Cérémonie d’inauguration émouvante de : Les Saisons de Montréal et Spirale des possibles

Publié le par Luc Renaud

Les peintres muralistes David Guinn et Phillip Adams m’avaient écrit, souhaitant m’y voir; de même qu’ils espéraient retrouver la joie de rencontrer de nouveau Huguette Bernais, lors de l’inauguration de leurs murales Les saisons de Montréal et de la mosaïque Spirale des possibles de l’artiste Laurence Petit, deux des multiples projets de l’organisation MU. La cérémonie se déroulerait sur le parterre tout près de la murale de l’été au 144-154 Boulevard de Maisonneuve Est à Montréal, le 28 juillet dernier.

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La dernière des Saisons de Montréal & Spirale des possibles

Des moments de fébrilité

À notre sortie du métro, mon attention s’est subitement porté sur un groupe d’enfants aveugles descendant les marches, munis de leur canne blanche, mais accompagnés d’adolescents bénévoles. Curieusement, cette scène m’insufflait l’impression que je m’apprêtais à vivre quelques instants de profonde humanité entre parenthèses, comme ce fut le cas en compagnie de David et de Phillip les premières fois.

Ce sont d’ailleurs les deux premiers que nous avons croisés sur notre chemin, admirant leur dernière œuvre en compagnie d’un artiste montréalais. En nous voyant, ils nous ont informés avec émotion que l’aquarelliste Huguette Bernais était déjà arrivée sur les lieux de la réception. En route vers le site, un artiste se dit fier d’avoir amené David et Phillip à signer leur dernière œuvre. Un autre peintre raconte qu’une dame lui a rapporté une toile datant de la Deuxième Guerre, achetée par son défunt mari, et qu’il pourra revendre.

Le groupuscule réuni semblait visiblement touché de voir de nouveaux visages et nous n’eûmes aucune difficulté à nous y sentir accueillis. Y étaient rassemblés une quarantaine d’invités, membres de Conseil d’administration de MU, d’autres des Habitations Jeanne-Mance, des représentants municipaux, des membres de la presse, des artistes et des résidents. Pour l’occasion, une table contenant des bouchées, mais aussi des cartes souvenir des murales et un album photo des œuvres de MU accueillaient les participants.

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Les parents de David, David Guinn, Phillip Adams et Laurence Petit

Nonchalamment, je scrute le public des yeux afin de détecter des candidats potentiels pour une entrevue, quand j’entends le nom de l’artiste Laurence Petit, auteure de Spirale des possibles, mise à l’honneur ce jour-là.

La responsable de Spirale des possibles, Laurence Petit

Laurence Petit a découvert le plaisir de la technique de la mosaïque lors de formations suivies par hasard à Philadelphie. En deux jours, elle et un groupe d’une dizaine de participants se sont lancé dans une forme de création collective qui lui a fait découvrir à la fois le sentiment de liberté que procure le travail sur de grandes surfaces et celui de la collaboration entre des personnes de milieux variés.

Elle se considère privilégiée d’avoir fait la rencontre des fondatrices de MU, qui prenaient en charge toutes les considérations administratives et logistiques d’un immense projet artistique, et qui lui offraient un mur à faire vivre. Il lui aura fallu trois ans et huit mois intenses d’ateliers pour parachever une œuvre de 125 pieds.

Son travail se déroulera dans une ambiance extraordinaire en compagnie des résidents et des artistes, avec qui se développera des liens d’amitié de façon naturelle. Elle ajoute que le groupe forme comme une deuxième famille. Les réactions chaleureuses constantes des passants contribuent à cultiver un beau climat de travail humain. La réalisation de l’œuvre permet de faire des rencontres insoupçonnées avec des enfants, des personnes handicapées ou des aînés, d’y entendre les petites confidences et histoires de chacun.

Entre les réjouissances de la fête et la peine de l’adieu

Les discours font ressortir l’importance de la collaboration de plusieurs intervenants à en juger par les listes interminables de remerciements.

 

 

MU souligne son cinquième anniversaire démontrant que l’art, loin de se limiter à l’embellissement d'un lieu, représente le premier pas d’un grand changement humain. Le projet, débuté en 2008, transforme les Habitations Jeanne-Mance en poumon vert du centre-ville, à deux pas du quartier des spectacles, au bonheur des résidents, des Montréalais et des touristes. Grâce à la collaboration de centaines de personnes de générations et de cultures différentes, plus d’une trentaine de murales sont réalisées, dont cinq dans ce seul coin du boulevard Maisonneuve-Est.

Le sculpteur Charles Daudelain aurait vu juste dans les années ’60, inspiré par la beauté du secteur. Aujourd’hui, les fresques des murales des saisons constituent un thème rassembleur pour les résidents originaires de plus de 70 pays. Le projet permet également de désenclaver les Habitations situées tout près du quartier des spectacles. L’œuvre donne une âme au secteur et amène les gens à se parler.

David et Phillip se sentent visiblement émus de l’accueil qui leur est réservé et attristés de devoir vivre le deuil de cette expérience incroyablement enrichissante sur le plan humain. Ils camouflent mal leurs émotions en énumérant une liste interminable de personnes à remercier, sous le regard des parents de David, fiers et touchés également par la sérénité de la cérémonie.

J’emprunte à mon amie Huguette Bernais, aquarelliste, les paroles suivantes pour souligner les émotions de cette cérémonie : [...] Des réjouissances d'une grande simplicité et crevantes de sincérité. David, Philippe et Laurence semblent comblés par leur expérience et leur plaisir semble largement partagé. [Chaque résident] s’est senti en quelque sorte interpelé, concerné et s'est approprié une part du projet.

D’autres projets s’annoncent comme la réalisation d’une œuvre en hommage à Oscar Peterson dans l’arrondissement Petite-Bourgogne.

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Honneur aux artistes / Une résidente heureuse

En guise de conclusion

À la fin des discours, Le blogue de Luc R s’est entretenu avec une résidente âgée de 87 ans, heureuse des œuvres accomplies. Cette femme se dit convaincue que la beauté du site amène les gens à s’assoir dehors en été et à se parler. Une employée de MU partage cette conviction. Un peu plus loin, un autre résident reçoit la confirmation que la murale de sa chambre allait survivre aux travaux de rénovation en cours… En quittant les lieux, j’ai croisé les parents de David, admirant la murale du printemps et visiblement fiers des réalisations de leur fils.

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Des murales qui font parler d’elles

Texte : Luc Renaud M.A. Sciences de l’éducation, le 30 juillet 2011

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