L’Alzheimer : le défi du vieillissement et du rêve de la fontaine de Jouvence

Publié le par Luc Renaud

L’équipe de Judes Poirier PH.D de l’Institut universitaire Douglas est à l’origine de grandes découvertes des causes génétiques de la majorité des cas de la terrible maladie du vieillissement, l’Alzheimer, contre laquelle il n’existe pas de traitement curatif : aucun vaccin, des tests favorables sur des souris qui se traduisent par des échecs retentissants, appliqués aux humains, etc. La médication et les stimulateurs de mémoire ont des effets transitoires. Dans le meilleur des cas, il est à peine possible de ralentir légèrement la progression de la destruction des neurones et de soutenir la personne malade pour lui assurer la meilleure qualité de vie possible. Mais qu’est-ce que l’Alzheimer et comment peut-on aider un malade? Tel est le sujet du présent article.

1-      Vers une définition de la maladie d’Alzheimer

La maladie d’Alzheimer compose plus de 60% des cas de démence, alors que près de 20% seraient plutôt attribuables à des accidents vasculaires, et 10% seraient de forme mixte. La démence prend aussi d’autres formes comme la maladie de Parkinson chez 3% des malades, aussi reliée à la dégénérescence des tissus neuronaux. Si des prises de sang, des scans et des tests génétiques peuvent détecter chez une personne malade, des signes de troubles de mémoire, l’autopsie du défunt permet d’assurer un diagnostic précis.


Pris à leur niveau extrême, en voici les principaux symptômes selon La Société Alzheimer de Montréal :

·         pertes de mémoire qui nuisent aux activités de la vie quotidienne,

·         difficultés à exécuter les tâches familières,

·         problèmes de langage,

·         désorientation dans l'espace et dans le temps,

·          jugement amoindri,

·         difficultés face aux notions abstraites,

·         objets égarés, changements d'humeur ou de comportement,

·         changements au niveau de la personnalité et perte d'intérêt.

(Source : La Société Alzheimer de Montréal)

Judes Poirier explique que dès l’âge de 30 ans, un être humain normal perd progressivement des neurones, ce qui peut affecter sa mémoire dans des proportions inquiétantes. Dans le cas de l’Alzheimer, cette perte neuronale peut débuter plus tôt. Surtout, elle s’effectue de façon constante et plus rapidement. Le cerveau se détruit graduellement, en attaquant de plein fouet les centres de la mémoire.  Graduellement, les barrières contre les infections s’affaissent jusqu’à la mort du malade.

La source de la maladie est essentiellement génétique et héréditaire. 5% des cas mondiaux sont attribuables à une forme familiale de transmission de chromosomes 1, 14, 19 et 21. Il s’agit d’une forme jeune et agressive de la maladie qui entraîne la mort relativement rapide du patient et de sa descendance directe. Monsieur Poirier relate le cas d’une jeune femme de 33 ans, mère de jeunes enfants respectivement âgés de 1 et de 3 ans, tous condamnés à mort à brève échéance. La forme sporadique, la plus commune, de transmission génétique se traduit par le développement de la maladie dans 60 à 80% des cas. Les recherches de l’équipe de Monsieur Poirier constitue une piste majeure de découverte éventuelle des traitements indispensables.

2-      Vers des mesures de prévention et de traitement de la maladie

En plus du rôle de la génétique, la recherche révèle l’importance de facteurs de risques de type environnemental et des moyens de prévention relativement efficaces contre l’Alzheimer. Un niveau d’éducation supérieur à la 12e année offrirait à la personne des stratégies d’activation des neurones suffisamment efficaces pour tricher avec la maladie. Il en va de même de l’exercice physique, de la diète méditerranéenne, des exercices mentaux et de la socialisation. En contrepartie, une mauvaise condition physique de base, de l’hypertension,  un taux de cholestérol, le diabète et l’obésité constitueraient des facteurs de risques aggravants.

La découverte de traitements implique de sérieux investissements en recherche, d’autant plus que l’espérance de vie est en pleine croissance dans les pays industrialisés, particulièrement chez les femmes. Le rêve de fontaine de Jouvence s’accompagne également d’une progression de 46% de la maladie d’Alzheimer, surtout chez les personnes de la tranche des 80 – 90 ans, quasi exclusivement de la gent féminine. L’Alzheimer est la maladie la plus redoutée par la population de plus de 60 ans, devançant même les problèmes cardiaques et le cancer. Au Québec seulement, il en coûte plus de 4 milliards de dollars par année pour prendre soin des malades touchés sans compter les dépenses indirectes sous forme d’absentéisme et de congés de maladie pris par les aidants naturels. Bref, les données de Judes Poirier s’apparentent à un sérieux signal d’alarme lancé à la population et aux dirigeants.

3-      Comment aider le patient atteint d’Alzheimer

Pascale Godbout est responsable d’un programme d’art-thérapie, Fil d’art, pour le compte de la Société Alzheimer de Montréal. Elle agit auprès de malades en phase précoce d’Alzheimer ou d’une autre affection connexe, à titre de facilitatrice, d’inspiratrice, d’animatrice et de témoin. Son objectif consiste à stimuler la créativité, l’imaginaire, l’autodétermination et l’expression.

Lors de notre rencontre à l’Institut Douglas, elle m’expliquait que la mission de la Société d’Alzheimer de Montréal consiste à informer le public de moyens visant à alléger chez les proches  les conséquences personnelles et sociales de la maladie. L’organisme, qui souligne son trentième anniversaire, dispose de plusieurs points de services sur l’île de Montréal, et dessert plusieurs milliers de familles.  

La Société Alzheimer de Montréal met en place des groupes de soutien, offre des consultations téléphoniques et des formations tant aux professionnels de la santé qu’au grand public et aux proches. Elle s’implique aussi dans la formation de conférenciers bénévoles. Pour les proches des malades, par moments exténués, elle met aussi en place des centres de répit.

Non subventionnée, la Société vit de collecte de fonds et de dons du public et par l’organisation d’événements philanthropiques. Il est également possible de contribuer en devenant membre ou en offrant ses services à titre de bénévole.

Pour en savoir davantage sur la gamme étendue des services offerts, consultez le site Web de La Société Alzheimer de Montréal : http://www.alzheimermontreal.ca/. Il est aussi possible de la joindre par téléphone au 514 369-0800 ou par courriel à l’adresse suivante : info@alzheimermontreal.ca.

Conclusion

L’Alzheimer est une maladie fulgurante et en pleine croissance compte tenu du taux de vieillissement de la population mondiale et de l’augmentation incessante de l’espérance de vie. Elle constitue par le fait même un défi majeur du domaine de la santé. Par exemple, une aidante naturelle se souvient avoir vu passer le taux de malades d’un centre d’hébergement de 20% à 80% en l’espace d’une décennie. Comme il n’existe pas actuellement de traitement médical curatif, il est fortement recommandé de consulter un professionnel de la santé dès l’apparition des premiers symptômes et, mieux encore, de prendre des mesures préventives appropriées. Pour les proches, il est essentiel de mieux comprendre la maladie et de recourir, au besoin, à l’assistance d’organisme comme La Société Alzheimer de Montréal pour bénéficier de services en mesure de contribuer au mieux-être des personnes concernées.


 

Texte : Luc Renaud M.A. Sciences de l’éducation, le 1 décembre 2011

Source principale : Cours de Judes Poirier de l’École Mini Psy de l’Institut Douglas du 22 novembre 2011; Pascale Godbout de La Société Alzheimer de Montréal. 

 

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