Une visite dans le pays de l’Underground

Publié le par Luc Renaud

Buried By Tomorrow, un band Heavy Metal partageait une scène de l’Underworld avec quatre autres groupes musicaux, le 12 mai dernier devant une quarantaine d’admirateurs du milieu underground de Montréal. Pour résumer, nous pourrions dire que les trois premiers s’adressaient davantage à des groupies à peine sorties de l’adolescence, et à quelques parents encore vêtus de leur tenue de ville. En contrepartie, les deux derniers visaient des danseurs aux allures de bums, pratiquant devant la scène leur chorégraphie de kickdancing (mélange de kickboxing et de breakdancing).

En cette Journée Internationale de la famille, et pour souligner le centième article de ce blogue, il sera question du spectacle du groupe Buried By Tomorrow, du jeune homme orchestre Marcel Renaud, de la valeur du Heavy Metal pour ses admirateurs et du sens du travail que représente l’organisation de spectacles.

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1- Le spectacle de Buried By Tomorrow

Les musiciens jouent à un rythme effréné qui démontre une coordination exemplaire entre les guitares électriques et la batterie. Le chanteur exprime des sentiments de colère et d’indignation face aux mensonges dictés par la société, par des cris chantés d’une voix gutturale profonde. Le public se tient tout près de la scène et des haut-parleurs crachant un son tonitruant et assourdissant. Plusieurs suivent de près les déplacements saccadés des musiciens, font des sauts sur place, poussant leur longue chevelure devant pour caresser leur visage. D’autres se contentent de quelques pas de danse au rythme de la batterie.

 

De manière évidente, la trentaine de minutes et les cinq chansons servent de séance de défoulement collectif au même titre que les hurlements du public à une partie de hockey. Personnellement, j’ai apprécié surtout la force vitale exprimée, le rythme et la grande qualité de la coordination entre les différents instruments. Étant de la vieille école, j’aurais aimé comprendre le sens des paroles, littéralement noyées sous le son des instruments de musique. Il est clair que ces jeunes consacrent corps et âme à leur passion de nombreuses heures de pratique. Le produit final est le fruit d’efforts de qualité professionnelle.

2- Marcel Renaud : un agenda bien rempli

Dans le cas de mon fils, il s’agit pourtant d’une activité menée en parallèle à ses études collégiales en sciences humaines, qui le conduiront peut-être à des études universitaires en Droit, après avoir pensé à la psychologie. De plus, il occupe un emploi à temps partiel pour payer diverses dépenses essentielles comme la location d’un studio d’enregistrement et d’équipement de musique, etc.

Par ailleurs, il consacre du temps à l’écriture de chansons plus douces, à la composition de pièces musicales et à des cours de chant classique et de jazz, ce qui démontre un large éventail d’intérêt. Lisez Marcel construit sa cité du ciel (Sky City) pour en savoir davantage sur ce jeune aux talents exceptionnels. À 18 ans, son agenda est déjà bien rempli.

3- Démystifier le Heavy Metal

Un ex-chanteur du groupe m’explique que le Heavy Metal se divise en divers mouvements, allant du simple divertissement de jeunes à des extrémistes, plus agressifs et dangereux. Il admettra que des musiciens influençables, éprouvent des problèmes de toxicomanie et qu’il peut être difficile de les amener à se sortir du pétrin. Il nuancera son propos en affirmant que le problème est de même envergure dans d’autres types de spectacles, comme ceux du merengue.

Toutefois, il est clair pour lui que la plupart montent sur scène pour le plaisir et dans le but de faire entièrement le vide des frustrations vécues au cours de leur vie. À voir l’énergie déployée autant à la batterie qu’à la guitare électrique et au chant, l’exercice semble bel et bien porter fruit. Vers la fin d’une prestation, un état de profonde relaxation se lit sur le visage des musiciens et des chanteurs, heureux de la mission accomplie : ces jeunes sont tout à fait normaux.

À l’opposé, les groupes extrémistes, minoritaires, posent des gestes déplorables et criminels, entachant l’image publique des amateurs de ce genre de musique. Par ailleurs, la tenue vestimentaire singulière des jeunes n’offre souvent rien de particulier, en dépit des images délirantes qui y sont parfois affichées. Au milieu des camisoles, des casquettes portées de travers, ou encore des Kangourou avec capuchon ou des Baggies, des jeunes affichent leur personnalité par une paire d’anneaux leur déchirant les oreilles. D’autres se font parfois tatouer des événements marquants de leur vie, comme le décès d’un parent. Mais plus nombreux sont les amateurs vêtus de façon régulière.

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4- Les exigences du travail

L’organisation des soirs de spectacles est une entreprise exigeante et riche sur le plan de l’apprentissage des règles du showbiz.

Par exemple, il faut rechercher des lieux et négocier des ententes avec les organisateurs d’événements. Les recettes de la soirée sont généralement réparties entre ces derniers et les musiciens. Des efforts de marketing, par le biais de Facebook entre autres, sont nécessaires pour la vente de billets, de t-shirt et de casquettes. Pour être populaire, le band doit posséder un produit original. Il procédera alors à l’enregistrement de pièces musicales dans un studio professionnel, à la prise de photos de marque et au montage audiovisuel téléversé sur YouTube ou sur The Iron Sun. Certains chanceux susciteront l’intérêt de promoteurs, prêts à les endisquer et à les amener en tournée : le rêve prend alors une nouvelle dimension.

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Pour trente minutes de gloire, les musiciens doivent veiller au transport des guitares, batteries, microphones et caisses de son du studio à la salle de spectacle. Une demi-heure plus tard, ils doivent tout démanteler et faire le chemin inverse pour ranger le matériel. Néanmoins, des arômes de vedettariat constituent le salaire de tous ces efforts : de jeunes filles sautent de joie et demandent à se faire photographier en compagnie d’un guitariste ou veulent un autographe.

Mon informateur est d’avis que les groupes montréalais possèdent d’excellentes chances de connaître le succès attendu en tournée, là où leur son est nouveau. À Montréal, ils attirent moins à cause d’une certaine similarité des productions sonores, attribuables aux nombreuses discordes entre les membres d’un band. Les défections qui s’ensuivent provoquent la multiplication de formations comprenant des membres ayant initialement appartenu au même band. D’où l’importance d’apprendre l’art de la gestion des conflits, même à leur âge.

Conclusion

Comme le Heavy Metal, c’est pas mon truc, en général, j’ai rarement assisté aux spectacles de mon fils, alors que je m’étais souvent déplacé d’un centre sportif à un autre pour admirer les nobles compétitions de gymnastique et de handball de mes filles : À Montréal et à Laval, mais aussi à Sherbrooke et à Saint-Jean-sur-Richelieu. Pourtant, combien de fois ai-je affirmé que l’inclusion sociale découle de la mise en commun de réalités divergentes? Qu’il faut s’intéresser à tout! N’étais-je pas en contradiction avec moi-même?

Or, ce que j’ai vu m’a plu. Je me suis senti particulièrement ému à la fin d’un récital, voyant une jeune chanteuse et guitariste accueillie chaleureusement par ses parents et sa sœur à la fin de sa prestation. Il est clair qu’il s’agissait pour la jeune artiste d’un beau moment de vie familiale. L’instant me paraissait d’autant plus touchant que je suis allé à l’Underworld avec ma femme pour y voir mon fils jouer de la guitare et pour mieux le connaître.

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Je voulais rédiger un article vraiment spécial pour souligner mon centième article de blogue : mission accomplie. Merci Marcel de me faire connaître l’étendue de ton immense talent : tu passes d’un extrême à l’autre avec classe. Je suis fier de toi!

Texte, vidéo et images: Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, 15 mai 2011

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