Thu Anh Bui Duong : Ouverture d’un centre de méditation bouddhiste à Montréal

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Phuc Duc… Deux mots qui concernent respectivement les volets visibles et invisibles des formes que peut prendre la bonté. Le premier désigne essentiellement les gestes de générosité posés par tout un chacun dans le but de venir en aide à son prochain ou dans l’espoir de devenir quelqu’un de bien. Un adepte bouddhiste expliquera au Blogue de Luc R que ceux-ci s’avèrent toutefois inutiles si le donneur ne se débarrasse pas de toute forme de pensée impure, comme la convoitise, l’envie, la haine ou la rancœur, etc. Le deuxième mot signifie précisément cette forme de pureté du cœur.

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Ce sont ces rappels à l’ordre du moine que cet adepte retiendra de l’ensemble des prêches tenus par les chefs spirituels lors de l’inauguration d’un centre de méditation bouddhiste vietnamien qui a eu lieu le samedi 8 octobre dernier au 8909 boulevard Pie IX à Montréal. Pour cette occasion, une quinzaine de moines en provenance de la France, des États-Unis et d’autres provinces canadiennes, en plus d’une douzaine de religieuses et quelques invités de marque, se sont réunis pour la grande joie de plus d’une centaine de fidèles d’origine vietnamienne dans une salle remplie à pleine capacité.

 

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Le Blogue de Luc R y a été invité par Madame Thu Anh Bui Duong, présidente du Centre de méditation Phuc Duc, qui s’est dit heureuse et fière du résultat obtenu : une inauguration, c’est un moment unique, qui ne se reproduit pas, nous confiera-t-elle, la voix encore remplie d’émotion et de souvenirs intenses.

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Omaira Rincones / Thu Anh Bui Duong

1)      La découverte du mysticisme des lieux

À notre arrivée, mon assistante et moi avons été impressionnés par l’intense collaboration entre les fidèles organisant le buffet végétarien, et par la montagne de sandales mis à la disposition des visiteurs appelés à se déchausser par respect envers Bouddha. En dépit du côté pittoresque de la scène (nous n’avions jamais assisté à ce type d’événement, d’où mon qualificatif), nous nous sommes sentis accueillis et avons beaucoup apprécié la gentillesse, la simplicité et le sens du service de chacun des participants. Des bouquets de fleurs ornaient chacune des marches de l’escalier conduisant à la salle principale, soulignant l’importance de ce lieu sacré.

 

À l’entrée, une petite cérémonie se tenait entre les moines présents. À la suite de celle-ci, chacun allait prendre sa place respective, cherchant le calme au milieu des téléphones cellulaires, des flash des appareils-photo et des caméras. Plusieurs voulaient immortaliser cette journée au grand désarroi d’une dame âgée qui réclamait du silence autour d’elle. D’un côté se tenaient des représentants de divers niveaux hiérarchiques monastiques; de l’autre les religieuses, la tête rasée pour la plupart. En ce qui a trait au décorum, Madame Duong nous expliquera que les différentes couleurs des tuniques reflétaient des groupes monastiques différents. La centaine de fidèles occupaient le reste de la salle, en portant la tunique bleue, l’uniforme des importants rassemblements de prières. Tous affichaient un air solennel de circonstance.

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Au fond de la salle, une grande statue de Bouddha trônait bien en vue sur un autel comprenant de nombreuses offrandes, sous forme de fruits et de fleurs. De fait, c’est l’obtention récente de ce symbole religieux ultime qui était la cause de la cérémonie d’inauguration du centre, pourtant ouvert depuis un an. De chaque côté de l’autel, des tableaux reflétaient autrement ce représentant de Dieu. Au-devant se trouvaient deux instruments de musique qui accompagneraient les chants de prières et de méditation après les discours.

Avant de prendre la parole en vietnamien, chacun des moines et des organisateurs impliqués devait exécuter trois fois de suite le rituel du pénitent devant la statue de Bouddha : s’agenouiller, poser la tête au sol et se relever.

Comme je ne parle pas vietnamien, des fidèles et un moine auront l’amabilité de me résumer la teneur des lectures et des discours. D’abord, une lettre provenant du Supérieur du Vietnam était lue à l’assistance pour saluer la nomination du nouveau chef spirituel du temple. Ensuite venait une cérémonie de bénédiction des statues de Bouddha dans le centre de méditation. Puis, un sermon invitait les participants à bien intégrer le sens des termes Phuc et Duc, brièvement présentés au début de cet article.

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Au moment du repas du midi, des fidèles bouddhistes m’expliqueront que le végétarisme provient de la croyance en l’existence d’une âme chez toutes les formes de vie animale. Malgré cela, il sera question d’une pratique encouragée mais non obligatoire.

2)      La pratique religieuse

Le moine Thich Thông Liu est un homme affable, souriant et souvent porté à de francs éclats de rire. Le bonheur se lit sur son visage. Lui et des confrères de Toronto se sont expressément déplacés pour assister à  l’inauguration de ce deuxième centre de méditation bouddhiste vietnamien à Montréal; un troisième se trouve dans les Laurentides près de Sainte-Agathe-des-Monts. Le maître Zen vantera le mérite de ces organisations qui offrent des cours de méditation pour débutants. Le programme de cours comprend des notions sur le pourquoi et le comment méditer. Il éclatera de rire, reconnaissant qu’il peut être extrêmement difficile au début de prendre les positions de relaxation nécessaires.

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Omaira Rincones, Thu Anh Bui Duong et Maître Zen Thich Thông Liu

 

La méditation permettrait de se contrôler mentalement et spirituellement pour son bien-être personnel et celui de la communauté. D’ailleurs, le moine nous informera que l’après-midi comprend une cérémonie de baptême durant laquelle de nouveaux Vietnamiens, adultes et enfants, seront appelés à respecter les 5 règles fondamentales du bouddhisme : 1) ne pas tuer, 2) ne pas voler, 3) ne pas commettre d’adultère, 4) ne pas consommer d’alcool, ni de drogue et 5) ne pas mentir. Un fidèle nous expliquera plus tard que pour les bouddhistes cet ensemble n’est qu’une initiation.

De fait, pour atteindre le statut de Bouddha, les hommes devront graduellement apprendre le respect de 253 règles de vie établies par leur dieu, tandis que les femmes en auront 300. La réincarnation offrirait des opportunités supplémentaires pour l’enrichissement de son karma personnel et le rapprochement du divin.

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Lors de cette inauguration du centre de méditation de la rue Pie IX, nous avons constaté la présence de quelques jeunes seulement, alors que de nombreux fidèles ont quitté les lieux dès la fin du repas du midi. Un adepte bouddhiste expliquera au blogue de Luc R que le bouddhisme demeure extrêmement fort dans les pays asiatiques, mais qu’il est effectivement plus difficile d’y obtenir l’adhésion de jeunes en Amérique.

Pour Thu Anh Bui Duong, le Centre de méditation Phuc Duc est un organisme de bienfaisance sans but lucratif, et c'est le seul centre de bouddhisme Zen à Montréal. Le Maître, qui est professeur de bouddhisme Zen, donne des conférences, des cours de méditation et des ateliers de développement personnel aux Montréalais d'origine vietnamienne afin de les aider à découvrir leur bienveillance, leur bon sens et les sensibliser au stress dans la vie quiotidienne. Le tumulte de la vie moderne guidera peut-être les jeunes Vietnamiens vers les services de ce centre. Heures de méditation: du lundi au vendredi à 19 h 30 et le dimanche à partir de 9 h du matin.

Conclusion

Madame Thu Anh Bui Duong se sent fière du succès de l’événement populaire et religieux organisé par le Centre Phuc Duc sous sa supervision, et le Blogue en profite pour en féliciter l’organisation. Nous sommes également heureux d’avoir pu échanger avec des maîtres, en mesure de nous donner l’heure juste sur l’une des plus importantes religions du monde.

Dans un contexte de dialogue interculturel, et comme croyant catholique, cette rencontre nous a permis de constater une fois de plus des valeurs communes, incluant la recherche d’une belle intériorité, de sérénité, somme toute d'un épanouissement spirituel.

Texte : Luc Renaud M.A. Sciences de l’éducation, le 13 octobre 2011 

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