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Triangle vert Québec, regroupement citoyen pour la préservation de l’environnement sur la Rive-Sud de Montréal

Publié le par Luc Renaud

Sur la Rive-Sud de Montréal, Aline Pacheco Porciuncula et Marie-Ève Gagné sont à l’origine d’un nouveau regroupement de citoyens, Triangle vert Québec, faisant entendre un slogan évocateur : Citoyen informé, citoyen engagé … à la préservation de l’environnement et de la qualité de vie de la population de Saint-Hubert et des environs. Bien que des représentations publiques de ce genre ne connaissent pas toujours le succès escompté en Montérégie, comme le montre l’empiètement des industries dans les zones écologiques de Saint-Hilaire, d’autres démarches écologiques comme celles des groupes de l’île Charron ou des zones de conservation des amis du Parc de la Cité, etc. démontrent l’efficacité d’une action citoyenne bien harmonisée.

Le blogue de Luc R a rencontré récemment madame Pacheco Porciuncula afin de mieux comprendre le but et la mission de son regroupement de citoyens, les enjeux en cause et les solutions proposées par Triangle vert Québec.

Le but et la mission de Triangle vert Québec

Plus spécifiquement, Triangle vert Québec a pour but d’assurer la préservation d'un boisé d’une longueur d’une trentaine d’hectares dans la ville de Saint-Hubert. Pour les protagonistes, il s’agit aussi de dynamiser la participation citoyenne en politique municipale sur des enjeux qui touchent la qualité de l’environnement, de contribuer aux débats de fond sur la question et à la recherche de solutions plutôt que de se retrouver face au fait accompli. Le regroupement, demeurant volontaire, évite les complications organisationnelles des organismes ou des entités politiques et préfère, par la pression publique, forcer les élus à assumer pleinement leur rôle de représentation du citoyen.

Depuis le 20 mai dernier, plus de 90 habitants de Saint-Hubert ont été rejoints par du porte-à-porte, un partenariat a été établi avec le Parc écologique de l’archipel de Montréal et des rencontres de soutien sont réalisées avec les municipalités avoisinantes. On se dit heureux de compter sur la collaboration de Monsieur Tommy Montpetit, un environnementaliste du Centre d’information sur l’environnement de Longueuil (CIEL), responsable d’une vigile sur la question. Grâce à la collaboration de monsieur Leonardo Borda, une page Web et un site Internet servent aussi d’organes d’information et de communication avec le public.

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M. Leonardo Borda et mme Aline Pacheco Porciuncula

La ville serait sur le point de voter des amendements aux règlements municipaux pour permettre des développements industriels jusqu’alors interdits; Triangle Vert Québec souhaite qu’une telle décision soit reportée à l’automne au retour de vacances des citoyens en vue de permettre la tenue d’un débat public. Le regroupement tente, par ailleurs, d’obtenir l’appui de la ville de Longueuil dans son plan d’urbanisme, particulièrement en matière de développement durable. Des courriels envoyés en ce sens au Conseil d’arrondissement seraient actuellement demeurés sans réponse.

Les enjeux environnementaux

Dans un contexte de bouleversement climatique global, les espaces verts constituent des ilots de fraicheur qui contribuent à contrecarrer les effets néfastes des espaces asphaltés sur le rehaussement des températures. C’est donc sur plan local qu’il convient de mener les actions nécessaires aux grands changements. Qui plus est, l’emplacement du boisé menacé de plus d’une trentaine d’hectares se situe dans l’axe des projets de ceinture verte du Grand Montréal, solution écologique s’étendant jusqu’à Saint-Hilaire et à Saint-Bruno.

Le lieu à protéger représente également un écosystème forestier à la fois exceptionnel et fragile, avec des peupliers rares dans le sud du Québec, des tourbières et des marécages, des fourmilières géantes et des espèces animales menacées, comme la rainette faux grillon, petite grenouille d’à peine quelques centimètres, mais qui joue un rôle essentiel dans l’équilibre faunique de la région. Ce microclimat aurait aussi des incidences positives sur d’éventuels projets de développement agricole.

Il va de soi que la qualité de vie des citoyens constitue également une préoccupation citoyenne importante. De fait, la menace vient d’un projet de boulevard à six voies, que l’on croyait abandonné suite à des recommandations du Bureau d’audience publique sur l’environnement (BAPE) qui aurait reconnu le point de vue des 200 citoyens ayant pris part à l’opposition. Des manques sur le plan des analyses auraient entrainé un repli stratégique des promoteurs d’alors, et le projet reverrait actuellement le jour sous une forme encore méconnue. Un signal d’alarme a été enregistré par mesdames Pacheco Porciuncula et Gagné à la vue d’arpenteurs près du boisé. Ces citoyennes ajoutent que les projets de développement impliqueraient un précédent, l’introduction d’une industrie plus lourde, comme une usine de fabrication de gants au latex, aux effets nocifs sur l’environnement.

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Les solutions

La solution proposée recommande l’adoption d’un mode de développement intégré, qui tiendrait compte sérieusement de la question environnementale; et propose le rejet quasi entier de l’étalage industriel au-delà des zones déjà impliquées et le développement de nouveaux boulevards. Au lieu de cela, de nombreuses usines désaffectées et des espaces actuellement à louer en milieu urbain pourraient reprendre du service à des couts nettement inférieurs à la création de nouvelles infrastructures. Madame Pacheco Porciuncula se montre toutefois plutôt réceptive à l’endroit des industries légères comme Agropur, ayant peu d’impacts sur l’environnement.

La concentration des activités commerciales et industrielles dans les zones urbaines aurait l’avantage d’augmenter l’achalandage des transports collectifs; tandis que la construction de nouveaux boulevards implique la mise en place d’un nouveau système d’égout et des dépenses supplémentaires en déneigement l’hiver.

Bref, des solutions de rechange sont possibles si les élus se mettent vraiment à l’écoute des citoyens.

Conclusion

La préservation d’un boisé de quelques dizaines d’hectares constitue un exemple de mesures prises localement qui, si multipliées, peuvent avoir des incidences globales, les grands changements provenant du cumul des petits… Le regroupement de citoyens, Triangle vert Québec, constitue également une manière efficace de dynamiser la participation citoyenne dans les activités politiques, amenant les élus à se rapprocher davantage des exigences de la population. Dans les jours et les semaines à venir, le regroupement fondé par mesdames Pacheco Poriciuncula et Gagné entendent poursuivre leurs démarches de sensibilisation et de recrutement afin de trouver des solutions qui conviennent à tous.

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 17 juillet 2012

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Jour de la terre : Concert printanier de la chorale Clé des Chants de Nicolet

Publié le par Luc Renaud

Commémorant à sa manière le Jour de la terre le 22 avril prochain, la chorale Clé des Chants offre au public son concert printanier intitulé Pourquoi chanter ? tout près de la cathédrale de Nicolet.

Le programme comprendra une vingtaine de chansons :

Pourquoi chanter, Pour faire une jam, Le rendez-vous, Loch Lomond, Bohemian Rapsody, Pour l'amour qu'il nous reste, Entre Matane et Bâton Rouge, Mon p'tit Boogie-Woogie, Bleu, À la claire fontaine, L'enfance, Hijo De La Luna, Over The Rainbow, Stand By Me, Le vaisseau fantôme, C'est toute une musique, Medley Gilles Vigneault, Oh Happy Day / All You Need Is Love, Un pays pour nous et Croire.

Bien que le spectacle n’ait pas été spécifiquement conçu pour le Jour de la terre, l’organisation a tenu à respecter le moment où les cloches des églises du Québec se feront entendre à l’unisson pour éveiller les gens aux enjeux environnementaux et humanitaires.

Certains membres de la chorale ne cachent pas leur solidarité à la marche populaire qui se tiendra au même moment à Montréal.

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Quelques chansons font aussi référence à l’humanitaire. Deux titres ont particulièrement retenu notre attention :

·         Stand By Me du regretté John Lennon est devenu une chanson fétiche du groupe international Playing For Change, qui souhaite employer la musique pour unir l’humanité. Aussi, chant de rassemblement qui rappelle que l’amour et le rapprochement humains sont des valeurs universelles, transcendant les classes sociales. Dans le même esprit, Playing For Change interprète aussi One Love de Bob Marley, également un ami de la terre.

 

 

 

·         Hijo De La Luna du groupe espagnol MECANO a été interprété par de grands noms comme Ana Torroja, et Sara Brightman : il s’agit d’une légende espagnole où s’entremêlent tragédies et passions dans la pure tradition espagnole au sujet de la naissance d’un enfant d’origine mystérieuse. La chanson traite des difficultés inhérentes aux relations amoureuses interculturelles ; ici celui d’une gitane et d’un homme d’origine « calé » (une tribu). Elle tisse aussi un lien étroit entre l’univers corporel, spirituel et cosmologique, la lune étant par métaphore poétique une femme, qui souhaite avoir un enfant du soleil (l’homme).

 

Le concert se déroulera le 22 avril 2012 à 14 h au Centre des Arts populaires, situé au 725, boul. Louis-Fréchette à Nicolet.

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Les habitués sont invités à se procurer leurs billets auprès des choristes ou à l’épicerie J.L. Lafond.

Des billets seront aussi vendus à la porte au coût de 15$ par adulte et de 5$ pour toute personne âgée de 5 à 17 ans.

Le blogue de Luc R compte se rendre à Nicolet pour couvrir l’évènement. Nous vous tiendrons au courant.

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 1er avril 2012

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TEDx de l'UdeM et le développement durable : de la campagne à la ville

Publié le par Luc Renaud

Une préoccupation : la préservation de l’environnement 

Dans TEDx : Vers l’émergence d’une société apprenante, j’avais relevé quelques thématiques chères aux jeunes, comme la santé, l’environnement et la technologie. L’article précédent, TEDx et les réformes en santé : autonomisation et organisation apprenante, a brièvement couvert le premier sujet. Cette fois-ci, je m’intéresserai principalement à la question environnementale abordée par le microbiologiste Mohamed Hijri de l’Institut de recherche en biologie végétale de l’Université de Montréal, l’entrepreneur Mohamed Hage, spécialiste des serres agricoles sur les toits et Paula Meijernik, architecte paysagiste, qui s’est tournée vers les écologies de…  l’asphalte.

Comme nous le verrons, l’esprit planétaire ne vise pas uniquement le rapprochement international, mais aussi la réduction du fossé entre les milieux rural et urbain. Plus que jamais, le monde ne forme qu’une seule grande famille. Mais auparavant, décrivons un peu les travaux du designer industriel Marcin Jubokowski, qui cherche à révolutionner la fabrication de la machinerie agricole et industrielle selon les principes de la coopération, Open Source, en réaction aux coûts faramineux imposés par les lois habituelles de l’économie.

1-      L’univers agricole en pleine transformation

 

-          L’Open Source Ecology à la rescousse des agriculteurs

Marcin Jubokowski possède une ferme dans l’État du Missouri aux États-Unis et œuvre dans le développement de processus menant à la fabrication d’une grande variété de machinerie agricole et industrielle qui, à long terme, pourrait contribuer à l’amélioration des conditions de vie de l’ensemble de l’humanité, particulièrement dans les pays les plus pauvres.


 

À court terme, ses travaux l’ont concrètement conduit au design et à l’assemblage d’un tracteur de ferme modulaire, solide et durable, en six jours de travail. L’œuvre s’inscrit dans le courant de collaboration et de l’échange libre des idées (Open Source Ecology) par l’entremise, entre autres, de Wiki. À l’aide de cette plateforme collaborative, les intéressés y échangent idées et points de vue, qui donnent naissance à de nouvelles façons de faire.

Bien plus qu’un simple procédé de fabrication, le travail de Monsieur Jubokowki constitue un exemple révélateur de la démocratisation des savoirs, et de la responsabilisation des participants qui vivent alors la culture du Fais-le toi-même, au lieu de plier sous le joug des coûts exorbitants imposés par les entreprises multinationales.

-          La décontamination des sols

Le microbiolologiste Mohamed Hijri se questionne aussi sur des procédés visant à assurer l’alimentation des milliards d’individus peuplant la surface de la Terre. De 7 milliards actuellement, l’humanité devrait franchir le cap des 9 milliards d’ici quelques décennies; à un moment où le phosphore, élément essentiel à notre survie, serait à la fois un agent de pollution majeur des cours d’eau et, paradoxalement en situation de déclin  comme source d’engrais des sols cultivables. Une situation qui pourrait être désastreuse pour nos descendants.

Or, une solution naturelle est envisageable pour renverser ces tendances.

La mycorhize est un mystérieux champignon microscopique, à la fois simple et complexe, qui existe depuis plus de 450 millions d’années. Bien employé, il peut renforcer les racines des plantes qui, en retour, l’aident à proliférer, fournissant la terre du phosphore nécessaire aux bonnes récoltes agricoles. Cette relation de type donnant-donnant est non seulement écologique, mais aussi très efficace. De fait, des expériences ont montré que la production agricole peut croître de 30% par rapport aux techniques actuellement répandues, tout en diminuant l’injection de phosphore de l’ordre de 75%.

1-      L’environnement urbain

 

-          La ferme en ville

Un entrepreneur, Monsieur Mohamed Hage, invite la population urbaine à se procurer différemment ses légumes. Avec l’aide d’ingénieurs et d’architectes, il est prêt à transformer les toits de grands immeubles en serres et en jardins. Son système optimise l’usage de l’énergie solaire, et met des insectes à contribution pour l’entretien des plants.

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Il serait possible de construire un jardin sous serres en trois semaines, seulement. Les expériences actuelles permettent de nourrir jusqu’à 2000 personnes par jour. Dans les divers points de distribution actuels, de nouveaux rapports sociaux s’établissent entre les clients qui prennent le temps d’échanger pour se donner des recettes et se faire de nouveaux amis.

Monsieur Hage caresse le rêve de voir les villes se construire leurs propres fermes pour nourrir leurs propres populations, dans un esprit de partage que le stéréotype habituel associe souvent au milieu rural.

-          La transformation du paysage urbain

Monsieur Hage n’est pas le seul à vouloir humaniser le paysage urbain. Paula Meijernik, Directrice de l’école d’architecture de paysage de l’Université de Montréal, mène une véritable charge contre l’asphalte qui recouvre une grande portion du décor de la ville : autoroutes, rues, stationnements, etc. L’architecte paysagiste reconnaît bien sûr la nécessité de telles surfaces pour les déplacements des véhicules motorisés, mais se dit que la population peut se réapproprier d’importants tronçons asphaltés et contribuer à l’embellissement de son milieu de vie.

Il serait possible, par exemple, d’établir des périmètres de zonage, réduisant le droit à l’asphaltage, ou encore de perforer des tronçons de surface pour y planter des arbres. On pourrait aussi tatouer de façon artistique ces affreux tapis grisâtres, ce qui les rendrait plus agréables. Il y aurait lieu aussi de conférer diverses vocations à un même lieu; certains espaces formeraient de petits escaliers, qui serviraient de stationnement le jour et de places de spectacles publics en soirée.

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Madame Meijernik estime que plus une ville grandit, plus on doit trouver des astuces pour préserver la nature. De fait, il y a eu d’abord l’aménagement d’espaces verts, puis la multiplication de jardins communautaires, et maintenant des réflexions pour réduire la laideur des espaces asphaltés.

Assisterions-nous à la revanche de l’exode rural, les néocitadins désirant transformer la ville à l’image de leurs racines?

Conclusion : Faire un avec la nature

L’environnement constitue une préoccupation majeure de la clientèle du TEDx de l’UdeM, qui nous a fait connaître des efforts dans le but de faciliter le labeur des agriculteurs dans une perspective d’alimentation mondiale, et selon des méthodes plus écologiques. Nous avons aussi perçu le désir de ramener à la ville des valeurs du milieu rural, par la création de toits verts, mais aussi par la réduction des espaces asphaltés.

De la campagne à la ville, d’un pays à l’autre, le monde semble s’être donné le mot de ne former qu’une seule grande famille humaine, bien respectueuse des lois de la nature.

Dans la même série :

 

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 20 mars 2012

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Apprendre dans le monde réel

Publié le par Luc Renaud

J’ai fait la connaissance de Monsieur Bouchard cette semaine, un être venu de loin il y a près d’une trentaine d’années, alors qu’il était déjà dans la jeune vingtaine. Il aurait à l’époque traversé de force mers et océans pour débarquer au Canada, un périple qui lui aurait épargné d’être pourchassé, étendu et attaché par terre avant d’être découpé en morceaux. Tous deux âgés de 50 ans, nous nous dévisagions sans aucune possibilité de communiquer. Tout comme cette vieille tortue charbonnière, dans une autre vie, j’aurais pu servir de repas à une famille pauvre de l’Amérique latine : chasseur devenu chassé.

Dans cet article, je me propose d’illustrer à quoi ressemblerait l’apprentissage de règles de vie par le jeu contrastant d’êtres issus de la préhistoire, comme les reptiles ou les araignées dans un contexte d’éducation informelle, soit la visite du Salon des reptiles de Montréal. Pour ce faire, je brosserai un portrait des lieux, pour ensuite en dégager des pistes d’apprentissage grâce à une réflexion sur l’expérience vécue.

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1-      Le tour du terroir

 

-          Des proies aux prédateurs

La mascotte mi-centenaire de l’animalerie Magazoo  de Montréal préférerait, semble-t-il, la quiétude de son vivarium à l’agitation des foules de l’exposition, ce qui la rend plutôt sédentaire. D’autant plus que la proximité des hommes représente pour son espèce la transmission de microbes et de bactéries mortelles; ou encore l’origine de malformations durant le développement.

Dans l’autre coin du kiosque, une jeune femme tient dans ses bras un varan des savanes, la tête bien appuyée dans son cou comme un chat venant de s’endormir. Un peu anthropomorphique, elle nous assure qu’il s’agit d’une bête douce et chaleureuse, alors que dans un autre stand un préposé ayant aussi tenu un spécimen de la même espèce montrait fièrement ses bras recouverts d’égratignures infligées par un animal plutôt récalcitrant. Une visiteuse ira d’un commentaire, brisant le romantisme de ces contacts interespèces: « il n’y a pour eux aucune raison de se sentir stressés puisqu’ils sont au sommet de la chaîne alimentaire. »

-          La fragilité d’une bête féroce

Se désintéressant des spécimens d’alligators américains trop bien muselés pour être crédibles, ou des basiliques verts ou autres bestioles inoffensives, les amateurs de reptiles préféreront prendre dans leurs bras de jolis bébés pythons royaux de quelques mois ou de jeunes boas en y apprenant quelques techniques de chasse rudimentaires. L’animal saisirait des rats de taille moyenne par la gorge, mais les tuerait en s’enroulant autour d’eux avant de se les servir comme repas hebdomadaire. Le petit rongeur bénéficie d’un sursis de quelques mois au cours desquels les serpents sont plongés en plein sommeil d’hibernation.

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Le python royal qui ne mesurera que 1m 80 une fois adulte fait figure de nain en comparaison de son immense cousin de Birmanie d’une longueur de 5 mètres qui lui fait face dans un stand voisin.  Le propriétaire du reptile nous expliquera que l’espèce, prisée pour sa chair dans un pays avec des problèmes de pauvreté, atteint rarement cette taille en liberté. En captivité, il pourra encore s’allonger de 2 mètres, tout en demeurant un animal fragile. Des changements de température ou une grippe peuvent se révéler mortels.

-          La toute-puissance des plus petits

Bien enfermés dans leurs bocaux respectifs, un spécimen de scorpion empereur et de mygale murinos risquaient de causer peu d’émoi parmi les visiteurs, à l’instar de quelques autres serpents venimeux tenus bien loin des touristes hasardeux.

Malgré cela, j’aurai l’opportunité de tenir dans le creux de mes mains un beau spécimen de mygale rose du Chili de type 1 sur 5. De fait, une morsure de cet insecte aux pattes velues entraînerait une douleur six fois plus intense que la piqure d’une guêpe. De plus, son venin causerait de vifs maux de tête et une période de diarrhée de vingt-quatre heures. En comparaison, la mygale murinos, de type 4 sur 5 provoquerait d’atroces douleurs intraitables pendant une période de deux mois. Certains patients en souffriraient au point de vouloir se donner la mort. Nous apprendrons que des antidotes n’existent que pour les venins de type 5 sur 5, mortels.  

2 -      Les apprentissages du monde réel

 

D’une certaine manière, le Salon des membres de l’association herpétologie de Montréal, ou de Pijac, illustre les frontières d’un modèle éducatif qui s’inspirerait des mondes virtuels. Bien que nous croyions à la valeur indéniable des technologies de l’information et de la communication en éducation (TICE), il est clair que celles-ci ne remplacent pas celle de l’expérience réelle. C’est par le contact auprès d’animaux réels, que l’on peut voir et toucher, qu’il est possible de vaincre des peurs archétypiques comme celle des serpents et des araignées.

 

La vue de tortues, de varans, de serpents et de mygales, etc. et la possibilité d’échanger avec des spécialistes des reptiles et avec d’autres amateurs nous permettent de vivre une expérience d’apprentissage holistique.

 

Nous nous rendrons compte que la nature génère des contextes compétitifs et cruels respectant une chaîne alimentaire clairement définie; à moins que l’intervention humaine ne pourvoie aux besoins de nourriture de certaines espèces. De plus, la vie nous semble d’une incroyable fragilité, comme le montre l’impact des changements de température ou les attaques de bactéries sur les tortues et les serpents; et ce, même dans le cas d’animaux dotés de puissants mécanismes d’autodéfense et de protection.

 

Je conseillerai à M. Bouchard de se tenir loin de certains êtres et de vivre les vingt-cinq prochaines années bien tranquillement dans son vivarium.

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Le 22 avril prochain, le Québec prendra part aux activités du Jour de la Terre afin de témoigner de son attachement à la nature et à la vie. Ce sera une belle occasion de se rappeler la richesse d’un patrimoine fragile, et nécessaire à la survie de notre espèce.

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 7 mars 2012

 

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Connaissez-vous Shakira?

Les émotions : des amies ou des ennemies? (première partie)    

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Des perruches : de l’attachement et de la désillusion

Publié le par Luc Renaud

L’an dernier, nous traitions de l’impact de la mort d’une perruche sur les sentiments plutôt volatiles des enfants : les larmes d’un jour se transformaient en joie à l’idée de se procurer un perruchon de remplacement dès le lendemain. Récemment, mes amis de Facebook devaient suivre les péripéties de cette aventure. Au bureau, on me questionnait, doutant de la survie des oisillons élevés en captivité.

1-      De la guerre à la reproduction

Il était une fois deux perruches femelles et un mâle qui formaient un heureux ménage à trois jusqu’à ce que vienne la période de la reproduction. C’est alors le moment des gestes fous à se chercher un nid, à se donner des béquées  et à s’adonner à des ébats frénétiques avec le seul mâle de la communauté. Soudain, l’une des femelles se met à frapper  l’autre femelle à grands coups de becs, la laissant ensanglantée et nous forçant à l’achat d’un second mâle pour équilibrer les forces; puis, nous empruntons une cage à un voisin en annexant une couveuse à chacun des deux habitats, distançant dorénavant les deux couples.  

 La prison devient un espace sécurisant, paisible et confortable. Faisant cage à part, les oiseaux enceints pondent au même moment respectivement quatre et cinq petits œufs à raison d’un œuf tous les jours et demi.

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Piki-Piki : de la naissance à un mois

 

Mâles et femelles vivent alors des semaines entières quasi-reclus dans les antichambres jusqu’à ce qu’un jour de légers gazouillis à peine audibles attirent notre attention vers un oisillon  aveugle à la peau rose et totalement nue. Mais les lois de la nature nous prodiguent ses enseignements un peu plus de vingt-quatre heures plus tard, par la mort de ce premier oisillon pour des raisons inconnues. Il n’en fallait pas davantage pour que des oiseaux de malheur nous ramènent à l’impossibilité de la survie d’oiseaux en captivité. Mais l’espoir renaît dès le surlendemain avec l’éclosion d’un deuxième œuf. Le jour suivant, deux œufs de l’autre couveuse devaient éclore presque simultanément. Nous évitons, par la suite, la catastrophe de près au moment où un œuf semble coincé dans le ventre de la mère, qui n’en finissait plus de vomir.

2-      La vie de parents ovipares

Les deux pères prennent leur rôle au sérieux, remplissant leur jabot de graines qu’ils transmettent résolument à coup de béquées à la mère, qui empoignera sérieusement chacun de ses petits pour les gaver de cette purée naturelle. Deux nouvelles naissances s’ajouteront à l’une des couvées, alors que l’autre connaîtra les affres de la nature : un des poussins meurt dans l’œuf, les deux derniers sont inféconds. Nous hésitons à nous approcher des petits, de crainte d’être perçus comme des prédateurs par les parents, qui auraient alors préféré les éliminer plutôt que de les laisser tomber entre nos mains.

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El Pinguino : de la naissance à un mois

 

Quelques scènes familiales sont émouvantes. Nous voyons l’une des mères ouvrir toutes grandes ses ailes pour y couvrir sa couvée, donnant tout   son sens à l’expression rassurante Prendre sous son aile. Plus tard, elle s’assoira fièrement par-dessus son tas de rejetons de quatre oiseaux bien enchevêtrés les uns aux autres comme un jeu de blocs Lego. Deux semaines seulement, et déjà un début de plumage nous donne les signes distinctifs de chacun des oiseaux. L’une de mes filles nous révèle fièrement le fruit de son travail de recherche de l’école sur les perruches l’année précédente, et nous donne plein de détails sur leur physionomie, développement et entretien.

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Bébés de quelques semaines

 

3-      Une intervention interespèce salutaire

Les cris stridents et en chœur des cinq oisillons nous agressent, nous et les parents des oiseaux. Un  mâle s’énerve et pousse de violents cris, alors que la femelle prend un peu de répit après près de deux semaines d’un laborieux et constant travail d’élevage. Elle sortira de la couveuse, visiblement exténuée, après avoir endormi sa progéniture pendant quelques minutes. Le repos est de courte durée, en effet, et le couple finit par capituler en remplaçant la purée par des excréments, de façon à faire taire les petits au lieu de les nourrir. À la mort de trois oisillons dans une couveuse, une crise parentale éclate également dans l’autre couveuse, bien qu'il n'y ait qu'un seul oisillon dans celle-ci.

C’est alors que nous prenons la dure décision de séparer les deux survivants de leur mère respective et de les nourrir à la main en suivant les conseils de Ly, un technicien animalier d’une animalerie, spécialisé dans l’élevage des oiseaux exotiques. Enthousiaste, Le nous assure que cette pratique constitue une expérience interespèce extraordinaire. Pour ce faire, il faudra préparer nous-mêmes une purée aux oeufs, mais sans devoir l’ingurgiter d’abord comme le faisaient les parents biologiques des oiseaux.  

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À table!

 

Munis d’une seringue, il faudra gaver chaque oisillon à tour de rôle, en les tenant du bon côté et avec précaution pour leur éviter  une souffrante agonie et la mort par étouffement. Le tube respiratoire est logé d’un côté de la gorge, alors que le système digestif se trouve de l’autre. Encore presque nu, le perruchon nécessitera, de plus, un environnement maintenu à une température régulière de 28o C. Si nous crevons de chaleur au cours des premiers jours à la maison, nous achetons un aquarium et une lampe à infrarouge de 50 Watts dans une animalerie spécialisée dans l’élevage de reptiles quelques jours plus tard en vue d'abaisser le chauffage dans le reste de l'appart. Fait curieux, un python royal mord à la main la vendeuse de l’animalerie qui tentait de convaincre des acheteurs potentiels du côté inoffensif du serpent.

La fratrie adoptive fait bon ménage dans l’aquarium, alors que les nouveaux occupants cherchent chaleur et confort l’un blotti à l’autre, et que les parents reprennent leur camaraderie antérieure, oubliant bien vite leur statut parental. Nous avons tenté en vain de rapprocher les oisillons de leurs parents respectifs. Il semble bien que l’existence des oisillons soit passée à l’oubli à peine vingt-quatre heures après la séparation; les petits paraissent même considérés par les parents comme de potentiels rivaux sur leur territoire, puis comme des membres ordinaires de la petite communauté.

Pour nous, il s’ensuit une grande désillusion en matière d’esprit parental. D'un coup, le comportement des adultes nous paraît primitif, sans amour, et seulement guidé par l’instinct de reproduction. Bref, il nous est alors facile de voir en eux les vulgaires descendants des dinosaures puisque, sans notre intervention, la totalité des oisillons aurait succombé aux conséquences de l’épuisement des parents.   

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    4 cc de purée au maïs et aux oeufs trois fois par jour

 4-      La naissance d’une famille interespèce

Ma femme se découvre de nouveaux élans maternels et prend plaisir à donner les 12 cc de purée aux oeufs quotidiens à chacune des deux perruches. Et, Dieu merci, elles font leur nuit dès l'âge de deux semaines! Une de mes filles avait mis dix-huit mois. De mon côté, je les endors dans le creux de ma main à la fin du repas avant de les déposer délicatement dans le fond de l’aquarium. Au bout d’à peine un mois, le plumage est entier et les oiseaux nous font cadeau de leurs premiers vols. Au même moment, nous devons ajouter du calcium à l’alimentation des adultes femelles, affaiblies par la production des œufs.

 

 

 

Cliquez sur l'image pour visionner la vidéo: de la naissance à un mois. 

 

Cette nouvelle autonomie des petits ne les empêche pas de venir se poser régulièrement sur notre tête ou sur une épaule, particulièrement à l’heure du repas. L’attachement finit par avoir raison des résistances de ma femme, qui renonce dorénavant à se départir de son bébé préféré, el pinguino. Nous envisageons même l’opportunité de nous départir des quatre adultes; comme quoi les émotions peuvent se révéler volatiles.

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À six semaines, on est devenus beaux! Et bien vivants, prêts à nous poser sur vous.

Conclusion

Bientôt viendra la fin du sevrage et le temps de rendre Piki-Piki (la perruche arlequin jaune) à son nouveau propriétaire. El pinguino (la perruche ondulée bleue) aura droit à un traitement de faveur, mais jusqu’à quand? Le charme de la jeunesse prendra peut-être fin au moment des prochaines couvées. À moins que nous employions le subterfuge de Ly, le technicien animalier, comme mesure de contrôle des naissances. Il s’agit de faire cuire les œufs dès le moment de la ponte, avant le début du développement de l’embryon; puis de replacer les œufs cuits dans la couveuse: on ne stérilise pas un oiseau.

L’expérience a beau être des plus enrichissantes sur le plan de l’apprentissage de bases en biologie et en zoologie, l’entretien d’un animal domestique demeure une activité exigeante, et une question qui demande réflexion avant de procéder à l’achat de cadeaux vivants. Pensez-y bien pour Noël.

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 18 décembre 2011

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L’homme qui combattait les écureuils

Publié le par Luc Renaud

Dès le mois d’avril, il labourait son jardin derrière l’édifice en plein cœur de Montréal, croyant ainsi relaxer et tirer profit de belles journées ensoleillées. Les quelques vignes longeant le bord de la clôture mitoyenne devaient aussi lui procurer la matière première à la fabrication d’un vin maison. Bref, tout devait bien aller, sauf que de petits rongeurs fraichement sortis de la froideur de l’hiver venaient y déterrer les oignons et autres semences pour nourrir leur progéniture. Ah, le printemps!

Ainsi mon voisin grommelait son désarroi à sa femme qui lui souriait tendrement, endurant de son côté ses cruels rhumatismes.

Des lois de la nature

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Le pauvre homme devait aussi éviter toute forme d’agression contre ses voleurs à grande queue grise pour ne pas enfreindre de loi contre la cruauté animale. À cause de son jardin, peut-être méritait-il même une amende pouvant varier de 20 $ à 2 000 $ puisque les règlements municipaux interdisent de nourrir les écureuils, les ratons laveurs, les marmottes, les pigeons, les goélands, les mouffettes, etc. et toute autre bestiole considérée comme une nuisance à la santé publique.

Entre vous et moi, qui courrait le risque de nourrir une mouffette sauvage? La classique scène du vieillard esseulé donnant des miettes de pain aux pigeons du centre-ville disparaîtra-t-elle du petit écran?

Après avoir conçu des règlements pour circonscrire les déplacements des cyclistes et des piétons, le législateur formera-t-il le Team Seal du nourrisseur de goélands? En 2006, un musicien professionnel de Westmount était même trainé devant les tribunaux pour avoir lancé des cacahuètes à un gros écureuil.

La peur de son ombre

Pour mon septuagénaire totalement désemparé, le Jardin botanique offre de précieux conseils au jardinier amateur qui souhaite éloigner en douceur les animaux indésirables, comme les chats, les écureuils et même les chevreuils. Il suffirait de cultiver son jardin à partir de bulbes peu appétissants, d’y saupoudrer des poils de chien ou de chat ou un engrais à base de fumier de poulet.

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Ma femme vient d’en faire la merveilleuse annonce à mon voisin, qui s’est bien demandé où, en pleine ville de Montréal, il pouvait se procurer du fumier de poulet. La question se pose d’autant plus que l’idée de réintroduire des poules pondeuses à Montréal est loin de faire l’unanimité. Il y a bien une petite ferme biologique au Parc Nature du Cap Saint-Jacques dans l’ouest de l’île… et une quantité astronomique de nids-de-poule, un peu partout à la suite du dégel printanier.

   

Malgré ces suggestions, il a apparemment choisi de piéger ses petits gredins en vue de les déporter vers d’autres sites de villégiature. Pourvu que ça ne soit pas dans le Parc national de la Mauricie, l’un des plus beaux sites de camping du Québec.

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Il y a de cela quelques années, j’y avais amené ma petite famille. Une nuit, j’ai retrouvé ma femme et mes enfants étendus dans l’automobile, effrayés par les bruits nocturnes de la forêt. Au petit matin, ces froussards se sont rendu compte que l’énorme ours de la nuit avait plutôt la forme d’une joyeuse famille d’écureuils s’étant largement servi dans notre cargaison de nourriture.

La fragilité de l’écosystème

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En fait, la cohabitation de l’homme et des animaux forme un écosystème fragile, particulièrement quand il nous arrive de jouer à la nourrice. À Repentigny, par exemple, des dizaines de Jonathan Livingstone déversent leurs fientes sur les barbecues estivaux des citoyens, ajoutant des protéines indésirables aux poitrines de poulet, aux T-bones ou aux boulettes de bœuf haché. Au lac Memphrémagog, le légendaire monstre Memphré effraie moins que la dermatite du baigneur, causée par les milliers de millions de coliformes fécaux produits par les goélands.

Un épisode de Découverte du 8 mai dernier expliquait la guerre menée à la carpe asiatique, une espèce invasive du fleuve Mississippi, des Grands Lacs et d’une immense superficie du réseau de rivières du nord des États-Unis et du Canada. Cette menace est d’envergure comparable à celle des méduses des mers et des océans, toutes proportions gardées. La fermeture de la Chicago River a même été envisagée pour mieux lutter contre la colonisation de ce poisson très prolifique et aux effets dévastateurs sur l’ensemble de la faune aquatique : là où la carpe passe, il y a extinction de toute autre espèce de poissons. Pourtant, elle avait été naïvement importée pour assister l’homme dans des tâches de nettoyage en aquaculture.

 

En somme…

Vous vous demandez peut-être où je veux en venir? Notre méconnaissance du règne animal et de notre place dans l’environnement est la cause de nombreux désagréments. De manière beaucoup plus grave, il en résulte des menaces majeures pour la santé publique et pour la biodiversité. Nourrir des animaux sauvages entraîne une surpopulation dangereuse des espèces concernées; importer des carpes est en train de détruire la faune de nos cours d’eau. À ce compte, nous pouvons nous demander à quand l’importation de requins d’eau douce pour remplacer l’absence de Memphré dans nos lacs de baignade.

 

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, 13 mai 2011

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Des animaux et des hommes (2) : Le zoosadisme, la cruauté envers les animaux

Publié le par Luc Renaud

L’article Des animaux et des hommes (1) : Un amour inter-espèce présentait de beaux rapports entre divers représentants du règne animal et nous. Malheureusement, les espèces appréciées par les uns subissent des supplices entre les mains de certaines bêtes humaines.

La cruauté se définit comme un acte de souffrance inutile. Au Canada, le zoosadisme est considéré par la loi comme criminel et passible de 6 mois d’emprisonnement et d’amendes pouvant totaliser 2 000 $ CA. Pour éviter la surpopulation d’animaux domestiques et réduire le nombre d’euthanasies inutiles, la Société pour la Prévention de la Cruauté envers les Animaux (SPCA) rappelle que le don d’un animal représente un contrat à long terme et offre même un service de stérilisation des animaux domestiques.

Malgré une attitude officielle aussi respectueuse, les sites Internet et les groupes de pression voués à la lutte contre la cruauté animale sont nombreux. Facebook , entre autres, offre une page aux personnes souhaitant s’impliquer d’une manière ou d’une autre à la défense des animaux.

Comment expliquer ce paradoxe selon lequel l’Homme, séparé de la nature, n’est plus que l’ombre de lui-même?

ATTENTION : Des hyperliens conduisent vers des détails et des images qui peuvent perturber la sensibilité de certains lecteurs. J’ai moi-même passé une nuit blanche à la vue de vidéos horribles. J’indiquerai ces liens sensibles comme suit : [!!!] Mais lisez mon texte; vous ne le regretterez pas.

1. La recherche scientifique

Quel adolescent n’a-t-il pas procédé à la dissection d’une grenouille dans un cours de biologie dans les années ’70? De fait, la vivisection, ou l’usage des animaux à des fins de recherches scientifiques, peut-elle être moralement considérée comme une forme de cruauté animale? C’est l’avis d’Aequo Animalo [!!!], un des multiples organismes voués à la lutte contre la cruauté animale. 800 millions de petits rongeurs, de chats ou d’oiseaux, etc., seraient mutilés, électrocutés ou brûlés par des produits toxiques chaque année pour répondre aussi bien aux besoins de la médecine, qu’à ceux de la confection de capricieux cosmétiques ou de l’industrie du tabac…

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C’est, malheureusement, ce type de recherches qui nous permettra peut-être un jour d’enrayer des maladies dévastatrices comme le SIDA, cause de plus de 16 000 morts au Canada seulement de 1987 à 2006. En ce sens, les chercheurs affirmeront alors que la souffrance infligée n’est pas inutile, selon la définition de l’expression cruauté animale. Par contre, il serait difficile de justifier moralement les chiens incendiés vifs lors de tests de nouvelles armes en Bolivie ou ailleurs dans le monde [!!!].

2. Le commerce, la pêche et le braconnage

Le commerce, la pêche et le braconnage présentent souvent des scènes horribles.

Fourrure-Torture [!!!] a mené une enquête sur les fermes d’élevage d’animaux à fourrure en Chine. Des milliers de renards, de visons et de chiens viverrins y sont dépecés vivants; des ratons-laveurs tués à coups de bâtons… pour desservir le commerce nord-américain et européen de la fourrure. La pêche aux dauphins [!!!] et aux petits cétacés au Japon cache aussi des histoires d’horreur, de massacres et d’éviscération d’animaux vivants. En contrepartie, dans la province du Québec au Canada, des usines de chiots entassés dans des cages étroites et insalubres sont fermées à la suite des interventions de la SPCA.

Par ailleurs, les actes de braconnage et de trafic de produits à base d’ivoire, comme les touches de pianos anciens, ou de mains de singes proviennent aussi d’atrocités incroyables. Dans sa lutte pour la préservation des grands gorilles des montagnes au Rwanda, l’éthologue américaine Dian Fossey y laissa sa vie, assassinée le 26 décembre 1985. De son côté, la primatologue Jane Goodall comprend les mobiles désespérés de certains braconniers, qui chassent les primates pour le commerce de la viande, et associe la préservation des chimpanzés de Gombe à des mesures de développement durable bénéfiques à l’ensemble de la population.

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3. Le zoosadisme pathologique et social

Dans la vie de tous les jours, la cruauté animale s’exerce de façon active ou passive ; ainsi, les animaux peuvent être battus, exposés à de cruelles brûlures ou blessures pour soulager les frustrations du propriétaire. Ils peuvent aussi faire l’objet d’une extrême négligence, laissés sans eau et nourriture ou entassés dans des conditions insalubres au milieu de leurs excréments. Pour le FBI, la violence faite aux animaux lève le drapeau rouge d’un mal plus profond. De 54% à 71% des femmes admises en centre d’hébergement aux États-Unis auraient eu un conjoint qui maltraitait ou tuait les animaux de la famille. Selon  la police, le zoosadisme est une pathologie de conduite antisociale classique du violeur, du meurtrier et du tueur en série. Dans certains cas, le geste traduit une importante détresse psychologique comme le montre le cas pathétique de la saisie de plusieurs carcasses de chats et de chiens à Aylmer au Québec le 29 juin 2010.

Que penser alors du zoosadisme socialement et culturellement accepté, comme la tauromachie et la mise à mort des taureaux [!!!] au cours des corridas en Espagne ou en Amérique latine; ou encore des parieurs qui conduisent un coq ou un chien belligérant [!!!] à mourir des suites d’un sanglant combat? Le homard trempé vivant dans l’eau bouillante, n’est-ce pas aussi une autre forme de zoosadisme et de cruauté animale?

4. Les habitudes alimentaires

 

De fait, la consommation de viande peut-elle être considérée comme une forme de cruauté envers les animaux, comme le prétendent de nombreux adeptes du végétarisme? D’une part, l’être humain a intégré la viande à son alimentation il y a au moins 450 000 ans. De plus, la nature elle-même se compose d’animaux carnivores, d’herbivores, d’omnivores, etc. Par ailleurs, l’article 40.2 de la Loi sur les produits alimentaires au Québec établit des règles strictes pour un abattage sans souffrance des animaux destinés à l’alimentation. Dans ces conditions, le végétarisme devient davantage une question de choix personnel que de cruauté criminelle.

 

Personnellement, j’ai dédain des fruits de mer qui, à mes yeux, constituent une version aquatique d’insectes en tous genres : les crabes me font penser à de grosses araignées et les crevettes à des mille-pattes aquatiques. Pour d’autres motifs, j’éprouve du dédain en pensant à la chasse aux kangourous ou tout simplement face au comptoir de viande chevaline. Il m’est difficile d’envisager que l’ami puisse se retrouver dans une assiette. Les Amérindiens, champions du respect de la biodiversité, détenaient peut-être la solution au dilemme : ne tuer que le nécessaire, employer les moindres parcelles de l’animal tué et remercier l’âme de l’animal sacrifié.

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Comment réagirions-nous si nous constituions la proie d’espèces animales intelligentes? Pensez aux cas d’anthropophagie pratiquée à toutes les périodes de l’Histoire de l’humanité et à tous les cas de cruauté envers l’espèce animale humaine, elle-même…

Ces deux articles de ma série Des animaux et des hommes montrent que les relations qu’entretiennent les humains avec les animaux ressemblent à celles que nous entretenons entre nous. Dans les deux cas, des marques tangibles de tendresse et d’amour conduisent à l’établissement de rapports inter-espèces d’une belle harmonie. Par contre, le traitement d’individus de toutes les espèces suit les mêmes règles de l’injustice et du sadisme. Des dauphins qui se portent tout naturellement au sauvetage de naufragés en mer sont éviscérés vivants, ailleurs. Des chiens traités comme des rois dans certaines familles sont éventrés ou laissés sans nourriture… jusqu’à la mort.

 

Dans plusieurs cas, le bourreau de l’animal et de l’humain correspond à la même personne. Entre nous, la cruauté et les souffrances infligées aux animaux ou aux Hommes ne valent même pas à leurs auteurs le titre d’animal de compagnie.

Texte: Luc Renaud M.A. Sciences de l’éducation, 25 janvier 2011

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Des animaux et des hommes (1) : un amour inter-espèce

Publié le par Luc Renaud

J’aime les animaux; particulièrement les mammifères et les oiseaux. Dans le mixte temporel de  mes souvenirs, mon gros chat de gouttières tenait compagnie à une belle chatte grise, fine et élancée, mais aussi à des poussins, à des perruches ondulées, à une tortue et à  un chien… Le panorama rappelle les aventures du Pet-détective Ace Ventura, n’est-ce pas?

 

 

Au même moment, à plus de 4 500 kilomètres, à Santa Marta en Colombie, une enfant a trouvé un œuf de poule prêt à éclore dans un buisson. Elle s’en est emparé et l’a rapporté chez elle pour en faire sortir le poussin, qu’elle a nommé Cucaracha. Régulièrement, elle mettait Cucaracha dans sa poche de blouse et le trimbalait ainsi dans ses sorties quotidiennes. En grandissant, la poule suivie de ses béquets rejoignait la petite fille qui l’appelait : ¡Cucaracha! ¡Ven!

La famille inter-espèce, semble-t-il, ne craignait ni les scorpions, ni les boas constrictors du coin.

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Le compagnon animal

Mais qu’est-ce que nous apporte donc la présence d’un animal domestique?

1. L’amitié et l’amour

Je crois que la compagnie d’animaux domestiques permet l’apprentissage de la tendresse, de l’amitié et facilite l’expression de l’amour. Le lien peut s’avérer si fin que l’une de mes chattes faillit accoucher en ronronnant, bien étendue sur les genoux de mon frère au lieu de se trouver un gîte secret au fond d’une armoire. Sitôt les chatons nés, toutefois, elle est accourue vers moi pour me montrer sa progéniture avec fierté. Délaissant même son instinct protecteur maternel, elle insistait pour que je prenne les chatons dans mes bras. Par ailleurs, mon chien s’est subitement levé un jour pour me lécher la paume de la main à un moment où j’éprouvais beaucoup de tristesse. Ma sœur, lisant de la douceur dans ces relations, me disait apte à offrir à une femme beaucoup de bonheur.

Ces gestes de complicité inter-espèce me rappellent ma fille qui confie ses petits chagrins à nos perruches ou qui saisit tous les petits insectes à sa portée avec beaucoup de délicatesse.

J’imagine que les chiens MIRA pour aveugles jouent aussi un rôle psychosocial important. La zoothérapie aide des personnes seules à garder leur émerveillement face à la vie, mais aussi à s’exprimer et à faire l’apprentissage d’attitudes sociales.

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2. Notre appartenance au règne animal

Mon autre fille voue une véritable passion amoureuse au dauphin et au cheval, deux autres amis de l’Homme. Des recherches sur le cerveau du dauphin tendent à prouver qu’il s’agit d’un mammifère d’une grande sensibilité et d’une intelligence que certains comparent à la nôtre. À maintes reprises, cet animal s’est porté tout naturellement au secours d’êtres humains près de la noyade, faisant montre d’un grand sens de fraternité. La tuerie d’un dauphin était passible de mort en Grèce antique.

Cette relation quasi télépathique ramène l’espèce humaine en toute humilité au sein du règne animal. Le propriétaire d’un chat ou d’un chien perçoit souvent celui-ci comme un membre de la famille, sans se rendre compte que cette filiation date de la Nuit des temps. La domestication du chien aurait débuté au Paléolithique, il y a plus de 400 000 ans. De son côté, le chat était vénéré dès l’Égypte antique qui lui accordait des pouvoirs divins de protection contre le mal. Bref, notre relation inter-espèce s’inscrit sous le signe de l’unité et revêt quasiment une dimension spirituelle.

Notre communication est le fruit d’un apprivoisement mutuel qui prend la forme d’un échange de sons spécifiques et de réactions non-verbales. Par moments, nous nous prenons pour Docteur Dolittle :

 

 

3. L’anthropomorphisme

Certaines personnes attribuent des qualités humaines à leurs animaux de compagnie, leur déniant même le droit à certaines caractéristiques naturelles. Ainsi est-il courant de procéder à l’amputation de la queue d’un chien.  L’anthropomorphisme s’est même converti en lucrative industrie. Des lignes de vêtements pour animaux sont créées, des designers se spécialisant dans la confection de pantoufles ou de chandails de laine. Pourtant, mon chien se roulait dans la neige sous une température de – 20o C comme un baigneur jouant dans le sable du Rodadero en Colombie. Des animaux sont invités dans des restaurants spécialisés, ou dans des salons de toilettage sophistiqués ; certains ont même droit à une place de choix au cimetière à la fin de leurs jours.

 

La palme de ces exagérations revient aux cérémonies de mariage pour chiens. Dans quelle mesure ces êtres échangent des vœux par des aboiements en pleine liberté et conscience demeure pour moi un mystère.

 

 

Fait est de constater, par ailleurs, que des traitements inégaux entre les humains trouvent aussi leur corollaire dans le règne animal. Faisant preuve d’un incroyable sentiment de supériorité, de nombreux humains en font payer un dur tribut aux animaux, victimes de cruauté et de zoosadisme pour de vils motifs commerciaux ou de désordre pathologique. C’est ce que je présenterai dans la deuxième partie de ce portrait de ma série Des animaux et des hommes. Pour le moment, concluons et rappelons que l’ensemble de nos espèces constituent des éléments importants de la biodiversité et qu’il est à notre avantage d’apprendre les uns des autres.

Texte: Luc Renaud M.A. Sciences de l’éducation, 22 janvier 2011

Un détail m’échappe et vous comprendrez facilement lequel. Les dépenses consacrées au traitement de roi accordé à l’ami de l’Homme ne devraient-elles pas plutôt servir à la réduction des injustices sociales entre les habitants de la Terre?

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Des changements climatiques normaux ou non?

Publié le par Luc Renaud

Môman dans le spécial Jour de l'an du nouveau millénaire de La P'tite Vie se demandait si elle devait ou non faire cuire une dinde pour souligner la nouvelle année, compte tenu de l’incertitude générée par le célèbre bogue. Aujourd'hui, je me demande aussi qui des écologistes ou de leurs opposants tiennent les propos les plus justes. Devons-nous diminuer l’émission de C02 dans une lutte contre les gaz à effet de serre ou plutôt nous adapter à des changements climatiques inéluctables, provenant des fluctuations des activités solaires? Ou ne rien faire du tout.

 

Mon article s’inscrit à la suite de mes trois réflexions sur l’environnement : La nature, reine absolue, Le va-et-vient du cerf-volant et La fin du monde n’est pas pour demain. Je voudrais, naïvement peut-être, brosser le portrait de diverses prises de positions en matière de changements climatiques que couvre la littérature actuelle. D’emblée, je mets de côté les visions ésotériques de type vengeance de l'âme terrestre, punition de Dieu ou avènement de la fin du monde puisqu’il s’agit d’actes de foi difficilement mesurables. J’écarte aussi la question de la confection d’armes terroristes ou de destruction massive pour expliquer les phénomènes cataclysmiques.Les désastres n’épargnent aucune zone planétaire, ce qui rend les visions hollywoodiennes peu défendables.

 

1. L'autodestruction de l'homme

 

Selon le courant écologiste de l’heure, l’être humain brûlerait la chandelle par les deux bouts. D’une part, la déforestation causerait une diminution de l’apport en oxygène vitale et, d’autre part, l’usage de combustible fossile représenterait le point tournant d’un réchauffement planétaire, associé à des épisodes de refroidissements à certains endroits du globe, voire même à l’avènement d’une nouvelle ère glaciaire.  

 

 

Des conséquences tangibles de nos actions polluantes mèneraient à la catastrophe :

 

- fonte des glaciers et désalinisation de l'océan, surtout du côté de l'Europe de l'Ouest. La dilution du sel dans l’eau de mer mettrait un terme à la circulation du Gulf Stream. En l’absence de l'eau chaude en provenance des tropiques, l’hémisphère nord européen serait condamné à la rigueur des hivers canadiens d’ici à peine une vingtaine d'années;

- augmentation substantielle du niveau des mers et inondation des zones côtières;

- aggravation des turbulences climatiques : augmentation de l'humidité et précipitations plus abondantes ou, au contraire une sécheresse couvrant de plus vastes territoires; augmentation du nombre de tsunamis, des inondations majeures, des tornades et des ouragans;

- diminution des réserves d’eau potable mondiale;

- recrudescence dans le nord de maladies comme la malaria, normalement associées aux tropiques.

 

Dans ce contexte, l'humanité entière devrait entreprendre un lourd processus de réduction des gaz à effet de serre par l’adoption de nouvelles énergies non-polluantes ou des biocarburants: les panneaux solaires et les éoliennes, notamment. Pour les tenants de cette approche écologique, les ententes internationales sur les changements climatiques feraient preuve d’une grande insensibilité au profit des pétrolières polluantes et du système économique mondial.

 

Depuis plusieurs années, ce discours semble faire consensus au sein de l’opinion publique et de plusieurs autorités politiques internationales, représentées par les Nations Unies. Pourtant, une voix discordante au sein du milieu scientifique affirme que les changements climatiques envisageables répondent à des cycles naturels normaux; la planète n’ayant pas du tout besoin des hommes pour passer d’une période de réchauffement à une période glaciaire. Plus grave encore, le C02 n’impacterait peu ou pas du tout sur les gaz à effet de serre. Les tenants de cette vision se défendent bien d’entretenir quel que rapport que ce soit avec les compagnies pétrolières et jurent de leur intégrité.

 

2. La Terre n'a besoin de personne pour se transformer

 

Ce point de vue, que je tenterai de résumer, est présenté dans un reportage de la BBC.

 

Les scientifiques dissidents allèguent le fait qu’Il y a quatre siècles, les Européens faisaient du patin sur la Tamise, au cours d’une petite ère des glaces. Quatre siècles plus tôt, des températures plus chaudes que celles d’aujourd’hui ont facilité la construction de cathédrales gothiques. Le Groenland (Greenland, en anglais) doit son nom au fait d’avoir été connu comme une terre verdoyante par ses découvreurs et non comme un glacier. En dépit de ces changements drastiques, les ours polaires et les êtres humains ont su s’adapter à leur environnement. Par ailleurs, l’augmentation des températures rendue visible par des bouées océaniques révélerait des aspects du passé lointain de la planète et non des indices de changements imminents : le réchauffement ou le refroidissement d’un océan n’est apparent que plusieurs centaines d’années après la période climatique qui en a influencé la température. D’autres preuves des écologistes sont aussi remises en question. Le nombre de tornades est sensiblement le même qu’auparavant, alors que les moustiques transportant la malaria survivraient aussi bien dans les zones froides que dans les zones chaudes.

 

Par ailleurs, le C02 est un gaz qui fait partie de la structure normale de tout être vivant, végétal ou animal. Sa proportion parmi les autres gaz de l’atmosphère est considérée comme plutôt négligeable et celle en provenance de l’homme, ridiculement faible en comparaison des productions volcaniques, de la contribution du règne animal ou de celle des océans. Les vrais gaz à effet de serre proviendraient de l’humidité et des nuages, de la vapeur d’eau produite par les bombardements subatomiques des particules solaires. Lors d’activités solaires de grande intensité, ces particules rebondiraient plutôt vers le soleil, l’ennuagement faisant place à l’ensoleillement. Or, les activités solaires auraient été de moindre intensité, d’où la formation de gaz à effet de serre par les vapeurs d’eau. Cet état d’accalmie du soleil se traduirait aussi par des températures terrestres plus froides et des hivers plus rigoureux en Europe et aux États-Unis. Les dits gaz à effet de serre pourraient alors nous protéger de trop grandes variétés de températures…

Notez que l’activité solaire aurait repris en 2010, selon la NASA après une chute importante en 2008 pour ensuite redescendre vers la fin de l’année… Ces fluctuations auraient un impact sur l’ensemble du système solaire et non seulement sur Terre.

 

 

 

Si de tels principes sont vrais, il est alors pertinent de comprendre la nature et l’envergure des changements climatiques à venir en vue de nous y adapter et non de lutter contre l’émission de C02. Un troisième groupe de penseurs avancent même l’idée qu’aucun changement d'attitude face au gaz à effet de serre n’est nécessaire.

 

3. Le Statu Quo: aucun danger en vue

 

Pour eux, le discours des écologistes défendu devant les tribunes mondiales est en fait le fruit d'une grande campagne de désinformation visant à obtenir des fonds de recherches avec plus de facilité. Des indices de réchauffement devraient se traduire par une hausse de température dans la troposphère, ce qui n’est pas le cas.

 

Les calottes glaciaires en situation de fonte au printemps recouvreraient leur état habituel à l’automne, un point de vue contredit par les données du début des années 2000. Au contraire, la surface polaire de l’Arctique enregistrerait une perte d’un millier de kilomètres de glace. Perte temporaire due aux fluctuations des températures dans les années 2000 ou hémorragie? La question est posée.

Du côté de l’Antarctique, les spectaculaires fracassements des banquises seraient causés par le détachement de celles-ci de leur socle sous-marin et non d’une période de réchauffement. La fonte de ces lourds amas de glace pourrait augmenter le niveau de la mer d’une soixantaine de mètres inondant la plupart des zones côtières continentales.

 

Les tenants du Statu Quo considèrent les changements actuels comme temporaires et plutôt inoffensifs. De fait, l’idéologie environnementaliste serait récupérée par le milieu des affaires en vue de la production de nouveaux produits et services dans un contexte de cul-de-sac économique. La lutte effrénée contre les gaz à effet de serre conduirait perversement au maintien dans la pauvreté des pays en développement, incapables alors de disposer de systèmes électriques par des moyens économiques et efficaces.

Y a-t-il des changements? Sont-ils drastiques et mettent-ils l’humanité en péril?

 

La remise question du rôle du C02 comme agent important de changements climatiques majeurs ne libère pas pour autant l’être humain de ses responsabilités en matière de protection de l’environnement. Les attaques à la couche d’ozone nous protégeant contre les rayons ultraviolets du soleil se traduisent déjà par des applications préventives de crèmes solaires. La déforestation entraîne de sérieux problèmes de désertification et de perte en matière de biodiversité. La disparition d’habitats naturels ajoute de nombreuses espèces végétales et animales sur la liste des espèces menacées; l’hydropollution entraîne une diminution des eaux potables. Même si ces points faisaient aussi l’objet de contestation, je ne suis pas sûr de vouloir savourer les poissons mutants des rivières intoxiquées par les déchets de M. Burns des Simpsons… Par contre, oui, j’aimerais mieux comprendre les processus environnementaux comme les tsunamis, les pluies diluviennes qui sévissent en Amérique latine et les grandes marées de la Gaspésie. Considérant des facteurs comme les conditions climatiques, la sécurité et la paix, quel est pour nous le meilleur endroit sur Terre? Partout, des gens se posent cette question… Les cohortes d’animaux du film Ère de glace migraient vers les zones territoriales plus clémentes.

 

Texte : Luc Renaud M.A. Sciences de l’éducation 16 janvier 2011

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La fin du monde n'est pas pour demain

Publié le par Luc Renaud

Ma fille est venue me voir récemment en me confiant éprouver un sentiment de peur inexplicable. Je lui ai répondu que l'identification de celui-ci faisait partie de la solution et qu'elle devait approfondir sérieusement cette question. Entre-temps, je lui ai fait part de diverses stratégies efficaces de gestion du stress comme le défoulement en gymnastique, sa discipline sportive préférée, et la pratique de techniques de relaxation. À la suite de notre conversation, elle m'a demandé s'il était vrai que la fin du monde approchait... Rien de moins! Nous venions de toucher au but. Alors, j'ai entamé une dédramatisation des conséquences des problèmes environnementaux actuels sur l'avenir immédiat de l'humanité, sans pour autant négliger nos responsabilités en matière de développement durable.

 

1. La pénurie d'eau potable

 

Dans le courant des années '70 ou '80, la vue saisissante de milliers de poissons morts sur les berges de la rivière Saint-François dans une municipalité près du Lac Saint-Pierre au Québec représentait à mes yeux la fin d'un monde, tout comme ceux de l'Arkansas 40 ans plus tard. Toutefois, il ne serait venu à personne à l'époque d'y voir un quelconque désordre irréversible sur le plan planétaire. Il fallait plutôt traquer l'entreprise fautive ayant déversé ses déchets toxiques dans la rivière, puis laisser le temps corriger le déséquilibre chimique pour ramener le tout à la normale. Je me rappelle que j'imaginais naïvement, par ailleurs, le jour où le ruisseau qui conduisait à la rivière serait nettoyé des vieux pneus et tas de ferraille que des habitants y jetaient sans trop se soucier de l'environnement lorsque je m'y promenais en raquettes en hiver. Et je criais haut et fort qu'un jour les vendeurs d'eau embouteillée feraient fortune, compte tenu de la dégradation évidente de la qualité des eaux potables... Ah! Si seulement j'avais eu le sens des affaires!

 

 

De fait, l’eau potable, essentielle à notre vie, se fait plutôt rare puisque 10 pays seulement se partagent 60% des réserves mondiales. Le Canada, et particulièrement la province de Québec, fait partie de ce groupe privilégié grâce, entre autres, au fleuve Saint-Laurent. L'or bleu, objet de convoitise, sera potentiellement à l'origine d'un conflit mondial selon l'économiste et communicateur social espagnol Humberto Tobón dans El Agua Y Los Conflictos Políticos. Déjà, le contrôle de l'eau potable constitue un des enjeux du conflit israelo-palestinien selon Marcial Candioti dans Agua Dulce, Alimentación y Conflictos mundiales: Somos agua. Humberto Tobón est d'avis que les ententes de coopération entre les nations sur le partage de l'eau sont insuffisantes pour assurer la survie des populations des pays en développement. Chaque année, 880 millions de personnes manquent d’eau potable, ce qui provoque le décès de 1, 5 millions d’enfants; la pénurie de cette ressource vitale toucherait 5 milliards de personnes en 2025. Parmi les maladies occasionnées par la consommation d’eau sale, on compte des diarrhées, mais aussi la fièvre typhoïde, l’hépatite et le choléra. En réponse à ce problème, l'ONU, le 28 juillet 2010, inscrivait l'accès à l'or bleu sur la liste des droits fondamentaux de l'être humain.

 

 

2. La destruction de l'environnement

 

Par ailleurs, les conséquences néfastes de la pollution se sont multipliées avec les déversements de pétrole, l'explosion de plateformes pétrolières dans les mers ou le rejet de produits toxiques en tous genres; l'émanation des gaz à effets de serre et les pluies acides causent aussi d'importants troubles environnementaux. La toxicité des eaux marines serait même responsable de l'invasion des méduses qui occasionnent bien des désagréments aux amateurs de plages aussi bien en Europe qu'aux États-Unis et des difficultés commerciales de la pêche au Japon.

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Des humains et des disparus

 

 

Les préoccupations environnementales attribuables à l'exploitation des sous-sols sont donc légitimes et le développement durable une condition non négociable à tout usage de ressources naturelles. Par ailleurs, les dommages causés à l'eau proviennent de douteuses mesures d'entretien de l'environnement, responsables aussi de la disparition de nombreuses formes de vie végétale et animale. Quand des espèces comme le chinchilla, l'aigle royal, la baleine à bosse, le gorille et jusqu'à notre bon vieux castor d'Amérique, emblème du Canada, figurent sur la liste des animaux menacés d'extinction, je me dis que les jardins zoologiques, les écomuseums ou les musées d’Histoire naturelle deviendront de vraies réserves de la protection du patrimoine faunique mondial.

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Écomuséum / Zoo / Musée

 

 

 

 

Vu les circonstances, j'ai vraisemblablement eu entre les mains des fossiles prématurés de renard ou de castor; adolescent, il m'arrivait en effet de reconstituer les squelettes de petites bêtes sous les conseils de mon professeur de biologie et les encouragements de mon père, fier de mon intérêt pour la science.

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Encyclopédie / Renard / Burton / aigle

 

 

 

 

Quoi qu'il en soit, des gourous de l'apocalypse ont l'oreille sensible et, la langue bien pendue, font flèche de tout bois des moindres toussotements de la planète. Les pigeons trouvés morts à Saint-Augustin-Desmaures dans la région de Québec ou ceux tombés par milliers en Arkansas, en Argentine, en Californie, en Louisiane, en Italie ou en Suède en janvier 2011, alimentent bien les discours des prophètes de malheur entre ceux du bogue raté de l'an 2000 et juste avant la fin du sixième monde du calendrier maya, prévu pour le 21 décembre 2012. Certains cyniques proposent la suppression de cette date des calendriers... pour éviter le pire. Pourquoi pas? Étrangement, la fin du monde devient un concept composé d'erreurs humaines, de phénomènes naturels

 

3. Les prophéties de malheur

 

Que la planète soit en pleine transformation, cela semble une certitude universellement reconnue comme le démontrent les conférences des Nations Unies sur les changements climatiques à Kyoto ou à Cancún; toutefois, que cela soit essentiellement d'origine naturelle ou humaine est beaucoup moins clair. Hormis la destruction d'écosystèmes comme les forêts nord-américaines ou brésiliennes pour des raisons financières évidentes, la multiplication des essais nucléaires; 468 sur le site de Semipalatinsk selon les Nations unies, et nos attitudes polluantes, la planète répond aussi à des lois naturelles qui nous sont supérieures: les cycles du réchauffement et de la glaciation, les éruptions volcaniques, etc.

De fait, la zoologie était l'un de mes passetemps préférés; je faisais déjà beaucoup de recherches sur les animaux en voie de disparition et je m'imaginais suivre les traces de Jane Goodall auprès des chimpanzés, de Diane Fossey auprès des gorilles ou de vivre au milieu de la jungle africaine comme Tarzan ou Daktari. Mon père m'avait même offert l'encyclopédie Royaume des animaux, des éditions Edito-SA, une collection en 26 volumes, rédigée par Maurice et Robert Burton, en l’honneur de qui mon chien portait le nom. Ma fille a maintenant la possibilité de connaître à son tour ce monde fantastique puisque je lui ai légué ma vieille encyclopédie.

 

 

Pendant ce temps-là, des observateurs y vont d'explications pseudo-scientifiques. Les amateurs de conspiration imaginent des tests sur de nouvelles armes biologiques; d'autres sensationnalistes y voient plutôt les signes avant-coureurs de difficultés reliées aux champs magnétiques terrestres et nous ressortent les films classiques Birds d'Alfred Hitchock, The Core, The Day After Tomorrow ou carrément les prophéties de 2012.

 

À ce compte-là, faisons-nous transplanter des branchies et construisons-nous des abris sous-marins pour nous protéger des requins ou des méduses, deux espèces marines nées dans la Nuit des temps; ou bien jouons ensemble au Monopoly pour partager un condo sur une base spatiale.

 

 

 

De leur côté, les ornythologues ne paraissent pourtant pas particulièrement préoccupés par la pluie de carouges à épaulettes ou de choucas. De fait, l'Histoire de l'humanité regorge d'incidents associés à des pluies d'animaux; le tout ayant débuté bien avant les activités polluantes des hommes: des grenouilles ou des crapauds, des oiseaux et des chauve-souris seraient littéralement aspirés au cœur des tornades ou faits prisonniers de conditions météorologiques exceptionnelles avant de retomber lourdement sur Terre. Ces phénomènes se produiraient souvent au-dessus des eaux, hors de la portée des regards des curieux, ce qui rend l'événement plutôt spectaculaire entre les essuie-glaces des pare-brises des automobiles de l'Arkansas. Je me demande si ces coups du Bon Dieu figureraient exceptionnellement dans certaines polices d'assurance-habitation ou auto? Je voudrais aussi savoir si nous devrons éventuellement porter un casque de sécurité pour se rendre au dépanneur du coin.

4. Les changements climatiques et la fin du monde

 

Pour nous, l'heure est grave sur l'horloge environnementale et nous vivons sur une planète affichant de plus en plus d'exemples de sa fragilité ou de ses contreréactions à l’agression. Des changements climatiques radicaux auxquels l’humanité peut néanmoins survivre seraient en cours sur la quasi-totalité du globe. Par ailleurs, les conflits armés, la famine, la criminalité, la folie, la maladie, etc., démontrent l'urgence de réorienter les attitudes des hommes dans le sens d'un meilleur respect de nos ressources naturelles et humaines. Dans une discussion avec de grands voyageurs sur le meilleur endroit où vivre en cas de cataclysme planétaire, la région des Laurentides dans l'est canadien ou le nord panaméen figuraient en tête de lice...

 

 

 

Quoi qu'il en soit, il ne sert à rien de faire peur à des petites filles avec des histoires abracadabrantes de fins du monde. Celle-ci viendra un jour comme le note l'astrophysicien Hubert Reeves dans Patience dans l'Azur puisque le soleil, comme toute étoile, est voué à l'extinction; mais cette vraie fin du monde se produirait dans 4 milliards d'années et non demain matin. Aujourd’hui, les discours alarmistes ont au moins le mérite de nous rappeler la justesse d’un principe naturel vital : s’adapter ou périr.

 

Je vous laisse sur Un amour nucléaire © [Tous droits réservés, Luc Renaud, 1989]. Veuillez pardonner la nature défaitiste du texte; à l’époque, ma vision du monde était moins optimiste, mon intérêt pour la compréhension des lois naturelles moins étendu qu’aujourd’hui.

 

J'ai aimé, j'ai aimé dix fois ma planète

Dix fois... Que dis-je? Cent fois, mille fois!

Trop peut-être... ou trop mal!

C'est ce qui l'a fait sauter.

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Je l'ai emprisonnée dans mes bras

Je voulais que personne ne puisse y toucher

Oh! J'ai fait des envieux!... Il y a eu des chicanes

On a essayé de me l'arracher; on l'a griffée

On l'a déchirée...; et moi, je frappais sans regarder

Je frappais et je frappais pour riposter, pour protéger...

Pendant tout ce temps, ma pauvre planète écopait

Elle se brisait sous nos coups sans se défendre.

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Pourquoi n'a-t-elle pas réagi?

Pourquoi nous a-t-elle laissé faire?

Nous nous battions entre nous, pour elle. Contre elle!

Et sous nos coups elle se brisait en morceaux.

Elle nous a conduits avec elle dans la mort.

Qui des deux va ressusciter? Qui le mérite?

Nous, guerriers, ou notre planète bien-aimée?

 

 

 

Texte: Luc Renaud M.A. Sciences de l'éducation 10 janvier 2011

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