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Le blogue de Luc R sous le signe de l’autoformation, d’Éducavox et des Coups de pieds

Publié le par Luc Renaud

Tel que mentionné antérieurement, Le blogue de Luc R se définit comme un organe d’information et de réflexion multithématique, en couvrant des domaines ayant toutefois un grand fil conducteur, soit l’éducation. C’est d’ailleurs cette vision d’une pédagogie ouverte qui m’amène à mettre l’accent sur l’autoenseignement, ou plutôt l’autoformation, laquelle repose sur plusieurs piliers d’apprentissage : l’expérience muséale, les vacances, le jeu sérieux, la recherche personnelle, etc. Tout peut être source d’apprentissage.

Le domaine des arts de la scène comprend de nombreux artistes autodidactes qui plongent au cœur même de leurs passions pour acquérir des compétences stratégiques essentielles comme l’exploration de nouvelles techniques, l’autoévaluation de leurs productions et la recherche de la collaboration. Qui dit autoformation, qu’on le comprenne bien, parle en effet d’une structure d’apprentissage qui implique la présence des autres et une attitude d’écoute attentive, etc., et non le repli sur soi. Pour arriver à leurs fins, les étudiants feront usage d’un large éventail de moyens allant des techniques plus traditionnelles aux outils technologiques les plus modernes. Ils communiqueront autant par le biais du présentiel que par le Web 2.0 et ses outils du distanciel.

C’est donc sous l’angle de l’autoformation et de l’éducation populaire que j’aborderai tous les sujets susceptibles d’intéresser l’humain, et ce blogue servira de points de ralliement à l’ensemble de mes réflexions dont certaines alimenteront deux autres sites : l’agora éducative Éducavox que j’alimente déjà depuis le mois de mars 2012 et le blogue des Coups de pieds de l’entreprise fondée par la conférencière Ariane Cloutier.

Comme rédacteur spécialisé en éducation et en technopédagogie

Éducavox.fr est une agora éducative sous forme de webmagazine destiné à tous les acteurs de l’éducation de la francophonie. Pédagogues et parents sont invités à y partager des réflexions aussi bien sur des préoccupations de réformes scolaires que sur toute question relative aux innovations en éducation. Jusqu’à maintenant, j’y ai publié des articles sur une base hebdomadaire sur les thèmes suivants : les technologies de l’information et des communications (TIC) en langue seconde, l’autoformation et l’apprentissage collaboratif et des expériences d’éducation populaire.

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Parlant des TIC, je me suis intéressé à des notions comme la réalité augmentée, le jeu sérieux et le Web 2.0 en y accordant évidemment davantage d’espace à la valeur éducative du blogue et du microblogue. Mais le langage purement technique n’est pas le cœur de mes préoccupations. Chaque fois, j’ai tenté d’inscrire les moyens à l’intérieur d’exemples de scénarios pédagogiques réels ou fictifs, de parcours d’apprentissage personnalisés, de la gestion de projet, tout en tenant compte des stratégies et des styles d’apprentissage.

L’autoformation y est vue comme la base du concept d’apprentissage tout au long de la vie, mais aussi comme une valeur à respecter si l’on souhaite d’une part responsabiliser l’apprenant dans son processus d’apprentissage et d’autre part lui permettre de se découvrir et de se doter d’un plan de vie basé sur ses véritables passions. Il s’agit également du mécanisme grâce auquel l’apprenant est à même de tisser des ponts entre l’apprentissage informel et l’apprentissage formel, et de se servir de l’école pour atteindre bien plus des objectifs personnels que pour répondre aux plaisirs de certains décideurs et des multinationales à la recherche de profils bien précis et facilement manipulables.

Mon troisième cheval de bataille, soit celui de l’éducation populaire, regroupe les efforts déployés tant dans le domaine de la santé mentale que dans celui de l’alphabétisation en vue d’assurer des services d’apprentissage à des personnes en difficulté, tant à l’échelle nationale qu’internationale. Il est ici question des travaux de l’Institut Douglas et de groupes ou d’associations comme la Société Alzheimer de Montréal.

Ces divers concepts s’inscrivent bien dans une démarche de recherche-action qui implique des temps d’arrêt et de réflexion sur la pratique, un peu comme l’article actuel. Mes publications font occasionnellement la Une du site et sont également répertoriées dans Le Petit journal de l’An@e sur Internet.

L’éduc-acteur des Coups de pieds

Les Coups de pieds est une entreprise privée fondée par Ariane Cloutier, qui offre des conférences et des produits de motivation et de réflexion visant à aider les gens à se choisir et à agir.  Coauteure, avec Ève Raymond, d’un ouvrage de base intitulé Un coup de pied bien placé. Choisisissez-vous et agissez!, Ariane et sa complice d’alors ont conçu une quinzaine de conférences portant sur des traits de personnalité ou des comportements positifs dont les concepts gravitent autour de divers objets.

Par exemple, le joyau illustre la valeur humaine ancrée au fond de chacun d’entre nous, le coquillage reflète l’importance de l’écoute active, le manteau de léopard symbolise l’importance de l’audace et de sortir de sa zone de confort, etc. Pour alimenter la réflexion autour de ces divers concepts, Ariane a mis sur pied une équipe composée d’une quinzaine de blogueurs responsable chacun d’un thème en particulier.

L’éduc-acteur est le pseudonyme que je me suis donné, alors que je suis responsable de réflexions sur le tuteur, l’enseignant en chacun de nous. Ce titre s’inspire de l’importance que j’accorde à l’apprentissage expérientiel et collaboratif, qui implique une croissance chez le penseur. Mes textes reprendront certainement la vision éducative du blogue de Luc R et d’Éducavox, telle que décrite précédemment. Comme première réflexion, en ligne depuis hier, j’ai voulu mettre de l’avant l’importance de l’être sur l’avoir à l’aide du merveilleux témoignage de Stéphane Daraiche, peintre tétraplégique.

Conclusion

La rentrée d’automne du blogue de Luc R s’annonce riche sur le plan éducatif en mettant l’accent sur l’autoformation en continuité à l’approche multithématique qui m’a animé jusqu’à maintenant. Ce choix me semble naturel, compte tenu de l’abondance des sources d’apprentissage et de la diversification des goûts, des intérêts, des valeurs, voire même des personnalités. Ma vision éducative s’inscrit dans un esprit ouvert qui étend ses tentacules aussi bien auprès des acteurs de l’éducation d’Éducavox.fr que des Coups de pieds, avec comme mission ou comme utopie de contribuer au mieux-être individuel dans un monde meilleur.

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 22 août 2012

Références

Éducavox

Le Petit journal de l’An@e sur Scoop it

Page de Luc Renaud sur Éducavox

Les Coups de pieds

Blogue des Coups de pieds

 

Publié dans Éducation

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Le mariage et le Web 2.0 : Skype et la diffusion en direct de la cérémonie

Publié le par Luc Renaud

À la suite du refus du Canada d’accorder un visa de touriste à l’un de mes beaux-frères colombiens, pour lui permettre d’assister au mariage de sa soeur dans quelques jours et d’être ainsi le témoin de ma femme, je me suis tourné vers la téléprésence comme solution alternative. De prime abord, l’usage de Skype peut sembler d’une facilité déconcertante, mais quelques défis majeurs sont à surmonter : l’accès à Internet dans une église et la qualité douteuse des services réseautiques en Colombie. À cela s’ajoutent évidemment les compétences techniques variables des personnes impliquées et la communication entre les gens de Montréal (nous) et les participants à l'étranger pour un suivi fonctionnel des directives.

Cet article, de nature surtout technique, raconte notre saga de la découverte de conditions gagnantes pour l’usage de Skype à l’aide d’un téléphone intelligent pour la diffusion en direct d’une cérémonie de mariage.

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-          De téléphone à ordinateur : essais peu concluants

En tout premier lieu, nous devions disposer d’un accès à Internet dans l’église. Après discussion, j’ai momentanément fait installer une connexion au Web sur mon téléphone intelligent, et je me suis procuré une pince d’ajustement pour fixer celui-ci à un trépied pour appareil photo. Puis, j’ai procédé au téléchargement et à l’installation de Skype sur le téléphone. Naïvement, je me pensais équipé et croyais qu’il me suffirait de placer ce kit au bout d’une allée pour capter et diffuser les images de la cérémonie en direct.

Ma femme et moi avons alors procédé à un premier test de qualité; elle, se branchant à Skype sur son ordinateur portable et moi fixant diverses scènes avec mon téléphone. Même si l’image paraissait bonne de mon côté, nous nous sommes rendu compte de pertes considérables de qualité une fois retransmise sur l’ordinateur de ma femme. Les effets de pixellisation transformaient les personnes filmées en silhouettes fantasmagoriques.

-          Comme source WiFi d’ordinateur à ordinateur : option à développer

Nous avons alors renoncé à cette option, trop simple, et effectué une deuxième série de tests prenant cette fois-ci le téléphone intelligent comme une source WiFi pour un ordinateur portable. Ma femme et moi nous sommes alors connectés à Skype à partir de nos ordinateurs portables respectifs et avons pu constater une nette amélioration de la qualité des images. Encouragés par ce test, nous nous sommes alors posé des questions de logistique et demandé de quelle manière placer le dispositif ordinateur et téléphone intelligent dans l’église.

Une partie de la réponse est venue d’elle-même quand nous avons voulu procéder à l’achat d’une caméra Web offrant une meilleure qualité d’image que celle provenant des webcams intégrées aux ordinateurs portables : la webcam serait installée sur le trépied à l’aide de la même pince qui devait au préalable servir à tenir le téléphone intelligent, et celui-ci serait délicatement déposé sur l’ordinateur.

Ainsi, à l’église, compterions-nous sur un dispositif composé des accessoires suivants : 1) le trépied, la pince et la webcam, 2) une petite table pour l’ordinateur portable et le téléphone intelligent contenant le service WiFi et 3) une rallonge pour brancher l’ordinateur. Le téléphone serait aussi branché à l’ordinateur par le biais d’un câble USB pour éviter qu’il ne se décharge pendant la cérémonie et ainsi conserver une qualité de transmission constante.

Suivant les conseils du vendeur chez Future Shop, c’est une simple Webcam VGA et non une HD qui servira à la diffusion des images pour des raisons techniques découlant des limites du service WiFi choisi. Des tests effectués à l’aide d’une caméra HD ont donné raison au vendeur-conseiller.  

-          Le défi des conditions techniques internationales

D'autres tests à l’église nous indiquent que les ondes du Web circulent très bien par le biais de notre dispositif, mieux encore que par le WiFi du presbytère. Par ailleurs, nous réalisons qu’il est nettement préférable de renoncer aux options de zoom de la caméra web pour assurer la netteté de l’image et de fermer les haut-parleurs de l’ordinateur pour éviter des perturbations lors de la cérémonie. Il en va de même de la sonnerie du téléphone. Il vaut mieux aussi procéder lentement aux panoramiques à l’aide du trépied. Il est aussi important de se placer sous un mode de conférence unique en demandant au vis-à-vis à distance de désactiver sa caméra.

Les tests – mais aussi les infos de configuration de Skype – révèlent que les participants doivent disposer d’un ordinateur rapide, d’une connexion à Internet de préférence à haut débit et de la version de Skype 5.0 ou mieux. Ces conditions semblaient donner des résultats convaincants lors des tests menés auprès de vis-à-vis à Bogota, alors qu’une configuration de moindre qualité s’est révélée catastrophique avec des participants à Santa Marta ou dans des municipalités moins populeuses en Colombie.

En vue de tenir une vidéoconférence multipoints ouverte à trois centres de services, nous nous sommes payé le service Skype Premium pour une durée limitée d’un mois. Après avoir effectué quelques tests avec Qik.com et avec Google Hangouts, suggérés par un ami, nous avons convenu que Skype demeurait notre meilleure option pour les raisons suivantes : 1) essais peu concluants avec des tests à l’interne impliquant les nouvelles options et 2) impossibilité logistique de former les participants à distance de ces nouvelles possibilités et de mener les tests de faisabilité nécessaires.

 - Conditions techniques gagnantes

Selon notre expérience, voici les conditions nécessaires à la diffusion en direct d’une cérémonie de mariage par Skype dans une église.

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1)      Dans l’église :

  • Ordinateur portable rapide; 
  • WiFi par téléphone intelligent (fermer la sonnerie du téléphone) 
  • Caméra web VGA (non au HD à cause des limites du WiFi du téléphone); 
  • Trépied et pince pour les mouvements de caméra; 
  • Table haute pour l’ordinateur et le téléphone. Doit être proche du trépied puique le caméraman se sert de l’image dans Skype comme viseur; 
  • Skype 5.0 et abonnement à Skype Premium pour une vidéoconférence multipoints;
  • Liste des pseudonymes Skype des participants;
  • Un cameraman et / ou un technicien pour réagir aux problèmes de connexion possibles.       

 Il faut aussi s’assurer que personne n’entrave la vision du caméraman et placer le dispositif en avant dans un angle qui permet des panoramiques sur les points suivants :

 

1) l’allée centrale pour suivre l'arrivée de la mariée;

2) la partie centre juste devant les marches où se tiendra le couple la plupart du temps;

3) la partie centre sur le palier, essentielle à l'acceptation du mariage; 

4) le coin des lectures, des prières et de la lecture des voeux;

5) l’autel du prêtre, coin de la communion des époux et de la signature des registres.

 

Il est essentiel de prévoir des tests de connexion et de mouvements de caméra. Le Jour J, il convient de demander aux participants de se connecter une dizaine de minutes avant le début de la cérémonie. 

 

Voici la liste des problèmes de connexion possible vécus pendant les tests et leurs solutions :

  • Débranchement inopiné de l’ordinateur au WiFi. N’est survenu qu’une fois. Il a fallu reconfigurer le téléphone et reconnecter l’ordinateur au WiFi. Si Skype doit redémarrer, le correctif nécessite environ 5 minutes. Dans le cas contraire, quelques dizaines de secondes suffisent; 
  • Débranchement  inopiné des participants à Skype. Ce problème n’est pas arrivé quand les participants disposaient de la configuration technique nécessaire; dans le cas contraire, les tests se sont révélés très frustrants; 
  • Gel de la caméra. N’est survenu que dans le cadre d’un seul test multipoints, après avoir préalablement fait plusieurs autres manœuvres. Il s’agit vraisemblablement d’un manque de mémoire vive dû`aux dites manoeuvres. Solution : redémarrer le système, se reconnecter à Skype et réinviter les gens. Durée de l’opération : de 3 à 8 minutes.

Chacun de ces problèmes a pu se régler par une intervention rapide.

En plus du trépied (40$), de l'ordinateur (à partir de 700$) et un forfait de base à un téléphone intelligent (25 - 30$), il faut prévoir les déboursés suivants: la pince d'ajustement pour cellulaire (achetée chez L. Lozeau à environ 9$), une caméra Web VGA (accessoire de marque Logitech acheté chez Future Shop à 20$), I'accès Internet à 6 GiG sur le téléphone (30$ additionnels au forfait de base) et un abonnement à Skype Premium (10$ par mois, annulable en tout temps ou 5$ par jour. Dû à la nécessité de tests, nous avons opté pour l'abonnement mensuel). Il ne faut pas oublier d'annuler les services d'Internet sur le téléphone et l'abonnement mensuel à Skype Premium, dans les jours suivant la cérémonie si le besoin de ces ressources se limitait à ce seul événement. 

2)      Participants à distance :

  • Ordinateur portable rapide;
  • Connexion Internet à haut débit;
  • Skype, version 5.0 (comme invités à la conférence, eux n’ont pas besoin du service Skype Premium)
  • Caméra personnelle désactivée (l'usage de la caméra des participants est inutile dans l'église et nuit à la qualité des images retransmises par celle du cameraman). Les participants pourront réactiver leur caméra après la cérémonie dans la salle de réception, si on souhaite les intégrer aux invités sur place.

Plan B:

Laisser tomber ce système, et procéder à un échange sur Skype de téléphone à téléphone. Cette solution est restrictive en termes de qualité d'images. De plus, elle ne permet pas le multipoints, forçant les intéressés à se regrouper autour de l'écran d'un téléphone.

Conclusion

Le Canada a refusé d’accorder un visa de touriste à mon beau-frère, pressenti pour être le témoin de ma femme lors de notre mariage. Par conséquent, nous avons prévu et testé la mise en place d’un dispositif de téléprésence qui permettra à tout le moins de suivre en direct, depuis la Colombie, le déroulement de la cérémonie religieuse catholique qui se tiendra prochainement à Montréal. Pour découvrir des conditions gagnantes, il a fallu relever plusieurs défis techniques, procédé à de nombreux tests et faire face à des difficultés de communication et de formation aux compétences nécessaires à la tenue de vidéoconférences. J’espère que les solutions présentées dans cet article sauront inspirer des gens intéressés à partager des expériences personnelles de grande valeur, voire même uniques, avec des proches restés au loin, en attendant que le bon sens humain vienne à bout des frontières géopolitiques.

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Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 20 août 2012

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Publié dans Technologie-Médias

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Deuxième extrait de : Le néant comprend - ébauche de roman de Luc Renaud, écrit en 1984 et repris en 1995

Publié le par Luc Renaud

Deuxième extrait de : Le néant comprend - ébauche de roman de Luc Renaud

 

Pour lire le premier extrait, cliquer sur ce lien

 

L’ami inutile (suite)

 

Depuis mon entrée en poste à l’université, j’ai souvent vu ce genre de regard un peu voyeur – metiche, dit-on en espagnol - que les serveuses posent sur les couples un peu anxieux, lors d’un premier rendez-vous au restaurant. Je me sentais content de voir que la serveuse qui venait vers Estelle et moi n’y faisait pas de nuance : nous allions pouvoir garder pour nous nos secrets et notre intimité singulière.

 

        "Puis-je prendre votre commande?" nous proposa-t-elle en arrivant vers nous; j`ai jeté un regard du côté d`Estelle en veillant bien à ne pas prononcer son nom, puis signifiai que nous prendrions qu’un café. On discute mal la bouche pleine, pensais-je… Puis payer l’addition d’une pure étrangère relevait du sacrilège, me semblait-il. C`est en observant la démarche de la serveuse partie chercher notre commande que je me suis rendu compte que nous étions les seuls clients du restaurant. Je n`étais nullement fâché de cette digression réflexive qui me permettait de me préparer "mentalement".

 

        Estelle trouva astucieusement la bonté de me mentir pour me sortir de mon malaise. "Tu sais, Hubert; Ann m’a dit beaucoup de bien de toi", m’assura-elle en affichant un faux air de tendresse. C`est elle qui s’exprime à travers toi, Estelle, n’est-ce pas?" demandais-je à celle qui semblait ne pas trop comprendre ce que son amie me trouvait.

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        "Est‑ce toi Estelle qui a étudié en Lettres françaises?... Il me semble avoir entendu Ann me dire que sa coloc étudiait en Lettres…"

 

        "Elle a dû te mentionner que j`étais une athlète et tu auras confondu... Non, je suis diplômée en récréologie."

 

        "Ah, bon." Ce malentendu me parut cinglant. Soudain mes impressions sur Ann et les siennes sur moi reposaient entièrement sur un mensonge tissé à notre insu, par nos limites de compréhension en langue seconde. "Dans ces conditions, comment montrer à Estelle que je connaissais bien Ann?" J`étais saisi de cette pensée à un bien mauvais moment puisque mon interlocutrice me posa justement la seule question que je ne voulais pas entendre.

 

        " Que sais‑tu d’Ann, Hubert?"

 

        Désespérément à la recherche de bons points de repère, je me mis à lui raconter en long en large les circonstances de nos premières rencontres : la séance d’entraînement loufoque au salon de la résidence, la sortie maladroite au restaurant, son retour souriant de Toronto, les bras chargés de valises, etc. J`ai fait une pause dans mon récit; attristé au souvenir d’avoir refusé de l’accompagner en Floride…

 

        "Tu n`aimais pas les voyages?" me demanda Estelle en ayant l`air de ne pas avoir entendu mes dernières remarques, pour briser le silence qui s`en venait. Elle voulait aussi me montrer qu`elle voyait quelque chose en moi que, moi, je ne voyais pas.

 

      "Je comprends" ajouta Estelle d`un air énigmatique de circonstance. Ce qu`elle comprenait eut l’impact passager de me soulager de la pression causée par l'investigation à laquelle j'étais m'étais soumis peut-être pour me remémorer un certain bon vieux temps. Toutefois, je me rendais bien compte que durant presque toute ma discussion avec Estelle, je n`avais pensé qu`à lui parler de moi et de faits plutôt anodins au lieu de répondre sincèrement au mandat. Normal, puisque dans le fond, je ne savais rien d’essentiel sur Ann, sauf que je j’étais éperdument amoureux d’elle, pensais-je.

 

        "Qu`est‑ce qui te plaisait chez elle à cette époque?", me demanda Estelle; comme si, elle venait de remarquer une plus grande ouverture à lui parler de notre amie commune maintenant.

 

        "Je ne sais pas vraiment ... Je percevais chez elle de la fraîcheur, de la sincérité et une joie de vivre contagieuse… Mais enfin, l’amour sait-il vraiment sur quoi il pose les yeux?

 

        Au son de mes propres paroles, je sursautai. Le "Elle n`est plus heureuse maintenant", prononcé par Estelle au début de notre échange, m`apparaissait dans toute son horreur. Chacune des qualités mentionnées devait avoir été écrasée par quel rouleau compresseur… Comme je regrettais d`avoir eu raison! Ou plutôt d’avoir tenu des propos si graves à l’âge où l’enthousiasme et les belles folies en animaient d'autres que moi.

 

        "Je comprends", me répéta Estelle, comme si elle ne savait rien d`autre non plus de sa coloc. "Je comprends surtout que personne n a vraiment cherché à la comprendre, elle!"

 

        Sur ces mots, mon interlocutrice se leva brusquement; je l’ai imitée pour payer l`addition à la serveuse qui venait vers nous; et qui, des trois personnes présentes dans cette enceinte funèbre, était la seule à afficher un vrai sourire.

 

        En sortant du restaurant, je demandai à Estelle de m`expliquer le malheur d’Ann. "J`ai besoin de savoir, Estelle. Dis‑moi ce qui s`est passé." Je devais paraître sincèrement préoccupé puisque, comme réponse, elle me dit distraitement : " Tu la reverras bientôt".

 

Mais que lui est-il donc arrivée? Je ne pus fermer l’œil durant des nuits entières; ma performance à l’école pâtit de mes fantômes; et, peu à peu, je fus subjugué par une quête : retrouver Ann et faire la lumière sur les propos d’Estelle. Tu la reverras bientôtD’accord, oui, mais dans quel état allais-je la trouver?

 

Texte: Luc Renaud, M.A. Sciences de l'éducation

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Les TIC en milieu collégial : écoute, collaboration, proposition et apprivoisement

Publié le par Luc Renaud

Une visite-éclair de mon nouveau lieu de travail m’a permis d’y découvrir un site éducatif prometteur tant en termes d’ambiance que sur le plan des ressources éducatives et des pratiques des enseignants. Néanmoins, je sens que je devrai m’y pointer dans un esprit d’écoute et de collaboration dans le but d’apprivoiser les lieux, la clientèle et, bien sûr, les collègues et collaborateurs. Ces gens ont une expérience du terrain, des bonnes pratiques et de la réussite qu’il est essentiel de comprendre, de décrire et de valoriser avant de proposer de nouveaux projets découlant de la théorie. Le présent article constitue justement un premier effort d’apprivoisement.
1)      Le climat et les pratiques existantes
 
-          Un milieu éducatif prometteur
En visitant mon nouveau bureau au collège hier, j’ai éprouvé l’agréable sensation d’avoir complètement oublié à quoi les anciens ressemblaient. La visite m’a d’autant plu que pour aboutir au bout du labyrinthe, j’ai dû passer devant quelques gymnases, la piscine et apprendre que l’établissement disposait d’un centre de conditionnement physique Hi-Tech auquel tout employé et étudiant ont droit, apparemment pour une somme modique. Je devais aussi croiser sur mon chemin des dizaines de jeunes, filles et garçons, venus y compléter leur session d’hiver, à la suite du vote de reprise des cours dans la foulée de la loi 78 du printemps dernier. Bref, l’endroit sentait la jeunesse, le dynamisme et la modernité.
-          Des ressources éducatives et des projets
La salle des profs avoisinait aussi plusieurs laboratoires informatiques modernes, contrairement aux vieux PROSYS mis à la disposition de la clientèle du Bureau de la Formation continue. La responsable m’avait installé tout près de collègues affectionnant l’usage des TIC dans leur enseignement. J’y apprenais qu’une formation avait été offerte au personnel enseignant sur l’usage d’un projecteur interactif, une solution offrant une interactivité comparable à celle du tableau blanc interactif (TBI).
D’après DELL ce type d’appareil permet de contrôler directement sur l’écran le fonctionnement de logiciels, et aussi d’y interagir avec divers éléments comme avec le TBI. Pour en faire un usage réellement efficace, il faudra au préalable déterminer un choix de logiciels et des objets de présentation pertinents, et intégrer le tout dans un parcours d’apprentissage. En langue seconde (L2), ce corpus devrait comprendre des extraits vidéos et des animations sur les différents thèmes du cours, des présentations de points de langue, des exercices et des jeux. Une telle pratique s’inscrit bien dans une démarche d’élimination de l’usage du photocopieur, dans la mesure où les étudiants peuvent accéder aux mêmes ressources à partir de chez soi pour y renforcer leurs apprentissages.
 
Des éléments de pédagogie de projet ont aussi fait l’objet d’expérimentations auprès de la clientèle, un professeur ayant réalisé avec ses étudiants un vidéoclip mis en ligne, et les animatrices participé à la création d’une version électronique de journal des finissants. On se dit ouverts à la réalisation d’autres projets de même nature, comme la tenue d’un blogue, d’un journal en ligne ou la réalisation d’un site Internet. Des collaborations sont aussi à prévoir aussi bien avec les collègues en place que dans une perspective de jumelage de classes.
2)      Se montrer attentif et rechercher la collaboration
 
-          La collecte de données
À mon arrivée, fin août, je compte d’abord procéder à une collecte de données sur les pratiques existantes, qui alimenteront de nouveaux articles de blogues, entre autres. Il me faudra avoir accès aux modèles des travaux produits, et aussi questionner les enseignants responsables sur les paramètres des scénarios pédagogiques employés de manière systématique ou intuitivement. J’aimerais aussi mieux cerner les liens établis entre les projets mis de l’avant et les objectifs d’apprentissage visés et la nature des résultats obtenus : atteinte des objectifs langagiers, sociaux et culturels, points forts et points faibles, degré de satisfaction et retombées ou suite des projets. J’aimerais aussi documenter les sites Web ayant servi d’informations préparatoires et d’outils de compensation à l’usage des photocopies. Peut-être pourrait-on envisager la conception d’un guide pédagogique à l’intention des collègues.
-          La recherche de collaboration
Je voudrai sans doute mener des projets TIC rapidement avec les étudiants, en plus d’intégrer l’ordinateur dans le cadre de mes activités régulières, d’autant plus que l’on me confie un groupe possédant déjà de bonnes bases en français. Pour ce faire, je compte employer des aspects de mes propres expériences et les informations qui seront recueillies lors de la cueillette de données dans le but de me familiariser avec la logistique de la pédagogie de projet et renouveler ainsi mon expérience de terrain. Graduellement, je pourrai intensifier mes collaborations dans la perspective d’un team teaching et de divers projets de jumelage : avec d’autres classes du collège, mais aussi d’autres établissements scolaires, ou même avec des ordres professionnels ou de potentiels employeurs des étudiants.
Conclusion
Nous pouvons concevoir de beaux et grands projets, préparer une volumineuse documentation d’appoint en conséquence et tout de même faire face à un mur et à l’échec, si l’on ne tient pas compte des compétences des collègues ou des intérêts des étudiants. C’est pourquoi, à mon arrivée, mon mot d’ordre est celui de l’écoute, de la collaboration et de la proposition, question bien apprivoiser le milieu et les gens et de mettre en place des projets selon le principe d’une progression par petits pas, mais ferme et constante. Le succès est davantage une question d’attitude que de connaissances ou de moyens.
Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 18 août 2012

Publié dans Éducation

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Les Week-ends du monde: vers la communication interculturelle

Publié le par Luc Renaud

Aux yeux d’organisateurs comme Hamilton Cidade, l’organisation d’événements collectifs de nature interculturelle comme les Week-ends du monde a pour but de favoriser une plus grande communication entre les gens de cultures variées. Pourtant, force est de constater que, d’une part, certains participants cherchent beaucoup plus à faire valoir leur entreprise en profitant d’un afflux de clients et que d’autres se réunissent pour faire la fête sans trop se soucier de la question du multiculturalisme. Par ailleurs, les jeunes de la loi 101 établissent souvent des liens d’amitié sans nécessairement attacher d’importance aux valeurs culturelles des générations antérieures. S’ensuit souvent un certain malaise à l’intérieur des familles.

Dans ce contexte, comment assurer l’harmonie tant sur l’axe horizontal de l’interculturel que l’axe vertical de l’intergénérationnel, particulièrement dans une société mue par des habitudes issues de l’individualisme, lui-même grandement tributaire du libéralisme économique?

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a)      Cohabitation des cultures ou multiculturalisme

L’an dernier nous avions assisté au carnaval d’été brésilien au parc Jean-Drapeau, en ressentant beaucoup de surprise à la vue de supporters colombiens, présents pratiquement au même endroit dans un contexte qui rappelait beaucoup plus une double solitude que le multiculturalisme: les Colombiens avaient leur propre fête, ailleurs dans le parc; ce que nous ignorions.

Cette année, nous avons été témoin d’un phénomène de cohabitation culturelle pacifique beaucoup plus vaste, alors que d’autres cultures attiraient leurs tenants à l’écart du carnaval d’été brésilien  et de la fête de l’indépendance colombienne. Les Mexicains se regroupaient autour de leurs mariachis et des boutiques d’artisanat pendant que Cuba, les Caraïbes et quelques pays africains tenaient des kiosques à l'écart. La piazza italienne offrait des activités aux côtés de l’Iran et d’un kiosque alimentaire affichant une touche d’exotisme québécois avec des saucisses de bison et de sanglier au menu.

Lors de notre passage, des gens circulaient ici et là, curieux de découvrir ces manifestations culturelles; mais la plupart se rendait aux activités de leurs pays respectifs sans trop poser de questions aux autres. Qui étaient les intéressés, les personnes ouvertes? Des visiteurs à tendance touristique? Des curieux et quelques personnes qui perçoivent la vitalité culturelle comme une richesse humaine? Ou d'autres, plutôt animées par des valeurs universelles, voyant chez les gens de l’extérieur des personnes à part entière avec qui il fait plaisir d’échanger?

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Mais au final, qui peut affirmer que les Week-ends du monde ont réellement amélioré la qualité des rapports interculturels en général? À la suite de mon article sur le carnaval d’été brésilien, par exemple, un restaurant du Vieux-Port m’écrivait pour m’offrir une entrevue cherchant, de toute évidence, à tirer profit de mes services de blogueur à des fins de promotion commerciale; alors que, de mon côté, j’essayais plutôt de valoriser la richesse culturelle du week-end et de donner un coup de pouce à des artistes qui tentent de se frayer un chemin dans un métier hautement compétitif.

2) La nécessité de la communication interculturelle

En contrepartie, des enfants de la loi 101 se lient entre eux de manière naturelle sans pour autant attacher trop d’importance aux différences culturelles. Ils se considèrent comme des amis et ça leur suffit, apparemment. Pourtant, le psychosociologue Jacques Salomé a déjà identifié comme besoin relationnel l’importance pour les interlocuteurs de se sentir sur la même longueur d’onde. En ignorant des aspects importants de l’éducation culturelle en provenance des parents, je me demande si ces jeunes ne se coupent pas l’herbe sous le pied tant du point de vue horizontal que vertical. Ils se priveraient d’occasions d’être mieux compris de leurs pairs d’autres cultures et contribueraient à accroître le fossé entre les générations.

Malgré les lacunes soulevées précédemment sur le déroulement des Week-ends du monde, force est de constater que les spectacles offerts, les boutiques d’artisanat et les kiosques alimentaires donnent plusieurs exemples de manifestations culturelles, au même titre d’ailleurs que certaines fêtes de quartier, souvent organisées dans des parcs de la ville ou les sous-sols d’églises. Plus stable, une visite des quartiers ethniques répond aux mêmes impératifs. C’est d’ailleurs cette image d’une mosaïque multiculturelle montréalaise qui m’avait séduit il y a plus d’une vingtaine d’années et décidé à m’établir dans la métropole du Québec.

Mais voilà. La communication interculturelle et, par le fait même, l’intégration des cultures, n’est réalisable que si les gens témoignent de leur intérêt pour toutes ces manifestations et si les dispositifs mettent réellement en place des moyens d’échange entre les gens. L’intérêt doit être accompagné d’un réflexe simple : s’interroger et interroger au lieu de commettre l’erreur fréquente d’opiner ou de juger, avec la stigmatisation comme conséquence.

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Comment amener les jeunes de la loi 101 à se demander d’où viennent les mariachis mexicains, et pourquoi on les invite sur les scènes d’événements importants; ou encore leur faire comprendre les liens qui unissent l’Angola et le Brésil grâce, entre autres, à une pièce de Samba? De fil en aiguille, comment faire en sorte qu’ils découvrent des enjeux historiques, politiques, sociaux, économiques et même moraux reliés aux manifestations culturelles? Comment également les aider à ressentir des émotions similaires à celles vécues par les connaisseurs? Et comment développer en eux suffisamment de curiosité pour qu’on n’ait plus besoin éventuellement d’organiser des événements interculturels collectifs pour en arriver tout de même à cultiver un bon niveau de communication interculturelle? Le succès des Week-ends du monde est au prix de se faire hara kiri, un jour.

Conclusion

Nous sommes plusieurs à croire que la richesse humaine provient d’une meilleure communication interculturelle aussi bien entre gens de la même génération que dans un contexte de communication intergénérationnelle. Les efforts déployés par les organisateurs d’événements collectifs comme les Week-ends du monde, et les rapports d’amitié qui se construisent entre les jeunes de la loi 101 au nom de valeurs universelles constituent des pas dans la bonne direction. Nos observations nous amènent toutefois à croire que des efforts additionnels en matière de communication doivent être réalisés pour en arriver à un véritable pluralisme ou multiculturalisme, ou encore à une meilleure intégration culturelle.

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 17 août 2012

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Le musée virtuel: amener l’élève à faire de sa vie un univers d’apprentissage

Publié le par Luc Renaud

Les musées virtuels s’adressent à différentes clientèles : amateurs d'oeuvres incapables de se rendre sur les lieux réels à cause de contraintes de temps, d’espace et de budget, ceux qui souhaitent s’initier à divers contenus muséaux ou encore l’initié qui veut réviser ses connaissances sur un sujet précis. Les formes prises par ces expériences vont de la simple mise en ligne de photos et de textes encyclopédiques aux déplacements 3D à l’intérieur de diverses salles virtuelles. Si ces dispositifs éducatifs servent bien des visées promotionnelles d'enceintes muséales comme le Louvre, les musées eux-mêmes intègrent de plus en plus de techniques holographiques ou de la réalité augmentée pour susciter davantage l’intérêt des visiteurs et les aider à mieux comprendre des concepts ou des artéfacts.

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Soucieux de transformer le monde de la rue en véritable espace muséal, des experts en réalité augmentée développent aussi des dispositifs offrant des explications ou des images additionnelles dans des sites historiques ou des villes actuelles. Mais quelle est la valeur réelle de tous ces efforts de démocratisation des sources d’apprentissage? Dans le présent article, je tenterai justement de montrer comment la muséologie moderne contribue à cultiver le désir d’apprendre de tous les stimulis environnants et à ramener le pendule du côté de la motivation intrinsèque.

1)      Valoriser l’apprentissage expérientiel et réformer le milieu institutionnel

Contrairement à une malsaine et fâcheuse croyance tenace autant dans la population que chez les décideurs, le milieu scolaire institutionnel est loin de constituer le principal catalyseur de l’apprentissage, au contraire. Le pouvoir d’apprendre appartient en tout à l’apprenant, et la qualité des apprentissages découle des stratégies autodidactes employées par celui-ci et non des écoles ou des programmes scolaires, qui répondent souvent davantage à des exigences socioéconomiques aux dépens du bienêtre et des aspirations de l'apprenant. En ce sens, le débat sur la valeur relative des écoles privées et publiques détourne l’attention de l’essentiel.

Un élève autodidacte saura s’inspirer de toutes les ressources existantes autour de lui, autant des pierres trouvées sur le bord de la route, que des vestiges historiques, des panneaux dans la rue ou des leçons rédigées dans un livre. Dans ce contexte, il est clair que les connaissances acquises à l’extérieur du milieu scolaire généreront chez l'apprenant des questionnements et des besoins d’apprendre qu’il tentera d’imposer au milieu institutionnel, menant celui-ci sur la voie d’essentielles réformes.

2)      Développer une attitude créative et scientifique dans la vie de tous les jours

La vocation éducative muséale représentée par des expositions réelles, des sites ou des vestiges à l’externe, des représentations virtuelles, mais aussi par des programmes éducatifs concurrentiels ou complémentaires à l’école contribue grandement à cultiver chez le visiteur l’usage de multiples stratégies d’apprentissage tant du point de vue affectif que cognitif.

À titre d’exemple, certaines consistent justement à faire preuve de sensibilité à l’endroit de tous les stimulis offerts à nos sens et à porter un regard inquisiteur sur tout objet environnant. L’élève sera porté à se demander le qui fait quoi, quand, comment, pourquoi,  etc., et à employer aussi des stratégies de formulation de réponses à ces questions : recherche d’informations sur Internet ou dans des livres, synthèses de points de vue d’auteurs, etc. Au final, il enrichira son argumentaire de nombreuses autres questions, acquérant ainsi d'importants aspects d'une démarche scientifique.

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3)      Ramener du plaisir dans l’acte d’apprendre et éveiller la motivation intrinsèque

Les formules éducatives centrées sur l’apprenant, à l’extérieur de l’école, misent souvent sur des découvertes valorisantes qui redonnent confiance à l’élève et lui permettent de découvrir un plaisir de niveau supérieur : celui d’apprendre, et de faire de sa vie entière un univers d’apprentissage. Vu sous cet angle, chaque geste posé par l’élève découle d’une impulsion personnelle orientée vers un but ou un projet personnel, conscient ou non, qui consiste à se découvrir comme personne, à s’exprimer, à comprendre le monde, etc. dans la perspective d’une aventure sans fin.

D’une certaine manière, il serait contreproductif de chercher à délimiter les frontières ou les paramètres d’une telle démarche d’apprentissage; à moins de laisser l’élève élaborer un tel système par lui-même.  L’exercice de catégorisation aurait pour effet de cataloguer les apprentissages réalisés dans des filtres fermés, brisant l’inspiration de l’élève et le coupant de sa motivation intrinsèque. Il vaut mieux ne pas trop comprendre le but recherché, de laisser libre cours à l’aventure éducative et, pour un éducateur, de se contenter d’accompagner l’élève souvent de façon non-interventionniste en lui fournissant des indices ou des pistes de recherches et des références. Il est aussi approprié de l’aider à diversifier l’emploi de stratégies d’apprentissage.

Conclusion

Le musée virtuel s’inscrit dans les efforts déployés par les muséologues en vue de démocratiser les sources d’apprentissage en offrant à toute personne des ressources représentant toutes les formes d’activités humaines : l’histoire, les arts, la culture, la technologie, etc. L’expérience contribue à sortir littéralement l’élève de l’établissement scolaire, le rendant sensible à tous les stimulis et lui donnant l’opportunité de se découvrir, de prendre goût ou de développer son sens de la recherche dans une perspective entièrement personnelle. Une telle expérience peut générer d’importantes réformes des institutions scolaires proprement dites sous la poussée de questionnements et l'expression de nouveaux besoins d’apprentissage.

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Je ne serai certainement pas le premier à affirmer que le bonheur ne découle pas de l’arrivée à une destination précise, mais plutôt de la qualité du trajet parcouru. Caminante no hay caminos, los caminos se hacen al andar, raconte le poète espagnol Antonio Machado. Laissons donc les élèves créer de nouveaux sentiers. Bientôt dans le blogue, nous verrons comment le musée d’Odanak s’y prend. Nous avons passé deux heures passionnantes ce matin en compagnie d’apprentis-archéologues, d’assistants de chargés de cours de l’Université Laval, d’archéologues et de la directrice du musée. À suivre!

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 16 août 2012

Références (exemples de musées virtuels)

·         Musée virtuel du Canada 

·         Musée virtuel de la Nouvelle-France 

·         Musée virtuel : Art et Culture 

·         Musées et Monuments virtuels en 3D 

·         Musée du Louvre 

·         Musée des Abénakis

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Faire des vacances le pôle de la famille, c’est gagnant !

Publié le par Luc Renaud

La notion de conciliation travail-famille perce de plus en plus  les milieux socioéconomiques, alimentant par le fait même les réflexions des décideurs politiques. Ainsi  d’importantes activités humaines graviteraient autour de grands pôles comme le travail et la famille, auquel j’ajoute souvent celui des études et ainsi représenter la vie sous forme de cône. En vieillissant, je pose cette figure géométrique sur un socle représentant la santé physique et mentale. A essayer de réussir en tout, l’adulte est involontairement dans l’obligation de sacrifier des volets importants des exigences de ces sphères  d’activité et se voit ainsi confronté à des situations d’échecs.

C’est justement ces situations problématiques que la période des vacances et les congés visent souvent à rectifier, ramenant un équilibre satisfaisant dans la vie de plusieurs. Au nombre des gagnants  se compte souvent la communication interpersonnelle au sein de la famille, vue ici aussi bien dans un sens élargi incluant des amis ou des parents éloignés, ou parlant directement du cercle familial.

Mais comment se caractérisent ces apprentissages tant au niveau personnel que relationnel ? C’est ce que la réflexion actuelle tente d’expliquer.

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1)      De l’analyse des comportements au partage de centres d’intérêt

Nous avons déjà convenu que les activités réalisées dans un contexte de vacances sont principalement de nature ludoéducative, en ce sens que toute expérience humaine est source d’apprentissage et que celles réalisées au cours de cette période de relâche scolaire ou professionnelle sont déchargées de la pression des échéanciers ou des relations non désirées. Cela est vrai aussi bien d’une sortie estivale dans un musée, à la plage ou à un spectacle, etc.; et, à plus forte raison peut-être, de la réalisation d’un projet commun de bricolage et d’une participation à un jeu de société.

Ces divers contextes donnent aux protagonistes l’opportunité d’exprimer leurs traits de personnalités dans une relation de nature conflictuelle ou harmonieuse, qu’il est possible d’observer et de comprendre à l’aide de grilles d’analyse. À ce sujet, Normand Lootzak et Ariane Cloutier, fondatrice de l’entreprise Les Coups de pieds, ont donné récemment une conférence conjointe sur un outil de réflexion basée sur les couleurs, s’inspirant de la pensée de Carl Jung. Voici brièvement et grossièrement un aperçu du sens des quatre couleurs: a) le rouge du fonceur et du décideur; b) le bleu du méthodique et du penseur; c) le vert du généreux et du médiateur et d) le jaune de l’expressif et du communicatif.

L’application de ces grilles doit éviter les pièges de la caricature ou de la généralisation, souvent à l’origine de la stigmatisation. Prises avec un grain de sel, tel que vu par les conférenciers, elles offrent l’avantage de poser un regard un peu plus externe sur nos rapports humains, de nous questionner sur les causes de certaines réactions et d’offrir des stratégies de médiation que l’on souhaite plus efficaces. Dans ce contexte, je me demande même si l’harmonie recherchée dans un rapport de couple ou dans une famille ne proviendrait pas de la mise en valeur des qualités associées à la couleur verte de la grille jungienne présentée par les conférenciers.

Toutefois, la qualité première de la relation sociale et familiale repose beaucoup plus sur l’amour entre les membres que sur l’analyse des comportements, et l’harmonie sur une écoute attentive et précise. Grâce à celle-ci, il devient possible de discriminer dans un amas disparate de goûts et de visions du monde des centres d’intérêt commun qui peuvent servir de point de ralliement et mettre à profit de manière harmonieuse les contributions de toutes les couleurs. Le partage spontané de telles découvertes procure aux participants une joie intérieure qui cimente les liens et qui facilite l’acceptation des différentes attitudes.

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2)      Le processus de croissance du groupe social ou familial

L’extension des activités professionnelles et scolaires donne souvent peu de temps à l’établissement de bonnes relations familiales, limitant souvent celles-ci à des partages sporadiques d’idées ou à une forme de cohabitation pacifique, loin de la collaboration souhaitée.

En contrepartie, la période de vacances peut générer un huis clos d’une durée suffisante pour favoriser la croissance même du groupe dans les aspects suivants : focalisation sur les œuvres communes, réduction des écarts entre les membres, meilleure compréhension et acceptation des différences individuelles, collaboration mieux fignolée et plus étroite, échanges plus efficaces tant sur le plan du discours que du non-dit et développement d’un plus grand sentiment d’appartenance.

Suivant ce raisonnement, le processus psychosocial ici décrit transformerait paradoxalement la famille en véritable laboratoire d’apprentissage de la communication interpersonnelle dotant chacun des membres de compétences importantes et de la vision d’un modèle à reproduire, une fois de retour dans le monde professionnel et scolaire.

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Conclusion

J’ai souvent prétendu que la conciliation travail, famille et études constituait un défi quasi impossible à relever, à moins d’inscrire le tout dans un projet conjoint. Le succès ou l’atteinte de hauts standards de réussite exige d’immenses sacrifices, sans quoi des maladies comme le burn-out ou des troubles de santé physique nous pendent au bout du nez. Une option possible consiste à tirer réellement profit des congés et des vacances pour rééquilibrer les tâches de manière satisfaisante. Dans le cas où les activités officielles mettent en valeur les compétences professionnelles ou académiques, une place centrale, voire même toute la place, doit être accordée à la famille lors des congés et des vacances, question de rétablir l'équilibre. Notez que cette situation est beaucoup moins pertinente dans le cas où les relations familiales occupent déjà une place centrale. Dans un tel cas, il serait utile de se pencher sur la question des deux autres pôles, soit le travail ou les études... 

De fait, la famille constitue un tel laboratoire de communication interpersonnelle et de croissance des groupes, que la qualité de vie générée par cette préoccupation aura des répercussions bénéfiques sur l’ensemble des activités humaines. Penser famille est donc une solution gagnante.

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 15 août 2012

Références

 

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L’apprenant vacancier: des apprentissages disciplinaires et des outils de réflexion

Publié le par Luc Renaud

Tel que mentionné hier dans Les vacances, un pilier de l'apprentissage expérientiel grâce au blogue, la période des vacances estivales se veut riche sur le plan de l’acquisition de nouvelles compétences méthodologiques, inspirées d’une grande variété d’approches éducatives. Le billet Les vacances et l'apprentissage, du 6 août dernier, illustrait par quelques exemples des apprentissages disciplinaires touchant la préhistoire et l’astronomie. Ces activités ludoéducatives  couvrent toutefois d’autres disciplines réparties dans un large éventail : la physique, la théologie, la technologie, la communication interpersonnelle, les sciences agricoles, la botanique, la photographie, l’éducation, l’agrotourisme, l’économie, le photojournalisme, la littérature, le conditionnement physique, etc.

Cela dépend grandement de l’angle privilégié par l’apprenant vacancier. Pour s’en convaincre, le présent article se basera sur des photos numériques comme aide mnémonique pour donner quelques exemples de contenus disciplinaires pouvant servir à  la rédaction de divers compte-rendu  dans un éventuel retour en classe.  Je me limiterai aux sciences de la nature, traitant  plus tard d’autres disciplines et projets scolaires.

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Exemples d’apprentissage disciplinaire : des étoiles à la terre

En matière de sciences de la nature, les animateurs rencontrés ont donné des précisions sur le Big Bang à l’origine de l’univers et bien situé cette théorie parmi les autres encore à l’étude. Tel que mentionné dans le billet du 6 août, des explications ont aussi été apportées sur la nature des trous noirs, mais aussi sur l’ensemble des composantes principales de l’univers : des atomes aux galaxies en passant par les systèmes solaires et des forces de la physique. Ainsi a-t-on vu que la Voie lactée et la galaxie d’Andromède entreront éventuellement en collision, sans impact majeur sur notre système planétaire, la force gravitationnelle étant, à notre niveau, plus grande que celle de l’expansion de l’univers. Par ailleurs, la vie sur Terre serait apparue à la suite d’un intense processus de nettoyage, réduisant les risques d’un Armageddon à l’imagination des cinéastes hollywoodiens, les gros astéroïdes géostationnaires ayant déjà fait leur ravage ou se faisant littéralement avaler par les forces gravitationnelles de Jupiter.

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Redescendant sur Terre, on se rend bien compte que le site du Mont-Mégantic représente un laboratoire naturel sur les reliefs, et les nuances entre la formation de montagnes par déplacement de plaques tectoniques comme la chaîne des Appalaches et la formation des monts, résultats d’anciennes coulées de laves en Montérégie. Les splendides vues offertes sur divers belvédères offrent aussi au visiteur une meilleure compréhension de la configuration des villages et des villes avoisinantes et de la ligne frontalière entre le Canada et les États-Unis. Des explications lui seront données sur les nécessaires négociations avec les autorités politiques en vue de limiter les risques de pollution lumineuse et de pouvoir ainsi garder intact le potentiel de l’observatoire astronomique du mont tant sur le plan de la qualité de l’observation des étoiles que sur le rôle éducatif de celui-ci dans d’importantes découvertes scientifiques.

Une visite à Bleu lavande, près de Magog, et à la miellerie Lune de miel de la municipalité de Stroke près de Sherbrooke donnera respectivement des informations sur la culture de la lavande importée de France et la production d’huiles essentielles ; et sur la vie des abeilles, la pollinisation des fleurs et la fabrication du miel. Toutes ces informations aideront à mieux comprendre des composantes majeures de l’économie locale.

Des outils de réflexion pour une exploitation pédagogique des savoirs nouvellement acquis 

Les connaissances mentionnées jusqu’à maintenant ne constituent qu’un échantillon de celles recueillies au cours de visites informelles réalisées pendant les vacances estivales. Une manière intéressante d’en tirer profit consiste à se demander à quel moment de la démarche ludoéducative nous comptons dresser le bilan des apprentissages. De là découlera une panoplie de moyens pour y arriver. Ainsi veut-on dresser des bilans réguliers, prendre des notes ou photographier les scènes pour dresser des bilans a posteriori, ou bien veut-on éveiller éventuellement des souvenirs de voyages et des bribes de conversations comme points de départ à de nouvelles recherches ?

Notons aussi que l’exercice peut très bien être conçu dans une perspective communicationnelle et solliciter la collaboration de proches ou même d’inconnus, si réalisé en ligne, par exemple.

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- Le suivi régulier des apprentissages

Dans mon article Les vacances, un pilier de l'apprentissage expérientiel grâce au blogue, j’ai insisté sur l’importance du blogue comme outil de collecte de données, ou encore comme un journal de bord et même un portfolio. Et je ne saurais aujourd’hui revenir sur l’importance de ce moyen, suite à deux expériences tout fraîchement vécues.  Étienne, âgé de neuf ans, tient son propre blogue intitulé Mes aventures, dans lequel il relate les principaux événements reliés à ses vacances au Québec. Je suis convaincu que cette expérience littéraire enrichit sa mémoire de souvenirs et de connaissances qui joueront un rôle important au cours de sa vie. Dans un autre contexte, j’ai retracé un vieux texte qui aurait fait un bel article de blogue si un tel outil avait existé au moment de sa réalisation, et dans lequel les faits relatés m’ont ramené à des réalités personnelles utiles.

Mais le blogue n’est pas le seul outil de collecte régulière de connaissances et de souvenirs. Certains étudiants pourraient fort bien privilégier la réalisation de reportages photo ou de films documentaires s’ils éprouvent moins de facilité avec l’écriture. D’autres pourraient pousser le plaisir jusqu’à noter des énoncés recueillis au fil des rencontres et concevoir un jeu-questionnaire sur la région visitée ou les thèmes abordés.

- Les réflexions a posteriori

La réalisation de bilans des apprentissages a posteriori est un exercice plus difficile en l’absence de notes ou de photos. Mais des techniques de réflexion sur le vécu, d’histoires de vie et de pratique peuvent donner des résultats extraordinaires. Il s’agit pour l’élève d’éveiller ses souvenirs de manière cyclique par la formulation de questions et la rédaction de faits marquants qui seront questionnés de nouveau pour générer de nouveaux souvenirs, des détails et des précisions aux énoncés déjà élaborés.

Au cours de ce processus d’approfondissement en spirale, le rédacteur pourra se questionner autant sur les dimensions affectives que cognitives des expériences vécues et s’inspirer des questions de base de la communication : Qui ? Dit ou fait quoi ? À Qui ? Comment ? Quand ? Et avec quel résultat ?

- La base de nouvelles recherches

Il se peut que l’élève garde peu de souvenirs des expériences vécues et qu’il éprouve de la difficulté à faire surgir des souvenirs précis des expériences vécues. L’exercice peut néanmoins générer de belles œuvres de fiction, ce qui constitue en soi une retombée éducative intéressante des situations vécues pendant les vacances.

La dite expérience peut aussi générer un ensemble disparate de mots clés, soulever des questions et des hypothèses et servir de base à de nouvelles recherches mettant largement à contribution les ressources du Web.

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Conclusion

Selon l’angle pris par les étudiants vacanciers, les savoirs recueillis au cours des expériences vécues peuvent répondre aux objectifs d’une large variété de disciplines officielles. Dans le cadre du présent article, j’ai voulu illustrer cette réalité par quelques données recueillies lors d’une courte escapade dans la région des Cantons de l’Est au Québec au cours de l’été 2012. Animé par le désir de donner un exemple d’application pédagogique des principes mentionnés dans Les vacances, un pilier de l'apprentissage expérientiel grâce au blogue, j’ai aussi fourni au lecteur quelques outils de réflexion métacognitive selon que l’étudiant choisisse de réaliser un suivi régulier de ses apprentissages, d’en dresser des bilans a posteriori ou d’entamer de nouvelles recherches. Et pourquoi pas les trois ?

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 14 août 2012

Références

-                    Les vacances, un pilier de l'apprentissage expérientiel grâce au blogue

-                    Les vacances et l'apprentissage

-                    Mes aventures (blogue d’Étienne)

-          Le néant comprend - extrait de roman de Luc Renaud (exemple de fiction inspirée de lointains souvenirs)

Publié dans Éducation

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Les vacances, un pilier de l'apprentissage expérientiel grâce au blogue

Publié le par Luc Renaud

La photo numérique et le blogue au service d’un apprentissage a posteriori ?

 

En vertu du principe même de l’apprentissage expérientiel, il est clair que la période des vacances est, comme les autres, remplie de situations propices à la réalisation de découvertes et l’acquisition de nouvelles compétences. Pour plusieurs, il s’agira surtout d’un complément aux habiletés professionnelles ; le travail dit intellectuel laissant parfois sa place à des tâches manuelles et vice versa. Des activités comme le jardinage, les travaux d’aménagement, les voyages, les rencontres sociales, etc., répondent à des principes éducatifs comme le Learning By Doing, la découverte et l’observation, l’approche par compétence ou carrément le socioconstructivisme.

 

Le contexte des vacances diffère de l’école ou du bureau surtout en termes de climat d’études et de libertés personnelles ; la pression générée par des exigences de performance ou de rentabilité, les horaires fixes, ou encore les rencontres forcées, pas toujours harmonieuses, étant carrément mise de côté au profit de gestes davantage en lien avec la motivation intrinsèque. Les gens qui ne savourent pas ces moments auront souvent l’impression de ne pas profiter de leurs vacances. En revanche, les passionnés vivant leurs passions au quotidien pourraient avoir tendance à reproduire en vacances certaines ou plusieurs de leurs activités officielles.

 

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De fait, si la période des vacances constitue comme l’école et le milieu professionnel une grande source d’apprentissage, le transfert des informations en connaissances suivra les mêmes étapes cognitives et relationnelles, et répondra aux prérogatives de projets personnels, incluant des étapes de prototypage. Dans tous les cas, le blogue constitue l’outil privilégié d’autoévaluation et de bilan des apprentissages, et la photo ou vidéo numérique, des aides mnémoniques aussi utiles que la prise de notes pour la réalisation de réflexion métacognitive a posteriori.

 

Le processus cognitif et relationnel

 

Tel que mentionné dans Les vacances et l’apprentissage, je me suis rendu au Mont-Mégantic pour y visiter l’Astrolab et l’un des meilleurs observatoires astronomiques en Amérique du nord, et ouvert aux visites guidées depuis 2008 seulement.

 

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Voici brièvement quels ont été les paramètres éducatifs de cette expérience :

 

·       Sur le plan contextuel, cette visite s’apparentait aux sorties de nature muséale propices à l’exploitation de stratégies éducatives rattachées à l’autoformation ;

·       Ainsi, sur le plan cognitif, j’ai porté attention aux divers présentoirs, aux systèmes de simulation de trous noirs ou de plasma, etc. À des fins de divertissement, mais aussi d’aide mnémonique, j’ai pris de nombreuses photos sur les lieux qui ont entre autres facilité la rédaction du présent article, en plus de noter les principaux points avancés dans les présentations vidéos en salle multimédia ;

·     Dans une perspective socioconstructiviste, j’ai discuté en famille, de manière formelle et informelle, de notre compréhension réciproque des informations livrées ; mais, surtout, nous avons tiré profit de l’expérience des animateurs en posant une multitude de questions tant de nature disciplinaire que procédurale ou méthodologique. En cas de mécompréhension, j’ai également exigé des reformulations ou des éclaircissements de leur part.

Conscient de la valeur motivationnelle de la pédagogie de projet, j’ai personnellement orienté mon investigation dans le sens 1) de la rédaction d’un article de blogue et 2) dans la collecte d’informations en vue de poursuivre la rédaction d’un roman amorcé il y a deux ans. 

 

Mes autres sorties de vacances, comme à la miellerie Lune de miel ou à l’abbaye de Saint-Benoît-du-lac ont aussi servi à des fins de nouveaux apprentissages en suivant à peu de détails près la même démarche cognitive et relationnelle.

 

L’approche par compétence, Learning By Doing et pédagogie de projet

 

Ma contribution aux préparatifs de mon mariage, prévu fin-août, m’a plongé dans une approche éducative mixte, inspirée surtout de l’approche par compétence, du Learning By Doing et, il va sans dire, de la réalisation d’un projet de vie.

 

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Voici brièvement en quoi consistent les paramètres de cette démarche éducative hybride :

 

·      En approche par compétence, il aura fallu prendre connaissance de toutes les exigences relatives au projet visé, aussi bien sur le plan philosophique ou théologique que sur les plans organisationnels et budgétaires. Pour ce faire, de nombreuses sources d’informations sont consultées comme le Web, les Salons de l’industrie du mariage, etc. ; et des outils électroniques sont employés pour gérer les diverses étapes qui mènent à l'atteinte du but fixé;

·       Les préparatifs ont aussi ouvert la voie à la créativité, nous forçant à concevoir une grande partie des objets décoratifs pour la salle de réception. Il s’agit là d’un travail artistique de type manuel, plutôt différent de mes réflexions et rédactions habituelles dans Le blogue de Luc R ou dans Educavox. Pour mener le tout à terme, il aura fallu exécuter des tâches comme la conception des objets, l’achat des fournitures essentielles, la réalisation et l’évaluation des prototypes, et le suivi des étapes nécessaires à la confection des objets décoratifs en question. L’accomplissement de ces tâches a aussi nécessité de nombreuses discussions, respectant en ce sens l’approche socioconstructiviste chère à la pédagogie de projet.

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L’autoévaluation et le blogue

 

En vacances, de nombreuses stratégies cognitives et relationnelles relatives à des orientations pédagogiques variées comme l’approche par compétences, le Learning By Doing, la découverte, le socioconstructivisme, etc., sont exécutées aussi bien pour l’acquisition de savoirs disciplinaires que méthodologiques ou organisationnels. Pour réellement tirer des leçons de celles-ci, diverses tâches de réflexion métacognitive me semblent nécessaires, particulièrement en autoformation et en apprentissage expérientiel. Le présent article peut être interprété comme un exemple de ce type d’exercices.

 

De fait, la versatilité du blogue en fait l’outil idéal pour arriver à cette fin puisqu’il peut répondre aux besoins suivants : tenue de journal de bord ou de récit de vacances et de voyages, réflexions personnelles sur des apprentissages et des faits marquants, outil de communication et de partage de nouveaux savoirs. Comme portfolio composé de textes, de photos et de vidéos, le blogue offre à l’étudiant en autoformation des aides mnémoniques phénoménales pour la réalisation de réflexion métacognitive a posteriori, enrichie d’un point de vue actualisé. Le blogueur peut alors jeter un regard sur le passé avec un recul intéressant.

 

Conclusion

 

Que l’on appelle cela l’école, même en vacances ou l’école en vacances, on n’y échappe pas : la période de repos scolaire ou professionnel offre son lot de situations éducatives comme n’importe quelle autre sphère de la vie. De fait, il s’agit même d’un autre pilier de l’autoformation, après le jeu sérieux et l'expérience muséale, dans la mesure où de nombreux vacanciers profitent de leurs loisirs pour y exercer des passions véritables ou complémentaires à celles de leurs activités officielles. L’objectivation des compétences acquises nécessite néanmoins des efforts de réflexion qui peuvent se produire graduellement ou – bonne nouvelle – après les vacances grâce à la magie des aides mnémoniques offertes par la photo numérique et la tenue d’un blogue.

 

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 13 août 2012

 

Références

 

Les vacances et l’apprentissage

Le blogue : moyen d’expression, de communication et d’apprentissage

L’expérience muséale élargie : un pilier de la déscolarisation de l’apprentissage

Le jeu sérieux et la déscolarisation de l’apprentissage

Le triomphe de l’apprentissage expérientiel à l’ère du numérique

Des applications pédagogiques du blogue

La gestion de projet : Le Salon Marions-nous! et la collecte de données préliminaires

Marions-nous! Pour vrai (Première partie)

Le mariage de Luc et d'Omaira

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Le néant comprend - extrait de roman de Luc Renaud

Publié le par Luc Renaud

Premier chapitre

L`AMI INUTILE

 

 

        Je marchais, perdu dans mes pensées, le long d`un couloir de l`université; je venais de donner un cours assez épuisant dans un auditorium plein à craquer; quand, soudain, j`entendis une voix murmurer

 

        "C`est toi Hubert, n`est‑ce pas?"

 

        Je me suis retourné d`un geste plus brusque que je l`aurais voulu pour savoir qui m`appelait; je n`ai pas vu tout de suite la dame, d`une quarantaine d`années, au regard inquisiteur qui venait de prononcer mon nom; je n`ai vu que sa chevelure brune, quelque peu grisonnante, puis son sourire incertain... Ce n`était pas l`une de mes étudiantes de sciences politiques, mais son air me rappelait quelqu`un de familier.

 

        "Oui", ai‑je répondu en plongeant mon regard dans le sien avant de fixer ses épaules...

 

        "Tu connais Ann Ruppert?", enchaîna‑t‑elle.

 

        Nul doute. Elle voulait discuter de Ann avec moi. En entendant ce nom, j`ai un peu sursauté.

 

        "Oui", dis‑je doucement, non sans hésiter un moment; le nom d'Ann venait de me déchirer les entrailles en ouvrant une plaie non encore cicatrisée. Cela a dû paraître puisque dès l`instant où j`entendis "Ann", je baissai la tête, je fermai les yeux et je ressentis un pincement au coeur.

 

       "Tu sais ce qu`elle pense de toi?"

 

       "Et toi, tu sais pourquoi tu me fais souffrir"

 

        Je me contentai de répondre "non" sans être trop sûr d`avoir parlé à voix haute.

 

        "Elle dit que tu es en avance sur les autres et que tu es... différent". C`est au tour de mon interlocutrice d`hésiter; elle s`était vraisemblablement préparée à rencontrer une personne vraiment "différente".

 

        "Elle dit aussi que tu avais raison; le bonheur et l`argent...; bref, elle n`est plus heureuse maintenant"

 

        J`ai eu soudain l`impression que tout n`était peut‑être pas fini entre Ann et moi; et puis j`ai eu honte de ma pensée, de faire passer mon bonheur avant le sien."Est‑ce que par hasard, je ne voulais voir Ann heureuse que si j`étais moi l`unique source de son bonheur?"

 

        "Non, je ne crois pas...; au contraire, je me sens loin derrière elle"; je réagissais un peu en retard au "elle dit que tu es en avance sur les autres". Comme je ne savais pas vraiment quoi dire, j`étais pris au dépourvu, je me contentai de réplondre "Je n`ai pas revu Ann depuis longtemps; je ne la vois plus à l`université; étudie‑t‑elle encore ici" Mes questions, bêtes je sais, voulaient cacher une partie de ma vulnérabilité à mon interlocutrice, laquelle venait de découvrir ainsi combien j`étais vulnérable.

 

        "On va s`asseoir? On sera plus à l`aise pour discuter"

 

        "Je crois... oui, on sera mieux... as‑tu un endroit préféré; on pourrait aller à mon bureau", dis‑je un peu à contrecoeur, en ayant la nette impression de subir un procès; mais un procès pourquoi?... Parce qu'Ann est malheureuse maintenant.

 

        "Si on allait à La Place, boire un café?"

 

        "Heu, non,... oui, ça me va, on sera plus à l`aise"

 

        Cette fille savait‑elle qu'Ann et moi nous rencontrions quasi chaque semaine à La Place. Chaque fois que je passais devant ce restaurant maintenant, je me sentais torturé. C`était sur le chemin de la bibliothèque. Oh! Comme j`avais aimé Ann! J`étais sûr maintenant que celle‑ci avait raconté à mon interlocutrice tous les moindres détails de notre histoire; d`une certaine manière, l`heure de vérité venait de sonner pour moi. Cette fille que je voyais pour la première fois de ma vie était en quelque sorte Ann; mais cette Ann‑là ne me plaisait pas beaucoup et c`est justement pour cette raison que j`allais redoubler de gentillesse à son endroit.

 

        "Je me nomme Estelle, j`étais la roomate d'Ann", me dit mon interlocutrice, juste comme nous passions devant les Résidences d`étudiantes. Puis, en me montrant le bar du doigt, elle ajouta:" Je venais souvent ici dans le jour; c`est plus calme que le bar 216, ça me permettait d`étudier tranquillement"

 

        "Hé, bien! Bonjour Estelle" J`ai esquissé un sourire en prononçant son nom; ça me permettait d`oublier un instant que je la prenais pour Ann. J`ai cru aussi lui faire comprendre l`aspect insolite de notre rencontre; après tout, je ne connaissais rien de mon interlocutrice sinon qu`elle savait me mettre mal à l`aise, qu`elle se prénommait Estelle et qu`elle avait été la roomate de...; en d`autres circonstances, je n`aurais jamais accepté d`aller prendre un café avec une étrangère; mais voilà, Estelle n`était pas vraiment une étrangère.

 

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 (à suivre)

(c) Tous droits réservés, Luc Renaud, 1995

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