Qu’a-t-on fait du plaisir d’apprendre à l’école?

Publié le par Luc Renaud

Marcel exprimait récemment beaucoup de contentement à la suite de ses derniers examens de la session et envisageait avec joie l’arrivée des vacances estivales. À peu près au même moment, d’autres jeunes suivaient leur propre fin de parcours d’un œil des plus attentifs et lisaient les dates du calendrier à rebours. Pour les taquiner un peu, je leur disais qu’il leur était toujours possible de s’inscrire à des cours de printemps ou à des sessions d’été afin d’enrichir davantage leur expérience scolastique. Personnellement, il s’agissait des meilleurs moments puisque dans mon temps (c’est probablement encore le cas de nos jours), ces groupes hors-normes étaient quasi exclusivement formés d’élèves motivés et curieux, animant les cours d’échanges vraiment intéressants. Face à ces écarts de points de vue, j’ai voulu tâter le pouls de jeunes concernant le milieu scolaire.

 

1-      Une enquête éclair

Pendant 24 heures, sur Facebook, j’ai alors tenu un court sondage auprès de deux groupes de jeunes, 1) fin primaire – secondaire et 2) post-secondaire,  afin de connaître leur appréciation de l’école à partir du moment charnière que représente la fin de l’année scolaire et l’arrivée des vacances. Ce sondage comprenait deux questions :

  • Comment voyez-vous la fin de l’année scolaire? Les répondants étaient libres de cocher l’une ou plusieurs des options proposées ou d’ajouter un commentaire personnel. Les options étaient les suivantes : A) Yeah! Enfin les vacances. B) C’est une période de stress à cause des examens. C) Je vais m’ennuyer de mes amis et D) Rien de spécial parce que je travaille.
  • Pourquoi les vacances sont-elles importantes? Les options de réponses étaient les suivantes : A) Pour se reposer avant de reprendre le travail ou les études. B) Pour faire ce qu’on n’a pas le temps de faire d’habitude. C) Pour se ressourcer, voyager, faire des choses différentes.

Cette deuxième question visait à valider la première. Les questions et les options de réponses ont été formulées à la suite d’un conciliabule familial. Les répondants sont de diverses nationalités et font surtout partie de la gent féminine.

2 – Ce que les jeunes pensent de l’école et des vacances

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Les élèves du primaire et du secondaire expriment beaucoup de contentement à l’approche des vacances estivales, mais appréhendent toutefois la fin de l’année scolaire en pensant à l’éloignement des amis. À Montréal, il est assez courant que des enfants doivent changer d’école suite au déménagement des parents dans un nouveau quartier, une nouvelle ville et même une nouvelle province. Au moment de mener ce sondage, les élèves du niveau collégial venaient tout juste de terminer leur session ou bien se préparaient à leurs derniers examens. Leurs réponses traduisent bien le stress occasionné par la fin de l’année.

 

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Ils sont également majoritaires à considérer l’arrivée des vacances comme une forme de soulagement. Curieusement, les élèves de tous âges conçoivent les vacances estivales comme une période de repos avant de reprendre les études et le travail, alors que seuls les élèves plus jeunes y voient une occasion de se divertir.

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3-      En finir avec l’école

Je constate d’abord qu'un seul répondant a a émis l'avis qu'il s'ennuiera de l'école s'y sentant bien, mais que d'aucuns n'est venue l’idée d’ajouter un commentaire personnel du genre : j’aime tellement l’école que je compte m’inscrire à des cours d’été. Le Yeah! Enfin les vacances expriment au contraire le caractère obligatoire des règles scolaires et le sentiment de libération et de liberté ressenti à l’arrivée des vacances. Il me paraît même étonnant que pour la majorité des jeunes les vacances soient perçues comme une période transitoire entre deux années scolaires au lieu d’un moment de divertissement. Je constate également que plusieurs invités se sont abstenus de répondre au sondage, jugeant vraisemblablement le thème pas suffisamment cool pour Facebook.

Cela me laisse croire que l’école est perçue par les jeunes comme un endroit trop sérieux. En ce sens, il y a lieu de se demander quel serait le taux de persévérance si les élèves n’étaient pas tenus par la loi de suivre une formation de base jusqu’à l’âge de 16 ans.

Dans ce contexte, il est aussi permis de croire que la peur de l’échec, ou dans certains cas celle d’obtenir des notes inférieures aux exigences d’entrée de certains programmes universitaires, soient les principales causes du stress vécu en fin de session. Il est à craindre que de telles situations contribuent au manque d’estime de soi et au développement d’une certaine forme de dégoût envers l’école et l’apprentissage. Des commentaires du genre : cool, j’ai fini mes examens, ou encore c’est plate l’école, c’est nul, ou encore [la fin d'année] c'est chiant et c'est long !!! , lus dans des échanges sur Facebook tendent à valider ces craintes.

4-      L’heure des bilans

À mon avis, les fins de sessions constituent de belles occasions de dresser des bilans personnels tant chez les jeunes que chez leurs parents. Pour l’élève, il s’agit du meilleur moment de l’année pour éprouver la fierté du devoir accompli.  Face à la peur de l’échec scolaire, mon père, un ex-principal d’école, m’a clairement laissé entendre qu’il ne valait pas la peine de se préoccuper. Et vous savez quoi? J’ai souvent eu l’impression que la réussite scolaire dépendait surtout de deux qualités : étudier et rester calme; faire de son mieux et bien dormir. Rappelez-vous que la notion d’échec scolaire est un mythe et que l’évaluation sert à mesurer l’état de ses connaissances sur un sujet donné, mais aussi à revoir des méthodes de travail, des orientations d’études ou de choix de carrière.

En aucun cas, il ne faudrait  se sentir dévalorisé. Après avoir fréquenté quatre universités et avoir connu une carrière en milieu universitaire, la vie m’a conduit dans de nouveaux sentiers professionnels reliés à la technologie éducationnelle. Bref, la réorientation et la formation continue sont un processus normal. De son côté le parent est invité à revoir ses méthodes d’encadrement tout en démontrant de l’amour inconditionnel.

Conclusion : le plaisir d’apprendre

Il est anormal que le plaisir d’apprendre et que la  merveilleuse curiosité naturelle de l’enfance se transforment en d’atroces périodes de stress, une fois à l’école. Au contraire, ce milieu doit être perçu comme un lieu d’épanouissement personnel, tout comme devrait l’être également le milieu du travail, puisque nous y consacrons au minimum le tiers de chacune de nos journées. Les professeurs devraient laisser une marque positive sur la vie des jeunes et cultiver en eux le désir des retrouvailles et des participations aux conventums. 

Dans ce blogue, plusieurs comptes-rendus de conférences données par le Comité central des parents de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) présentent des stratégies qui permettent de mieux vivre la réalité scolaire. Il y est notamment question de stratégies d’études efficaces, d’aide aux devoirs,  d’estime de soi, etc. Jeunes et parents, vous y avez accès sous la rubrique Conférences / théâtre scolaire dans la colonne du menu à droite. Ne vous gênez pas à consulter ces articles, aussi souvent que nécessaire.

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, 23 mai 2011

Publié dans Recherche: jeunesse

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