférence de ce soir.
Pour connaître la liste des sujets présentés dans le courant de la saison actuelle de l’organisme REVIVRE, cliquez sur le lien suivant : http://www.revivre.org/conferences-2009.php.
Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 28 février 2012