Des animaux et des hommes (2) : Le zoosadisme, la cruauté envers les animaux

Publié le par Luc Renaud

L’article Des animaux et des hommes (1) : Un amour inter-espèce présentait de beaux rapports entre divers représentants du règne animal et nous. Malheureusement, les espèces appréciées par les uns subissent des supplices entre les mains de certaines bêtes humaines.

La cruauté se définit comme un acte de souffrance inutile. Au Canada, le zoosadisme est considéré par la loi comme criminel et passible de 6 mois d’emprisonnement et d’amendes pouvant totaliser 2 000 $ CA. Pour éviter la surpopulation d’animaux domestiques et réduire le nombre d’euthanasies inutiles, la Société pour la Prévention de la Cruauté envers les Animaux (SPCA) rappelle que le don d’un animal représente un contrat à long terme et offre même un service de stérilisation des animaux domestiques.

Malgré une attitude officielle aussi respectueuse, les sites Internet et les groupes de pression voués à la lutte contre la cruauté animale sont nombreux. Facebook , entre autres, offre une page aux personnes souhaitant s’impliquer d’une manière ou d’une autre à la défense des animaux.

Comment expliquer ce paradoxe selon lequel l’Homme, séparé de la nature, n’est plus que l’ombre de lui-même?

ATTENTION : Des hyperliens conduisent vers des détails et des images qui peuvent perturber la sensibilité de certains lecteurs. J’ai moi-même passé une nuit blanche à la vue de vidéos horribles. J’indiquerai ces liens sensibles comme suit : [!!!] Mais lisez mon texte; vous ne le regretterez pas.

1. La recherche scientifique

Quel adolescent n’a-t-il pas procédé à la dissection d’une grenouille dans un cours de biologie dans les années ’70? De fait, la vivisection, ou l’usage des animaux à des fins de recherches scientifiques, peut-elle être moralement considérée comme une forme de cruauté animale? C’est l’avis d’Aequo Animalo [!!!], un des multiples organismes voués à la lutte contre la cruauté animale. 800 millions de petits rongeurs, de chats ou d’oiseaux, etc., seraient mutilés, électrocutés ou brûlés par des produits toxiques chaque année pour répondre aussi bien aux besoins de la médecine, qu’à ceux de la confection de capricieux cosmétiques ou de l’industrie du tabac…

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C’est, malheureusement, ce type de recherches qui nous permettra peut-être un jour d’enrayer des maladies dévastatrices comme le SIDA, cause de plus de 16 000 morts au Canada seulement de 1987 à 2006. En ce sens, les chercheurs affirmeront alors que la souffrance infligée n’est pas inutile, selon la définition de l’expression cruauté animale. Par contre, il serait difficile de justifier moralement les chiens incendiés vifs lors de tests de nouvelles armes en Bolivie ou ailleurs dans le monde [!!!].

2. Le commerce, la pêche et le braconnage

Le commerce, la pêche et le braconnage présentent souvent des scènes horribles.

Fourrure-Torture [!!!] a mené une enquête sur les fermes d’élevage d’animaux à fourrure en Chine. Des milliers de renards, de visons et de chiens viverrins y sont dépecés vivants; des ratons-laveurs tués à coups de bâtons… pour desservir le commerce nord-américain et européen de la fourrure. La pêche aux dauphins [!!!] et aux petits cétacés au Japon cache aussi des histoires d’horreur, de massacres et d’éviscération d’animaux vivants. En contrepartie, dans la province du Québec au Canada, des usines de chiots entassés dans des cages étroites et insalubres sont fermées à la suite des interventions de la SPCA.

Par ailleurs, les actes de braconnage et de trafic de produits à base d’ivoire, comme les touches de pianos anciens, ou de mains de singes proviennent aussi d’atrocités incroyables. Dans sa lutte pour la préservation des grands gorilles des montagnes au Rwanda, l’éthologue américaine Dian Fossey y laissa sa vie, assassinée le 26 décembre 1985. De son côté, la primatologue Jane Goodall comprend les mobiles désespérés de certains braconniers, qui chassent les primates pour le commerce de la viande, et associe la préservation des chimpanzés de Gombe à des mesures de développement durable bénéfiques à l’ensemble de la population.

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3. Le zoosadisme pathologique et social

Dans la vie de tous les jours, la cruauté animale s’exerce de façon active ou passive ; ainsi, les animaux peuvent être battus, exposés à de cruelles brûlures ou blessures pour soulager les frustrations du propriétaire. Ils peuvent aussi faire l’objet d’une extrême négligence, laissés sans eau et nourriture ou entassés dans des conditions insalubres au milieu de leurs excréments. Pour le FBI, la violence faite aux animaux lève le drapeau rouge d’un mal plus profond. De 54% à 71% des femmes admises en centre d’hébergement aux États-Unis auraient eu un conjoint qui maltraitait ou tuait les animaux de la famille. Selon  la police, le zoosadisme est une pathologie de conduite antisociale classique du violeur, du meurtrier et du tueur en série. Dans certains cas, le geste traduit une importante détresse psychologique comme le montre le cas pathétique de la saisie de plusieurs carcasses de chats et de chiens à Aylmer au Québec le 29 juin 2010.

Que penser alors du zoosadisme socialement et culturellement accepté, comme la tauromachie et la mise à mort des taureaux [!!!] au cours des corridas en Espagne ou en Amérique latine; ou encore des parieurs qui conduisent un coq ou un chien belligérant [!!!] à mourir des suites d’un sanglant combat? Le homard trempé vivant dans l’eau bouillante, n’est-ce pas aussi une autre forme de zoosadisme et de cruauté animale?

4. Les habitudes alimentaires

 

De fait, la consommation de viande peut-elle être considérée comme une forme de cruauté envers les animaux, comme le prétendent de nombreux adeptes du végétarisme? D’une part, l’être humain a intégré la viande à son alimentation il y a au moins 450 000 ans. De plus, la nature elle-même se compose d’animaux carnivores, d’herbivores, d’omnivores, etc. Par ailleurs, l’article 40.2 de la Loi sur les produits alimentaires au Québec établit des règles strictes pour un abattage sans souffrance des animaux destinés à l’alimentation. Dans ces conditions, le végétarisme devient davantage une question de choix personnel que de cruauté criminelle.

 

Personnellement, j’ai dédain des fruits de mer qui, à mes yeux, constituent une version aquatique d’insectes en tous genres : les crabes me font penser à de grosses araignées et les crevettes à des mille-pattes aquatiques. Pour d’autres motifs, j’éprouve du dédain en pensant à la chasse aux kangourous ou tout simplement face au comptoir de viande chevaline. Il m’est difficile d’envisager que l’ami puisse se retrouver dans une assiette. Les Amérindiens, champions du respect de la biodiversité, détenaient peut-être la solution au dilemme : ne tuer que le nécessaire, employer les moindres parcelles de l’animal tué et remercier l’âme de l’animal sacrifié.

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Comment réagirions-nous si nous constituions la proie d’espèces animales intelligentes? Pensez aux cas d’anthropophagie pratiquée à toutes les périodes de l’Histoire de l’humanité et à tous les cas de cruauté envers l’espèce animale humaine, elle-même…

Ces deux articles de ma série Des animaux et des hommes montrent que les relations qu’entretiennent les humains avec les animaux ressemblent à celles que nous entretenons entre nous. Dans les deux cas, des marques tangibles de tendresse et d’amour conduisent à l’établissement de rapports inter-espèces d’une belle harmonie. Par contre, le traitement d’individus de toutes les espèces suit les mêmes règles de l’injustice et du sadisme. Des dauphins qui se portent tout naturellement au sauvetage de naufragés en mer sont éviscérés vivants, ailleurs. Des chiens traités comme des rois dans certaines familles sont éventrés ou laissés sans nourriture… jusqu’à la mort.

 

Dans plusieurs cas, le bourreau de l’animal et de l’humain correspond à la même personne. Entre nous, la cruauté et les souffrances infligées aux animaux ou aux Hommes ne valent même pas à leurs auteurs le titre d’animal de compagnie.

Texte: Luc Renaud M.A. Sciences de l’éducation, 25 janvier 2011

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