Passage du grand primaire au petit secondaire

Publié le 10 avril 2011 par Luc Renaud

La nouvelle conférence, Passage du primaire au secondaire, du Comité central des parents de la CSDM s’est tenue à la bibliothèque de la polyvalente Lucien-Pagé de Montréal, le 7 avril dernier, devant un peu moins d’une cinquantaine de parents. Elle visait à démystifier le processus de croissance personnelle pendant l’adolescence et à outiller les parents accompagnant leur enfant pendant ce changement, particulièrement au moment de l’entrée à la première année du secondaire. Dans ce premier article, il sera question du choix d’une école secondaire du réseau public et des changements vécus par les jeunes. Dans un second article, il sera davantage question du comportement attendu du parent, de question de sécurité et de lutte au décrochage scolaire.

1. Le choix d’une école secondaire

Le choix de l’école secondaire doit être fait au plus tard vers la fin de la cinquième année du primaire en tenant compte des intérêts de l’enfant, de ses craintes et de ses espoirs, ce qui exige beaucoup d’attention de la part du parent. Pour l’aider, la loi autorise la visite des écoles afin de se faire une idée du milieu de vie et des services offerts; de plus, les établissements toujours en quête de clientèle se font un plaisir d’organiser des journées Portes ouvertes qu’il convient de visiter avec ses enfants. Il est intéressant de visiter autant des écoles privées que publiques.

Il faut savoir que certains établissements scolaires constituent un point de services pour des élèves handicapés ou souffrant de déficience intellectuelle, alors que d’autres offrent des programmes d’études enrichis ou se spécialisent en art, en musique, en théâtre, en sports, etc. En plus d’offrir les services éducatifs habituels, la polyvalente Lucien-Pagé est, par exemple, un point de service pour des élèves sourds.

Selon son directeur, Monsieur Bienvenue, la grandeur de l’école est sans importance dans la mesure où les jeunes se feront de nouveaux amis au sein de noyaux bien délimités; selon lui, les plus jeunes et les plus grands vivent dans des groupes totalement différents et hermétiques. Les cohortes de la première année du secondaire forment une communauté d’au maximum deux cents élèves.

2. Le choc du changement

Pour des raisons de sécurité, il est important de pratiquer le nouvel itinéraire avec son enfant... Le conférencier mentionne deux types de changements importants dans la vie d’un jeune élève : 1) le nouveau milieu de vie et 3) la croissance personnelle.

2.a) adaptation aux règles du milieu de vie

L’adaptation au milieu scolaire d’une école secondaire nécessite l’adoption de comportements d’ordres variés; d’autant plus que des difficultés d’organisation engendreraient une baisse dans les résultats scolaires par rapport au primaire :

Déplacement : perte de points de repère; attitudes civiques dans les transports en commun pendant 180 jours en tenant le sac à dos dans ses mains devant soi, par exemple;
Régime pédagogique : port de l’uniforme dans plusieurs écoles, horaire rotatif formulé en termes de numéros et non de jours (Jour 1 au lieu de lundi, par exemple); devoirs d’une durée de 45 minutes à 1 h par jour; activités parascolaires le midi et le soir;
Intervenants : directeur, directeur adjoint, 8 ou 9 professeurs au lieu d’un seul, technicien en éducation, technicien en toxicomanie, travailleur social, psychologue, etc.
Organisation : gestion d’un casier, d’un cadenas et d’un agenda scolaire comme outil de communication entre l’école et les parents; suivi des devoirs par les parents comme au primaire;
Alimentation : respect de règles établies par les parents dans la mesure où les élèves disposent davantage de liberté d’accès à la cafétéria ou à des restaurants du voisinage.

Dans un contexte où se côtoient des adolescents issus de près de 110 communautés culturelles différentes et de services offerts à une clientèle de sourds, le respect mutuel et l’acceptation de la différence deviennent des valeurs sociales essentielles. À cet effet, Monsieur Bienvenue rappelle que les enfants s’intègreront à un nouveau réseau d’amis dans lequel le texto fait actuellement partie des principaux outils de communication.

Le parent est invité à porter un regard attentif sur le choix des amis de ses enfants, particulièrement s’il note chez ceux-ci un changement drastique dans le comportement : tendance à s’isoler, rentrée tardive de l’école, refus d’inviter les amis à la maison, etc.; ou encore s’il perçoit un décalage d’âge important dans le groupe.

Les premières semaines au secondaire seraient ressenties avec beaucoup de pression, mais la vie scolaire suit un cours normal pour plus de 90 % des élèves. Selon un sondage mené auprès des adolescents, le succès scolaire résulterait des stratégies suivantes : l’encouragement des parents, la fréquentation d’amis motivés, le respect des échéanciers dans la remise des travaux, l’assiduité au cours, l’attention aux résultats scolaires et le sentiment de pouvoir exploiter ses talents à fond.

2.b) le processus de maturation

Monsieur Bienvenue est d’avis que les adolescents sont de bonnes personnes, mais que la première et la deuxième année du secondaire correspondent à de grands bouleversements que le parent doit savoir gérer : passage de l’enfance à l’adolescence, importance des gangs d’amis, début de la vie amoureuse et, bien sûr, les effets physiques de la puberté : poussée d’acné, apparition de poils ou développement des seins, menstruation, mue de la voix, etc. Il s’agit de bouleversements brusques, parfois mal vécus par l’adolescent, qui a besoin d’aide et d’encadrement, malgré ses demandes d’autonomie et de liberté.

Les filles seraient mieux organisées que les garçons; en revanche, elles porteraient rapidement des jugements de valeur et seraient plus portées à faire preuve d’une certaine mesquinerie entre elles. Bien que des chiffres du Ministère de la Sécurité publique démontrent que l’intimidation touche particulièrement les garçons, le conférencier est d’avis que les filles, entre elles, mènent le bal dans son école. Au final, il s'agirait d'un problème mineur, l'école étant un milieu sécuritaire. Quoiqu’il en soit, le parent devrait assurer le contrôle de l’ordinateur familial afin d’éviter la démolition d’une réputation à travers les réseaux sociaux, mais aussi les risques de cyberintimidation et de leurres d’enfants par Internet à des fins sexuelles.

En dénotant une bonne quinzaine de styles d’adolescents appelés à se ramifier au fil des ans, Monsieur Bienvenue rappelle qu’il s’agit pour le jeune d’une manière importante de s’affirmer et de développer son leadership. Les élèves plus turbulents s’assoiraient au fond de la classe et les plus intéressés en avant. Ceux du milieu, plus discrets, tentent de se faire oublier du groupe. Selon le directeur, ces comportements refléteraient quatre types de personnalités : la souris, le mouton, l’éléphant et l’oiseau.

La souris caractérise un élève plutôt discret et timide, qui a tendance à se sous-estimer, qui devra apprendre l’art de participer et de s’affirmer en classe. Le mouton est fidèle et dépendant, et éprouve de la difficulté à prendre des décisions : il peut suivre des amis au parc ou commettre un vol au dépanneur avec eux. L’éléphant est déterminé, spontané; il s’affirme et prend beaucoup de place. Il doit apprendre à respecter les autres. L’oiseau prend une place raisonnable, et devra apprendre à assumer son leadership.

Conclusion

Le conférencier nous rappelle que les adolescents d’aujourd’hui sont aussi fins que ceux d’autrefois… Toutefois, quitter le statut du grand du primaire pour, du jour au lendemain, se retrouver dans la peau du petit du secondaire peut s’avérer particulièrement difficile, surtout en période de bouleversements et de croissance physique et émotionnelle. Les directions d’école rappellent aux parents l’importance d’assurer un suivi et un accompagnement efficaces auprès de leurs enfants. Dans un second article, il sera question du comportement à adopter face à l’adolescent, de la sécurité à l’école et de la lutte au décrochage scolaire.

Article de Luc Renaud M.A. Sciences de l’éducation, 10 avril 2011