Des idées pour une formation en ligne d’une communauté apprenante

Publié le par Luc Renaud

 educavox  Cet article est aussi publié sur EducaVox à l'adresse suivante: http://www.educavox.fr/formation/article/des-idees-pour-une-formation-en 

Jumelage de classes dans une relation Nord-Sud éducative

 

À la fin de mon article Le Web 2.0 et les communautés apprenantes (1), j’ai proposé l’établissement d’un réseau de communautés apprenantes impliquant des pays du Nord et du Sud, de préférence dans un contexte scolaire qui inscrirait l’apprentissage formel et informel en un tout éducatif indissociable. Cette fois-ci, je me propose d’offrir un aperçu de ce concept réalisable sous la forme d’une création collective de formation en ligne basée beaucoup plus sur les intérêts personnels des étudiants que sur les contenus d’un programme scolaire officiel. Bien que ce projet soit fictif, des composantes ont été vécues séparément. L’exercice est aussi vu sous un angle commercial, de manière à initier des jeunes des deux régions jumelées à quelques techniques administratives.

 

lr-1bf7f-4eb22.jpg

1) Les phases du projet

Comme pour le projet de webzine en langues avec Facebook (2) décrit dans un article antérieur, la formulation de ma proposition suivra les cinq étapes suivantes de la gestion de projet : l’avant-projet, le démarrage, le prototypage, la réalisation et la clôture.

1.1) L’avant-projet

Des analyses préliminaires comprenant une description de l’idée du projet, de la clientèle visée, des ressources matérielles requises et d’un devis pédagogique sont nécessaires.

1.1) Description de l’idée

Du point de vue pédagogique, les étudiants seraient appelés à mener des recherches Web dans le but de produire un ouvrage encyclopédique en ligne, à partir duquel ils pourraient générer des questionnaires interactifs hébergés sur une plateforme de formation en ligne. Une version PDF de l’ouvrage encyclopédique pourrait être offerte au public sous forme de recueil numérique dont la promotion serait assurée par le biais des médias sociaux.

Contrairement au projet de webzine, présenté antérieurement, le thème de cette formation devrait se limiter à un domaine spécifique, mais assez large pour intéresser les étudiants de deux classes étrangères. Je suggère ici le domaine des arts de la scène : la chanson, le théâtre, la télé et le cinéma. Les auteurs aborderaient ces thèmes sous un angle culturel, mais aussi d’un point de vue géographique, historique, économique, etc. en traitant d’artistes ou d’œuvres qui reflètent bien les réalités et les valeurs des sociétés choisies.

a) Clientèle visée

Ce projet de création collective impliquerait le jumelage de deux classes (3). La tenue de rencontres virtuelles en mode synchrone nécessite la prise en considération des fuseaux horaires, ce qui peut favoriser le choix d’un contexte éducatif d’apprentissage des langues. Une classe francophone de Montréal, apprenant l’espagnol, serait par exemple jumelée à une classe régulière du Mexique, de la Colombie ou de l’Argentine, davantage intéressée à connaître l’Amérique de Nord, dans le cadre de travaux scolaires dans des disciplines scolaires variées.

La clientèle visée se composerait d’élèves de la fin du secondaire puisque de bonnes compétences en production écrite et orale sont requises pour la réalisation des tâches demandées.

b) Matériel requis

La réalisation des produits proposés nécessite plusieurs ressources informatiques. En voici une liste non-exhaustive :

- La formation en ligne

La plateforme de cours en ligne My Icourse.com (4 et 5) servirait de principal outil de création d’exercices interactifs en ligne. Je la choisis en fonction de qualités telles que la gratuité et la convivialité, mais surtout parce qu’elle permet la création d’universités virtuelles et de cours comprenant des fichiers multimédia et des questionnaires interactifs de base. Elle offre aussi des outils qui permettent de s’initier à la vente par Internet par le biais d’un compte PayPal. De plus, il s’agit d’un tout en ligne facilement accessible en-dehors de tout réseau scolaire officiel, ne comprenant que le strict nécessaire à des fins d’initiation aux TIC. Des élèves particulièrement doués en elearning pourraient par la suite se lancer dans l’usage d’outils plus complexes comme NetQuiz en lien avec des plateformes comme Moodle.

- Les plateformes de collaboration

Le développement du produit éducatif voulu implique l’usage de moyens de communication à distance. Facebook est envisageable pour des raisons évidentes : environnement largement connu des usagers à l’échelle mondiale, convivialité, possibilité d’y déposer des photos et des vidéos et, bien entendu, ses liens avec Skype, logiciel de communication aussi apprécié à l’échelle internationale pour des échanges de vive voix. Toutefois, l’outil de communauté apprenante Beebac.fr (6) offre des options intéressantes, notamment la possibilité de former des groupes ou des équipes pour le travail coopératif, ce qui en fait une option valable.

- Autres outils

D’autres outils peuvent se révéler nécessaires, particulièrement pendant l’élaboration des documents éducatifs ou pour un entreposage temporaire de fichiers : FlickR (photos), YouTube (vidéo), Audacity (son). Des étudiants, eux-mêmes artistes, pourraient employer Itunes pour y déposer leurs créations personnelles et même les mettre en vente. La création de l’ouvrage encyclopédique prendrait aussi la forme de fiches enregistrées en PDF et déposées dans Beebac.fr. L’ensemble de ces fiches pourrait constituer un livre numérique téléchargeable, sous-produit indépendant de la formation en ligne.

Des ressources supplémentaires seraient identifiées pendant les étapes de démarrage, de prototypage et de réalisation du projet.

- La valeur ajoutée du projet

Tel que présenté, ce projet vise l’acquisition par les élèves d’importantes notions en TIC et en administration dans un contexte international, grâce notamment à la réalisation d’un produit éducatif, la formation en ligne et de sous-produits en vente par Internet.

À défaut de faire réellement des profits de vente, les étudiants acquerraient néanmoins des bases en gestion de projet et en commerce international. Le cours en ligne développé par des étudiants permettrait de rejoindre un public plus large que celui des classes participantes, tissant ainsi un lien entre l’école et le reste de la société.

1.2) Le devis pédagogique et le matériel complémentaire

Vu l’ampleur du projet, un devis pédagogique détaillé devrait être développé, et du matériel complémentaire remis aux participants. Ce matériel comprendrait un calendrier des activités et des instructions quant au fonctionnement de Beebac et de My Icourse. L’enseignant devrait également avoir préalablement conçu un canevas de cours et quelques exemples dans ces environnements respectifs afin d’en faciliter l’utilisation à la clientèle visée.

1.2.1 Les fondements éducatifs

L’approche éducative proposée repose sur le socioconstructivisme et la pédagogie par projets, à laquelle s’ajoute un volet important d’apprentissage expérientiel en lien avec l’environnement culturel de l’étudiant, dans la mesure où les étudiants seraient invités à questionner leurs choix.

1.2.2 L’organisation du projet

Ce projet s’échelonnerait sur un minimum de cinq mois durant l’année scolaire à raison d’une période de cours et de deux à trois heures de devoirs hebdomadaires consacrées à s’approprier des contenus, à mener des échanges avec les partenaires à l’étranger et à procéder au développement des leçons interactives. Chacune des équipes serait composée d’étudiants des deux classes impliquées dans le projet.

Un guide de l’élève comprenant les objectifs pédagogiques, un calendrier des activités et les étapes du projet serait envoyé aux étudiants par courriel dès la première semaine de l’année scolaire. Le document devrait être récupéré par les enseignants impliqués dans le but de préparer les élèves à une rencontre de démarrage, qui se tiendrait au maximum un mois plus tard.

  • Démarrage : La phase de démarrage se ferait sous la forme d’une webdiffusion et devrait permettre la constitution des équipes de travail, et aux jeunes de s’initier au fonctionnement des environnements numériques employés, de même qu’à la logistique nécessaire à la réalisation d’un prototype. Échéance : un mois après le début des cours ;
  • Prototypage : Chacune des équipes internationales devrait produire un premier document assorti d’un questionnaire, discuté par le biais de ressources asynchrones et synchrones, puis intégré à l’intérieur de My Icourse. Échéance : un mois après le démarrage ;
  • Réalisation : La réalisation du projet comprend trois étapes : la production des exercices en ligne, la confection des sous-produits éducatifs et l’étude de quelques bases de la mise en marché. Échéance : un mois par étape ;
  • Clôture : La phase de clôture permettrait aux jeunes de réfléchir sur leurs acquis tant sur le plan culturel, que sur celui des TIC ou du domaine des affaires. Échéance : à la discrétion de l’enseignant.

Conclusion

En définissant ce genre de projet de jumelage de classes, je m’intéresse non seulement au rapprochement interculturel entre des jeunes de pays différents, en partant des intérêts personnels de chacun, mais aussi au développement de compétences de nature professionnelle, qui me semblent essentielles dans le monde actuel : l’usage des TIC et l’administration. Il est clair que le succès du jumelage découlera d’une qualité organisationnelle qui dépasse largement la portée du présent article, et que le choix des outils numériques peut être différent des propositions formulées dans ce texte. Il est de mon avis, je le répète, que la qualité des apprentissages ne dépend pas des outils comme tel, mais bien de la volonté et des efforts personnels des étudiants et de la mise en place d’un bon dispositif éducatif. Les idées émises ici vont en ce sens. Lorsqu’un jeune est en mesure de construire sa base de connaissance, de la questionner et de questionner autrui à partir d’elle, en contexte international de surcroît, il me semble qu’il a acquis des stratégies d’apprentissage réellement efficaces.

 

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 28 avril 2012

 

Référence :

(1)Renaud, L. (2012), Le Web 2.0 au service de la société apprenante, dans EducaVox, le 21 avril

(2)Renaud, L. (2012), Un projet de webzine en langues avec Facebook, dans EducaVox, le 16 avril

3) Dossier de la semaine : le jumelage de classes dans Le web pédagogique, le 4 octobre 2010

4) Lamontagne, Denys (2009) Plate-forme gratuite de création et de gestion de cours en ligne dans Thot Cursus

5) My Icourse, consulté le 25 avril 2012

6) Beebac, le premier réseau social éducatif gratuit, consulté le 25 avril 2012

Publié dans Éducation

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article