Le mois de l’histoire des Noirs au Canada : des modèles pour tous

Publié le par Luc Renaud

Le mois de l’histoire des Noirs au Canada est une occasion pour les Noirs de se faire les gardiens de la mémoire d’un passé difficile, de leurs luttes contre la discrimination, le racisme et même l’esclavage. L’événement permet aussi de promouvoir des modèles de réussite dans diverses sphères de la société. Après avoir levé le voile sur de tristes situations concernant l’histoire du Canada dans notre premier article, nous nous intéressons cette fois-ci à l’importance des modèles de réussite.

1-      Les signes de l’émulation

La contribution des Noirs à l’essor du Canada est palpable dans toutes les sphères de la société. Sur le plan militaire, ils contribuèrent à l’édification du monde libre nord-américain en combattant aux côtés des autres canadiens au cours de la Guerre 1914 – 1918, ainsi que dans celle de 1939 – 1945, malgré de grandes résistances des forces armées. Déjà dans le tournant des années 1860, la Nouvelle-Écosse reconnut le rôle de William Neilson Hall à Calcutta en Inde, alors qu’à l’autre bout du Canada, en Colombie britannique l’homme d’affaires Mifflin Gibbs est élu conseiller municipal en 1866. Ces percées historiques s’accomplirent non sans heurt. En 1911, la région de Winnipeg avançait même la possibilité d’exclure les immigrants noirs du pays.


La fin du vingtième siècle et le début du vingt-et-unième traduisent, semble-t-il, la réalité d’une meilleure acceptation de la présence des Noirs au Canada. Sur le plan sportif, la défunte équipe de baseball, les Expos de Montréal, habillait de nombreux joueurs afro-américains adulés de l’ensemble des amateurs de ce sport professionnel. Sur le plan artistique, les grands talents de Gregory Charles sont largement reconnus par la population. Les sopranos Marie-Josée Lord et Measha Brueggergosman connaissent aussi du succès; des auteurs comme Austin Clarke, Dany Laferrière et Laurence Hill remportent des prix littéraires. Ce dernier est l’auteur d’Aminata, un roman historique racontant les pérégrinations de la jeune Aminata Diallo, retirée de son village natal africain, pour y connaître l’enfer des négriers avant de se retrouver comme esclave sur le continent américain.

Dans cette courte liste de personnalités, il nous semble important de mentionner Madame Michaëlle Jean, journaliste, nommée Gouverneure générale du Canada en 2005, pour ensuite être nommée représentante spéciale de l’UNESCO pour Haïti en 2008. Pendant ce temps, un mouvement de changement devait conduire Barack Obama aux élections du 4 novembre 2008 aux États-Unis.

2-      L’importance de tels modèles

Vu de l’extérieur, les luttes contre la ségrégation semblent choses du passé puisque le succès des personnalités mentionnées contribue au rayonnement de l’ensemble des Canadiens et démontrent de beaux succès sur le plan du multiculturalisme. Sans nommer personne, nous savons pertinemment que ces modèles jouent un rôle d’émulation important au sein de la communauté noire.

 

Il nous semble évident, par ailleurs, qu’il s’agit là de bons exemples à suivre, non seulement par les jeunes Noirs, mais par l’ensemble de la population, dans la mesure où chacun ont fait preuve d’une belle ambition personnelle, contribuant également au développement de la collectivité. Nous aimerions qu’à travers eux se lisent non pas la clé du succès d’un peuple, mais celui d’une composante importante de l’humanité.

Par ailleurs, la nécessité même d’un événement comme le mois de l’histoire des Noirs traduit la fragilité du progrès accompli, une réalité encore imprégnée de discrimination, voire même de racisme, et démontre l’existence de chemin à parcourir avant l’avènement d’un véritable village planétaire. Ultimement, nous souhaitons que disparaissent les frontières psychologiques et sociales. Se demande-t-on, par exemple, de quelle nationalité appartenait Gandhi ou le Dalaï-Lama? Se rappelle-t-on que Lennon était britannique? Oui, nous connaissons l’origine des personnalités mentionnées; mais leurs noms évoquent des messages beaucoup plus puissants. Pourquoi n’en serait-il pas ainsi des Luther King ou des Bob Marley du monde actuel? Remarquez que l’annonce des décès de Michael Jackson et, tout récemment, de Whitney Houston semble avoir rejoint le cœur de fans de toutes les cultures.

3 -      L’impact de la réussite : source d’inspiration sur la culture générale

Il est clair que le monde devrait mieux connaître les œuvres d’artistes peintres haïtiens comme Myrtha Hall, Jean-Pierre Lookens  ou Joseph Frantz, et savoir que Haïti est à l’origine de plusieurs styles artistiques. Il en va de même de l’art et des artistes africains. Il s’agirait d’une manière de mieux apprécier la valeur des gens, et d’une manière de focaliser l’attention sur les aspects constructifs de la communauté. L’art ne rejoint-il pas des cordes universelles?

L’aquarelliste Huguette Bernais semble être parvenue à une rencontre intersubjective avec l’Afrique, en s’inspirant largement des décors africains et des gens dans la réalisation de ses tableaux de la fin du XXe siècle et du début du XXIe.

Conclusion

Notre premier article sur le mois de l’histoire des Noirs a levé le voile sur de dures réalités historiques moins bien connues des Canadiens concernant l’esclavage du début de la colonisation française et anglaise au Canada. Nous y avons fait ressortir la valeur des luttes menées contre la discrimination en voyant dans le comportement social les travers de volontés individuelles. En ce sens, nous affirmions que les meilleures formes de combats reposaient sur l’établissement de rapports humains de nature multiculturelle.

 

 

Le présent article a davantage fait ressortir des exemples de réussite des Noirs qui servent de modèles à suivre et de sources d’inspiration à l’ensemble de l’humanité. Tout en se faisant les gardiens de la mémoire, les tenants de l’histoire des Noirs démontrent également la dimension intemporelle et sans frontières du génie humain.

Pour lire la première partie de notre dossier sur le mois de l'histoire des Noirs au Canada, cliquez sur ce lien.

 

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Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 14 février 2012

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