TEDx de l’UdeM : vers l’émergence d’une société apprenante

Publié le par Luc Renaud

Un dispositif de pédagogie ouverte au service de la démocratisation des savoirs

 

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le Web 2.0 pour le rapprochement entre les sommités et la masse

Dans le hall de la Société des arts et des technologies (SAT), des invités de marque de la journée TEDx de l’Université de Montréal (UdeM) ne me cacheront pas leur surprise face à un certain nombre de réalités inhabituelles : 1) une programmation éclatée en une gamme hétéroclite de disciplines, 2) une formule imposée par un courant de pensée, largement influencé par le Web 2.0, 3) un public composé surtout de jeunes et 4) un lieu de rassemblement éloigné de la cité universitaire, plus près de l’ensemble de la population.

Les organisateurs cherchaient-ils l’établissement d’un dialogue intergénérationnel et la réduction de l’élitisme dans un esprit d’inclusion sociale ? Dans le présent article, je considèrerai l’évènement TEDx comme un dispositif pédagogique ouvert, accessible au plus grand nombre, en me questionnant toutefois sur son rôle en matière de démocratisation des savoirs.

  1)      Quelques paramètres de l’événement  

-          Une programmation éclatée

Les conférences traitaient autant la nanorobotique dans les soins de santé, que l’agriculture sur les toits des immeubles ; ou encore, la psychanalyse pour venir en aide aux personnes vivant des psychoses à la cyberjustice, la téléprésence immersive, etc ; ce qui pouvait effectivement surprendre le chercheur habitué aux grands congrès internationaux portant sur une seule discipline. Par ce choix de thèmes, il nous semble évident que les organisateurs Renaud Philippe Naubert et Carlos Patino Descovich et leur quinzaine de bénévoles ont exprimé les préoccupations de leur génération comme la santé, l’environnement et la technologie. Chacun des sujets abordés constituait un élément de cette mosaïque de savoirs.

 

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 Messieurs Renaud Philippe Naubert et Carlos Patino Descovich 

-          La formule largement axée sur le Web 2.0

Les réseaux sociaux seront largement mis à contribution tant du point de vue de l’organisation de l’évènement que de sa diffusion avec le souhait avoué non seulement de faire connaître à la planète entière d’importants projets de recherches menées au Québec, mais également celui de favoriser de nouvelles formes de collaborations. La webdiffusion et la mise en ligne éventuelle des vidéos des conférences rapprocheraient des sommités d’une grande variété de disciplines et des publics de tous genres dans un contexte de démocratisation des savoirs. Rêve ou utopie ?

- L’âge moyen du public sur place

En présentiel, nous avons surtout constaté la présence d’une grande majorité d’étudiants, auxquels se sont greffés quelques chercheurs, directeurs de laboratoires de recherches et professeurs d’université. Les jeunes, qui prenaient probablement part pour la première fois de leur vie à de telles activités, bénéficiaient de l’opportunité de discuter de vive voix avec les spécialistes qui se mettaient généreusement à leur disposition dans une approche éducative dialogale. 

 

-  Le lieu de l’évènement

Loin d’un auditorium universitaire, les organisateurs ont tenu leur évènement à la Société des arts et des technologies (SAT)de Montréal, l’un des quartiers généraux de l’art numérique de la métropole du Québec ; qui, de plus, se situe en plein cœur de la Main. Sans doute posait-on un geste symbolique sortant le monde savant de son milieu officiel pour le rapprocher du monde de la rue. A cette scène physique visible s’ajoutent toutefois des espaces virtuels créés par la rediffusion en direct et la webdiffusion.

 

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2- La démocratisation des savoirs par le biais du Web 2.0

En dépit de cet immense dispositif éducatif ouvert, TEDx de l’UdeM atteint-il réellement un objectif de démocratisation des savoirs par le biais de la culture émergente du Web 2.0 ? De fait visait-on l’accès au savoir par le plus grand nombre ou posait-on un geste social visant l’éducation populaire ?Si la tableest mise, de quelle manière le repas se déroule-t-il ?

 -          L’accès au savoir par le plus grand nombre

Force est d’admettre que la formule TED permet effectivement de nombreux échanges entre les participants, et que le Web 2.0 constitue un puissant relais de transmission des idées à en juger par l’expérience vécue le 11 mars dernier à Montréal. Plus de 300 projets ont été proposés à l’équipe de messieurs Naubert et Patino Descovich, ce qui a constitué un beau problème de sélection de conférenciers.

 L’événement a aussi connu un franc succès populaire. Des 200 participants réunis sur place, s’ajoutaient quelques centaines d’autres par le biais de la rediffusion en direct et par la Webdiffusion, sans compter ceux qui visionneront les vidéos sur le Web. Ainsi l’audience rejointe dépasse largement celle d’une journée dans un cours à l’université.

Mais est-ce suffisant pour que l’on puisse parler de démocratisation des savoirs?

Il faudrait pour cela connaître l’impact de ce système d’apprentissage collaboratif sur la population en général et savoir dans quelle mesure, par exemple, des gens n’ayant jamais mis les pieds à l’université prendront connaissance des projets présentés. Nous pourrions aussi nous demander ce qui restera en mémoire des conférences synthèses proposées lors des journées-marathon. 

-          Le geste social et le développement de projets

TEDx de l’UdeM n’est qu’un maillon d’un courant éducatif global ; en ce sens, chacun des acteurs joue un important rôle social à l’édification d’un système éducatif ouvert et planétaire. Au-delà des échanges d’idées, nous aimerions savoir combien de collaborations professionnelles ont pu être établies. Les conférenciers avaient-ils plutôt l’impression de donner un cours à un vaste public ou bien de participer à une expérience nouvelle de communication éducative ?

Conclusion

TEDx de l’UdeM traduit à notre avis le souhait éprouvé par plusieurs de contribuer à la mise en œuvre d’un dispositif éducatif ouvert, moins formel, qui encourage le rapprochement entre ceux qui savent et ceux qui veulent apprendre, peu importe leur milieu. Cela me rappelle l’École mini-Psy de l’Institut universitaire de santé mentale Douglasqui permet au grand public de faire la rencontre de sommités du monde médical, plus habituées à s’adresser aux dirigeants qu’à la masse, en employant aussi les techniques du Web 2.0.

Dans ce contexte, il s’agit d’un pas dans le développement d’une société apprenante.

Reste à voir de quelle manière l’enthousiasme et l’esprit de renouvellement émergeant des TEDx sauront créer un pont entre l’école et les personnes exclues du milieu scolaire. Il est à tout le moins rafraîchissant de constater qu’il s’agit là de dimensions dans la mire des pédagogues actuels et d’une approche pleine de promesses.

 Au cours des prochains articles, nous vous ferons part des détails des projets présentés. À la prochaine!

 

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 13 mars 2012

Dans la même série:

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Publié dans Éducation

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