De la solitude au sentiment de disproportion

Publié le par Luc Renaud

On a le droit de se décourager, mais pas de le rester. Ce soir, je me sens seul et rempli de préoccupations; moi qui, d'ordinaire, trouve toujours les paroles rassurantes à prononcer aux personnes de mon entourage aux prises avec le découragement, Pourtant, il ne m'est pas habituel de voir les choses sous l'angle de la victime.

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Le problème

 

Il y a des jours où ma vie ressemble à un fouillis. Une liste de pressions? Déménagement majeur en prévision, alors que je doute un peu de la pertinence de ce choix, que j'ai pourtant moi-même alimenté au sein de ma famille. Ajoutez à cela une voiture conduite peut-être davantage par mon mécanicien que par moi-même. Pensons aussi à un changement d'emploi qui se traduit concrètement par une baisse de salaire, combinée à des vacances payées, mais que je perçois plutôt comme une période de purgatoire et d'insomnie. Des projets déjà bien en marche mis de côté dans l'espoir de nouvelles promesses qui tardent à porter fruit, malgré une somme considérable de travail et de belles paroles qui tombent dans la procrastination quand ce n'est pas carrément de l'oubli.

 

S'ensuit la rédaction d'articles promotionnels et une reprise de contacts en vue de paver la voie à d'éventuelles nouvelles collaborations ou dans la perspective d'un plan de contingence. Et, sur le plan interpersonnel et familial, des luttes incessantes en vue de contribuer au bien-être de chacun, récompensées par de l'gnorance ou des critiques.

 

Et partout, le visage de la déception: incapacité sporadique à livrer la marchandise provenant de mes propres initiatives (il ne s'agit pas de commandes, heureusement), compte tenu d'une charge de travail anormalement élevée, des décisions positives paradoxalement prises comme des actes de trahison, des aventures et des efforts qui attisent des envies et des jalousies. Puis, il y a ce vieux rival, le sentiment de culpabilité qui émane des échecs, des périodes de doute ou des victoires non évidentes. Non, il y a de ces moments où je me sens abandonné de tous et de Dieu, où je crie à l'aide à mon tour, comme il arrive au prophète de précher dans le désert. Personne n'entend mon appel.

 

Et la disproportion? C'est le vide que l'on éprouve après avoir tout donné, un sentiment d'inéquité, sachant qu'une bande de paresseux trouveront le moyen de critiquer le fruit de vos efforts au lieu de mettre la main à la pâte.

 

Les solutions

 

 

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Les solutions? Il doit bien y en avoir. La première qui me vient à l'esprit va vous surprendre; je l'appelle la "maturité". Ce qu'on appelait auparavant "Faire un homme de soi." D'autres diraient plutôt qu'il faut faire confiance à la vie et à notre profond sens de la résilience. Une deuxième solution? Se centrer sur les succès et les personnes qui continuent de vous faire confiance et combattre la nostalgie par le souvenir de succès passés et l'espérance. Il peut s'agir d'une poignée d'étudiants, mais aussi de deux ou trois personnes influentes, généralement étrangères à votre principal lieu de travail, qui jettent un regard externe sur vos efforts et qui vous donnent la tape dans le dos nécessaire, ignorant tout des embuches placées sur votre chemin. Et si cela ne suffit pas, il reste la consultation d'experts,  les forums sur le Web, les sites de défoulement, des techniques d'autohypnose, la prise de comprimés ou le gym. Il y en a même qui sont ouverts pendant la nuit.  

 

Peu importe, il y a toujours une solution. À la condition de se donner la peine d'écarter de soi les faux-amis et de trouver le courage d'effectuer les changements nécessaires.

 

En conclusion

 

Il y a des solutions à tout. Mais ce soir, je me sens seul, abandonné, voire même trahi. Et c'est mon droit de vivre ce ressenti. Dois-je pour cela tourner le dos à la vie? Certainement pas. Dois-je me replier et me retrancher dans mon for intérieur? Oui, si cela signifie faire preuve de maturité et d'indépendance. Non, s'il s'agit plutôt d'isolement. Il y aura nécessairement des changements et la mise de points sur les "i". Car ce genre de ressenti traduit une nécessaire remise en question de l'ordre établi. Des têtes disparaitront de l'entourage; d'autres prendront du galon. Telle est la règle d'or. À bon entendeur.

 

Luc Renaud, le 6 mars 2014


 


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