TEDx-UdeM : l’art de communiquer à la planète

Publié le par Luc Renaud

Dans l’article précédent, nous vous avons fait part des travaux du chercheur Benjamin Devienne sur le comportement humain dans les univers virtuels. Nous y avons vu, entre autres, que des jeux vidéo contribuent au développement de l’identité et à l’acquisition d’importantes compétences transversales rattachées à la créativité et même au sens de l’organisation.

Des spécialistes en art médiatique et numérique, comme Luc Courchesne, ont retranché ce lien entre le comportement humain et la technologie jusque dans la conception d’univers physique virtuel permettant de plonger le visiteur dans un rôle de participant. De son côté, Miss Pixels renverse, pourrait-on dire, le paradigme habituel de l’usage des techniques. Au lieu de définir d’avance des objectifs de communication, elle prendra un simple téléphone pour réaliser des images du quotidien et les traiter avant de les diffuser à grande échelle.

Ce dernier article complètera notre tour d’horizon de la majorité des conférences présentées lors de la journée TEDx de l’UdeM le 11 mars dernier.

1-      Les lieux

L’édifice du SAT où se tenait TEDx UdeM est en soi une œuvre répondant à cette vision de l’art médiatique et numérique. Le hall comprend par exemple un jeu de lumières réagissant aux mouvements des gens, comme s’il s’agissait d’une présence additionnelle. Une vue des escaliers intérieurs est aussi saisissante, conférant une impression de gigantisme à un immeuble pourtant de taille moyenne.

04-04-121.jpg

Mais la plus grande surprise offerte au néophyte est sans doute le dôme extérieur, comparable à celui de l’ancien Cosmodôme, à quelques kilomètres à peine du site, ou rappelant celui de certaines églises comme l’Oratoire Saint-Joseph de Montréal. Il faudra attendre la conférence de Luc Courchesne pour en connaître véritablement le sens.

2 -      Un espace immersif

Récipiendaire de plusieurs prix dont celui dans la catégorie Interactive Art en Autriche il y a une dizaine d’années, l’expert en art médiatique et numérique voulait créer un cyberespace dans lequel le spectateur serait appelé à vivre diverses réalités sans même avoir à bouger de son fauteuil. Aux définitions modernes de réalité; réalité virtuelle, augmentée ou diminuée, M. Courchesne assurera qu’il n’en existe qu’une seule à ses yeux : celle dont le sujet peut faire l’expérience à l’aide de ses sens. Il empruntera au romancier futuriste la notion de cyberespace, qui se définirait comme une hallucination consensuelle partagée quotidiennement. Il s’inspirera aussi des rêves du peintre Yves Clin qui souhaitait se voir en train de voler en se jetant dans le vide.

04-04-12.jpg 

L’espace imaginaire devait pour lui créer un état d’immersion à l’intérieur du dôme, qui permettrait de réintégrer la communication non-verbale absente des autres médias. La téléprésence immersive comprendra à la base un système de projection et un anneau de 8 caméras pour capturer les scènes à 360o. Une expérience de téléprésence a été menée par son équipe et celle du Musée des Arts de Paris relié en réseau, permettant à l’un de suivre l’autre dans ses déplacements.

Les caméras peuvent être remplacées par des images points par points, et il est possible de plaquer des informations sur des images virtuelles, respectant en cela des aspects de la réalité augmentée.

Un jour, nous prendrons nos vacances dans l’ordinateur, souligne Monsieur Courchesne, alors que sur l’écran nous voyons les vagues de l’océan s’écraser sur la plage comme si nous nous y trouvions.

3 -      La photographie du Web 2.0

Si Monsieur Courchesne ramène les grandes surfaces auprès de la personne, nous pourrions presque affirmer que les propositions de Miss Pixels vont dans le sens contraire. Cette jeune illustratrice et designer graphiste de renommée internationale estime que l’art mobile est à la portée de tous grâce aux technologies du Web 2.0 et aux plateformes de diffusion. Elle définit les caractéristiques de son art selon deux critères précis : être en mesure non seulement de prendre des photos à partir d’un iphone, mais aussi d’en faire le traitement à l’aide des outils numériques disponibles.

04-04-122.jpg

Il s’agirait d’un nouveau courant d’expression qui démocratise l’échange artistique, questionne les conventions contemporaines de l’art, et renverse les idées de fonction de la technologie. Sur un ton enthousiaste, elle affirme même que l’iphonographie génère à la photo une forme de révolution artistique comparable à la mise de la peinture en tube, un changement qui a donné naissance à l’impressionnisme.

Il s’agirait cette fois de la photo de la rue. L’idée comme telle n’est pas récente puisque Vivian Maier avait naguère pris plus de 100 000 photos qu’elle gardait bien pour elle, jusqu’à ce qu’elles soient découvertes et publiées sur Flickr. Grâce à un simple téléphone, des dizaines de millions de personnes ont la possibilité de poser un geste de nature artistique comparable en photographiant maintes scènes de la vie quotidienne. Ses propres photos lui ont valu la célébrité aussi bien à Barcelone qu’à Milan ou à Berlin, etc.

Conclusion

Il est parfois difficile de dissocier les arts médiatiques et numériques de la communication puisque l’art, par nature, est une forme d’expression et un prétexte pour établir des liens avec les gens. Dans le présent article, nous avons vu que la création d’un cyberespace rejoignait la sensibilité humaine à travers les sens en plus de servir les buts d’une véritable téléprésence entre des gens répartis un peu partout sur la planète. L’iphonographie réduit aussi les frontières entre les individus, mais d’une manière bien différente. Les scènes de la vie quotidienne déposée sur le Web établissent des contacts presque personnels entre des inconnus. Vue de l’espace, la terre paraît bien petite aux yeux des astronautes. Ce que la technologie moderne confirme de manière éclatante.

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 4 avril 2012 

Publié dans Technologie-Médias

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article