Se former pour aider les ados dysthymiques

Publié le par Luc Renaud

Note: Le présent article s'adresse principalement aux parents d'ados.

L’adolescence est vécue par plusieurs jeunes comme une période difficile sur le plan identitaire. Les doutes existentiels, les difficultés d’intégration sociale et des événements marquants comme la séparation des parents, l’intimidation à l’école, etc., forment alors un terrain fertile à l’émergence de comportements marginaux : des fugues, l’intégration à des groupes de la rue, la prostitution, la toxicomanie, etc.  

La vidéo suivante de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas traite des troubles dépressifs chez les jeunes.

 

 

1-      Le dépistage de la dysthymie

 

D’autres jeunes souffriront de dysthymie, un mal de plus faible intensité que la dépression, mais difficilement détectable parce que souvent confondu avec une crise d’adolescence. La maladie comprend des moments de mélancolie qui peuvent même connaître de longues pauses, calmant à tort les inquiétudes de l’entourage et des parents.

 

Les critères du DSM IV de la dysthymie illustrent comme suit l’état général du malade: humeur dépressive présente pratiquement toute la journée, plus d'un jour sur deux pendant au moins deux ans. Chez les enfants et les adolescents, il peut s'agir d'une humeur irritable et la durée doit être d'au moins un an. Des nuances doivent être prises en compte selon l’état de dépression de la personne. Le dossier Santé de Canoë insiste sur les symptômes suivants : sentiment de désespoir, une piètre estime de soi, un manque d'énergie, de la fatigue, des difficultés de sommeil, des changements de l'appétit et un manque de concentration.

 

Des tentatives de suicide de jeunes dysthymiques montrent bien le sérieux de la maladie. Attention! Les suicidaires n’affichent pas nécessairement les couleurs des emo, et ces derniers  ne ressentent pas forcément le goût de se trancher les veines… Il ne faut pas se fier aux apparences. Un diagnostic précis nécessite une opinion médicale éclairée, compte tenu des nuances entre les réactions émotionnelles normales, dysthymiques, bipolaires, etc.

 

De fait, tout le monde traverse différents états émotifs pendant une journée, passant de la joie, à la colère, aux frustrations et à la tristesse. Toutefois, les malades dysthymiques et bipolaires vivront ces moments de façon plus radicale, constituant de vrais yoyos émotionnels. Ainsi passeront-ils  du rire aux larmes ou à la colère sans raison apparente.

 

Si une personne sensible normale se sent touchée par une scène de divorce dans un film, la personne dysthymique éprouvera de la difficulté à oublier cette scène, même plusieurs heures plus tard. De son côté, une personne bipolaire se servira de cette occasion pour se remémorer tous les événements tristes de sa vie.

 

Bien que la maladie concerne particulièrement les adolescents et les jeunes adultes, et deux fois plus de filles que de garçons, elle n’épargne aucune étape de la vie. Des enfants peuvent en être affectés, alors que les personnes de plus de 50 ans fréquemment aux prises avec le deuil en seraient particulièrement vulnérables.

 

1-      Le traitement psychologique et pharmacologique

 

La dysthymie peut être traitée avec efficacité, les tendances suicidaires relayées aux oubliettes et la personne menée une vie normale, souvent à la condition préalable de franchir les cinq étapes  de l’acceptation de la maladie :

 

  • Le choc : des émotions violentes, de l’égarement, de l’anxiété, de la colère, etc.;
  • Le refus ou déni : la négation du diagnostic et la colère contre les intervenants, etc.;
  • Le désespoir : désespoir, sentiment de culpabilité, perte de l’estime de soi, etc.;
  • Le détachement : augmentation de sa capacité à vivre la maladie, constitution de nouveaux objectifs de vie, etc.;
  • L’acceptation ou l’adaptation : joie de vivre, malgré les problèmes.

 

Sur le plan psychologique, des techniques de type cognitivo-comportemental ou de psychodynamique permettront au malade d’identifier la nature de son humeur, d’en détecter les déclencheurs et d’acquérir des stratégies de gestion de ses émotions.

 

La prise d’antidépresseurs s’attaquera aux causes strictement chimiques de la maladie en facilitant la circulation des neurotransmetteurs entre les neurones.

 

Conclusion : se former pour mieux aider

Dans ses efforts de sensibilisation du public à la santé mentale, l’Institut Douglas offre des mini-cours de psychologie en ligne sur YouTube ou en présentiel.  À l’institut, les thèmes abordés à l’automne 2011 par les médecins et psychiatres sont les suivants:

1)      Le cerveau – puissant et fragile en même temps;

2/3)  Du cœur au cerveau – des émotions nécessaires à notre survie;

4)      L’humeur en montagnes russes – bipolaire ou borderline?;

5)      Le fond du baril – déprime ou épuisement?;

6)      Troubles de l’alimentation – Prendre et perdre le contrôle;

7)      Le déclin des facultés mentales – Alzheimer ou vieillissement normal?

 

Il est possible de s’inscrire à ces cours par Internet à l’adresse URL : http://www.douglas.qc.ca/page/mini-psy-2011.

 

Se sensibiliser à la maladie mentale ne jette personne dans un puits psychotique sans fond, au contraire. Cela aide à comprendre le sens de ses propres émotions, et à orienter des gens vers les ressources qui sauront les ramener sur la voie de la santé. Informons-nous; soyons vigilants.

 

Nous avons plus de cent raisons de se sentir vivant, nous chantent Joan Manuel Serrat et Joaquin Sabina…

 

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 12 juillet 2011

 
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article