Mylène Thériault : l’éclosion d’une carrière de comédienne

Publié le par Luc Renaud

La veille de la deuxième prestation de Production Jouer pour le plaisir de Scènes choisies de Feydeau, j’ai rencontré l’instigatrice du projet, la jeune comédienne Mylène Thériault qui a aimablement accepté de m’accorder une entrevue. Je voulais découvrir les origines de son intérêt pour l’art dramatique, connaître son cheminement d’artiste et ses projets d’avenir en théâtre.

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Au Café Lézard et dans La puce à l’oreille

1) Une passion qui demande de la persévérance

La comédienne Mylène Thériault est originaire de Lévis près de Québec. Elle a la piqure du théâtre dès l’école secondaire et rêve d’en faire carrière, que ce soit en publicité, à la télé et sur scène. Pour ce faire, elle jouera dans toutes les pièces de son programme scolaire, à orientation art dramatique, et fera partie d’une troupe de théâtre amateur. Par hasard, elle y obtiendra un rôle parlé, en remplacement d’une amie en personnifiant une grand-mère. Consciente des difficultés inhérentes au métier, du genre Beaucoup d’appelés, peu d’élus et de l’importance d’y établir des contacts avec des professionnels, elle passera des auditions infructueuses dans une école de théâtre.

Face à ce refus, Mylène fait preuve de persévérance et prend d’autres moyens pour parfaire sa formation. Ainsi est-elle admise à un cours de théâtre dans un établissement privé qui lui permettra des apprentissages aussi bien en réalisation qu’en jeu. Cette formation intensive de quatre mois se compose entre autres de cours de diction et d’exercices de voix.

Elle prend alors un temps d’arrêt non sans avoir cumulé cinq années de pratique théâtrale et de chant. Puis, elle s’inscrit à un certificat en théâtre de l’Université Laval à Québec, mais de nouveaux échecs dans des tentatives d’admission dans des écoles de théâtre l’amènent à entreprendre un baccalauréat, qu’elle complète en 2009.

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Mylène Thériault, Geneviève Fuoco et Kristina Sandev

À la fin de ses études universitaires, Mylène Thériault déménage à Montréal en vue de percer le milieu théâtral professionnel. Elle poursuit néanmoins sa formation à l’aide de cours du soir dans une école privée, à la suite de quoi elle passe de nouvelles auditions dans une école de théâtre, tout aussi décevantes que les précédentes. Elle justifie son obstination à la valeur de l’estime de soi reliée au fait d’être acceptée dans l’une de ces écoles; ça lui semble à ce moment-là nécessaire pour se dire pleinement comédienne. Dans le but de percer ce milieu difficile, elle confie alors à une agence le mandat de lui décrocher des contrats de travail.

2) L’éclosion d’une carrière

Entretemps, Mylène procédera à la création de projets autogérés dans le but d’obtenir éventuellement les crédits nécessaires à une reconnaissance officielle de son statut de comédienne par l’Union des Artistes (UDA), ce qui augmenterait l’étendue des secteurs où auditionner. Ainsi reprend-elle contact avec Kristina Sandev et Geneviève Fuoco, rencontrées à des conférences sur le métier de comédien; puis avec son vieil ami du cégep Marc-André Boisvert-Bondu, et encore avec Émilie Massé connue lors d’un tournage de figuration. Shawn Baichoo, ayant étudié avec Kristina Sandev au collège Dawson, se joint aussi à la nouvelle troupe.

N’ayant ni les fonds nécessaires au déploiement d’une pièce de grande envergure ni le temps de s’y investir à fond, compte tenu des obligations financières de la vie régulière, Production Jouer pour le plaisir choisit au départ de faire la lecture de scènes de Feydeau, une stratégie qu’elle transforme en jeu théâtral pour le plaisir des comédiens de la troupe et celui des spectateurs. L’exercice permet à trois des six acteurs de la production d’être reconnus comme membres stagiaires au sein de l’UDA, le statut des trois autres y étant déjà reconnu.

 

Animée par les retombées du projet, la troupe prévoit deux nouvelles représentations de Scènes choisies de Feydeau, en août à Québec, et pense à l’éventualité de monter une pièce de théâtre d’été afin d’améliorer le dossier professionnel de ses comédiens auprès de l’Union des Artistes. Pour ce faire, des démarches administratives sont nécessaires afin d’enregistrer officiellement la production au sein des entreprises. Mylène Thériault avoue avoir reçu de son père un appui motivationnel remarquable dans son cheminement de carrière, en plus d’importants conseils entrepreneuriaux nécessaires et tient à l’en remercier publiquement dans ce blogue.

3) Le théâtre, de la psychologie appliquée

Il est clair aux yeux de cette comédienne que le théâtre constitue une forme de psychologie appliquée. Elle considère son expérience de formatrice d’un atelier de théâtre auprès de personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale comme des plus enrichissantes en ce sens. L’expérience a permis le développement de belles habiletés d’expression personnelle et d’affirmation de soi chez les participants.

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  Marc-André Boisvert-Bondu, Émilie Massé et Mylène Thériault

Bien qu’il lui arrive, par ailleurs, de jouer des comédies, elle affectionne particulièrement les pièces dramatiques livrant des messages sociaux ou qui portent à réflexion. Comme le jeu doit être crédible, d’importantes recherches préparatoires sur le vécu des personnages sont importantes. En ce sens, elle se rappelle avoir joué dans des œuvres de Michel Tremblay présentant des conflits familiaux et dans Les enfants du paradis, une pièce touchante portant sur des amours inacessibles.

Aux jeunes intéressés par cette carrière, elle rappelle l’importance de la passion, de la persévérance et du travail. Comme tout art, il faut continuellement pratiquer et se renouveler pour s’actualiser : on ne sait jamais quand commence ou s’arrête une carrière de comédien, affirmera-t-elle. Elle se donne même jusqu’à une dizaine d’années pour atteindre pleinement ses objectifs. De nos jours, le comédien doit accepter de se considérer comme un produit à vendre, peut-être davantage à la télé et en publicité qu’au théâtre, mais oublier cette dimension et donner le meilleur de soi une fois sur scène.

De mon avis et de celui de mon épouse, Mylène Thériault est d’abord une personne passionnée qui fait preuve de détermination et de persévérance dans l’exercice de son métier. Consciente du fait que le bottin de l’Union des Artistes comprend plusieurs milliers de membres, elle prend la solide voie de l’autoformation et de l’autogestion de projets dans le but de s’ouvrir un sentier et de prendre sa place dans un milieu des plus denses. Après tout, Caminante, ho hay camino, se hace caminos al andar, chante le poète espagnol Joan Manuel Serrat, mettant de l’avant la loi de l’audace, de l’effort et de la persévérance, couplée à un profond sentiment de liberté intérieure.

Grâce à l’appui de son père et à la collaboration des membres d’une équipe dynamique, la jeune comédienne apprend l’importance de bien placer tous les morceaux du puzzle d’un plan de carrière qui, d’une manière ou d’une autre, sera couronnée de succès. Le blogueur se dit fier d’en faire connaître les premiers pas à son lectorat.

Texte, photos et vidéo* : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, 20 juin 2011

* Avec l’aimable autorisation de Mylène Thériault

Publié dans Cinéma-Théâtre

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