OUMF: regard sur une société éclatée

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Le blogue de Luc R est à la recherche d’expériences de dialogues intergénérationnels et interculturels. Pour ce faire, nous avons assisté à plusieurs événements à Montréal au cours de l’été 2011 : Festival international de jazz, Festival Juste pour rire, Festival brésilien, Présences autochtones, Poésie et slam, Inauguration de murales, etc. OUMF, destiné à la jeunesse, suscite l’adhésion d’un grand nombre de visiteurs grâce à l’exploitation d’une gamme variée de produits artistiques : musique, arts visuels, bizarreries, etc. Bref, des activités exigeant à la base de l’ouverture d’esprit. Mais à vouloir tout faire, divisons-nous au lieu de rassembler?

1- Une multitude de divergences et de solitudes

À l’entrée du Quartier des spectacles sur la rue Saint-Denis, nous avons été surpris par la souplesse des agents d’accueil qui se refusaient à vérifier systématiquement les paquets de tous les visiteurs.

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Pourtant, des itinérants tentaient de tirer profit de l’achalandage pour y solliciter un don de charité. Un peu à l’extérieur du site, une bagarre éclatait entre deux hommes et ne prit fin qu’à l’arrivée de gardes. De l’autre côté de la rue, en face de l’église, le comité Solidarité Colombie-Québec y tenait une vente débarras afin de venir en aide à la Colombie.

Au milieu de ce décor de fête bigarré à deux pas de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), de la Grande bibliothèque, du cinéma Quartier Latin et de l’Office national du film, une boutique de sport se transformait en kiosque de dégustation de produits alimentaires réhydratés, des terrasses et des bars se payaient exceptionnellement les services d’un musicien, etc.

Pour de nombreux photographes amateurs ou étudiants en cinéma, OUMF représentait une manne pour une prise de clichés hétéroclites. Les jeunes pouvaient même compter sur l’apport touristique additionnel des visiteurs frustrés de la trop longue file d’attente de la Journée Portes ouvertes de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) à quelques centaines de pas.

2- Les activités officielles : de la musique, de la littérature, des arts visuels, savoir

Une fois sur le site de OUMF, le jeune festivalier pouvait chanter sous la pluie ou apprendre les rudiments de techniques d’animation entre les multiples bars et terrasses de ce secteur. Sur le plan artistique, MU y dévoilait également le sens de plusieurs murales.

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- Une expérience acoustique diversifiée

Raindance, de l’Américain Paul de Marinis fait partie d’un ensemble de nouvelles expériences acoustiques, qui a connu des débordements jusque dans le Vieux-Port de Montréal. À partir d’un système de tuyaux finement disposés et d’un simple parapluie, l’amateur est convié à créer un ensemble de six mélodies différentes.

 

Le Vivier, réunissant 25 ensembles et organismes se consacrant à la musique nouvelle y présentait sa nouvelle programmation aux passants.

Le Vieux-Port de Montréal constituait, par ailleurs, l’une des Escales Improbables de Montréal (EIM) qui mettait en vedette des groupes bigarrés offrant aussi de nouvelles expériences acoustiques à leur public. Bien étendus sur une carpette de bambou et un coussin à leur disposition des visiteurs pouvaient relaxer sous un rythme de jazz, une revue d’art à la main. Juste derrière eux, un groupe de personnes portaient des écouteurs pour écouter les plaisanteries et les murmures d’une animatrice. Un peu plus tard, un orchestre composé de vélos multimédias se lanceraient dans une fanfare destinée aux amateurs de musique forte.

- Des expériences musicales plus classiques

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Alors que certains musiciens ont jugé bon s’en tenir à leurs habitudes en jouant dans les corridors de la station de métro, certains groupes ont préféré se réserver une plage horaire sur la rue Saint-Denis. Lors de notre passage, le jazz, la vieille chanson française et le Country semblaient gagner l’intérêt des passants. Malheureusement pour ces musiciens, l’emplacement se situait tout près de la scène principale, ce qui plaçait leur performance acoustique en situation de conflit par rapport aux ajustements des instruments de musique des groupes Rock faisant partie de la programmation de la soirée.

 

Lors de notre passage, le groupe INO, originaire de Québec, venait de se payer un bien long voyage pour un instant de gloire d’une trentaine de minutes. En jetant un coup d’œil aux automobiles qui déversaient des claviers ou des batteries en prévision du tour de piste suivant, je ne pus m’empêcher de penser aux efforts de Buried By Tomorrow et de la multitude de groupes similaires, chantant en anglais dans l’espoir de percer le marché nord-américain. Sous des airs de Folk Rock, INO faisait de même et chantait ses états d’âme sur diverses situations de vie, entre autres sur un texte portant sur la perte d’ami mort du cancer.

- L’apprentissage de techniques d’animation

Dans le cadre du Festival OUMF, l’école d’animation de l’Office national du film (ONF) sortait ses caméras dans la rue afin de donner au public des leçons de base sur les techniques d’animation. Lors de notre passage, l’exercice attirait exclusivement de jeunes enfants, accompagnés ou non de l’un de leurs parents. Étendus aux sols, il leur était montré l’art de mouvements saccadés pour la prise de photos donnant naissance à des mouvements en accéléré. Des objets étaient mis à leur disposition pour créer de petites scènes.

 

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Conclusion

Contrairement aux grands festivals, OUMF a choisi d’étendre ses tentacules sur la rue Saint-Denis jusque dans le Vieux-Port. Ce faisant, il a levé le voile sur un ensemble hétéroclite de situations de vie et de facettes de Montréal. Nous constatons que, dans ce contexte, l’établissement de dialogues intergénérationnels et interculturels constitue un défi de taille. Comment dans un même milieu concilier les besoins des petits truands du coin, des itinérants, des défenseurs de causes sociales, d’étudiants d’université, de cinéphiles, d’amateurs de Rock ou de jazz, etc.? Les mouvements de foules dissimulent de multiples solitudes.

Dans la série Festivals d’été

  • Le jazz ou le langage de la démocratie
  • Le festival Juste pour ... quoi?
  • Rendez-vous au festival brésilien de Montréal
  • La samba brésilienne : pour voir au-delà du Showgirl
  • Présences autochtones : le rassemblement d’une grande famille

Dans la série Groupes musicaux - jeunes

  • Une entrevue avec Omer, Alex, Gaby, Marcel et Julien de Buried By Tomorrow
  • Une visite dans le pays de l’Underground
  • Place à la poésie du slam et du spoken words

Réflexions / Divers

  • Le fossé des générations et le dialogue intergénérationnel
  • Le besoin de rassemblement sous surveillance
  • Cérémonie d’inauguration émouvante de : Les Saisons de Montréal et Spirale des possibles

 

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 15 septembre 2011

 

Publié dans Musique - Chant

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