La méditation pour contrer l’épuisement professionnel?

Publié le par Luc Renaud

Dans des articles précédents, nous avons brièvement traité de maladies mentales comme la dysthymie, la dépression, l’anxiété et les troubles de l’alimentation en nous inspirant dans une large mesure des cours de l’école Mini Psy de l’Institut universitaire sur la santé mentale Douglas. Nous avons également mentionné différentes mesures de prévention ou de traitement, comme la pharmacothérapie et la psychothérapie, présentées par des professeurs spécialistes. Cette fois-ci, nous aimerions aborder la question du burnout, et de l’une des mesures thérapeutiques qui pourrait se révéler utile, vu son efficacité de plus en plus reconnue dans le cas d’autres maladies mentales : la méditation.

1.       Vers une définition du burnout

Docteure Mimi Israël et le psychologue Camillo Zacchia ont abordé la question de la dépression et celle du burnout respectivement à l’École Mini Psy et à l’organisme communautaire Revivre. Monsieur Zacchia nous explique que l’épuisement professionnel, le burnout, n’est pas un diagnostic, mais plutôt un terme populaire sans définition officielle. Il s’agit, toutefois, d’un ensemble de symptômes qui peuvent conduire la personne malade à un état dépressif, ou encore d’un mal qui émerge de la dépression.

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Tout diagnostic repose sur une étude précise des cinq dimensions d’une personnalité : l’ouverture d’esprit, le consciencieux, l’extraversion, le névrotisme et l’agréabilité (vouloir plaire aux autres). En plus du tempérament, entrent en jeu des prédispositions biologiques, des stresseurs ou des facteurs environnementaux, comme la nature des relations familiales. Monsieur Zacchia précisera qu’il s’agit des mêmes facteurs que pour la dépression, ce qui complique l’étude.

Contrairement à celle-ci, le burnout peut se limiter au milieu de travail, la personne se sentant bien dès qu’elle en sort. Des exigences trop élevées envers soi-même peuvent causer de profondes déceptions; il en va de même des pressions qui nous sont imposées par autrui, ce qui peut se produire notamment en contexte de restrictions budgétaires. L’incapacité de reconnaître ses limites ou de stopper le cumul de responsabilités peut générer un surcroît de stress, d’ordinaire bénéfique, et entraîner des conséquences néfastes. Il en va de même du sentiment d’incompétences provoqué soit par un malencontreux changement de poste pour lequel la personne est mal préparée, ou assez souvent par le syndrome de l’imposteur : la sensation de ne pas mériter la promotion obtenue.

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Le malaise se manifeste par une perte ou une réduction de la production au travail, causée par les émotions suivantes : l’anxiété, la frustration, le sentiment d’inutilité, l’agitation, des problèmes de sommeil, une tendance à s’isoler, etc. Docteure Mimi Israël ajoutera d’ailleurs que le travail pourrait devenir un prétexte à l’isolement. Plus on travaille, plus on s’isole, affirmera-t-elle. Dans certains cas, la démotivation est telle que la personne croit avoir atteint le point de non-retour.

2.       La méditation comme mesure préventive ou thérapeutique

Face à une maladie mentale, la personne fait face à trois choix : changer ce qui est possible, rejeter la situation, ou encore accepter l’inchangeable. Cela peut s’opérer du point de vue du corps par le biais de la pharmacothérapie, qui facilite la normalisation du fonctionnement cérébral. Par ailleurs, la psychothérapie de type cognitivocomportemental, psychodynamique, etc., peut aussi jouer un rôle utile en amenant le malade à vivre un changement de perspective.

L’arsenal des traitements, préventifs ou thérapeutiques, comprend également l’habitude du conditionnement physique. Docteure Mimi Israël et la psychiatre Suzane Renaud (article à venir) accordent aussi une valeur certaine à des techniques de méditation zen, favorisant la pleine conscience de soi par la concentration sur l’ici-maintenant. De son côté, Monsieur Zacchia apprécie beaucoup la musique comme moyen d’évasion.

En ce sens, Le blogue de Luc R s’est demandé de quelle manière fonctionnait la pratique de la méditation.

-          L’expérience d’une méditation par la musique

Mardi soir dernier, le musicologue Gilles Bédard donnait une conférence sur la musique contemplative, Quand la musique ouvre les portes de la conscience, faisant vivre au public une séance de méditation par le biais d’une sélection précise d’extraits de musique du Nouvel Âge allant de Steve Roach à Vangelis. Le conférencier a invité le public à partager les sensations vécues au cours des quatre phases de la séance, que nous prendrons la liberté de nommer comme suit : la détente physique, la pleine conscience, l’attention sur la respiration et le retour à une normale chargée d’espoir.

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Luc Renaud et Gilles Bédard

Durant la première phase, l’expérience s’apparente à une technique de relaxation régulière; le méditant est plutôt réceptif et ressent un affaissement de ses tensions corporelles et peut établir un contact avec ses émotions du moment. Une participante, par exemple, admettra avoir ressenti de la tristesse pendant qu’une autre, au contraire, se sentait en plein flottement. Au cours de la deuxième phase, la détente musculaire est totale, et la personne est appelée à prendre du recul face à elle-même, laissant la voie libre à l’univers de la créativité, totalement libérée des contraintes mentales. En contact avec un plus grand niveau de conscience, de petites voix bienveillantes, bien distinctes des voix psychotiques, présentent finement par exemple des solutions à des interrogations surgies pendant la journée.  

L’extrait musical choisi pour la troisième phase transporte le méditant dans des zones de conscience qui lui sont moins familières, l’amenant à se concentrer sur sa respiration. La phase suivante ramène la personne à un état d’éveil amélioré, grâce auquel le méditant ressent l’ampleur des univers possibles; il est en mesure de changer ses priorités personnelles. Monsieur Bédard recommande l’écoute de ce type de musique au coucher, notamment, afin de guider le cycle de la respiration. Il invite aussi le public à procéder à de micropratiques journalières afin de conserver au mieux le bien-être vécu pendant la séance de méditation. La profondeur de son approche découle de son expérience avec la mort imminente.

Conclusion

Nous ignorons le point de vue des spécialistes de l’Institut Douglas sur la séance de méditation telle que pratiquée par Monsieur Bédard. Personnellement, nous avons trouvé l’expérience agréable et des plus relaxantes. Nous y voyons un moyen de contrôle préventif efficace pour contrer les maux du stress de la société moderne, comme l’épuisement professionnel, et éveiller la créativité. Au risque de déplaire à certains adeptes de la méditation, nous insisterons toutefois pour que la personne en détresse consulte d’abord un spécialiste de la santé, qui saura découvrir avec elle le traitement approprié, avant de s’adonner à ce type d’expérience. Par exemple, Docteure Suzane Renaud, qui croit aux vertus de la méditation de façon globale, mentionne qu’il s’agit d’une approche scientifiquement peu concluante dans le cas de personnes souffrant de troubles de la personnalité limite (borderline), sujet d'un article à venir.

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(Sources : conférences de Dre Mimi Israël, de la psychiatre Suzane Renaud et du psychologue Camillo Zacchia de l’Institut Douglas. Conférence de Monsieur Gilles Bédard, musicologue, invité par Vox Populi au restaurant Le Comensal).

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 22 décembre 2011

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