Les lendemains d’une conférence de Luc Renaud sur la jeunesse

Publié le par Luc Renaud

Au lendemain de ma conférence Enquête-Jeunesse, il me semble important de donner un compte-rendu des faits saillants de cette rencontre, des réactions exprimées par le public et, bien entendu, de ma propre vision des choses. Notre monde vieillissant se heurte au risque d’un accroissement d’un fossé des générations dont nous ne pouvons plus nous payer le luxe. Dans ce contexte, le dialogue intergénérationnel et la gestion des conflits constituent d’importants moyens de rassemblement au bénéfice de tous.

1-      Les faits saillants de la conférence Enquête-Jeunesse

 

Quatre résultats majeurs ont principalement attiré l’attention du public :

  • L’expression de rêves du groupe 1, contrairement au groupe 2 : Des entretiens tenus avec des parents après-coup laissent croire que le groupe 2 se composait vraisemblablement de rêveurs concrets, pour employer l’expression du sociologue Michel Fize : J’ai des rêves, disait l’un des jeunes à sa mère, mais je ne les appelle pas comme ça, devait-il ajouter. Ce sont plus des choses sur lesquelles je travaille;
  • Le rôle néfaste des critiques négatives sur la confiance de soi : ce concept porte sérieusement à réflexion;
  • Le verre à moitié plein contre le verre à moitié vide : le groupe 1 met l’emphase sur des critères de réussite scolaire, contrairement au groupe 2 qui s’est principalement intéressé à la question des échecs. Comme ni les parents ni les enseignants ne figurent comme des exemples de soutien selon les répondants du groupe 2, nous nous sommes demandé qui constituent des piliers pour ces jeunes;
  • La nécessité d’approfondir les résultats de l’enquête : La différence d’âge entre les deux groupes constitue un facteur à considérer dans l’analyse des résultats. Ceux du premier groupe ont peut-être répondu ce que ceux du deuxième verront plus tard dans leur vie. Il est à noter que si le groupe 2 comprend peut-être des élèves et de futurs décrocheurs, le groupe 1 se composait d’élèves et de décrocheurs. Il faudra revoir les résultats en fonction de ces deux paramètres.

Pour obtenir une idée détaillée de la teneur de la conférence, je réfère le lecteur à l’article précédent et à ceux de la catégorie Recherche-Jeunesse du blogue de Luc R.

2-      Les réactions du public

Malheureusement, le temps imparti fut insuffisant pour que se tienne la période de discussion prévue entre les jeunes et les adultes réunis, et sur laquelle nous comptions beaucoup pour éclaircir certaines ambigüités. Il a été convenu, toutefois, d’acheminer aux participants une copie de la présentation, et  les échanges auront lieu lors d’une prochaine rencontre.

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Des rencontres informelles ont néanmoins permis de relever quelques réactions; que voici :

  • Un participant s’est dit touché par l’importance accordée à la réflexion sur les relations familiales, sous l’angle de la construction de la confiance en soi. Ce participant, lui-même d’un âge avancé, admettait se sentir quelque peu dépassé par la place occupée par les technologies dans la vie actuelle, mais aussi par les difficultés des jeunes à se trouver une place dans la société;
  • Un autre s’est dit profondément ému de connaître ainsi les opinions de ses propres enfants, et se questionne sur les moyens à prendre pour contribuer à l’amélioration des choses;
  • Une femme s’est dite à la fois touchée et choquée du fait que le nombre d’élèves détestant les études correspondrait à celui des adultes détestant leur milieu de travail. Cette impression, si fondée, remet sérieusement en cause la dichotomie entre les impératifs économiques et la recherche du bonheur au sein de l’école. De notre côté, nous sommes plutôt enclins à remettre les pendules du côté du droit au rêve et à la réalisation de celui-ci;  
  • D’autres ont insisté sur le fait qu’il peut exister des nuances culturelles importantes entre les jeunes du Canada et ceux des pays en développement, notamment sur la question de l’autorité parentale, et voient dans l’exercice actuel les premiers pas d’une réflexion et d’un dialogue non seulement intergénérationnel, mais aussi interculturel;
  • Un jeune s’est senti particulièrement bien écouté.

3-      Mes réactions

Il importe de rappeler d’entrée de jeu que l’exercice de base repose sur une enquête et non sur une étude, qui vise la mise en place d’un processus de dialogue intergénérationnel. En ce sens, il faut éviter de généraliser les résultats donnés qui représentent, comme tel, le pouls d’une population donnée à une période précise de sa vie. Les mêmes répondants pourraient fournir des réponses différentes dans quelques mois. J’aimerais, par ailleurs, pouvoir étendre mon enquête auprès d’un public plus large aussi bien au Canada qu’à l’étranger : des élèves en difficulté; d’autres qui, au contraire, connaissent d’excellents résultats scolaires, des jeunes des pays du Nord et d’autres de pays en développement, etc.

Malgré quelques lacunes méthodologiques, la construction de mon enquête repose sur une bonne quantité de réflexions sur le dialogue intergénérationnel publiées dans le blogue de Luc R (Voir la liste de références à la suite de l’article précédent). De plus, la formulation des questions initiales est largement inspirée de conférences données par des psychothérapeutes et d’autres spécialistes engagées par la Commission scolaire de Montréal. Les choix de réponses du questionnaire livré aux répondants proviennent principalement d’entrevues menées auprès de jeunes de divers âges, conférant à l’exercice une certaine objectivité.

Je me réjouis du fait qu’au cours de la distribution du questionnaire, des jeunes se soient donné la peine de discuter de leur choix de réponses avec leurs parents; certains d’entre eux m’appelant même pour me demander des éclaircissements sur certains items. Cela démontre bien que le médium est le message, et que le questionnaire comme tel est devenu un moyen de communication intergénérationnelle.

Conclusion

La mise en place d’un dispositif de dialogue intergénérationnel nécessite des moyens qui permettent d’unir des gens de diverses générations pour que les uns apprennent des autres. Mon enquête-jeunesse et la conférence qui s’ensuivit en constituent un exemple. Comme il s’agissait d’une première, j’aimerais répéter cette expérience en y apportant quelques ajustements ou précisions sur des données présentées dans quelques-uns des tableaux, notamment, et surtout approfondir la question en compagnie des principaux intéressés. À tous les parents de Montréal qui souhaitent échanger sur diverses questions relatives aux relations parents-enfants, je leur recommande, entre autres, de suivre de près les activités du Comité central des parents de la Commission scolaire de Montréal ou encore d’en lire les comptes-rendus dans le blogue de Luc R. Pour ceux qui vivraient des doutes de nature psychologique, je leur recommanderais de suivre les activités éducatives de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas.

Texte : Luc Renaud M.A. Sciences de l’éducation, le 13 décembre 2011

Publié dans Recherche: jeunesse

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