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La dualité identitaire payante de Buffy à Batman

Publié le par Luc Renaud

Le temps des Fêtes est une occasion de ressourcement en spectacles. L’exercice nous a permis de voir de beaux exemples d’esclavage audiovisuel par le biais de la télésérie Buffy contre les vampires. En revisitant des bandes-annonces sur le Web, nous y avons vu par ailleurs une propension de films traitant des origines de certains personnages, comme Batman ou La planète des singes.

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Les charmes de Poison Ivy et de la femme-chat / Le Joker et Batman

Si les goûts ne se discutent pas, je me demande par moments de quelle manière élever le niveau de conscience de publics manipulés par des spécialistes des recettes gagnantes dans les  médias, devenant alors une drogue, qui donne raison aux détracteurs de la télévision.

1.       Un exemple de drogue télévisuelle : Buffy contre les vampires

Il faut retomber en pleine adolescence pour visionner les épisodes de Buffy contre les vampires sur Internet. Cette série emprunte les clichés des bagarres des Batman des années ’60, mêlant les Pif et les Paf d’une tueuse aux pouvoirs surnaturels à une forme de banalisation de l’univers de l’outre-tombe, des vampires et de la sorcellerie.


 

À titre d’exemple, l’univers démoniaque se composerait évidemment de méchants démons, mais aussi de bons démons aux prises avec une cruelle crise identitaire, particulièrement au contact des mortels. Il suffirait même d’introduire un implant dans le cerveau d’un vampire pour découvrir le grand cœur de celui-ci. Bref, il ne faudrait pas se fier aux apparences dans une recherche de rapprochement entre les cultures.

À l’opposé de la télésérie de Batman qui nous faisait découvrir une grande variété d’activités criminelles, le monde de Buffy offre peu d’originalité. Il s’agit de combattre des personnages maléfiques qui poussent comme des champignons, dans des situations souvent équivalentes. Même la mort y est banalisée dans la mesure où la résurrection n’est qu’un jeu d’enfant lorsque la personne a perdu la vie dans des circonstances extraordinaires. Quelques formules magiques autour d’un rituel suffisent pour ramener le défunt dans notre monde, moyennant une courte période d’égarement psychologique, question de permettre au cerveau de se réaccoutumer à la vie.

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  Frénésie devant Buffy contre les vampires au Comiccon 2011

 

La télésérie sert de prétexte à l’expression des doutes amoureux des jeunes filles de l’école secondaire, qui font face également à des situations amoureuses impossibles : la tueuse peut-elle se donner le droit d’aimer Spike, le vampire apprivoisé? Tel tout bon soap américain, l’intrigue amoureuse se prête alors à des séances de rapprochement, d’éloignement, et de trahison, question de surmonter la souffrance émotive des tourments de cet amour.

Évidemment, les dernières minutes de chacun des épisodes présentent un point de suspens qui capte l’attention du téléspectateur le forçant à poser le geste compulsif de regarder la suite. S’il s’agit là d’une forme de fidélisation du public qui rapporte gros aux producteurs et aux acteurs, l’exercice se traduit en perte de temps pour le public, qui peut passer même 5 heures à enchaîner les DVD de la télésérie dans le lecteur ou à syntoniser Internet.

2.       Les films des origines : Godzilla, Batman, La Planète des singes…

Depuis les années ’90, une forme de reprise d’anciens films de monstres voit le jour : la justification de la monstruosité sous l’angle de la science et de la psychologie.

-          La science au service de la monstruosité

En 1991, par exemple,  le monde redécouvrait Godzilla, dont le visionnement était devenu une nouvelle forme de tradition du Nouvel An dans notre famille. Dans cette version, un lézard était muté en monstre de la préhistoire à la suite d’essais nucléaires. L’explication reposait sur le fait que des vers soumis à l’exposition de radiations subissaient un taux de croissance de 10% par rapport à la normale. Les techniques de clonage et les expérimentations de la génétique nous donnaient par ailleurs la trilogie des Parc jurassique, sorte de Frankenstein des temps modernes.

C’est aussi la science qui devait nous offrir de nouvelles explications sur l’origine de l’intelligence des singes dans La planète des singes. Contrairement aux films antérieurs, celle-ci ne proviendrait ni de leur contact avec les humains en mal d’animaux domestiques, ni des effets de la radioactivité, mais plutôt d’effets secondaires d’un traitement contre la maladie d’Alzheimer.

 

La nature comprend aussi des propriétés menaçantes. Ainsi des anacondas de taille titanesque sèment la panique après s’être multipliés au plein cœur d’orchidées aux propriétés rajeunissantes s’apparentant à la fontaine de Jouvence. Et dans Le règne du feu, des dragons sont subitement réveillés d’une longue période de sommeil. Disposant de glandes explosives, ils réduiront l’humanité à un état primitif de survie.

Pour l’homme, tous ces films démontrent la fragilité de son règne comme animal dominant, un peu comme s’il était de nouveau chassé du paradis terrestre pour avoir voulu se prendre pour le Créateur.

-          La psychologie de la personnalité multiple ou de la dualité identitaire

Le roman traitant de la personnalité multiple, Sybille, n’est qu’un exemple d’inspiration pour les auteurs dramatiques. Le couple binaire de Batman et de la femme-chat démontre deux personnes ayant subi d’importants traumas, les menant vers une crise identitaire majeure et à l'adoption d'attitudes opposées. Le milliardaire Bruce Wayne se convertira en justicier masqué, pour évacuer de son cœur les grandes injustices vécues. Paradoxalement, ce sont des motifs similaires qui mèneront la femme-chat plutôt sur la voie de la vengeance. Dans le même ordre d’idée, la souffrance de Poison Ivy transformera une grande botaniste en monstre.

 

L’explication est telle que les films récents prennent la forme de drame psychologique, presque psychotique, au contraire des films d’aventure de notre enfance. Même les accoutrements des personnages paraissent crédibles, illustrant bien nos propres dualités. D’ailleurs, de vrais psychotiques déambulent actuellement dans les grandes villes de la planète et parcourent les quartiers malfamés à l’instar de leurs héros.

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Conclusion

Le succès des émissions comme Buffy contre les vampires ou des films comme Batman : le commencement repose sur la capacité de s’identifier à la dualité identitaire de ces personnages. Comme Buffy, de nombreux jeunes vivent des doutes importants sur le plan des amours, tout en rêvant d’être le héros dans un monde rempli de mystères. Le monstre peut aussi bien refléter les dimensions sombres de nous-mêmes, ou encore le résultat de nos actes. Sur le plan du spectacle, la qualité nous semble douteuse.

Une question demeure. Comment expliquer la multiplication de ce genre de spectacles depuis une vingtaine d’années? Quels traits de société traduisent-ils?

Texte : Luc Renaud M.A. Sciences de l’éducation, les 30 et 31 décembre 2011

Publié dans Showbiz

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Les chemins tortueux de la réconciliation

Publié le par Luc Renaud

La réconciliation s’inscrit dans un processus relationnel, et présuppose l’existence d’un conflit, voire même d’une rupture. Cela va de soi, me direz-vous. Elle implique, toutefois, le partage d’une volonté commune et le souhait d’une amélioration substantielle sur le plan de la qualité de la relation. Dans le cas contraire, le mieux à espérer se limite à une forme de pardon, conduisant à une certaine réduction du sentiment de culpabilité.

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La démarche nécessite à notre avis une réflexion sur la faisabilité et les obstacles à la réconciliation, y compris un questionnement sur les causes du conflit, si l’on souhaite vivre un changement véritable. Cela présuppose une grande ouverture d’esprit et la capacité de se remettre en question pour grandir; et ce, de la part de l’ensemble des personnes en cause.

C’est souvent là qu’il y a un os.

1.       Les obstacles à la réconciliation

L’un des protagonistes est-il disposé à s’engager dans le long processus que cela implique? Il faut se rappeler que le conflit et la rupture découlent souvent d’un cumul de malentendus et de désaccords; ou pire, d’actes qui ont conduit à des blessures profondes. Pensons à des actes de brutalité physique, comme l’intimidation, le taxage, la violence conjugale ou la guerre, et encore à de la violence psychologique comme l’infidélité, la diffamation, l’abus de pouvoir, le harcèlement, l'humiliation, la pathologisation, la stigmatisation ou la trahison.


 

Il s’agit là d’un ensemble d’attaques à la dignité de la personne, qui engendrent une culture de pensées noires et la perte totale de confiance à l’endroit de la personne fautive. Dans un tel cas, une cure devient une condition préalable à toute démarche de réconciliation. Par ailleurs, l’un des protagonistes peut faire preuve de l’ouverture nécessaire, mais se trouver dans un environnement familial, social ou professionnel qui ne lui offre pas la possibilité de procéder au processus de réconciliation.

Dans de telles conditions, peut-être vaut-il mieux dans certains cas y renoncer. Camillo Zacchia ne rappelle-t-il pas l’importance de changer ce qui est possible, mais d’accepter ce qui est inchangeable. Le hic repose sur le fait que l’un des obstacles à la réconciliation peut également provenir de la peur du changement et de l’anxiété générée par l’autre, perçue comme une menace ou une source de remise en question que l’on souhaiterait éviter. Dans de telles conditions, il est conseillé aux protagonistes de sortir de leur zone de confort et de faire face à la situation.

Bref, il faut être en mesure de bien identifier la nature des obstacles et de bien évaluer la faisabilité concrète de la réconciliation avant d’entreprendre une telle démarche.

2.       Comprendre les concepts d’anima et d’animus dans la résolution d’un conflit

L’insatisfaction ou les envies à la base du conflit et de la rupture repose parfois sur des peurs inconscientes qui tirent peut-être leurs sources dans l’incapacité de l’être humain à faire preuve d’autosuffisance. Comme être social, nous recherchons chez autrui un complément vital.

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Dans une conférence donnée au restaurant Le Commensal, et organisée par l’organisme de croissance personnelle Vox Populi peu avant Noël, l’ancien acteur et maintenant psychanalyste jungien Germain Beauchamps a tenté de décrire les forces qui animent cette quête de complément en se référant à Jung.

Dans la typologie jungienne, l’anima représente pour l’homme une forme de recherche d’une âme sœur chez la femme. De son côté, la femme serait guidée par une quête similaire chez l’homme, que Jung nomme l’animus. Dans un cas comme dans l’autre, l’anima et l’animus proviendraient d’une quête de complétude, le masculin et le féminin formant un ensemble complet.

Les quatre stades de cette quête se décriraient comme suit :

  • Stade 1 : Pour Jung, l’anima orienterait l’homme à rechercher la sécurité et la chaleur humaine de l’enfance vécue auprès de sa mère, d’où son attrait pour les parties sexuelles de la femme. Son corollaire, l’animus, conduirait la femme à vouloir assouvir ses besoins de sécurité par la recherche d’un homme grand et fort, digne pourvoyeur des denrées nécessaires à la famille;
  • Stade 2 : L’anima de l’homme l’amène à percevoir la femme comme une princesse qu’il faut protéger; alors que l’animus anime la femme dans sa recherche d’un prince charmant. Le cinéma offre de nombreuses sources d’assouvissement aux personnes vivant encore à ce stade;
  • Stade 3 : L’anima de l’homme permet à celui-ci de cultiver une image idéalisée de la femme, qui devient une muse. Les poètes, par exemple, décrivent des pays sous des attributs féminins. L’animus de la femme conduit celle-ci à rechercher un homme de bonne élocution. Les conquêtes des chanteurs de pomme découle des réponses offertes aux femmes encore à ce stade;
  • Stade 4 : Il s’agit du niveau de la sagesse. La femme est perçue dans sa grande pureté d’âme à l’instar de la Vierge Marie; alors que de nombreuses femmes, de leur côté, sont à la recherche de maîtres spirituels masculins.

Des envies souvent inconscientes, se manifestant par une attirance, proviennent des qualités présentes chez le membre du sexe opposé, ce qui pourrait se traduire dans le monde conscient par une guerre des sexes ou une forme de compétition malsaine. Des conflits viendraient du contact de personnes de stade différent d’anima ou d’animus.

Il conviendrait alors de prendre conscience du besoin personnel ressenti et des solutions qui émergent au regard de l’autre. Par exemple, à une femme follement éprise d’un homme sous prétexte que celui-ci possédait de grandes qualités d’écoute et de compréhension, un psychanalyste aurait recommandé à celle-ci de devenir elle-même une psy. L’autre n’est donc plus la réponse à un besoin, mais un agent au service de l’apprentissage sur soi et de la croissance personnelle.

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Conclusion

L’analyse des stades jungiens de l’anima et de l’animus n’offrent peut-être pas la réponse qu’il faut au questionnement sur la réconciliation, mais elle lève le voile sur la question de la compatibilité ou de la chimie entre les êtres. Ce faisant, apparaît un élément de réponse sur le pourquoi de l’attirance, ou au contraire des déséquilibres relationnels comme les envies et les jalousies, qui se soldent par un conflit, une rupture ou une guerre des sexes. Toute démarche de réconciliation nécessite ce type de réflexion en profondeur ou de remise en question si l’on souhaite un changement réel dans une relation et vivre des moments de croissance personnelle.

Il n’est possible de réintégrer avec succès un milieu humain délaissé à la suite d’une grande insatisfaction que s’il s'y est opéré un changement en profondeur dans les perspectives des personnes en cause. Sans l’élimination des conditions, des intentions et des attitudes à la base des conflits, les retrouvailles conduiraient inexorablement les protagonistes sur la voie de nouveaux conflits et d’une nouvelle rupture. Ce principe nous semble vraisemblable tant à l’échelle des relations familiales et sociales, qu’à celle des relations d’affaires ou en politique.

Bientôt le Pape nous fera la lecture de ses vœux de paix pour l’année 2012.

Que ceux qui veulent faire de la réconciliation une résolution du Nouvel an sachent que la démarche comprend des exigences nettement plus complexes qu’un coup de baguette magique.

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Dans la même série :

 

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 29 décembre 2011

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De l’individualisme au collectivisme : une réflexion sur l’inclusion

Publié le par Luc Renaud

Nous assistons depuis quelques années à l’éclosion d’une pensée humaniste, qui rend le soi prioritaire à toute autre forme d’activité humaine. Les tenants de cette vision allèguent même que Charité bien ordonnée commence par soi-même, et que l’on ne donne pas ce qu’on n’a pas. Si de tels clichés écorchent au passage l’altruisme et la notion de don de soi longtemps prônés par l’Église, il n’est pas sûr à notre avis qu’ils soient sans failles et qu’ils mènent la personne droit sur le chemin du bonheur.

1.       Le mouvement du balancier vers le soi

Le travail sur soi développerait des attributs comme l’estime de soi, mais le sens du service de nos aînés ne permettait-il pas d’éprouver un profond sentiment d’utilité qui, par le fait même, contribuait aussi à l’estime de soi? Ainsi, les deux attitudes seraient-elles équivalentes et bénéfiques à certains égards.

À l’opposé, une poursuite complète du soi ne court-elle pas le risque d’être une course sans fin et continuellement privée de satisfaction? La multiplication des traits individuels ne se bute-t-elle pas à l’éclatement d’un but commun et à des difficultés accrues sur le plan relationnel? Si le comportement d’un tel ne correspond pas à mes attentes, ne suis-je pas tenté d’exclure cette personne du réseau et, par le fait même, de perpétuer la constitution de cliques? Un monde fait d'une forme de multiples solitudes en somme.

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À l’intérieur même des cliques, il est aussi pensable d’y voir le cumul de conflits interpersonnels, tirant bien souvent leurs sources de gestes dont l’importance découle de priorités purement individualistes et, somme toute, accessoires et non vitales. Encore une fois, à vouloir tant assouvir ses propres besoins au détriment de la relation contribuera en fin de compte à l’éclatement de celle-ci.

Mais d’où nous vient cette tendance à la recherche de réponse sur soi? Nous pouvons vraisemblablement remonter à Socrate et à son célèbre Connais-toi toi-même, et à toutes les formes de questionnements existentiels qui foisonnent dans l’histoire de l’humanité pour y voir un courant de pensée des plus légitimes. Mais il conviendrait aussi de situer l’attitude actuelle dans le contexte du néolibéralisme et de la recherche de profits et de richesses individuelles. La création d’une multitude de besoins génère, par le fait même, la création de produits et une réponse axée sur la consommation.

2.       Le mouvement du balancier vers le collectivisme

En réaction à ces tendances individualistes, des gens ont tenté de prôner la définition de buts communs et même de ramener l’essentiel de la vie à des valeurs fondamentales universelles axées sur l’amour et la sérénité : aimer et être aimé, la recherche de la vérité, l’essence de la beauté, l’établissement de rapports harmonieux, la construction d’un monde axé sur le respect du bien commun.

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Peut-être cette recherche du collectivisme est-elle aussi allée trop loin, quelles proviennent de groupuscules communautaires ou encore des grandes religions qui ont prôné une forme d’abnégation quasi totale des besoins et intérêts personnels comme finalité. On imagine alors qu’un tel idéal aurait cultivé, de génération en génération, une forme de frustration collective menant à l’éclatement du modèle idéalisé. N'est-ce pas le sort de l'Église catholique actuelle?

3.       Vers l’émergence de nouveaux besoins

À l’heure où le manque de vie spirituelle symbolise souvent la perte d’espérance, et dans lequel l’individualisme et le collectivisme extrêmes répondent mal à leurs promesses de bonheur, la question du quoi faire est de nouveau lancée. Des voix s’élèvent pour ramener le mouvement du balancier vers les valeurs de base. Le hic, c’est que personne n’est en mesure de définir quelles sont ces valeurs, dans la mesure où l’individualisme et le collectivisme reposent sur de solides courants de pensée.

La voie du juste milieu constitue-t-elle alors un idéal; ou bien, devrait-on plutôt favoriser une forme d’éclectisme? Faire preuve d’individualisme à ses heures, de collectivisme à d’autres, et s’en tenir globalement au juste milieu? La nouvelle conscience planétaire et environnementale actuelle, et les sacrifices qu’elle impose, provient-elle d’une conscience individuelle supérieure, ou encore d’une forme d’abnégation au profit des générations à venir? Ou un peu des deux?

Bref, l’être humain est à notre avis trop complexe pour que l’on réponde à ses besoins individuels et à la survie de l'espèce en y confrontant constamment divers courants de pensée. D’une certaine manière, nous avons tendance à donner raison à ceux qui affirment qu’il n’existe pas une vérité, mais plusieurs, et encore davantage de vérités à découvrir.

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Dans ce contexte, l’ouverture d’esprit et le sens de la collaboration deviennent de nouveaux besoins individuels et collectifs. Quant à la question de la conscience supérieure, ou de la spiritualité, en admettre la nécessité n’est certes pas une marque de faiblesse, puisque celle-ci génère une foi et une espérance qui soutiennent l’être humain pour lui permettre de nager continuellement au-dessus des vagues lors des moments difficiles et de voler, libre comme l’oiseau, dans les moments de grandes joies. Faut-il privilégier une forme de spiritualité à une autre? Sur cette question, nous nous contenterons de croire qu’il suffit souvent d’enlever les abus des doctrines pour que chacun puisse y trouver son compte, et la communauté se comprendre.

Conclusion

Il est de notre avis que la prédominance de la recherche actuelle sur le soi correspond grandement au manque laissé par l’abandon des valeurs collectivistes. Et que cette forme d’humanisme n’a pas forcément la grandeur de ses ambitions. Le cumul des déceptions peut générer un retour du balancier vers une approche plus collectiviste. Dans ce contexte, nous nous posons une question : comment amener la personne sur la voie du bonheur dans un monde inclusif et non constitué de la simple cohabitation de cliques? L'enjeu est de taille, voyez-vous: l'exclusion ou l'inclusion.  

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 27 décembre 2011

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Le Secret de la Licorne au Québec

Publié le par Luc Renaud

Tintin a non seulement marqué l’histoire de la bande dessinée, mais a aussi attiré le regard des psychanalystes, des philosophes, et des ethnologues. Georges Rémi, alias Hergé, se faisait un devoir d’illustrer ses différentes scènes avec un souci méticuleux de la précision et de la véracité. Si certains ouvrages ont mal traversé le temps, l’ensemble de l’œuvre demeure riche tant sur le plan de la géopolitique que celui des légendes. Rappelons-nous les conflits militaires d’Amérique latine avec Tintin et les Picaros, ou encore la légende du Yéti dans Tintin au Tibet. Objectif-Lune demeure l’œuvre d’un visionnaire d’une conquête lunaire survenue quelques dizaines d’années plus tard. Pas étonnant que les albums aient séduit des générations entières de jeunes et qu’ils aient été traduits dans plus d’une cinquantaine de langues.

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Pour souligner la sortie québécoise de Le Secret de la Licorne de Steven Spielberg, la cinémathèque québécoise a servi aux tintinophiles un buffet de films de Tintin, le tout précédé d’une présentation sur Hergé, donnée par le bédéiste Tristan Demers. Mais quelle a été notre perception lors du visionnement du film et pourquoi Tristan Demers, tintinologue et lui-même dessinateur de bédés, a-t-il consacré récemment un ouvrage associant Hergé  à la Révolution tranquille du Québec?

 1. Une interprétation convaincante : vers une étude du film

Lors de ma sortie au cinéma pour voir le film de Spielberg en 3D, la salle était presque comble, et le public comprenait des personnes de 7 à 77 ans.  


 

Spielberg a su faire un clin d’œil à plusieurs albums de Tintin, comme Le Crabe aux pinces d’or, Coke en Stock et même Objectif Lune pour générer une histoire originale, tout en restant fidèle à l’œuvre originale. La technique de tournage conserve efficacement des traces du réel dans la confection des avatars, et se révèle particulièrement convaincante chez les filous. Allan et sa bande de vauriens paraissent réellement dangereux, contrairement aux ouvrages ou aux séries télé antérieures. Le spectateur est ainsi plongé dans une aventure crédible.

Le tintinophile se sent à l’aise avec les personnalités respectives attribuées aux principaux personnages, Tintin, les Dupont(d) et, bien entendu le capitaine Haddock. Le jeune reporter y est montré comme un jeune garçon curieux et intrépide, et le capitaine comme plutôt susceptible. On saura tirer profit de ses légendaires jurons, ses maladresses et son amour du whisky qui le plonge en pleine dualité identitaire : son état d’ébriété constitue son état normal. D’autres touches d’humour teintent le scénario. Ainsi rien ne résiste à la voix perçante de la Castafiore, pas même les vitres antiballes.

Dans Le Secret de la Licorne 3D, le scénariste a réussi à redonner à Milou l’intelligence du fidèle compagnon canin de Tintin, ce qui avait échappé aux réalisateurs des autres films. Cette fois-ci, Milou saura faire preuve d’imagination à plus d’une reprise et sauver la vie son maître de façon astucieuse. Il contribuera même au succès des humains en quête du trésor de Rakham Lerouge.

2- Les Québécois des années ’60 et Tintin

Il n’y avait que huit tintinophiles à la cinémathèque québécoise, presque tous des adultes aux cheveux grisonnants, pour assister à la brève présentation de Tristan Demers en pleine campagne de promotion de son livre Tintin et le Québec. Hergé au cœur de la Révolution tranquille. La naissance du livre a exigé trois ans et demi de recherches documentaires méticuleuses dans les archives, des rencontres de personnes ayant fréquenté Georges Rémi, et d’intenses négociations de droits de reproduction des images de Tintin. On y découvrait, entre autres, que le tournage d’une entrevue avec Hergé par Judith Jasmin allait servir de base à quelques scènes de Les bijoux de la Castafiore.

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Tristan Demers illustre dans son livre l’importance accordée à Hergé et à Tintin par les Québécois des années » 60, à une époque où les journaux québécois ne présentaient que des bandes dessinées originaires des États-Unis et souvent traduites mot à mot. De plus, l’éventail du roman jeunesse était assez mince, les enfants ne trouvant sous le sapin de Noël que des livres de Martine, Bob Morane et, bien entendu, de Tintin.

C’est d’ailleurs la popularité de celui-ci qui a conduit des promoteurs de littérature jeunesse à formuler une visite officielle d’Hergé au Québec en avril 1965. Ainsi Georges Rémi sera-t-il invité dans des décors typiques comme une cabane à sucre, les polyvalentes de la région de Québec, et à la visite industrielle du joyau économique du Québec d’alors, soit les complexes hydroélectriques de la Manicouagan dans le Nord.  Le créateur de Gargouilles, le bédéiste Tristan Demers, signale qu’Hergé était moins populaire que son personnage auprès du grand public. Les enfants d’une école primaire lui préféraient un spectacle de Joël Denis, et des adolescentes raffolaient davantage de l’opportunité de se faire prendre en photo avec des statues des Beatles dans un centre commercial.

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Le jeune reporter d’Hergé habitait tant l’imaginaire populaire qu’un radio-roman lui était consacré avec les voix de Paul Buissonneau et du comédien Jean Besré. Une pièce de théâtre de marionnettes reprenait aussi une adaptation de Tintin et le temple du soleil. Le Jardin des merveilles de Montréal (aujourd’hui le Parc Lafontaine) avait érigé une statue en l’honneur de ce héros de la jeunesse, qui était même accueilli au Salon du Livre de 1967. À l’émission Tous pour un, un jeune garçon gagnait des prix grâce à sa passion pour le sujet. N’eut été, selon M. Demers, certaines maladresses de promoteurs québécois de l’époque, un film de Tintin au Québec aurait pu voir le jour.  

Conclusion

Tintin a émerveillé la jeunesse de plusieurs générations de plusieurs pays, étant traduit dans plus d’une cinquantaine de langues et de dialectes. Dans ce contexte, il nous semble normal qu’il ait croisé celle des années '60 au Québec. Toutefois, lui attribuer un rôle sur la Révolution tranquille semble davantage relever du marketing que de la réalité. Cela n’enlève rien à la qualité du spectacle offert par Steven Spielberg, qui a réussi le tour de force de produire un film original tout en ancrant l’intrigue dans les univers connus des tintinophiles.

Mille millions de mille sabords, passez un bon temps de fêtes!

Texte : Luc Renaud M.A. Sciences de l’éducation, les 25 et 26 décembre 2011

 

Publié dans Cinéma-Théâtre

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Du Salon des métiers d’art à la luminothérapie près de Noël

Publié le par Luc Renaud

En décembre, je m’étais fait un devoir de sortir et de voir la ville sous un angle artistique varié. Comme je connaissais déjà des œuvres du Cercle des Artistes Peintres et Sculpteurs du Québec, les pièces faites de matériaux recyclés et les Vieux métiers, je comptais me rendre pour une première fois au village de Noël, Marché de Noël & Traditions à Longueuil et au Salon des métiers d’art de Montréal de la Place-Bonaventure à Montréal. En cours de route, je porterais aussi attention aux efforts de la ville pour répondre au mieux-être des citoyens, comme les expériences actuelles de luminothérapie en ville.

1-      Mes premières observations

Malheureusement, ma visite du village de Noël devra s’inscrire à mon agenda l’an prochain. Je me console à l’effet d’avoir tout de même consacré quelques articles à ces gardiens du patrimoine artistique et historique. Jeudi dernier, j’ai réussi à me libérer du tumulte de la vie professionnelle pour jeter un coup d’œil au Salon des métiers d’art dans le but d’inspirer un article. Bien que bref, mon regard m’a stratégiquement permis une vue d’ensemble, un arrêt sur quelques zones spectaculaires et l’établissement de contacts pour d’autres articles.

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L’interdiction de la prise de photos durant l’événement reflète, à mon avis, une approche de marketing boiteuse, qui prive les artisans de vitrines additionnelles et de ventes potentielles. À vouloir tant protéger leurs secrets, ils limitent la propagation de la culture et la création d’univers virtuels personnels qui leur seraient rentables à long terme. Notez que quelques artistes présentaient des tableaux, ce qui justifie peut-être davantage le règlement restrictif.

Compte tenu des circonstances, le visuel de cet article s’inspirera surtout de quelques pièces artisanales d’Amérique latine. Hormis une vieille paire de raquettes, confectionnées dans le village huron de Wensake durant les années ’70, mon exploration du domaine de l’artisanat se limitait surtout à des maisonnettes souvenirs et un poncho colombiens, un calendrier aztèque et des coffrets en bois mexicains. À la vue de ces artefacts, je me sentais impressionné par la dextérité et le sens de la minutie des artisans.

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2-      Ma visite du Salon des Métiers d’art

Un coup d’œil aux kiosques du Salon des Métiers d’art m’a permis de voir des fabricants de marionnettes, des poteries, divers types de vêtements, allant des chaussures jusqu’à des vestes de fourrure inspirées de l’époque de la colonisation canadienne. Mon regard a également porté sur un confectionneur de colliers et de bracelets en argent Sterling, au nom quelque peu singulier, Métalenbouche. J’ai toutefois été intrigué par la confection de jouets en bois, recyclant de vieux accessoires électriques. Il s’agissait d’un concept complet comprenant des jeux pour débutants, intermédiaires et avancés.

Les exposants semblent provenir de plusieurs coins du Québec. Des savons faits main me rappellent ceux de La Savonnerie des Cantons à Magog, visitée l’été dernier, à deux pas de l’abbaye des frères bénédictins de Saint-Benoît-du-Lac. Un fabricant de crèches de Noël, Antoni Sandrzyk originaire de Pologne, m’annoncera fièrement exposer ses œuvres depuis plus de vingt-quatre ans un peu partout au Québec, faisant même des ventes à de grands magasins. L’artisan diplômé en journalisme, s’est installé à Rawdon pour y ouvrir un atelier de céramique, renonçant semble-t-il à sa carrière initiale, comme c’est le cas chez de nombreux immigrants. L’atelier familial de ce licencié en sciences religieuses est situé au 2483, rue Doré à Rawdon. On peut le joindre au : (450) 834-2031.

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Plus loin, je me suis arrêté devant Fibres du monde, une impressionnante tapisserie composée de 263 carrés. L’œuvre de plus de 36 mètres représente toutes les Premières Nations du Canada et plusieurs autres du reste du monde, et vise à démontrer que tous ont leur place dans le tissu social.

 


 

C’est ainsi que des personnes ont choisi d’exprimer leur passion, vendant des artefacts du ludisme, de la coquetterie, de l’anthropologie, du traditionnel et même du religieux, à partir de matériaux variés : le tissu, le bois, le métal, la céramique, la peinture, le savon, etc. Ce dernier soir d’exposition quelques jours avant Noël, des dizaines d’exposants se partageaient une poignée de clients seulement, ce qui nous semble curieux compte tenu de l’achalandage habituel des boutiques pour des achats de dernière minute.

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3-      La luminothérapie en ville

L’arrivée de l’automne, c’est bien connu, correspond chez plusieurs à des épisodes de dépression saisonnière, à cause du manque de lumière. Les pays nordiques, incluant le Canada n’échapperaient pas au phénomène, selon Dre Mimi Israël de l’Institut Douglas. Bonne nouvelle, l’approche de Noël correspond au renversement du balancier.

Pour contrer la déprime, Montréal a développé un programme de luminothérapie publique par la projection de spectacles visuels sur les façades extérieures de plusieurs édifices du Quartier des spectacles. L’événement, qui se tiendra jusqu’au 26 février 2012, comprend d’habiles astuces technologiques et artistiques de jeux d’ombres et de lumières. Le visiteur peut y voir Forêt-Forêt près de la station de métro Saint-Laurent et Éclats de verre au parc Émilie-Gamelin près de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Les autorités de la ville présentent cet événement… haut en couleur comme un joyau d’hiver urbain.

Conclusion

En cette veille de Noël, le blogue de Luc R a voulu rendre hommage à l’art, une force constructive redoutable, mais également une manière de cultiver en soi le mieux-être. Aux vœux traditionnels de joie et de bonheur, nous préférons cette année faire preuve d’un peu plus de réalisme en vous souhaitant de rester connectée avec vos forces intérieures. C’est cet intérieur-là qui doit contrôler tout rapport humain avec l’environnement et non l’inverse.

Sur ces mots, nous vous souhaitons effectivement de passer un joyeux Noël, et de continuer de lire les articles de ce blogue. Entre deux rencontres festives, je resterai fidèle au poste et à mon clavier.

Articles sur Noël

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 24 décembre 2011

 

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La méditation pour contrer l’épuisement professionnel?

Publié le par Luc Renaud

Dans des articles précédents, nous avons brièvement traité de maladies mentales comme la dysthymie, la dépression, l’anxiété et les troubles de l’alimentation en nous inspirant dans une large mesure des cours de l’école Mini Psy de l’Institut universitaire sur la santé mentale Douglas. Nous avons également mentionné différentes mesures de prévention ou de traitement, comme la pharmacothérapie et la psychothérapie, présentées par des professeurs spécialistes. Cette fois-ci, nous aimerions aborder la question du burnout, et de l’une des mesures thérapeutiques qui pourrait se révéler utile, vu son efficacité de plus en plus reconnue dans le cas d’autres maladies mentales : la méditation.

1.       Vers une définition du burnout

Docteure Mimi Israël et le psychologue Camillo Zacchia ont abordé la question de la dépression et celle du burnout respectivement à l’École Mini Psy et à l’organisme communautaire Revivre. Monsieur Zacchia nous explique que l’épuisement professionnel, le burnout, n’est pas un diagnostic, mais plutôt un terme populaire sans définition officielle. Il s’agit, toutefois, d’un ensemble de symptômes qui peuvent conduire la personne malade à un état dépressif, ou encore d’un mal qui émerge de la dépression.

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Tout diagnostic repose sur une étude précise des cinq dimensions d’une personnalité : l’ouverture d’esprit, le consciencieux, l’extraversion, le névrotisme et l’agréabilité (vouloir plaire aux autres). En plus du tempérament, entrent en jeu des prédispositions biologiques, des stresseurs ou des facteurs environnementaux, comme la nature des relations familiales. Monsieur Zacchia précisera qu’il s’agit des mêmes facteurs que pour la dépression, ce qui complique l’étude.

Contrairement à celle-ci, le burnout peut se limiter au milieu de travail, la personne se sentant bien dès qu’elle en sort. Des exigences trop élevées envers soi-même peuvent causer de profondes déceptions; il en va de même des pressions qui nous sont imposées par autrui, ce qui peut se produire notamment en contexte de restrictions budgétaires. L’incapacité de reconnaître ses limites ou de stopper le cumul de responsabilités peut générer un surcroît de stress, d’ordinaire bénéfique, et entraîner des conséquences néfastes. Il en va de même du sentiment d’incompétences provoqué soit par un malencontreux changement de poste pour lequel la personne est mal préparée, ou assez souvent par le syndrome de l’imposteur : la sensation de ne pas mériter la promotion obtenue.

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Le malaise se manifeste par une perte ou une réduction de la production au travail, causée par les émotions suivantes : l’anxiété, la frustration, le sentiment d’inutilité, l’agitation, des problèmes de sommeil, une tendance à s’isoler, etc. Docteure Mimi Israël ajoutera d’ailleurs que le travail pourrait devenir un prétexte à l’isolement. Plus on travaille, plus on s’isole, affirmera-t-elle. Dans certains cas, la démotivation est telle que la personne croit avoir atteint le point de non-retour.

2.       La méditation comme mesure préventive ou thérapeutique

Face à une maladie mentale, la personne fait face à trois choix : changer ce qui est possible, rejeter la situation, ou encore accepter l’inchangeable. Cela peut s’opérer du point de vue du corps par le biais de la pharmacothérapie, qui facilite la normalisation du fonctionnement cérébral. Par ailleurs, la psychothérapie de type cognitivocomportemental, psychodynamique, etc., peut aussi jouer un rôle utile en amenant le malade à vivre un changement de perspective.

L’arsenal des traitements, préventifs ou thérapeutiques, comprend également l’habitude du conditionnement physique. Docteure Mimi Israël et la psychiatre Suzane Renaud (article à venir) accordent aussi une valeur certaine à des techniques de méditation zen, favorisant la pleine conscience de soi par la concentration sur l’ici-maintenant. De son côté, Monsieur Zacchia apprécie beaucoup la musique comme moyen d’évasion.

En ce sens, Le blogue de Luc R s’est demandé de quelle manière fonctionnait la pratique de la méditation.

-          L’expérience d’une méditation par la musique

Mardi soir dernier, le musicologue Gilles Bédard donnait une conférence sur la musique contemplative, Quand la musique ouvre les portes de la conscience, faisant vivre au public une séance de méditation par le biais d’une sélection précise d’extraits de musique du Nouvel Âge allant de Steve Roach à Vangelis. Le conférencier a invité le public à partager les sensations vécues au cours des quatre phases de la séance, que nous prendrons la liberté de nommer comme suit : la détente physique, la pleine conscience, l’attention sur la respiration et le retour à une normale chargée d’espoir.

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Luc Renaud et Gilles Bédard

Durant la première phase, l’expérience s’apparente à une technique de relaxation régulière; le méditant est plutôt réceptif et ressent un affaissement de ses tensions corporelles et peut établir un contact avec ses émotions du moment. Une participante, par exemple, admettra avoir ressenti de la tristesse pendant qu’une autre, au contraire, se sentait en plein flottement. Au cours de la deuxième phase, la détente musculaire est totale, et la personne est appelée à prendre du recul face à elle-même, laissant la voie libre à l’univers de la créativité, totalement libérée des contraintes mentales. En contact avec un plus grand niveau de conscience, de petites voix bienveillantes, bien distinctes des voix psychotiques, présentent finement par exemple des solutions à des interrogations surgies pendant la journée.  

L’extrait musical choisi pour la troisième phase transporte le méditant dans des zones de conscience qui lui sont moins familières, l’amenant à se concentrer sur sa respiration. La phase suivante ramène la personne à un état d’éveil amélioré, grâce auquel le méditant ressent l’ampleur des univers possibles; il est en mesure de changer ses priorités personnelles. Monsieur Bédard recommande l’écoute de ce type de musique au coucher, notamment, afin de guider le cycle de la respiration. Il invite aussi le public à procéder à de micropratiques journalières afin de conserver au mieux le bien-être vécu pendant la séance de méditation. La profondeur de son approche découle de son expérience avec la mort imminente.

Conclusion

Nous ignorons le point de vue des spécialistes de l’Institut Douglas sur la séance de méditation telle que pratiquée par Monsieur Bédard. Personnellement, nous avons trouvé l’expérience agréable et des plus relaxantes. Nous y voyons un moyen de contrôle préventif efficace pour contrer les maux du stress de la société moderne, comme l’épuisement professionnel, et éveiller la créativité. Au risque de déplaire à certains adeptes de la méditation, nous insisterons toutefois pour que la personne en détresse consulte d’abord un spécialiste de la santé, qui saura découvrir avec elle le traitement approprié, avant de s’adonner à ce type d’expérience. Par exemple, Docteure Suzane Renaud, qui croit aux vertus de la méditation de façon globale, mentionne qu’il s’agit d’une approche scientifiquement peu concluante dans le cas de personnes souffrant de troubles de la personnalité limite (borderline), sujet d'un article à venir.

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(Sources : conférences de Dre Mimi Israël, de la psychiatre Suzane Renaud et du psychologue Camillo Zacchia de l’Institut Douglas. Conférence de Monsieur Gilles Bédard, musicologue, invité par Vox Populi au restaurant Le Comensal).

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 22 décembre 2011

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Les cadeaux de Noël du blogue de Luc R

Publié le par Luc Renaud

Les partys de bureau s’enchaînent, mais c’est loin d’eux que nous percevons le sens de Noël, cette période de réjouissance, de réunions familiales et d’espérance d’un avenir meilleur. Au cours de l’année 2011, nous avons en effet eu le privilège de rencontrer de beaux artisans d’une société inclusive, des personnes qui constituent de beaux modèles de résilience, traduisant dans l’art, la philosophie et par la recherche le savoir nécessaire à l’amélioration du monde: nos cadeaux de Noël, en somme.

1-      Le discours du malheur et de la résilience

En donnant un coup de pinceau à la création de notre portrait personnel de la société, Le blogue de Luc R a  bien sûr ouvert les yeux sur des contextes mortels, que plusieurs voudraient ignorer à l’approche des Fêtes : les désordres climatiques qui entraînent des précipitations dévastatrices, des crises alimentaires mondiales insoutenables, des conflits armés, la guerre. D’autres thèmes intenables ont aussi retenu notre attention : la pauvreté, l’intimidation ou le taxage, des problèmes de vivre qui mènent au suicide, la solitude, la dépression, le burn-out, etc.

Paraphrasant le psychologue Camillo Zacchia, nous dirons qu’il est important d’apprendre à marcher aux côtés de nos deuils, comme l'a compris le poète Jean-Pierre Pelletier dans Alluvions, et de porter aussi attention aux bonnes intentions et aux belles réalisations de l’être humain. Notre regard et notre écoute nous ont permis de présenter à nos lecteurs des organismes de soutien à des personnes en difficulté, comme les groupes communautaires Revivre et Phobies Zéro, et de faire connaître aussi des luttes contre la discrimination comme celles menées par l’Association des personnes de petite taille du Québec.

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Omaira Rincones et Nancy Duguay  / Karine Villeneuve et Isabelle Doré

Dans cette course au développement du mieux-être, Pascale Godbout de la Société Alzheimer de Montréal nous attend en 2012. Cette personne est responsable d’un programme d’art-thérapie, et nous recevra pour diffuser à un plus large public les bienfaits de ce service.

Des organismes comme MU ont acquis les services de grands peintres muralistes comme David Guinn et Philip Adams pour améliorer les quartiers de la ville et la qualité de vie de résidents à faibles revenus. Les grands changements proviennent de l’ensemble des petits gestes de gens ordinaires.

À nos yeux, ces organismes portent bien haut le flambeau de la compassion et de l’entraide, et nous amènent à considérer chaque être humain, comme une personne à part entière, peu importe sa condition physique ou mentale. Dans certains cas, ils contribuent à redonner le goût de vivre à leurs bénéficiaires, qui se découvrent souvent des forces intérieures insoupçonnées. Sans forcément se concerter, chacun d’entre eux construit le pavé d’une société inclusive, animée d’un sens véritable de l’accueil et devient pour nous une grande source d’inspiration.

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Phillip Adams, Huguette Bernais et David Guinn 

2-      Une force au-delà du discours : des modèles

Relevant d’autres types de défis, des musiciens comme Marcel Renaud ou Gerardo Rincones et de jeunes comédiennes comme Mylène Thériault ou Geneviève Fuoco tentent de percer un milieu difficile en faisant fi des échecs et des murs. Du même groupe, Kristina Sandev s’associe aux cours de médecine de l’Université McGill, contribuant au développement d’habiletés interpersonnelles chez de futurs médecins. Il s’agit d’un sujet que nous approfondirons en 2012. La créativité figurative de l’aquarelliste Huguette Bernais fournit de bons exemples de beauté et de liberté intérieure. Michelle Bérubé, de son côté, et son amie Olga Maksimova nous ont montré concrètement l’absurdité de l’attitude du  rejet. Faisant preuve d’une incroyable ouverture d’esprit, elles nous enseignent que tout objet jeté aux ordures constitue en fait un vrai trésor de même nature, qui sait, que les feux des Iroquoiens du Saint-Laurent mis à jour par l'archéologue Claude Chapdelaine au milieu de nulle part.

Jouer-pour-plaisir-0201111  Shawn Baichoo, Marc-André Boisvert-Bondu, Kristina Sandev, Mylène Thériault, Émilie Massé et Geneviève Fuoco

L’art renferme des armes d’une force constructive redoutable. Les cinéastes Marie-Claude Fournier, Luc Chamberland, Pierre M. Trudeau, Élaine Dallaire et même Rosto  l’ont compris et ont bien tenté de nous expliquer de quelle manière ils mettaient leur art au service d’une meilleure compréhension des réalités humaines, sombres et éclairées.

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Pierre M Trudeau, Élaine Dallaire, Omaira Rincones et Luc Renaud

Pour mettre des mots sur cette pratique des savoirs, nous avons aussi rencontré des penseurs par le biais des conférences du Comité central des parents de la Commission scolaire de Montréal. Des psychothérapeutes  nous ont alors proposé quelques pistes de réflexion sur les rapports parents-enfants, ce qui nous a conduits à mener une enquête sur le dialogue intergénérationnel. Les conférencières Ariane Cloutier et Ève Raymond, de leur côté, nous ont servi par ailleurs un coup de pied bien placé, lequel s’est récemment traduit par la première conférence en espagnol du blogue de Luc R.

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Ariane Cloutier, Luc Renaud, Omaira Rincones et Ève Raymond

Et que penser de Maxime Jean, qui a gravi le mont Everest, et qui a bien voulu nous accorder un peu de temps à la suite de la présentation publique de son exploit?

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Maxime Jean et luc Renaud

Notre réflexion sur la société serait incomplète sans de solides assises. C’est alors que nous avons porté notre attention aux discours sur l’anxiété, la dépression, les troubles de l’alimentation, etc. donnés par d’éminents spécialistes de l’École Mini Psy de l’Institut universitaire sur la santé mentale Douglas. Fait étonnant, nous y avons découvert des médecins, des psychologues, des psychiatres, des neurobiologistes, etc. engagés dans une lutte sans merci contre la stigmatisation aussi bien des malades que de leurs soignants, par le biais notamment du Web 2.0 et l’éducation populaire.

3-      Le discours du bonheur et des plaintes

À la suite de cette aventure, je me suis demandé récemment si l’esprit de Noël m’était désormais hors de portée… Pour certains, Noël sans neige constitue un affront à la magie et à la tradition. Pourtant, cela facilite les nombreux déplacements, sur des chaussées moins glissantes, réduisant du même coup les risques d’accident de la route. L’atmosphère moins frénétique du temps des fêtes peut même réduire l’achalandage dans les centres commerciaux, où il est difficile de se trouver un espace de stationnement. Et la consommation d’alcool ou l’abus de nourriture représentent-ils tant que ça des sources de plaisir? En absence de patinoires extérieures, les monts et montagnes n’offrent-ils pas encore aux amateurs de plein air la joie des randonnées pédestres?

Noël se réduirait-il à des fins commerciales ou à une suite de petits plaisirs traditionnels?

Conclusion

Récemment, un conteur de la Maison Saint-Gabriel nous rappelait qu’une présence amie constitue sans doute le plus beau cadeau que l’on puisse offrir à quelqu’un. Mon ami Fernando Castro, avec un groupe d’élèves, l’a bien compris puisqu’ils se sont payé en toute légalité le privilège d’offrir des câlins à la population. Hier, en passant la soirée à emballer de petits cadeaux en compagnie de ma femme, il me semble avoir entendu des chants de Noël.

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Un soir de conférence

Chacune des rencontres extraordinaires de 2011, qui m'aura permis de grandir, représente l'un de mes cadeaux de Noël. Mon aventure de blogueur et de conférencier ne fait que commencer.

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 20 décembre 2011

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Des perruches : de l’attachement et de la désillusion

Publié le par Luc Renaud

L’an dernier, nous traitions de l’impact de la mort d’une perruche sur les sentiments plutôt volatiles des enfants : les larmes d’un jour se transformaient en joie à l’idée de se procurer un perruchon de remplacement dès le lendemain. Récemment, mes amis de Facebook devaient suivre les péripéties de cette aventure. Au bureau, on me questionnait, doutant de la survie des oisillons élevés en captivité.

1-      De la guerre à la reproduction

Il était une fois deux perruches femelles et un mâle qui formaient un heureux ménage à trois jusqu’à ce que vienne la période de la reproduction. C’est alors le moment des gestes fous à se chercher un nid, à se donner des béquées  et à s’adonner à des ébats frénétiques avec le seul mâle de la communauté. Soudain, l’une des femelles se met à frapper  l’autre femelle à grands coups de becs, la laissant ensanglantée et nous forçant à l’achat d’un second mâle pour équilibrer les forces; puis, nous empruntons une cage à un voisin en annexant une couveuse à chacun des deux habitats, distançant dorénavant les deux couples.  

 La prison devient un espace sécurisant, paisible et confortable. Faisant cage à part, les oiseaux enceints pondent au même moment respectivement quatre et cinq petits œufs à raison d’un œuf tous les jours et demi.

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Piki-Piki : de la naissance à un mois

 

Mâles et femelles vivent alors des semaines entières quasi-reclus dans les antichambres jusqu’à ce qu’un jour de légers gazouillis à peine audibles attirent notre attention vers un oisillon  aveugle à la peau rose et totalement nue. Mais les lois de la nature nous prodiguent ses enseignements un peu plus de vingt-quatre heures plus tard, par la mort de ce premier oisillon pour des raisons inconnues. Il n’en fallait pas davantage pour que des oiseaux de malheur nous ramènent à l’impossibilité de la survie d’oiseaux en captivité. Mais l’espoir renaît dès le surlendemain avec l’éclosion d’un deuxième œuf. Le jour suivant, deux œufs de l’autre couveuse devaient éclore presque simultanément. Nous évitons, par la suite, la catastrophe de près au moment où un œuf semble coincé dans le ventre de la mère, qui n’en finissait plus de vomir.

2-      La vie de parents ovipares

Les deux pères prennent leur rôle au sérieux, remplissant leur jabot de graines qu’ils transmettent résolument à coup de béquées à la mère, qui empoignera sérieusement chacun de ses petits pour les gaver de cette purée naturelle. Deux nouvelles naissances s’ajouteront à l’une des couvées, alors que l’autre connaîtra les affres de la nature : un des poussins meurt dans l’œuf, les deux derniers sont inféconds. Nous hésitons à nous approcher des petits, de crainte d’être perçus comme des prédateurs par les parents, qui auraient alors préféré les éliminer plutôt que de les laisser tomber entre nos mains.

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El Pinguino : de la naissance à un mois

 

Quelques scènes familiales sont émouvantes. Nous voyons l’une des mères ouvrir toutes grandes ses ailes pour y couvrir sa couvée, donnant tout   son sens à l’expression rassurante Prendre sous son aile. Plus tard, elle s’assoira fièrement par-dessus son tas de rejetons de quatre oiseaux bien enchevêtrés les uns aux autres comme un jeu de blocs Lego. Deux semaines seulement, et déjà un début de plumage nous donne les signes distinctifs de chacun des oiseaux. L’une de mes filles nous révèle fièrement le fruit de son travail de recherche de l’école sur les perruches l’année précédente, et nous donne plein de détails sur leur physionomie, développement et entretien.

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Bébés de quelques semaines

 

3-      Une intervention interespèce salutaire

Les cris stridents et en chœur des cinq oisillons nous agressent, nous et les parents des oiseaux. Un  mâle s’énerve et pousse de violents cris, alors que la femelle prend un peu de répit après près de deux semaines d’un laborieux et constant travail d’élevage. Elle sortira de la couveuse, visiblement exténuée, après avoir endormi sa progéniture pendant quelques minutes. Le repos est de courte durée, en effet, et le couple finit par capituler en remplaçant la purée par des excréments, de façon à faire taire les petits au lieu de les nourrir. À la mort de trois oisillons dans une couveuse, une crise parentale éclate également dans l’autre couveuse, bien qu'il n'y ait qu'un seul oisillon dans celle-ci.

C’est alors que nous prenons la dure décision de séparer les deux survivants de leur mère respective et de les nourrir à la main en suivant les conseils de Ly, un technicien animalier d’une animalerie, spécialisé dans l’élevage des oiseaux exotiques. Enthousiaste, Le nous assure que cette pratique constitue une expérience interespèce extraordinaire. Pour ce faire, il faudra préparer nous-mêmes une purée aux oeufs, mais sans devoir l’ingurgiter d’abord comme le faisaient les parents biologiques des oiseaux.  

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À table!

 

Munis d’une seringue, il faudra gaver chaque oisillon à tour de rôle, en les tenant du bon côté et avec précaution pour leur éviter  une souffrante agonie et la mort par étouffement. Le tube respiratoire est logé d’un côté de la gorge, alors que le système digestif se trouve de l’autre. Encore presque nu, le perruchon nécessitera, de plus, un environnement maintenu à une température régulière de 28o C. Si nous crevons de chaleur au cours des premiers jours à la maison, nous achetons un aquarium et une lampe à infrarouge de 50 Watts dans une animalerie spécialisée dans l’élevage de reptiles quelques jours plus tard en vue d'abaisser le chauffage dans le reste de l'appart. Fait curieux, un python royal mord à la main la vendeuse de l’animalerie qui tentait de convaincre des acheteurs potentiels du côté inoffensif du serpent.

La fratrie adoptive fait bon ménage dans l’aquarium, alors que les nouveaux occupants cherchent chaleur et confort l’un blotti à l’autre, et que les parents reprennent leur camaraderie antérieure, oubliant bien vite leur statut parental. Nous avons tenté en vain de rapprocher les oisillons de leurs parents respectifs. Il semble bien que l’existence des oisillons soit passée à l’oubli à peine vingt-quatre heures après la séparation; les petits paraissent même considérés par les parents comme de potentiels rivaux sur leur territoire, puis comme des membres ordinaires de la petite communauté.

Pour nous, il s’ensuit une grande désillusion en matière d’esprit parental. D'un coup, le comportement des adultes nous paraît primitif, sans amour, et seulement guidé par l’instinct de reproduction. Bref, il nous est alors facile de voir en eux les vulgaires descendants des dinosaures puisque, sans notre intervention, la totalité des oisillons aurait succombé aux conséquences de l’épuisement des parents.   

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    4 cc de purée au maïs et aux oeufs trois fois par jour

 4-      La naissance d’une famille interespèce

Ma femme se découvre de nouveaux élans maternels et prend plaisir à donner les 12 cc de purée aux oeufs quotidiens à chacune des deux perruches. Et, Dieu merci, elles font leur nuit dès l'âge de deux semaines! Une de mes filles avait mis dix-huit mois. De mon côté, je les endors dans le creux de ma main à la fin du repas avant de les déposer délicatement dans le fond de l’aquarium. Au bout d’à peine un mois, le plumage est entier et les oiseaux nous font cadeau de leurs premiers vols. Au même moment, nous devons ajouter du calcium à l’alimentation des adultes femelles, affaiblies par la production des œufs.

 

 

 

Cliquez sur l'image pour visionner la vidéo: de la naissance à un mois. 

 

Cette nouvelle autonomie des petits ne les empêche pas de venir se poser régulièrement sur notre tête ou sur une épaule, particulièrement à l’heure du repas. L’attachement finit par avoir raison des résistances de ma femme, qui renonce dorénavant à se départir de son bébé préféré, el pinguino. Nous envisageons même l’opportunité de nous départir des quatre adultes; comme quoi les émotions peuvent se révéler volatiles.

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À six semaines, on est devenus beaux! Et bien vivants, prêts à nous poser sur vous.

Conclusion

Bientôt viendra la fin du sevrage et le temps de rendre Piki-Piki (la perruche arlequin jaune) à son nouveau propriétaire. El pinguino (la perruche ondulée bleue) aura droit à un traitement de faveur, mais jusqu’à quand? Le charme de la jeunesse prendra peut-être fin au moment des prochaines couvées. À moins que nous employions le subterfuge de Ly, le technicien animalier, comme mesure de contrôle des naissances. Il s’agit de faire cuire les œufs dès le moment de la ponte, avant le début du développement de l’embryon; puis de replacer les œufs cuits dans la couveuse: on ne stérilise pas un oiseau.

L’expérience a beau être des plus enrichissantes sur le plan de l’apprentissage de bases en biologie et en zoologie, l’entretien d’un animal domestique demeure une activité exigeante, et une question qui demande réflexion avant de procéder à l’achat de cadeaux vivants. Pensez-y bien pour Noël.

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 18 décembre 2011

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Noël au rythme de la Maison Saint-Gabriel

Publié le par Luc Renaud

La fête de Noël approche à grands pas, et la Maison Saint-Gabriel a proposé à la population une programmation riche et variée comprenant un concert de Noël, le dévoilement d’une crèche et la création de boules de Noël en verre dans une ambiance festive, un atelier de fabrication de jouets et un autre sur la confection d’Enfants-Jésus de cire. Lors de notre visite le 4 décembre dernier, un conteur s’était assis dans une salle de la Maison musée pour y raconter des légendes, respectant les traditions de Noël de l’époque de la Nouvelle-France.

1-      Des contes : entre le réel et l’imaginaire

De fait, la visite du musée s’est révélée riche en histoires colorées. Ainsi le mobilier directement posé sur la terre était ravagé par l’humidité, ce qui forçait les propriétaires à des coupes occasionnelles, donnant l’impression que nos ancêtres de la Nouvelle-France se composaient globalement de personnes de petite taille. Les habitudes d’hygiène de l’époque devaient également scandaliser les enfants qui m’accompagnaient, qui imaginaient bien les odeurs dégagées par l’absence de bain savonné, ou l’usage de déodorants, l’haleine putride et les contenus des pots de chambre lancés par la fenêtre en matinée.

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Avant de commencer la visite ou après celle-ci, le public était exceptionnellement invité à s’assoir sur des chaises datant du XVIIe siècle, normalement conservées avec le plus grand soin, pour y entendre des récits de Chasse-galerie, de farfadets et une histoire d’amour des plus touchantes.

-          La Chasse-galerie

La Chasse-galerie raconte l’histoire d’une poignée de travailleurs des chantiers qui, une veille de Noël, conclurent un pacte avec le Diable. Moyennant certaines conditions, celui-ci leur permettrait de rentrer pendant la nuit à Lavaltrie, une banlieue de Montréal, par le moyen d’un canot d’écorce volant. Dans la version du conteur Hubert, le canot fut ralenti par des bouchons de circulation aériens au moment de survoler Montréal. Sept des huit hommes réussirent l’aller-retour pendant les heures autorisées et évitèrent les jurons, sauvant ainsi leur âme, le huitième ayant mystérieusement disparu. Le conteur, ayant fait partie du singulier équipage, prétendra avoir perdu la femme de sa vie à son retour au village le printemps suivant, la voyant en compagnie d’un autre homme.

-          Les farfadets

Siméon Fréchette serait à l’origine de la constitution géologique du Lac des Deux Montagnes, alors qu’il cherchait à cultiver du maïs pour les fêtes. Des farfadets invisibles lui viennent en aide reproduisant au pied de la lettre chacun de ses gestes. Lorsque le fils décide de manger un épi, des milliers de petits êtres surnaturels imitent son geste, anéantissant d’un coup toute la récolte. La colère et la peine des parents se traduiront par des conséquences tragiques, les larmes de la communauté mystique coulant à flot pour générer un véritable lac.

-          Une histoire d’amour

Un homme pauvre n’avait pour toute richesse qu’une montre de poche reçue de son grand-père, complétée par une simple lanière de cuir en guise de chaîne. Sa fiancée, de son côté, possédait de beaux longs cheveux. Une veille de Noël, elle choisit de vendre ses cheveux à un perruquier afin d’acheter une chaîne en or à son amoureux qui, de son côté, vendit la montre pour lui faire cadeau de beaux peignes à cheveux. Au lieu de se disputer ce soir de Noël-là, le couple passa la soirée à s’admirer mutuellement en se faisant cadeau du bien le plus précieux qui soit : la présence authentique et profonde de l’être aimé.

2-      La fête de Noël

 


 

Une fête de Noël, ça s’organise et ça se pare. Dans la grange près du musée, Monsieur Gérald Collard, directeur et artiste souffleur de La Petite École du Verre, donne une démonstration de la technique qu’il aura employée pour confectionner une collection de 170 boules de Noël sous le thème Neige à plein ciel. Ces ornements, vendus 10$ l’unité, serviront à décorer l’arbre de Noël qui sera dévoilé en fin de journée dans le pavillon de Sœur Crolo. L’homme se procure d’abord des tubes de verre qu’il chauffe au-dessus d’un brûleur pour en dégager des tiges au centre desquelles est laissé un tronçon du verre originel. Une fois ce matériel créé, l’artiste-souffleur chauffera l’excroissance de verre à un feu incandescent et soufflera par une extrémité pour donner la forme voulue à l’objet. Des lunettes spéciales lui permettront de bien voir les teintes du feu pour savoir à quel moment souffler.

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Pour décorer la boule, il déposera des morceaux de verre colorés sur la surface de la boule, et chauffera de nouveau le tout jusqu’à la fusion totale des parties. Une fois l’œuvre terminée, il ne lui restera plus qu’à y placer un crochet de verre à l’aide de sa technique de chauffage. Monsieur Collard démontre sa technique de soufflage de verre dans des écoles et dans des Maisons de la culture, confectionnant non seulement des boules de Noël, mais aussi des bijoux et des pendentifs.

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À l’extérieur, l’ensemble folklorique Les bons diables donnent une prestation de son savoir-faire, alors que le public rassemblé consomme un bouillon de bœuf gracieusement offert par la Maison Saint-Gabriel. La troupe, qui célèbre son quinzième anniversaire, a pu se produire aussi bien dans les festivals de folklore internationaux, en Pologne, en France, en Asie, etc. que dans des événements festifs un peu partout au Québec. Les bons diables offrent même des cours de danse folklorique à de jeunes enfants. Si Jean-Philippe, leur directeur artistique, voit l’influence de groupes folkloriques comme Mes aïeux pour justifier le nouvel engouement pour son art, ses danseurs n’ont de leur côté qu’une seule expression à la bouche : ça bouge!   

 

Entre deux prestations de danse, il est possible aux visiteurs d’admirer une crèche géante faite de bois de cèdre, qui nous rappelle un peu le sentier des artisans de Rivière-Éternité dans le Saguenay qui a attiré l’attention du blogue au cours de l’été 2011. Monsieur Luc Legris de l’École Les Mélezes de Joliette et représentant du groupe d’artistes sculpteurs à l’origine de la crèche de la Maison Saint-Gabriel, parlera avec fierté de l’œuvre. Son inauguration représente le point culminant de cinq ans de dur labeur. Aux yeux de l’artiste, le fait d’avoir conçu un Enfant Jésus sous les traits d’un Nouveau-né en fait une œuvre unique.

Conclusion

Ce 4 décembre 2011, la Maison Saint-Gabriel a voulu nous rappeler le sens premier de la fête de Noël, soit celle de l’Enfant-Jésus, par une cérémonie animée de dévoilement d’un arbre de Noël conçu comme une œuvre artisanale et par l’inauguration d’une crèche de Noël géante. L’espace de quelques heures, les visiteurs étaient plongés dans un passé riche et vivant. Ça se termine dimanche avec un atelier sur la création de Jésus de cire, un art qui tend à se perdre. Les amateurs d’artisanat peuvent également visiter Le salon des métiers d’art à la Place-Bonaventure de Montréal ou encore le village de Noël des Vieux Métiers à Longueuil. Ces événements prennent fin le 22 décembre.

Texte: Luc Renaud M.A. Sciences de l'éducation, le 16 décembre 2011

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À l’approche des Fêtes… parlons un peu de dépression

Publié le par Luc Renaud

Le chef des départements de psychiatrie de l'Université Mcgill et de l'Institut Douglas, la docteure Mimi Israël, expliquait qu’une personne sur dix connaîtrait au moins un épisode dépressif dans sa vie, et que la maladie concernait les hommes et les femmes de toutes les cultures dans des proportions respectives d’une sur dix et d’une sur cinq. Cette maladie mentale touche aussi les enfants et les adolescents. Malheureusement, la société est encore branchée sur la stigmatisation de la personne malade, cultivant ainsi des attitudes de déni et de honte chez plusieurs. Pendant ce temps 4000 Canadiens meurent de suicide chaque année, le Québec occupant une place élevée dans ce palmarès, et les coûts rattachés à la douleur psychologique et aux consultations médicales s’élèvent à plus de 3 milliards de dollars. 

Mais qu’est-ce que la dépression? Comment se soigne-t-elle et peut-on la prévenir? Tels étaient le propos de Dre Mimi Israël, lors du cours qu’elle a offert aux élèves de l’École Mini Psy à l’Institut Douglas le 8 novembre dernier.

   


 

Dre Mimi Israël traitant de la stigmatisation dans un cours donné en 2008

1-      Vers une définition de l’état dépressif

La maladie se caractérise par une interaction négative de la pensée, de l’humeur et des comportements. Ainsi, la personne malade peut-elle éprouver des difficultés aussi bien sur le plan de la concentration, que de la mémoire ou de la prise de décision. Elle peut aussi éprouver de la culpabilité, du désespoir et même des idées suicidaires. Sur le plan de l’humeur, elle fera preuve d’irritabilité, de colère, d’anxiété et d’une profonde tristesse. Sur le plan comportemental, elle pourrait se comporter avec agitation ou, au contraire, témoigner d’une grande perte d’énergie, ce qui se traduirait également par des troubles de l’alimentation et de grandes baisses sur le plan de la libido.

Durant son cours, Dre Israël mettait aussi le public en garde contre de possibles confusions entre des épisodes de tristesse normale, qui entraîne aussi des symptômes similaires, et un état dépressif anormal. Plusieurs facteurs doivent être pris en compte pour l’établissement d’un diagnostic, comme la durée et l’impact du comportement sur le plan social. Ainsi, deux semaines ou davantage durant lesquelles la personne éprouve un manque complet de désintérêt pour la vie sociale et pour la famille sont nécessaires avant de réellement parler de dépression.

L’état dépressif peut être léger, sévère ou très sévère. Les formes de la maladie sont identifiables par des symptômes propres. De type mélancolique, le malade se sent particulièrement mal durant la matinée. Il se lève tôt et angoissé le matin, et animé d’idées noires; il connaît aussi une baisse importante d’appétit et se sent comme paralysé. Dans le cas de la dépression atypique, le malade dort davantage et se sent au contraire plutôt bien le matin. C’est par la suite que ça se gâte. Il souffrira également d’importants troubles alimentaires.

De niveau psychotique, le malade perd le contact avec la réalité et entend même des voix critiquantes de type : tu ne vaux rien. La personne éprouve souvent le sentiment de ne jamais pouvoir s’en sortir.

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Apparentée à la dépression, la dysthymie se définirait comme un état dépressif relativement léger, mais continuel. Il faut avoir vécu cet état pendant une période de deux ans pour qu’un diagnostic soit établi officiellement. Des troubles bipolaires se décrivent par de sérieuses variations d’humeur, tandis que des troubles unipolaires désignent un état dépressif continuel. Un autre cours donné par l’Institut Douglas portait sur les troubles bipolaires et fera l’objet d’un autre article.

Certaines dépressions sont reliées à des moments précis dans la vie. C’est le cas notamment de la dépression saisonnière souvent reliée à l’automne ou aux pays nordiques manquant de lumière, ou encore de la dépression post-partum qui survient quelques mois à la suite d’un accouchement.

2-      Les causes de la dépression

Selon Dre Israël, la dépression serait d’une part le fruit d’une interaction complexe entre des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. D’autre part, l’interaction entre l’environnement et des facteurs de protection et de vulnérabilité, et des prédispositions individuelles jouent un rôle dans le déclenchement de la maladie. Des maladies physiques peuvent constituer d’importants déclencheurs, de même que la consommation de drogue. Le médecin rappelle également que l’alcool est un déprimant, contrairement à certaines croyances populaires. Il s’agit là d’un aspect à considérer en cette approche de la période des Fêtes.

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Bien qu’il n’existe pas de gène spécifiquement affecté à cette maladie, certains gènes reliés au stress et des changements hormonaux constituent des facteurs de vulnérabilité pouvant déclencher la dépression. Sur le plan psychologique, l’univers des facteurs de vulnérabilité comprend des blessures mal soignées comme des deuils, des épisodes de violence psychologique, des échecs répétés, etc. Il est aussi connu que des exigences trop élevées envers soi-même peuvent se traduire par de grandes déceptions, de la fatigue excessive et du stress incontrôlé plongeant la personne dans un état dépressif. Il en va de même d’expériences sociales négatives comme l’isolement, le taxage, et la guerre, etc. Fait intéressant, le manque d’affiliation religieuse ou spirituelle compte aussi au nombre des déclencheurs de la maladie.

3-      Les traitements

Le traitement de la maladie comprend deux volets : des mesures préventives et des traitements thérapeutiques comme tels.

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Aux facteurs de vulnérabilité mentionnés précédemment s’oppose un certain nombre de facteurs de protection contre la maladie : la stabilité économique, des aptitudes sociales, l’inclusion sociale et des valeurs reposant sur la bonté et la générosité au lieu de la recherche de la performance, etc. Une personne ayant beaucoup de résilience est aussi moins portée à succomber au stress et à développer une dépression. L’exercice physique et la pratique de la méditation constituent aussi deux bonnes techniques de prévention.

Les principaux traitements reposent sur la pharmacothérapie et la prise d’antidépresseurs. La médication contribue à améliorer le fonctionnement des neurotransmetteurs, ramenant un certain équilibre sur le plan de l’humeur. À la médication s’ajoute la psychothérapie, qui a pour but l’établissement d’un dialogue sur la souffrance et de meilleures habiletés à vivre avec soi-même et avec les autres. De nombreuses formes de psychothérapie sont appliquées de nos jours : de type cognitivo comportementale, interpersonnelle, psychodynamique, etc.

Conclusion

Noël approche à grands pas. Pour plusieurs, il s’agira d’une période de réjouissance et de retrouvailles familiales agréables. Pour d’autres, il s’agira au contraire d’une expérience de cruelle tristesse caractérisée par les divers symptômes de l’état dépressif. D’autres encore feront semblant d’être heureux, refusant de se soumettre au risque de stigmatisation rattachée à la maladie mentale. Si vous vous trouvez dans ces conditions, ou encore si des proches vivent des moments de grande souffrance, le moment est venu de faire preuve d’honnêteté et d’encourager le malade à rechercher l’aide appropriée.

Le blogue reviendra avec des sujets plus joyeux…, tout en gardant l’œil ouvert sur les gens en situation de besoins spécifiques. La période des Fêtes n’est-elle pas aussi l’occasion de faire preuve d’ouverture, de compréhension, de solidarité et de compassion?

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Les cours de l’École Mini Psy de l’Institut Douglas sont disponibles sur DVD. Il est aussi possible de les visionner sur le site même de l’Institut, sur Youtube, ou encore sur Canal Savoir. Le blogue de Luc R n’est pas affilié à l’Institut Douglas, mais partage l’intérêt de l’établissement pour la déstigmatisation et l’éducation populaire.

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 15 décembre 2011

(Source principale : le cours Le fond du baril – déprime ou épuisement?, de la docteure Mimi Israël de l’Institut Douglas, donné à l’école Mini Psy, le 8 novembre 2011. Nous rappelons au lecteur que ce texte traduit notre compréhension comme élève du dit cours. Si des erreurs se sont glissées, elles sont nôtres et non celles de la conférencière.) 

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