Comment développer l’estime de soi de ses enfants

Publié le par Luc Renaud

Le 14 mai 2011 se tenait à l’auditorium de l’école secondaire Louis-Riel, située au 5850 avenue de Carignan à Montréal, la conférence du Comité central des parents de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) portant sur l’estime de soi. Monsieur Serge Lanoue, coach AC s’est adressé à un public d’une centaine de parents réunis en ce samedi matin dans le but d’apprendre à offrir un meilleur encadrement  à leurs enfants et à leurs adolescents. Pour le conférencier, il est clair que le thème de cette conférence se compare à la sève d’un arbre et que l'estime de soi conduit au succès aussi bien dans les études et au travail que dans les relations amoureuses; il s’agit aussi de l’une des grandes responsables d’une meilleure santé mentale et physiologique. L’enfant qui a un bon niveau d’estime de soi éprouve aussi beaucoup de respect pour les autres.

1-      L’estime de soi, comme clé du succès

Ce trait de personnalité est si important qu’il fait partie du langage de nombreux spécialistes en psychothérapie depuis plus d’une vingtaine d’années. Malgré cela, force est de constater que de nos jours les écoles connaissent une recrudescence du décrochage scolaire et des problèmes d’intimidation et de taxage, auxquels s’ajoutent l’augmentation du nombre de gangs de rues et de leurs activités criminelles. Au lieu de lutter contre ces problèmes, des maladies mentales comme la dépression nous tendent au bout du nez. Dans ce contexte, Monsieur Lanoue se demande quelle serait l’explication à ce paradoxe.

Parmi les causes sociohistoriques du blocage au développement de l’estime de soi, la recherche de la performance, le  rejet des valeurs morales et la mort de la spiritualité semblent occuper le principal banc des accusés. Le manque de disponibilité des parents attribué aux exigences de la vie professionnelle jouerait  aussi un rôle de premier plan. À ce chapitre, le conférencier est d’avis que l’absence physique peut être efficacement compensée par des gestes d’amour succincts, mais fréquents : le pouvoir du parent sur l’estime de soi de ses enfants est plus grand qu’on ne le pense, affirme-t-il.  Mais comment contribuer à son développement de façon quasi-certaine?

2 - Sans amour véritable, l’encadrement parental est inefficace

Il est clair que l’ensemble des stratégies inculquées aux parents depuis une vingtaine d’années peuvent jouer un rôle favorable en cette matière; par exemple : faire preuve de stabilité, inculquer des règles de conduite, complimenter ses enfants et les féliciter de leurs bons coups, etc. Le hic, c’est que souvent le parent, davantage animé par d’autres préoccupations, laisse transparaître un manque de sincérité, de la lassitude, de la fatigue et ses frustrations lors de ses interventions. À la longue, chacun de ses gestes est perçu non pas comme une marque de sollicitude, mais plutôt comme une obligation parentale, voire même une forme de surveillance. À la rigueur, les compliments sonnent faux et sont ressentis comme un manque de confiance à l’endroit de l’enfant : tu me félicites parce que tu crois que je suis à ce point faible que j’ai besoin d’encouragements, se dirait-il.

Le conférencier est d’avis que les gestes des parents comptent beaucoup moins que le comment ils sont posés. Les émotions de colère et  de frustrations qui y sont véhiculées contribuent à démolir l’estime de soi de l’autre au lieu de le construire. Par ailleurs, de 80% à 90% des gestes parentaux enseignent à l’enfant, non pas l’estime de soi, mais l’estime des autres : l’enfant apprend à agir dans le but de faire plaisir aux autres; il apprend donc l’estime de l’autre, nous dira Monsieur Lanoue, qui ajoute : or, l’estime de l’autre n’a aucun impact sur l’estime de soi. Face aux difficultés relationnelles, de nombreux parents éprouvent aussi de la culpabilité, un sentiment contreproductif.

Ainsi les sacrifices des parents et leurs bonnes intentions constituent des freins majeurs au développement de l’estime de soi chez les enfants des générations modernes. L’ingrédient manquant est la communication de l’amour. Il faut donc apprendre à enseigner l’amour, selon le conférencier; et, comme le meilleur enseignement provient davantage de la modélisation que du discours, il est de bon ton de poser des gestes pour se plaire à soi-même : se donner le temps de lire ou d’écouter sa musique préférée, en dépit des jérémiades des enfants, par exemple.

3- Une intervention, ça se prépare mentalement et stratégiquement

Selon ce coach jovialiste, l’atmosphère familiale devrait se comparer aux enthousiastes retrouvailles entre amis et ainsi démontrer une immense joie de vivre par le biais de l’humour, et du jeu.

Le développement de l’estime de soi prend difficilement racine dans un environnement austère, blâmant où règnent en maîtres la déception et l’ennui. Or, des enfants expriment parfois le désir de quitter le foyer familial, se sentant étouffés par le climat et l’abondance des règles de conduite. Ces menaces déchirantes constituent un bon indice de l’étendue de l’écart entre l’idéal et la réalité et le besoin de changement des attitudes parentales. Une première règle à démolir serait celle de la punition, qui appartiendrait à la préhistoire.

Pour y arriver, les parents doivent concevoir leurs interventions comme un processus comprenant des étapes à court, moyen et long termes. En ce sens, s’il arrive qu’une attitude de l’enfant touche une valeur personnelle du parent, il faut être en mesure de parler à son enfant avec cœur, de lui dire ce qu’on pense vraiment et ainsi lui montrer que l’on a de l’estime pour soi. Il serait même préférable de préparer mentalement ses interventions pour amener les enfants à exprimer leurs propres émotions.

Monsieur Lanoue est d’avis que ces rencontres doivent être fréquentes, mais brèves, et que les récits d’expériences vécues ont peu d’impact sur le changement espéré. À moins qu’il ne soit expressément questionné en ce sens : l’enfant est maître de ses décisions et de son projet de vie.

Conclusion : l’enthousiasme face à la vie en priorité

Pour Monsieur Lanoue, il est clair que le bonheur est intimement lié au développement de l’estime de soi et que les enfants doivent ressentir beaucoup de joie de vivre au sein du foyer familial. Pour faire moins et accomplir davantage, le fait de s’amuser constitue une stratégie de type gagnant – gagnant. Des techniques de relaxation peuvent contribuer à chasser la culpabilité en vue de devenir un meilleur parent et de faire une priorité de l’enthousiasme envers la vie.

Pour consulter le site Internet de Monsieur Lanoue, cliquez ici.

Article de Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, 21 mai 2011

 

 

Publié dans Formation CSDM

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