Vers un répertoire de pratiques gagnantes en L2 : des kiosques touristiques grâce aux TIC

Publié le par Luc Renaud

Le déroulement d’une journée consacrée à la tenue de présentations orales en L2 peut prendre la forme de kiosques touristiques grâce à la conception de documents d’appoint composés d’images personnelles ou prises dans le Web. Ainsi nous est-il possible de visiter des pays d’Amérique latine, d’Europe de l’Est, du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord, etc., et des régions du Québec et du reste du Canada sous l’angle de la nature, de la culture, de la science, de l’histoire et même du romantisme.

Mais de quelle manière une telle expérience s’organise-t-elle sur le plan technopédagogique et comment l’anime-t-on de manière éducative?

17-01-12c 

1)      Des intentions pédagogiques à préciser

Rappelons qu’il est théoriquement possible de diviser les compétences requises pour apprendre une L2 en six grandes catégories; d’une part, la compréhension, la production et l’interaction écrite et, d’autre part, la compréhension, la production et l’interaction orale. De toute évidence notre intention initiale porte sur la pratique des deux dernières, ce qui implique de la préparation initiale de la part des étudiants et des mises à jour de la part du professeur.

Comme nous voulons cette fois-ci  amener des étudiants de niveau avancé à formuler un récit d’expérience au passé portant sur un voyage personnel, nous devons prévoir la tenue en classe d’exercices de révision sur l’usage de temps de verbes comme le passé composé et l’imparfait. Dans le cas d’un groupe de niveau intermédiaire, il faut au préalable prévoir une séquence d’enseignement et de systématisation de ces mêmes notions. Il est également important d’habiliter les étudiants à l’art du récit de voyage comprenant diverses étapes; par exemple, la planification et le choix des lieux, l’arrivée, les anecdotes de la visite, etc. Et, bien entendu, de les amener à s’exprimer de manière naturelle sans le support de l’écrit.

En ce sens, il convient d’exiger des étudiants la réalisation d’un plan de présentation orale avant de leur demander de procéder à l’élaboration de celle-ci. En classe, nous aurons nous-mêmes prêché par l’exemple en leur faisant découvrir des régions du Québec et leurs principaux attraits touristiques à partir de textes et de photos, de vidéo et en réalisant divers récits. Nous réaliserons aussi avec eux de nombreux exercices sur les règles du français oral et exigerons d’eux des efforts d’expression naturelle de tirades étudiées systématiquement.

Une fois ces travaux de mise en train réalisés, un devoir est alors demandé aux étudiants : trouver des photos personnelles de voyage, ou de faire une sélection d’images tirées de sites Web, et de placer celles-ci dans une séquence correspondant au plan de la présentation orale. Trois modes de diffusion des images sont alors proposés : a) la tenue d’un album photo sur Facebook, b) une séquence d’images sur une clé USB pour un diaporama avec le lecteur Media Player ou c) la confection d’un diaporama PowerPoint. Sur ce dernier point, il faut s’assurer d’enregistrer le document dans un format compatible avec le logiciel de l’ordinateur qui sera employé en salle de classe lors des présentations. En cas de difficultés majeures, les étudiants peuvent toujours se rabattre sur l’usage de photos sur un site Web ou sur Google Maps.

2)      L’animation des présentations orales sous un angle éducatif

L’animation d’une telle journée de présentations orales pose un certain risque : les étudiants peuvent éprouver la sensation de perdre leur temps en écoutant leurs pairs. Et il peut s’ensuivre de l’insatisfaction et de l’absentéisme en fin de journée. Mais, de manière générale, de nombreux étudiants en L2 apprécient qu’on leur donne l’opportunité de s’exprimer et de découvrir des volets importants des origines de leurs pairs.

Des interventions inspirées de différentes compétences ajouteront de la valeur à l’expérience. Ainsi, le professeur posera-t-il des questions aux présentateurs, invitant les pairs à agir de même, relèvera des mots de vocabulaire, des expressions et des éléments de confusion linguistique qu’il prendra la peine d’expliquer aux étudiants, de sorte que les exposés subséquents servent de modèles additionnels au groupe, alors invité à porter une attention particulière aux éléments linguistiques mentionnés.

Il en va par exemple, de confusions entre l’usage des auxiliaires Avoir et Être avec certains verbes, comme Passer,  la nécessité d’un pronom complément dans un verbe pronominal ou de certaines distinctions entre le passé composé et l’imparfait. Non seulement de telles observations se révèlent-elles importantes pour assurer la tenue de présentations de bonne qualité, mais elles mettent en relief des points faibles à reprendre dans des leçons subséquentes.

À la fin des présentations, un bilan est indispensable, question de faire ressortir la valeur du travail accompli. Il est clair que l’image permet de maintenir l’intérêt du spectateur, lui procurant même souvent le goût du voyage. Nonobstant ces aspects ludiques, il est clair que des notions linguistiques seront à revoir en salle de classe dans des leçons subséquentes. Par le biais de Facebook, un bilan provisoire peut être livré en ligne dans l’immédiat et ainsi contribuer à raffermir chez les étudiants l’usage de stratégies d’autorégulation.

Conclusion

Dans la perspective d’un enchevêtrement cohérent entre les activités éducatives menant à une présentation orale d’un récit au passé, nous avons amené les étudiants à accomplir les tâches suivantes : 1) pratique du français oral, 2) brève révision des temps du passé (puisqu’il s’agit d’un groupe de niveau avancé), 3) pratique de tirades de manière naturelle, 4) exemples de régions et de récits 5) plan d’une séquence d’un récit et 6) préparation d’une séquence d’images et d’un document d’appoint. Lors de l’animation, quelques précisions de nature linguistique sont apportées et les étudiants fortement encouragés à questionner leurs pairs. Le Web a grandement facilité la tenue de la plupart de ces tâches lors des périodes d’enseignement, mais aussi à l’extérieur du cours grâce à Facebook. C’est sur une page du groupe que les étudiants ont pu accéder à des exercices de révision et à des vidéos, et que certains ont pu planifier leurs présentations en classe…

Reste à assurer le suivi de cette activité.

Texte : Luc Renaud, M.A. Science de l’éducation, le 9 septembre 2012

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article