Partage d’expériences et de parcours d’apprentissage numériques

Publié le par Luc Renaud

educavox 

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Un accompagnement scolaire pour apprendre à apprendre

 

Pris entre l’arbre et l’écorce, nous voulons nous défaire d’un modèle scolaire qui enferme des étudiants dans un édifice, alors que toutes les activités humaines recèlent de profondes sources d’apprentissage et que les outils numériques constituent de puissants moyens d’accès aux savoirs. Les taux de décrochage scolaire relativement élevé et la non-poursuite d’études postsecondaires refléteraient souvent davantage une préférence envers les ressources éducatives de l’école de la vie [1] qu’une pause temporaire ou définitive dans une démarche d’apprentissage.

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Dans ce contexte, une vieille question demeure d’actualité. Au lieu de faire marcher les élèves ou les étudiants au pas de méthodes scolaires homogènes ne vaudrait-il pas mieux les accompagner dans leur découverte des stratégies de l’autonomie, et les amener à valoriser des savoirs disciplinaires et méthodologiques vus comme un tout indissociable dans une perspective d’autoformation permanente ? Et pour convaincre des autorités scolaires, des parents, des éducateurs ou une partie de la population, prêchant souvent le retour aux sources, le concept doit engendrer des expériences concrètes et fructueuses.

 

1. Communautés de pratique et apprenante en parallèle

C’est ainsi que l’idée d’un projet de recherche intégrale et systémique (RAIS) [2] visant le développement d’une démarche d’accompagnement pédagogique axée sur l’autoformation et la collaboration me semble nécessaire [3]. Pour établir une base de communication plus égalitaire avec les étudiants, des enseignants, des tuteurs et des animateurs formeraient une communauté de pratique d’un style singulier dans une perspective de formation continue.

 

Des étudiants seraient au même moment invités à établir une communauté apprenante, et les deux groupes appelés à communiquer entre eux. Ainsi s’établirait entre les enseignants et les étudiants un rapport de type apprenant-apprenant, les deux groupes se distinguant essentiellement en termes de niveau d’expérience et de connaissances disciplinaires.

 

Voici quelques exemples de thématiques qui pourraient être considérées du côté des enseignants-apprenants :

 

 

  • Les passions des élèves et le plaisir d’apprendre ;
  • Les résistances du milieu scolaire à un usage ouvert du numérique (parfois même des résistances face au numérique tout court) ;
  • La communauté de pratique comme exemple de groupe de réflexion métacognitive ;
  • La veille technopédagogique : concepts, stratégies, outils ;
  • La scénarisation pédagogique impliquant les TIC
  • La création d’une banque de ressources technoéducatives ;
  • Etc.

Du côté des étudiants, les contenus abordés proviendraient des disciplines officielles, en lien avec les spécialités des membres de la communauté de pratique, mais largement inspirés de questionnements personnels.

 

2. L’accompagnement dialogal : Ne faites pas ce que je dis, mais faites ce que je fais.

Les membres des deux communautés pourraient alors échanger tant sur la dimension méthodologique de l’expérience que sur les contenus disciplinaires. Ainsi enseignants, tuteurs, moniteurs, etc., et étudiants élaboreraient conjointement un discours expérientiel sur l’art d’apprendre… à apprendre : faire un inventaire des besoins et des contenus à étudier, se définir des objectifs, prendre les moyens appropriés pour une étude efficace, se doter de grilles d’autoévaluation...

 

La pertinence des contenus choisis et étudiés par les étudiants ferait l’objet de validation de la part des personnes disposant d’une plus grande expérience du domaine, soit les professeurs.

 

Une grande part de l’apprentissage s’exercerait par le biais de collaborations à l’intérieur de la communauté apprenante à qui il reviendrait même de concevoir et de répertorier du matériel éducatif relié aux thèmes abordés, d’explorer cette documentation, de créer des exercices et de disposer le tout dans un parcours d’apprentissage numérique.

 

  • La création de parcours d’apprentissage numérique

Belearner, par exemple, est un outil en ligne à mi chemin entre le cumul dispersé d’objets d’apprentissage et les plateformes de formation en ligne. Le produit permet de définir des unités éducatives et d’y intégrer de façon séquentielle des médias comme des images, du texte, des vidéos et du son. Des éditeurs de tests permettent même de concevoir des questionnaires de compréhension à partir des documents choisis, en ciblant par exemple des aspects spécifiques des vidéos.

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Les parcours d’apprentissage ainsi créés peuvent servir à des fins d’enseignement ; mais aussi à des projets d’apprentissage autodidacte, ce qui correspond davantage au besoin exprimé dans le présent article. L’usage des parcours peut être réservé à un seul usager, à des groupes précis ou ouvert à l’ensemble de la communauté du système, dans un contexte de mutualisation des compétences, selon les auteurs du produit. [4]

 

Notez que j’ai présenté Belearner à titre illustratif, et non à des fins promotionnelles. My Icourse [5] est un autre produit en ligne offrant des options qui répondent assez bien à notre besoin.

 

  • Un effet boule de neige pour une société apprenante

Trois composantes importantes de ce projet d’accompagnement pédagogique constitueraient des centres d’attraction majeurs : le dialogue et le partage d’expériences communautaires ; la maîtrise de contenus disciplinaires par le biais de l’autoformation et de la collaboration, et la production de parcours d’apprentissage que l’on ouvrirait éventuellement à l’ensemble de la population.

 

En effet, il y a fort à parier que les participants au projet seraient appelés à jouer un rôle d’agent multiplicateur auprès de leur entourage et à contribuer graduellement à la transformation de l’école, à l’établissement d’un mode de communication interinstitutionnelle et à un effacement graduel des murs des institutions au profit d’une meilleure exploitation éducative des ressources de l’école de la vie.

 

Conclusion

 

Cet article a proposé une méthode de rapprochement entre des enseignants, vus ici comme des personnes d’expérience ; et des étudiants aussi considérés comme des personnes d’expérience. Par le biais de communautés apprenantes, j’ai décrit brièvement une démarche d’accompagnement visant à aider des étudiants à acquérir des stratégies d’autoformation utiles pour exploiter l’abondance des sources d’apprentissage formel et informel présentes à l’école, en présence de la famille et des amis, au travail, dans les loisirs, etc. La réalisation de ce projet d’accompagnement pédagogique impliquerait la création par les étudiants de parcours d’apprentissage à l’aide des TIC. C’est par des gens qui conservent leur plaisir d’apprendre et qui posent des gestes en conséquence que le rêve de société apprenante devient réalité.

 

Texte : Luc Renaud M.A. Sciences de l’éducation

 

Références

 

[1] Renaud, L. (2012) Le Web 2.0 au service de la société apprenante

[2] Renaud, L. (2012) La recherche-action intégrale systémique (RAIS) au service de la personne et de la communauté humaine

[3] Renaud, L. (2012) Pédagogie ouverte : autoformation et collaboration

 

Publié dans Éducation

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