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Les lendemains d’une conférence de Luc Renaud sur la jeunesse

Publié le par Luc Renaud

Au lendemain de ma conférence Enquête-Jeunesse, il me semble important de donner un compte-rendu des faits saillants de cette rencontre, des réactions exprimées par le public et, bien entendu, de ma propre vision des choses. Notre monde vieillissant se heurte au risque d’un accroissement d’un fossé des générations dont nous ne pouvons plus nous payer le luxe. Dans ce contexte, le dialogue intergénérationnel et la gestion des conflits constituent d’importants moyens de rassemblement au bénéfice de tous.

1-      Les faits saillants de la conférence Enquête-Jeunesse

 

Quatre résultats majeurs ont principalement attiré l’attention du public :

  • L’expression de rêves du groupe 1, contrairement au groupe 2 : Des entretiens tenus avec des parents après-coup laissent croire que le groupe 2 se composait vraisemblablement de rêveurs concrets, pour employer l’expression du sociologue Michel Fize : J’ai des rêves, disait l’un des jeunes à sa mère, mais je ne les appelle pas comme ça, devait-il ajouter. Ce sont plus des choses sur lesquelles je travaille;
  • Le rôle néfaste des critiques négatives sur la confiance de soi : ce concept porte sérieusement à réflexion;
  • Le verre à moitié plein contre le verre à moitié vide : le groupe 1 met l’emphase sur des critères de réussite scolaire, contrairement au groupe 2 qui s’est principalement intéressé à la question des échecs. Comme ni les parents ni les enseignants ne figurent comme des exemples de soutien selon les répondants du groupe 2, nous nous sommes demandé qui constituent des piliers pour ces jeunes;
  • La nécessité d’approfondir les résultats de l’enquête : La différence d’âge entre les deux groupes constitue un facteur à considérer dans l’analyse des résultats. Ceux du premier groupe ont peut-être répondu ce que ceux du deuxième verront plus tard dans leur vie. Il est à noter que si le groupe 2 comprend peut-être des élèves et de futurs décrocheurs, le groupe 1 se composait d’élèves et de décrocheurs. Il faudra revoir les résultats en fonction de ces deux paramètres.

Pour obtenir une idée détaillée de la teneur de la conférence, je réfère le lecteur à l’article précédent et à ceux de la catégorie Recherche-Jeunesse du blogue de Luc R.

2-      Les réactions du public

Malheureusement, le temps imparti fut insuffisant pour que se tienne la période de discussion prévue entre les jeunes et les adultes réunis, et sur laquelle nous comptions beaucoup pour éclaircir certaines ambigüités. Il a été convenu, toutefois, d’acheminer aux participants une copie de la présentation, et  les échanges auront lieu lors d’une prochaine rencontre.

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Des rencontres informelles ont néanmoins permis de relever quelques réactions; que voici :

  • Un participant s’est dit touché par l’importance accordée à la réflexion sur les relations familiales, sous l’angle de la construction de la confiance en soi. Ce participant, lui-même d’un âge avancé, admettait se sentir quelque peu dépassé par la place occupée par les technologies dans la vie actuelle, mais aussi par les difficultés des jeunes à se trouver une place dans la société;
  • Un autre s’est dit profondément ému de connaître ainsi les opinions de ses propres enfants, et se questionne sur les moyens à prendre pour contribuer à l’amélioration des choses;
  • Une femme s’est dite à la fois touchée et choquée du fait que le nombre d’élèves détestant les études correspondrait à celui des adultes détestant leur milieu de travail. Cette impression, si fondée, remet sérieusement en cause la dichotomie entre les impératifs économiques et la recherche du bonheur au sein de l’école. De notre côté, nous sommes plutôt enclins à remettre les pendules du côté du droit au rêve et à la réalisation de celui-ci;  
  • D’autres ont insisté sur le fait qu’il peut exister des nuances culturelles importantes entre les jeunes du Canada et ceux des pays en développement, notamment sur la question de l’autorité parentale, et voient dans l’exercice actuel les premiers pas d’une réflexion et d’un dialogue non seulement intergénérationnel, mais aussi interculturel;
  • Un jeune s’est senti particulièrement bien écouté.

3-      Mes réactions

Il importe de rappeler d’entrée de jeu que l’exercice de base repose sur une enquête et non sur une étude, qui vise la mise en place d’un processus de dialogue intergénérationnel. En ce sens, il faut éviter de généraliser les résultats donnés qui représentent, comme tel, le pouls d’une population donnée à une période précise de sa vie. Les mêmes répondants pourraient fournir des réponses différentes dans quelques mois. J’aimerais, par ailleurs, pouvoir étendre mon enquête auprès d’un public plus large aussi bien au Canada qu’à l’étranger : des élèves en difficulté; d’autres qui, au contraire, connaissent d’excellents résultats scolaires, des jeunes des pays du Nord et d’autres de pays en développement, etc.

Malgré quelques lacunes méthodologiques, la construction de mon enquête repose sur une bonne quantité de réflexions sur le dialogue intergénérationnel publiées dans le blogue de Luc R (Voir la liste de références à la suite de l’article précédent). De plus, la formulation des questions initiales est largement inspirée de conférences données par des psychothérapeutes et d’autres spécialistes engagées par la Commission scolaire de Montréal. Les choix de réponses du questionnaire livré aux répondants proviennent principalement d’entrevues menées auprès de jeunes de divers âges, conférant à l’exercice une certaine objectivité.

Je me réjouis du fait qu’au cours de la distribution du questionnaire, des jeunes se soient donné la peine de discuter de leur choix de réponses avec leurs parents; certains d’entre eux m’appelant même pour me demander des éclaircissements sur certains items. Cela démontre bien que le médium est le message, et que le questionnaire comme tel est devenu un moyen de communication intergénérationnelle.

Conclusion

La mise en place d’un dispositif de dialogue intergénérationnel nécessite des moyens qui permettent d’unir des gens de diverses générations pour que les uns apprennent des autres. Mon enquête-jeunesse et la conférence qui s’ensuivit en constituent un exemple. Comme il s’agissait d’une première, j’aimerais répéter cette expérience en y apportant quelques ajustements ou précisions sur des données présentées dans quelques-uns des tableaux, notamment, et surtout approfondir la question en compagnie des principaux intéressés. À tous les parents de Montréal qui souhaitent échanger sur diverses questions relatives aux relations parents-enfants, je leur recommande, entre autres, de suivre de près les activités du Comité central des parents de la Commission scolaire de Montréal ou encore d’en lire les comptes-rendus dans le blogue de Luc R. Pour ceux qui vivraient des doutes de nature psychologique, je leur recommanderais de suivre les activités éducatives de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas.

Texte : Luc Renaud M.A. Sciences de l’éducation, le 13 décembre 2011

Publié dans Recherche: jeunesse

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Visions sur la jeunesse: 1) résumé de propos de Michel Fize et 2) conférence de Luc Renaud sur les jeunes

Publié le par Luc Renaud

Cet article traite de la jeunesse et se divise en deux parties. Dans la première, je donnerai une brève description de la réalité des jeunes en me basant sur quelques entrevues données par le sociologue français Michel Fize, auteur de Le Livre noir de la jeunesse.

Dans la deuxième partie de cet article, qui n'a rien à voir avec Monsieur Fize, je présenterai brièvement le contenu d'une conférence que j'ai donnée hier soir à des membres de la Fraternidad Buena Madre: Enquête-Jeunesse (c) Tous droits réservés. 

Première partie: Le Livre noir de la jeunesse de Michel Fize

Michel Fize est un sociologue français rattaché au Centre national de recherche scientifique (CNRS) à Paris, et s’est principalement intéressé à la question de la place des jeunes dans la société. Il s’est occasionnellement prêté au jeu d’entrevues menées par des jeunes, qui se sont empressés de diffuser le tout sur Youtube.

Dans l’une d’entre elles, il situera la jeunesse dans une tranche d’âge variant globalement de 15 à 25 ans, c’est-à-dire que le passage à l’âge adulte correspond au moment de la prise des responsabilités reliées au travail, à la vie conjugale et, dans bien des cas, à la vie parentale. Le sociologue conserve une opinion nettement favorable des jeunes qu’il considère comme des personnes souvent remplies d’espoir et de détermination, étant des rêveurs qui foncent dans le but de réaliser des projets concrets.

Ce faisant, il dénoncera certaines idées préconçues sur les jeunes souvent véhiculées dans le monde adulte. Le look de zombie affiché par les jeunes est l’une de celles-là. Si plusieurs éprouvent le goût de se distinguer, la majorité des ados se comportent de manière plutôt classique. S’il admet par ailleurs que l’adolescence correspond souvent à une période de remise en question, parfois chargée d’anxiété et d’angoisse, la crise de l’adolescence proprement dite n’est le lot que d’une minorité de jeunes. Plusieurs d’entre eux traversent même cet âge paisiblement et s’en souviendront comme d’une période plutôt merveilleuse.

 


 

Lorsqu’un jeune journaliste lui demande s’il s’agit d’un âge ingrat, Monsieur Fize affirmera que chaque période de la vie connaît ses avantages et ses infortunes. Il admettra toutefois se sentir préoccupé par la situation des jeunes, affirmant que la société leur cause des difficultés d’intégration, entre autres par la nature précaire des emplois offerts. Il se sentira également préoccupé par le nombre élevé d’échecs scolaires. Nous en déduisons qu’il s’agit d’un frein important à la participation active de certains jeunes aux grands débats de la société.

À cet égard, Monsieur Fize s’oppose ferme au principe affirmant que les jeunes créent le monde de demain. Il s’agit à ses yeux d’un leurre dans la mesure où les jeunes occupent globalement peu de place dans les mécanismes de prises de décision de la société tant dans le monde des affaires que dans celui de la politique. Les jeunes qui s’impliquent ne jouiront de leur plein potentiel qu’une fois l’âge mûr atteint; par conséquent, ils prendront à leur tour des décisions basées sur des critères adultes et non plus de jeunes. Il les encourage donc à prendre leur place immédiatement, et se dit même en faveur de rabaisser l’âge du droit de vote à 16 ans, du moins aux élections municipales comme point de départ.

Deuxième partie: Ma conférence Enquête-jeunesse 

1- Le dialogue intergénérationnel nécessaire pour la refonte de la société

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  Luc R en pleine action

Ce soir, je faisais mes débuts officiels à titre de conférencier devant près d'une trentaine de parents et de jeunes à qui je présentais en espagnol une conférence sur les jeunes. Voici en français le contenu de celle-ci:

(c) Tous droits réservés, Le blogue de Luc R, Luc Renaud  décembre 2011
 

Dans nos sociétés vieillissantes et axées sur la mondialisation, le dialogue intergénérationnel et l’intégration des jeunes me paraissent nécessaires. Or, nous faisons face à un contexte relationnel qui se traduit souvent par de nombreuses critiques des jeunes sur leurs aînés et vice versa. Par ailleurs, je me suis senti intrigué par la question scolaire, particulièrement par l’abondance des critiques formulées par les jeunes à l’endroit de l’école. À la suite d’une enquête menée sur Facebook, je me suis demandé pourquoi la fin de l’année scolaire reflétait à ce point une période de stress, et les vacances une période de festivité. Bien sûr,  ces résultats n’avaient rien de surprenant en soi; mais j’y voyais un corollaire important avec la réalité du travail. Un sondage récent révélait, par exemple, que 80% des Québécois n’aimaient pas leur emploi. Ainsi l’être humain que l’on envoie en classe dès l’âge de 5 ans serait-il globalement condamné à vivre malheureux là où il passe le tiers de sa vie?

Le dialogue intergénérationnel doit correspondre alors à une remise en question fondamentale des assises de notre société et de notre vie personnelle à tous pour y découvrir des bases de bonheur.

2-      Une analyse comparative des résultats de mon enquête

Dans ce contexte, j’ai pris la décision de mener ma propre enquête pour répondre aux objectifs suivants : a) mieux comprendre la réalité de la génération C; b) favoriser l’établissement d’un dialogue intergénérationnel et c) devenir un meilleur parent. Pour ce faire, un questionnaire a été remis à une quinzaine de jeunes en deux groupes différents : le groupe 1 principalement composé d’une dizaine de jeunes du niveau collégial rencontré à l’été 2011, et le groupe 2 composé de six autres jeunes principalement du secondaire à l’automne 2011. Il me semblait intéressant d’explorer le point de vue rétroactif des plus vieux sur leurs jeunes années de vie à celui de ceux qui y baignaient encore.

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Quelques spectateurs attentifs
Les résultats de cette enquête ont déjà été présentés par groupe dans le blogue. Cette fois-ci, j’aimerais plutôt offrir au lecteur une synthèse comparative des résultats des deux groupes portant sur les quatre grands volets suivants : la vie personnelle, le relationnel, l’académique et le rapport à la technologie. Cet exercice montre d’importantes divergences entre les deux groupes de jeunes.
  • Sur le plan personnel, le groupe 1 affirme avoir vécu l’adolescence comme un moment de grands doutes et d’apprentissages sur soi, et insiste sur l’importance des rêves, reconnaissant même le rôle de l’école et du travail comme gages de succès. Le groupe 2, fondamentalement plus jeune, considère ses années du secondaire comme ordinaires et ne manifeste pas vraiment de rêves, souhaitant plutôt juste vivre bien. De plus, seul le travail compterait parmi les stratégies garantes de succès;
  • Sur le plan relationnel, le groupe 1 reconnaît le rôle majeur des parents et des enseignants dans son cheminement de vie et affirme aussi celui des amis. De plus, il importe d’éviter la compagnie de pairs aux prises avec des problèmes de consommation de drogue. De son côté, le groupe 2 souhaiterait obtenir davantage de liberté tant dans le milieu familial que scolaire, et affirme aussi l’importance des amis. Sans prôner l’éloignement des consommateurs de drogues, il admettrait que la drogue en milieu scolaire constitue un fléau, mais de même nature que celui des générations précédentes;
  • Sur le plan académique, les jeunes du groupe 1 mettent l’emphase sur les critères de réussite comme les encouragements de leurs parents et la nécessité de fréquenter des amis qui aiment l’école, alors que ceux du groupe 2 mettent l’emphase sur les causes du décrochage associées au fait de ne pas voir de sens à l’école ou à des drames, ou encore à des problèmes d’intimidation. Plutôt peu loquace sur les autres thèmes, celui du décrochage a suscité chez les jeunes de ce groupe un taux de participation élevé;
  • Sur le plan du rapport avec la technologie, le groupe 1 est le seul à considérer Internet et le téléphone cellulaire comme des outils essentiels à l’apprentissage, le groupe 2 considérant même les jeux en ligne comme une forme de drogue. Fait inquiétant à noter, des jeunes de tous les âges ignoraient si les sites de rencontres pouvaient constituer des sources de danger.

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Une collaboratrice hors-pair, Omaira Rincones

Conclusion

La jeunesse constituerait une période ayant ses avantages et ses inconvénients comme toutes les autres étapes de la vie. Dans une société vieillissante connaissant un rythme croissant sur le plan de l'espérance de vie la place des jeunes y est de moins en moins certaine. À mon sens, le dialogue intergénérationnel n'est plus un luxe, mais une nécessité si nous voulons mettre en place les bases d'une société inclusive. C'est pourquoi je me suis lancé dans une vaste enquête sur les jeunes. Ce soir, j'ai fait mes premiers pas à titre de conférencier sur ce sujet. Si cela vous intéresse, vous pouvez m'écrire un commentaire.

Luc Renaud M.A. Sciences de l’éducation, le 11 décembre 2011

Photos: Omaira Rincones & collaboration spéciale de la famille Renaud-Rincones

Références du blogue de Luc R

La base théorique :

Le dialogue intergénérationnel

Première expérience de dialogue intergénérationnel chez les maristes

Les grands enjeux (deuxième partie) : Vaincre l’analphabétisme relationnel

L’adolescence et le dialogue parent-enfant: une question de sécurité...

Le fossé des générations et le dialogue intergénérationnel

OUMF: regard sur une société éclatée

L’enquête préliminaire

Qu’a-t-on fait du plaisir d’apprendre à l’école?

Marcel Renaud et sa vision de l’adolescence

 

Le questionnaire

 

1)      Comment as-tu vécu le passage du primaire au secondaire?

Passage du grand primaire au petit secondaire

 

2) Quels ont été les moments marquants, positivement et négativement au secondaire?

Comment développer l’estime de soi de ses enfants

L’essentiel appui parental aux rêves des enfants

Favoriser le succès scolaire de mon ado (première partie)

Les apprentissages de la manière forte à la manière douce

Comment apprendre aux enfants à se responsabiliser

 

3) Que penses-tu des styles des ados et de la drogue?

Visions sur la jeunesse: 1) résumé de propos de Michel Fize et 2) conférence de Luc Renaud sur les jeunes

Se former pour aider les ados dysthymiques

 

4) Quels sont tes rêves et comment comptes-tu les réaliser?

À quoi rêvez-vous aujourd'hui?

Maxime Jean au sommet du mont Everest

Buried By Tomorrow sur iTunes et Marcel... ténor dans Musica Viva

Gribeault : un jeune bédéiste se construit un avenir

Une entrevue avec Omer, Alex, Gaby, Marcel et Julien de Buried By Tomorrow

La samba brésilienne : pour voir au-delà du Showgirl

Un prof cool, Gerardo Rincones, à la poursuite d’un rêve vallenato

SkyCity a enfin pris son envol

Se donner des coups de pieds de bonheur

Mylène Thériault : l’éclosion d’une carrière de comédienne

La chanson, c’est comme du cinéma

Une visite dans le pays de l’Underground

Justin Bieber était là pour vrai

Kristina Sandev et Shawn Baichoo : l’ouverture culturelle et la polyvalence

Êtes-vous là où vous voulez être ? - La conférence de Martin Larocque

L’apprentissage d’hier à demain

 

5) Quels gestes des adultes te semblent les plus utiles? Et les moins utiles?

La discipline au cœur d’une relation parentale efficace

Être à l’écoute de son enfant

Accompagner un enfant en situation d'épreuve

 

6) Quelles sont les clés du succès scolaire?

Mieux comprendre le TDAH pour favoriser la réussite scolaire

Des stratégies d’organisation et de communication pour le succès scolaire

 

7)  Quelles sont les causes du décrochage?

L’éradication de l’intimidation en milieu scolaire

Vallée Jeunesse: une collaboration entre laïcs et religieux pour l’épanouissement des jeunes

Un accompagnement vedette pour des jeunes décrocheurs

Des jeunes réapprennent la vie à Vallée Jeunesse

La saveur du matin

 

8) Quelle place les technologies occupent-elles dans la vie des jeunes?

Les TIC pour favoriser la réussite scolaire

Molière au goût de la génération C

Du petit écran au multimédia interactif dès le jeune âge : Bien sûr!

 

9) Maintenant que tu es un jeune adulte, comment vois-tu tes années d’adolescence?

Marcel Renaud et sa vision de l’adolescence

Visions sur la jeunesse: 1) résumé de propos de Michel Fize et 2) conférence de Luc Renaud sur les jeunes

 

Les résultats et la discussion

Dossier – jeunesse : les premiers pas de l’enquête (1 de 3)

Dossier – jeunesse : les styles, les rêves et les adultes (2 de 3)

Dossier – jeunesse : le succès scolaire de la génération C (3 de 3)

Dossier – jeunesse : deuxième série de résultats fragmentaires, contradictoires

Point de vue de jeunes sur les adultes, l’école et les technologies 

Visions sur la jeunesse: 1) résumé de propos de Michel Fize et 2) conférence de Luc Renaud sur les jeunes

Publié dans Recherche: jeunesse

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Une société hétéroclite émerge de l’exposition Art d’Éco à la galerie Mile End

Publié le par Luc Renaud

Depuis plus de quatorze ans, de singuliers artistes comme Olga Maksimova fouillent les poubelles à la recherche des trésors jetés aux ordures par tout un chacun. Du 1 au 12 février 2012, sous le thème Adam et Ève, chacun ira d’une création originale cousue des fils d’or de son esprit. Il s’agira d’une rare exposition thématique puisque d’ordinaire AME-ART laisse pleine liberté aux artistes, comme ce fut le cas le 3 décembre 2011 à l’exposition Art d’Éco. Ce jour-là, nous y avons vu l’émergence d’une société hétéroclite.

L’artiste Michelle Bérubé vante le labeur de l’organisatrice de l’événement, qui a su se créer un noyau d’artistes fidèles, et qui a droit à une grande surprise chaque fois. L’émergence d’une idée peut nécessiter beaucoup de temps, nous expliquera celle qui aime raconter des histoires par le biais de ses œuvres.

Il faut croire que le défi est une fois de plus relevé puisque le vernissage de l’événement se méritera la présence du réseau CTV qui lui consacrera une bonne partie de son bulletin de nouvelles de 6h.

L’expression d’une société hétéroclite

Plusieurs petits mondes semblaient se côtoyer de façon parfois étrange.

-          Une réflexion sur la société

Olga Maksimova, auteure de plusieurs œuvres, reconnaît que l’entreposage des objets constitue un grand défi. Cette fois-ci, elle s’est inspirée d’une vieille chaise et de retailles de papier japonais pour confectionner sa représentation de Zeus, placée tout juste aux côtés d’un tableau sur la méditation. Elle expliquera que s’il lui arrive de choisir un matériau pour exprimer une idée, il est plus fréquent que ce soit du matériau même que jaillisse l’étincelle de génie. Michelle Bérubé nous dira que les œuvres de l’organisatrice d’Art d’Éco sont à l’image de leur créatrice. Ainsi en serait-il d’un joli petit couple conçu à partir de deux bouts de fiches de fils électriques. L’amour y serait vu comme une source d’énergie électrifiante.

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L'organisatrice de l'exposition collective, Olga Maksimova

La simplicité du matériau choisi démontre que tout est possible, même la régénérescence du monde.

Sur un mur, les chevaux de Judith Pickard traversent la nuit des temps dans The Key To The Future Is The Past, une série de collages représentant les différentes étapes de la vie ou de l’humanité. Peut-on y voir un lien avec les histoires de fins du monde qui peuplent l’imaginaire populaire de toutes les époques et l’expression d’une espérance d’un avenir meilleur en des temps troubles?

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The Key To The Future Is The Past de Judith Pickard

L’artiste qui nous avait inspiré récemment l’article intitulé Michelle Bérubé : un art aux airs de la résurrection nous expliquera qu’elle refuse toujours de parler d’une œuvre avant la concrétisation de celle-ci. Elle avouera également avoir toujours eu un faible pour la nature et principalement pour les animaux à bois. Dans ce contexte, elle a longtemps recherché un grillage de poulailler dans le but de confectionner une aire de préservation de la faune. L’objet convoité fut finalement découvert en rencontrant des connaissances à la campagne à la suite de plusieurs recherches. Les animaux de l'enclos ne sont pas en prison, ni brimés de leur liberté, insiste-t-elle, mais préservé des attaques des hommes.

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L'artiste Michelle Bérubé devant sa zone préservée

Entre des rideaux composés de cartes de vœux ou de cartes-cadeaux, un gigantesque cordage ressemblant à une ancre de pirates est formé de plusieurs dizaines de vieilles cravates. L’œuvre de Raymond Furlotte dénoncerait-elle l’industrie de la mode masculine ou d'un symbole de l’impérialisme? S'agit-il d'une oeuvre engagée? Rappelons-nous qu’au temps de Louis XIV la cravate n’était rien d’autre qu’une vulgaire serviette de table.

-          Le drame humain ostracisé

L’exposition présente aussi des instants de fragilité humaine. La planète du Petit Prince de Saint-Exupéry a sûrement ébahi le visiteur à la vue des baobabs suspendus au plafond de la galerie d’art Mile End. Voulait-on lui rappeler l’importance d’une amitié, souvent ignorée?

Dans le passé, une pièce majeure était constituée d’une collection impressionnante de petites bouteilles de comprimés qui en disait long sur l’état de santé de l’artiste ou de l'intérêt que celle-ci portait au domaine de la santé. Cette fois-ci, une jardinière conçue d’une petite armoire vitrée comprenait une plante faite à partir d’un ensemble de flacons d’insuline, et les racines de seringues. Nous croyons y lire les efforts d’une diabétique transformant sa malchance en une œuvre resplendissant de vie et d'espoir, une manière de conjurer le mauvais sort. Ces deux exemples illustrent, à notre avis, une certaine solitude, celle du malade ostracisant son mal.

-          Un art varié

Par moments, le choix du matériau surprend davantage que la recherche d’une symbolique.

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L'Oie de Sumo de Francine Noël / mannequin et bottes peints à l'huile de Margotella

L’artiste Francine Noël nous avait déjà présenté une libellule faite de vieilles lentilles de lunettes. Cette année, elle devait remplacer cette œuvre marquante par son Oie de Sumo composée de fils métalliques et de vieilles clés, laissant voir des œufs à l’intérieur du ventre. Considérée comme géniale par Olga Maskimova, cette œuvre trônait étrangement tout près d’un buste de mannequin, peint à l’huile par une artiste peintre, largement inspirée par la féminité. Margotella y a ajouté un exemple de vêtement artistique sous la forme d’une paire de bottes audacieuses.

Conclusion

Dans l’article précédent, nous comparions l’art recyclé à une forme de technique de résurrection, une manière de prouver que rien ni personne n’est dénué de valeur. Si l’on peut créer une œuvre d’art à partir d’une simple fiche de câble électrique, que peut-on dire de l’immense valeur de chaque être humain? En ce sens, l’exposition actuelle nous a permis de plonger dans une relation intersubjective avec plusieurs artistes aux personnalités et intérêts des plus divergents. Comme quoi le monde s’enrichit du contact de la différence.

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Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 9 décembre 2011

Photos : Omaira Rincones et Michelle Bérubé

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L’univers démoniaque de Rosto aux 10es Sommets du cinéma d’animation de Montréal

Publié le par Luc Renaud

Quand on parle du loup… Ce midi, en revenant du gymnase, je suis presque tombé face à face avec Rosto, alors que je ruminais la structure de l’article de blogue que je m’apprêtais à écrire sur lui. Le cinéaste d’animation néerlandais était-il encore en visite dans la métropole québécoise après avoir présenté aux cinéphiles un ensemble d’univers parallèles dans le cadre des 10es Sommets du cinéma d’animation de Montréal à la cinémathèque du boulevard Maisonneuve du 1 au 4 décembre 2011?

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Ou bien agissait-il à titre d’invité à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) située à deux pas? Cet article traitera de cet invité spécial du festival, de ses sources d’inspiration et de la mythologie entourant sa vision de l’expansion de l’univers.

1-      Les sources d’inspiration de Rosto

Rosto conçoit ses films comme une pièce musicale, ou bien encore dessine les images qui lui sont inspirées par des sons ou des notes de musique. La crudité de certaines scènes provient ainsi de notes correspondantes. Il se sent aussi influencé par les symphonies de Disney, mais surtout par la musique Rock du groupe auquel il a lui-même fait partie. De fait, il admettra devoir souvent intervenir auprès de ses animateurs qui comprennent mal le sens de ses idées.

Dans la mythologie de Rosto se retrouvent aussi divers symboles : un trou qui transperce le crâne de l’un de ses personnages, et même le centre du soleil. Le cinéaste demeurera coi à la question du pourquoi venant de la salle, préférant laisser tout un chacun à sa propre interprétation.

À Omaira qui lui demandait pourquoi chacun de ses films contenait un miroir, il répondra qu’il s’agit du même nous renvoyant des images de la vie sous diverses perspectives. Il arrive même un moment où l’objet se brise en morceaux, enfonçant un éclat dans l’œil de l’un de ses personnages. L’homme, alors incapable de s’y mirer, vit une nouvelle expérience de symbiose avec la vie. Peut-être est-ce le sort qui attend également un groupe d’hommes lancés à travers un miroir après que leur chef, une sorte de démon, eut raté sa tentative d’assassinat.

2-      L’univers sombre du cinéaste

De fait, le monde de Rosto serait démoniaque, sans toutefois les connotations maléfiques attribuées par l’Église à ses personnages. Le démon et des visions d’enfer illustrent plutôt l’imaginaire sombre du cinéaste, qui se dit fort inspiré de l’alchimie de Holy Mountain, un film de l’Argentin Alejandro Jodorowsky, et de ses études du film Psycho d’Alfred Hitchcock à qui il a voulu faire un clin d’œil.

Les premiers films de la soirée témoignent de cet univers parallèle. Devant un homme voulant se suicider, un ami fera défiler des images affolantes lui démontrant l’inutilité du geste. Dans un autre film, un duo de morts vivants passera une partie de l’éternité à revoir ses anciennes performances à la télé jusqu’à ce que l’un des deux se décide à plonger dans les flammes une bonne fois pour toutes.

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Tiré de la programmation de la cinémathèque de Montréal

Au blogue de Luc R qui demandait à Rosto d’où lui venait ce goût pour la peur, le cinéaste expliquera qu’il ne se définit pas comme un maître de l’épouvante, ni du fantastique, mais qu’il tire avantage des possibilités du cinéma pour exprimer les dimensions sombres de la vie. Au public, il ajoutera que son œuvre reflète plutôt une recherche de la profondeur. L’image, enceinte d’idées, est plus importante que le symbolisme et constitue une forme d’invitation au partage de son monde, de pénétration dans son esprit.

Personnellement, nous nous sommes demandé s’il ne s’était pas un peu fatigué des côtés obscurs de l’humanité dans Le monstre de Nix; un film qui, de fait, confronte une vision de fin du monde à celle d’une renaissance de celui-ci. Sur un ton des plus mélodieux, un bébé mi-humain mi-poisson nage dans un étang lumineux chantant: Don’t be scare.

3-      Le monstre de NIX ou l’éternel recommencement

Le monstre de NIX représente peut-être un tournant dans la vie et  dans la carrière du cinéaste néerlandais habitué d’être l’homme à tout faire de son propre studio d’animation : directeur, réalisateur et animateur, prêtant même son image à plusieurs de ses propres personnages. Au public se demandant de quelle manière il arrive à s’autofinancer, il attribuera son succès à la chance et à l’obstination. Dans le cas de son dernier film, il comptera plutôt sur le soutien financier de la France et de la Belgique pour y réaliser un court-métrage d’une trentaine de minutes qui sera diffusé aussi bien à la télé qu’au cinéma dans quelques pays.

 


 

Peut-être que la naissance de son fils l’amena à la découverte de plus belles dimensions de la vie que dans sa série de films inaccessibles; toujours est-il que Le monstre de Nix ressemble davantage à un conte de fée qu’à un film gothique. Au personnage démoniaque qui tente de mettre un terme à la vie de l’enfant protégé par des Langeman (des racines de saules pleureurs), un enfant de l’âge du garçon de Rosto contribue à construire un ovidôme protecteur des œufs qui contiennent le début de nouvelles histoires de vie. À l’instar de l’Histoire Sans Fin de Michael Ende, l’imaginaire humain devient une arme massive au profit de la reconstruction de Nouveaux Mondes.

Le film dénoncera, par ailleurs, le trop-plein d’imagination populaire qui dessine des monstres sur le visage de la différence, l’approche de la fin du monde n’ayant constitué qu’un mauvais rêve, les Langeman se voulant protecteurs et non destructeurs. C’est d’ailleurs le succès de ces êtres accessibles que par des enfants qui fera revivre le village disparu et qui ramènera le bonheur chez ses habitants.

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Tiré de la programmation de la cinémathèque de Montréal

Conclusion

Le style Gothique and Roll de Rosto surprend de prime abord le spectateur néophyte qui n’y voit que des univers d’enfer incompréhensibles et terriblement personnels à l’auteur. Heureusement, le réalisateur, verre de vin à la main, s’est rendu accessible en vue d’éclairer nos lanternes en nous expliquant qu’il préférait… nous laisser à nos propres interprétations. La deuxième partie de la projection nous a plutôt montré un film plus classique, intégrant des univers sombres à une contrepartie renvoyant de grands messages d’espoir à l’humanité, conférant ainsi au cinéma d’animation le droit de délaisser parfois les adultes et d’éblouir les enfants.

Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation, le 7 décembre 2011

Publié dans Cinéma-Théâtre

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La palabrava – soirée de poésie et de musique

Publié le par Luc Renaud

Un groupe de poètes convie le public à une soirée de poésie trilingue (français, anglais et espagnol), ce mercredi le 7 décembre à compter de 19h 00 au bistro Araucara situé au 5607, ave. du Parc à Montréal.  

Prix d'entrée: gratuit

 

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Jean-Pierre Pelletier, l'un des poètes invités, a publié récemment Alluvions aux Écrits des Forges. Le recueil de poèmes traiterait, selon l’éditeur, d’ :

une mort qui est à la fois disparition et renaissance, deuil et transmutation. La mémoire, reconnue et acceptée, confère à la perte un autre visage, permettant d’habiter «la blessure cicatrisée pour en goûter le miel en garder le meilleur».

L’auteur a aussi traduit en français des œuvres de poétesses colombiennes.

Publié dans Communiqués

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Marie-Claude Fournier: le documentaire comme mode d’expression personnelle

Publié le par Luc Renaud

La cinéaste documentariste Marie-Claude Fournier présentait récemment Le poids de la ressemblance, à l’école Mini Psy de l’Institut Douglas, un film sur les difficultés d’une relation entre une fille et sa mère souffrant de trouble bipolaire. La cinéaste admettra qu’il s’agit d’un thème encore tabou dans la société, et que plusieurs fois des gens de son entourage ont tenté de la dissuader de mentionner le nom de la maladie dans le film, alléguant même que le sujet, tel que traité, s’appliquait à toute forme de rapports mère-fille.

Marie-Claude considère, au contraire, y avoir vécu de belles retombées. L’œuvre devait, entre autres, la rapprocher de sa mère, réduisant un fossé des générations, et lui prouver que le cinéma documentaire permet d’aborder des sujets vraiment personnels. Naïve ou non, elle ressentait qu’une force supérieure à elle-même l’avait poussée à faire ce film. Simple retour des choses, elle éprouve davantage de facilité à aborder des gens sur des bases plus intimes lors de la réalisation de ses nouveaux films.

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Photo de plateau à l’INIS*

Mais qui est Marie-Claude Fournier? Cette article traitera de son cheminement artistique et de ses grandes sources d’inspiration : l’interculturel, l’intergénérationnel, et surtout la famille.

1-      Des voyages qui… métamorphosent

À la suite de ses études en communication (Art et technologie des médias) à Jonquière au Québec, Marie-Claude a obtenu des contrats de pigiste à titre d’assistante à la réalisation à la télévision pour des chaînes spécialisées, des émissions de variété, Le Poing J., La vie en vert à Radio-Québec, etc. Elle aura obtenu aussi un contrat de réalisation de Métamorphose… sur Canal-Vie.

À la suite de ces expériences de télé et des travaux sur les accommodements raisonnables de la Commission Bouchard-Taylor, elle s’intéressera au déracinement et décidera de faire le tour du monde. Cet intérêt pour les cultures étrangères l’amènera à vivre un choc culturel et de découvrir, entre autres, le sens de l’accueil et la chaleur humaine des populations de la Turquie, du Liban et de la Syrie. Au Moyen-Orient, elle se sentira accueillie comme personne à part entière, contrairement à d’autres endroits du monde qui verront en elle une habitante du Nord, ou une possible source de financement.

Son expérience de voyage l’amène à croire qu’il y a peu ou pas de maladie mentale en Inde, ni de solitude, là où le clan a plus d’importance que l’individu. Bien qu’au Québec, les gens soient davantage centrés sur eux-mêmes, Marie-Claude considère que chaque culture a des avantages et des inconvénients, et qu’aucune n’est vraiment meilleure à une autre. Grâce à son incursion dans la vie de famille à l’étranger, elle comprendra mieux le no man’s land de l’immigration : le fait de ne se sentir totalement chez soi ni dans le pays d’origine, ni dans celui d’accueil.

Bien que le déracinement et l’identité culturelle constituent un champ d’intérêt majeur pour son oeuvre, c’est plutôt son questionnement sur la famille qui a orienté ses réalisations actuelles.

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Krak des chevaliers en Syrie et Mardin ans l'Est de la Turquie**

2-      Le passage de la réalisation télé à la réalisation cinéma

Enrichie de toutes ces expériences culturelles et remplie de questionnements personnels, Marie-Claude choisira de délaisser quelque peu le monde de la télé à son retour au Québec et s’inscrira à un centre de formation professionnelle en cinéma, en télévision et en médias interactifs, l’INIS, dans le but de faire du cinéma. L’Institut, de niveau supérieur, constitue un lieu de perfectionnement par excellence pour les professionnels des secteurs de l’audiovisuel et du multimédia.

Le poids de la ressemblance représentait l’une des réalisations des cours suivis à l’INIS. Tel que mentionné en introduction, le film traitait de la bipolarité, une maladie mentale qui se développerait de façon quasi-héréditaire, plongeant la cinéaste dans le doute. Quand elle était petite, elle détestait être comparée à sa grand-mère qui souffrait de cette maladie, préférant ressembler à sa mère.

Maintenant graduée del’INIS, elle a travaillé sur trois productions :

  • (2010) Le P’tit bonheur de Salim : l’histoire d’un marionnettiste algérien qui découvre l’Algérie en s’inspirant du P’tit bonheur de Félix Leclerc;
  • (2011) La Portera : une concierge d’un immeuble à Barcelone prend sa retraite avec la ferme intention de réaliser ses rêves;
  • un court-métrage de sensibilisation à la criminalité chez les jeunes dont la sortie est prévue en 2012. Ce film restera en circulation close, distribué dans les centres communautaires et les écoles.

Marie-Claude reconnaît que le documentaire remporte peu sur le plan financier, mais ajoute qu’elle aimerait tout de même en vivre éventuellement. Elle aime aussi le cinéma plus expérimental, qui lui permet de s’exprimer en toute liberté et de travailler sur des productions qui peuvent contribuer à changer le regard que portent les gens sur la société.

Par ailleurs, elle cumule comme pigiste, des contrats de télévision, mais réussit aussi à mener de front plusieurs projets de films. Cette souplesse est possible en sachant exploiter les phases de pré-production, de production et de post-production.

Conclusion

Marie-Claude Fournier nous propose des portraits humains variés, inspirés de l’interculturel et de l’intergénérationnel. Dans Le poids de la ressemblance, elle a eu le courage de livrer au public un pan important de sa vie personnelle. D’une certaine manière, son œuvre à venir gagne en crédibilité. Comme elle l’affirme elle-même, elle devient la photographe qui accepte d’être photographiée, la cinéaste d’être filmée. Pour notre part, nous nous sommes sentis interpelés par ses questionnements sur l’interculturel et l’intergénérationnel, dans la mesure où cela constitue deux axes majeurs de réflexion du blogue de Luc R.

Texte : Luc Renaud M.A. Sciences de l’éducation, le 5 décembre 2011

* Photo: crédit Véronique Boncompagni

** Photo:  crédit MarieC.Fournier

Publié dans Cinéma-Théâtre

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Les assoiffés de Wadji Mouawad, adaptation de l’école secondaire Saint-Louis

Publié le par Luc Renaud

Les élèves de la deuxième année du secondaire auront l’opportunité de jouer une œuvre théâtrale devant des élèves de cinquième et de sixième année du primaire dans l’enceinte du fameux Conservatoire d’art dramatique, raconte Madame Julie Deschêne tout juste avant la présentation d’une adaptation de la pièce juvénile Les assoiffés du grand homme de théâtre Wadji Mouawad. L’annonce de la directrice de l’école secondaire Saint-Louis s’est faite dans le studio théâtre de l’école, un simulacre d’auditorium, accueillant le public sur un ensemble de chaises ordinaires. C’est d’ailleurs pourquoi l’école, la seule à orientation complète en art dramatique au Québec, sollicite l’appui financier des parents et de la population pour s’équiper de vrais fauteuils au cours de l’année scolaire actuelle.
De son côté, Monsieur Michel-Adrien Pouliot, l’enseignant responsable du groupe de ce soir de théâtre, fournira au public quelques données contextuelles sur la pièce choisie expressément pour un public jeune : une oeuvre de leur territoire, riche de réflexions sur les relations parents-enfants, sur la fratrie et sur les difficultés de vivre dans un monde constitué de règles d’adultes. En vertu d’une entente entre les auteurs, le Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) et la Société des auteurs dramatiques du Québec (SoQAD), il se sera prévalu du droit d’adapter la pièce pour répondre à des besoins pédagogiques.  
1-      La technique du chœur et l’expression collective
D’entrée de jeu, une vingtaine de jeunes sont étendus par terre sur la scène aux côtés d’un autre, aussi recouvert d’un drap, mais couché sur une civière. Très tôt, nous apprendrons qu’il s’agit du cadavre de Murdoch, un jeune garçon plutôt révolté, repêché par son vieil ami d’enfance Boon, devenu anthropologue judiciaire. Murdoch s’était enfoncé dans l’eau glacée une quinzaine d’années plus tôt, alors qu’il faisait du patin à glace. Boon, complètement désemparé, ne vivait plus que pour faire la lumière sur sa disparition.
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Nous comprendrons que la vingtaine de jeunes jouaient le même personnage, se partageant l’abondance des répliques du texte de Murdoch, de manière cohérente et en symbiose. Le professeur nous expliquera qu’il s’agissait pour lui d’une façon d’enseigner la technique du chœur, qui force les jeunes à prendre conscience du jeu de l’autre et à faire preuve d’écoute. Au-delà de la technique théâtrale, le chœur donnait l’opportunité à chacun des vingt-deux élèves de s’exprimer équitablement sur scène, contrairement aux pièces conventionnelles ne mettant en vedette qu’un nombre limité d’acteurs, parfois entourés de plusieurs petits rôles.
La pièce nous montre donc une foule de Murdoch, chargée de frustration et de hargne, et peu enclins au plaisir des études. Ils rejetteront par exemple l’attitude d’une femme lisant tranquillement un livre dans un autobus, critiqueront vivement la pertinence des enseignements de leur professeure et exprimeront en chœur une somme plutôt astronomique de Je ne sais pas, démontrant fermement leurs doutes et leur rage face à l’autorité.
2-      Le message, plus important que l’égo
Pour Monsieur Pouliot, le théâtre est un outil intéressant lorsqu’il amène les gens à des remises en question, et quand le spectateur attache plus d’importance au message qu’à l’égo de l’acteur. Il admettra, toutefois que les élèves ont éprouvé de la difficulté à bien comprendre le sens de la pièce au début. Les répétitions auront permis de corriger le tir, comme cela se passe souvent dans le milieu professionnel, ajoutera-t-il.
Pour compliquer un peu les choses, l’œuvre combine des éléments de la réalité et de la fiction, qui perdent par moments le néophyte. Si Norvège n’est qu’un personnage de littérature, qui était la jeune femme retrouvée au cou du cadavre de Murdoch? Au fond de la salle, derrière un rideau, un rabbin accompagne un couple cherchant à découvrir les secrets de Norvège, une jeune femme ayant vécu un enfer qui restera un mystère enfoui dans l’imaginaire de Boon, son auteur.   
Le professeur souhaite que les élèves acquièrent une plus grande maîtrise des techniques théâtrales, mais aussi  davantage de connaissances théoriques au cours de l’année scolaire. Il se dit, néanmoins, très satisfait de la performance générale de sa jeune troupe. Il se dit particulièrement heureux du fait que ses acteurs se soient, au final, sentis touchés par la pièce.
3-      Mes observations et mes critiques
L’esprit de révolte du jeune Murdoch est bien illustré par les nombreuses marques d’impatience exprimées pendant la longue scène de l’attente de l’autobus. Pourquoi une chose n’est-elle jamais finie une fois pour toute?, mentionnera-t-on à une autre occasion. On a faim, on mange; on a refaim, on remange […] Il y a toujours un re- de trop. Nous avons beaucoup apprécié également la performance de l’actrice J. jouant le rôle de la directrice d’école et de l’un des Murdoch de l’autobus; celle-ci avait le regard austère nécessaire, et des répliques cinglantes jouées de façon convaincante et avec beaucoup de naturel.
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Source: Le monde en images, CCDMD
Au-delà du sens de la révolte, le sens de l’amitié constitue une valeur importante dans cette pièce. Boon n’a-t-il pas consacré une quinzaine d’années de sa vie à la recherche du cadavre de son ami d’enfance, faisant même carrière en anthropologie judiciaire expressément pour cela?
Les jeunes acteurs possédaient une assez bonne maîtrise de leurs textes; et la technique du chœur s’est révélée fluide et efficace. De fait, nous nous sommes même demandé s’il ne s’agissait pas de la seule technique qui permette à un groupe d’enfants rêveurs de développer son talent avec équité.
Nous n’évaluerons pas cette représentation puisqu’il s’agit de la première de l’année scolaire de ce groupe d’élèves de la deuxième année du secondaire. De plus, nous admettons avoir assisté à un beau spectacle, joué avec conviction. Monsieur Pouliot ajoutera que l'artiste qui se tient au chaud sous le manteau parfois un peu lourd de l'enseignant travaille à faire surgir les idées créatrices des élèves, et les siennes aussi. Et ce travail a été agréable avec eux. À voir le plaisir des acteurs ce soir-là, il est facile de comprendre pourquoi.
Texte : Luc Renaud M.A. Sciences de l’éducation, le 3 décembre 2011
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L’Alzheimer : le défi du vieillissement et du rêve de la fontaine de Jouvence

Publié le par Luc Renaud

L’équipe de Judes Poirier PH.D de l’Institut universitaire Douglas est à l’origine de grandes découvertes des causes génétiques de la majorité des cas de la terrible maladie du vieillissement, l’Alzheimer, contre laquelle il n’existe pas de traitement curatif : aucun vaccin, des tests favorables sur des souris qui se traduisent par des échecs retentissants, appliqués aux humains, etc. La médication et les stimulateurs de mémoire ont des effets transitoires. Dans le meilleur des cas, il est à peine possible de ralentir légèrement la progression de la destruction des neurones et de soutenir la personne malade pour lui assurer la meilleure qualité de vie possible. Mais qu’est-ce que l’Alzheimer et comment peut-on aider un malade? Tel est le sujet du présent article.

1-      Vers une définition de la maladie d’Alzheimer

La maladie d’Alzheimer compose plus de 60% des cas de démence, alors que près de 20% seraient plutôt attribuables à des accidents vasculaires, et 10% seraient de forme mixte. La démence prend aussi d’autres formes comme la maladie de Parkinson chez 3% des malades, aussi reliée à la dégénérescence des tissus neuronaux. Si des prises de sang, des scans et des tests génétiques peuvent détecter chez une personne malade, des signes de troubles de mémoire, l’autopsie du défunt permet d’assurer un diagnostic précis.


Pris à leur niveau extrême, en voici les principaux symptômes selon La Société Alzheimer de Montréal :

·         pertes de mémoire qui nuisent aux activités de la vie quotidienne,

·         difficultés à exécuter les tâches familières,

·         problèmes de langage,

·         désorientation dans l'espace et dans le temps,

·          jugement amoindri,

·         difficultés face aux notions abstraites,

·         objets égarés, changements d'humeur ou de comportement,

·         changements au niveau de la personnalité et perte d'intérêt.

(Source : La Société Alzheimer de Montréal)

Judes Poirier explique que dès l’âge de 30 ans, un être humain normal perd progressivement des neurones, ce qui peut affecter sa mémoire dans des proportions inquiétantes. Dans le cas de l’Alzheimer, cette perte neuronale peut débuter plus tôt. Surtout, elle s’effectue de façon constante et plus rapidement. Le cerveau se détruit graduellement, en attaquant de plein fouet les centres de la mémoire.  Graduellement, les barrières contre les infections s’affaissent jusqu’à la mort du malade.

La source de la maladie est essentiellement génétique et héréditaire. 5% des cas mondiaux sont attribuables à une forme familiale de transmission de chromosomes 1, 14, 19 et 21. Il s’agit d’une forme jeune et agressive de la maladie qui entraîne la mort relativement rapide du patient et de sa descendance directe. Monsieur Poirier relate le cas d’une jeune femme de 33 ans, mère de jeunes enfants respectivement âgés de 1 et de 3 ans, tous condamnés à mort à brève échéance. La forme sporadique, la plus commune, de transmission génétique se traduit par le développement de la maladie dans 60 à 80% des cas. Les recherches de l’équipe de Monsieur Poirier constitue une piste majeure de découverte éventuelle des traitements indispensables.

2-      Vers des mesures de prévention et de traitement de la maladie

En plus du rôle de la génétique, la recherche révèle l’importance de facteurs de risques de type environnemental et des moyens de prévention relativement efficaces contre l’Alzheimer. Un niveau d’éducation supérieur à la 12e année offrirait à la personne des stratégies d’activation des neurones suffisamment efficaces pour tricher avec la maladie. Il en va de même de l’exercice physique, de la diète méditerranéenne, des exercices mentaux et de la socialisation. En contrepartie, une mauvaise condition physique de base, de l’hypertension,  un taux de cholestérol, le diabète et l’obésité constitueraient des facteurs de risques aggravants.

La découverte de traitements implique de sérieux investissements en recherche, d’autant plus que l’espérance de vie est en pleine croissance dans les pays industrialisés, particulièrement chez les femmes. Le rêve de fontaine de Jouvence s’accompagne également d’une progression de 46% de la maladie d’Alzheimer, surtout chez les personnes de la tranche des 80 – 90 ans, quasi exclusivement de la gent féminine. L’Alzheimer est la maladie la plus redoutée par la population de plus de 60 ans, devançant même les problèmes cardiaques et le cancer. Au Québec seulement, il en coûte plus de 4 milliards de dollars par année pour prendre soin des malades touchés sans compter les dépenses indirectes sous forme d’absentéisme et de congés de maladie pris par les aidants naturels. Bref, les données de Judes Poirier s’apparentent à un sérieux signal d’alarme lancé à la population et aux dirigeants.

3-      Comment aider le patient atteint d’Alzheimer

Pascale Godbout est responsable d’un programme d’art-thérapie, Fil d’art, pour le compte de la Société Alzheimer de Montréal. Elle agit auprès de malades en phase précoce d’Alzheimer ou d’une autre affection connexe, à titre de facilitatrice, d’inspiratrice, d’animatrice et de témoin. Son objectif consiste à stimuler la créativité, l’imaginaire, l’autodétermination et l’expression.

Lors de notre rencontre à l’Institut Douglas, elle m’expliquait que la mission de la Société d’Alzheimer de Montréal consiste à informer le public de moyens visant à alléger chez les proches  les conséquences personnelles et sociales de la maladie. L’organisme, qui souligne son trentième anniversaire, dispose de plusieurs points de services sur l’île de Montréal, et dessert plusieurs milliers de familles.  

La Société Alzheimer de Montréal met en place des groupes de soutien, offre des consultations téléphoniques et des formations tant aux professionnels de la santé qu’au grand public et aux proches. Elle s’implique aussi dans la formation de conférenciers bénévoles. Pour les proches des malades, par moments exténués, elle met aussi en place des centres de répit.

Non subventionnée, la Société vit de collecte de fonds et de dons du public et par l’organisation d’événements philanthropiques. Il est également possible de contribuer en devenant membre ou en offrant ses services à titre de bénévole.

Pour en savoir davantage sur la gamme étendue des services offerts, consultez le site Web de La Société Alzheimer de Montréal : http://www.alzheimermontreal.ca/. Il est aussi possible de la joindre par téléphone au 514 369-0800 ou par courriel à l’adresse suivante : info@alzheimermontreal.ca.

Conclusion

L’Alzheimer est une maladie fulgurante et en pleine croissance compte tenu du taux de vieillissement de la population mondiale et de l’augmentation incessante de l’espérance de vie. Elle constitue par le fait même un défi majeur du domaine de la santé. Par exemple, une aidante naturelle se souvient avoir vu passer le taux de malades d’un centre d’hébergement de 20% à 80% en l’espace d’une décennie. Comme il n’existe pas actuellement de traitement médical curatif, il est fortement recommandé de consulter un professionnel de la santé dès l’apparition des premiers symptômes et, mieux encore, de prendre des mesures préventives appropriées. Pour les proches, il est essentiel de mieux comprendre la maladie et de recourir, au besoin, à l’assistance d’organisme comme La Société Alzheimer de Montréal pour bénéficier de services en mesure de contribuer au mieux-être des personnes concernées.


 

Texte : Luc Renaud M.A. Sciences de l’éducation, le 1 décembre 2011

Source principale : Cours de Judes Poirier de l’École Mini Psy de l’Institut Douglas du 22 novembre 2011; Pascale Godbout de La Société Alzheimer de Montréal. 

 

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