Faire des vacances le pôle de la famille, c’est gagnant !

Publié le par Luc Renaud

La notion de conciliation travail-famille perce de plus en plus  les milieux socioéconomiques, alimentant par le fait même les réflexions des décideurs politiques. Ainsi  d’importantes activités humaines graviteraient autour de grands pôles comme le travail et la famille, auquel j’ajoute souvent celui des études et ainsi représenter la vie sous forme de cône. En vieillissant, je pose cette figure géométrique sur un socle représentant la santé physique et mentale. A essayer de réussir en tout, l’adulte est involontairement dans l’obligation de sacrifier des volets importants des exigences de ces sphères  d’activité et se voit ainsi confronté à des situations d’échecs.

C’est justement ces situations problématiques que la période des vacances et les congés visent souvent à rectifier, ramenant un équilibre satisfaisant dans la vie de plusieurs. Au nombre des gagnants  se compte souvent la communication interpersonnelle au sein de la famille, vue ici aussi bien dans un sens élargi incluant des amis ou des parents éloignés, ou parlant directement du cercle familial.

Mais comment se caractérisent ces apprentissages tant au niveau personnel que relationnel ? C’est ce que la réflexion actuelle tente d’expliquer.

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1)      De l’analyse des comportements au partage de centres d’intérêt

Nous avons déjà convenu que les activités réalisées dans un contexte de vacances sont principalement de nature ludoéducative, en ce sens que toute expérience humaine est source d’apprentissage et que celles réalisées au cours de cette période de relâche scolaire ou professionnelle sont déchargées de la pression des échéanciers ou des relations non désirées. Cela est vrai aussi bien d’une sortie estivale dans un musée, à la plage ou à un spectacle, etc.; et, à plus forte raison peut-être, de la réalisation d’un projet commun de bricolage et d’une participation à un jeu de société.

Ces divers contextes donnent aux protagonistes l’opportunité d’exprimer leurs traits de personnalités dans une relation de nature conflictuelle ou harmonieuse, qu’il est possible d’observer et de comprendre à l’aide de grilles d’analyse. À ce sujet, Normand Lootzak et Ariane Cloutier, fondatrice de l’entreprise Les Coups de pieds, ont donné récemment une conférence conjointe sur un outil de réflexion basée sur les couleurs, s’inspirant de la pensée de Carl Jung. Voici brièvement et grossièrement un aperçu du sens des quatre couleurs: a) le rouge du fonceur et du décideur; b) le bleu du méthodique et du penseur; c) le vert du généreux et du médiateur et d) le jaune de l’expressif et du communicatif.

L’application de ces grilles doit éviter les pièges de la caricature ou de la généralisation, souvent à l’origine de la stigmatisation. Prises avec un grain de sel, tel que vu par les conférenciers, elles offrent l’avantage de poser un regard un peu plus externe sur nos rapports humains, de nous questionner sur les causes de certaines réactions et d’offrir des stratégies de médiation que l’on souhaite plus efficaces. Dans ce contexte, je me demande même si l’harmonie recherchée dans un rapport de couple ou dans une famille ne proviendrait pas de la mise en valeur des qualités associées à la couleur verte de la grille jungienne présentée par les conférenciers.

Toutefois, la qualité première de la relation sociale et familiale repose beaucoup plus sur l’amour entre les membres que sur l’analyse des comportements, et l’harmonie sur une écoute attentive et précise. Grâce à celle-ci, il devient possible de discriminer dans un amas disparate de goûts et de visions du monde des centres d’intérêt commun qui peuvent servir de point de ralliement et mettre à profit de manière harmonieuse les contributions de toutes les couleurs. Le partage spontané de telles découvertes procure aux participants une joie intérieure qui cimente les liens et qui facilite l’acceptation des différentes attitudes.

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2)      Le processus de croissance du groupe social ou familial

L’extension des activités professionnelles et scolaires donne souvent peu de temps à l’établissement de bonnes relations familiales, limitant souvent celles-ci à des partages sporadiques d’idées ou à une forme de cohabitation pacifique, loin de la collaboration souhaitée.

En contrepartie, la période de vacances peut générer un huis clos d’une durée suffisante pour favoriser la croissance même du groupe dans les aspects suivants : focalisation sur les œuvres communes, réduction des écarts entre les membres, meilleure compréhension et acceptation des différences individuelles, collaboration mieux fignolée et plus étroite, échanges plus efficaces tant sur le plan du discours que du non-dit et développement d’un plus grand sentiment d’appartenance.

Suivant ce raisonnement, le processus psychosocial ici décrit transformerait paradoxalement la famille en véritable laboratoire d’apprentissage de la communication interpersonnelle dotant chacun des membres de compétences importantes et de la vision d’un modèle à reproduire, une fois de retour dans le monde professionnel et scolaire.

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Conclusion

J’ai souvent prétendu que la conciliation travail, famille et études constituait un défi quasi impossible à relever, à moins d’inscrire le tout dans un projet conjoint. Le succès ou l’atteinte de hauts standards de réussite exige d’immenses sacrifices, sans quoi des maladies comme le burn-out ou des troubles de santé physique nous pendent au bout du nez. Une option possible consiste à tirer réellement profit des congés et des vacances pour rééquilibrer les tâches de manière satisfaisante. Dans le cas où les activités officielles mettent en valeur les compétences professionnelles ou académiques, une place centrale, voire même toute la place, doit être accordée à la famille lors des congés et des vacances, question de rétablir l'équilibre. Notez que cette situation est beaucoup moins pertinente dans le cas où les relations familiales occupent déjà une place centrale. Dans un tel cas, il serait utile de se pencher sur la question des deux autres pôles, soit le travail ou les études... 

De fait, la famille constitue un tel laboratoire de communication interpersonnelle et de croissance des groupes, que la qualité de vie générée par cette préoccupation aura des répercussions bénéfiques sur l’ensemble des activités humaines. Penser famille est donc une solution gagnante.

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 15 août 2012

Références

 

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